Essai d’une OSI 20M TS Coupé, élégante et pas méchante

Publié le par Benjamin

Essai d’une OSI 20M TS Coupé, élégante et pas méchante

En bon amateur de moutons à 5 pattes, notre auto du jour devait fatalement finir un jour sur notre tableau de chasse. Il faut dire qu’on s’attaque à une voiture ancienne symbole d’un temps où l’industrialisation de petites séries donnait naissance à des objets roulants très originaux, des hybrides entre des mécaniques de grande série et des carrosseries raffinées. Dans le genre hybride, l’OSI 20m TS combine quand même une mécanique produite en Allemagne par la filiale européenne d’un géant américain, un style italien et une production réalisée par une firme à l’héritage plutôt réduit malgré des parents très connus. On vous détaille ça… avant de voir comment elle se comporte sur la route dans des conditions pas évidentes.

Notre OSI 20m TS du jour

Le rouge lui va plutôt bien. Assez étonnamment, au moment de sortir notre article dédié à l’histoire de l’OSI 20m TS on avait trouvé plusieurs exemples vus en France par des contributeurs de News d’Anciennes. Gris, blanc, blanc cassé ou bicolore, les exemples montraient une même carrosserie avec des lignes plus ou moins affinées par les couleurs. Et finalement notre auto du rouge est une des plus fines.

Le rouge y est pour quelque chose mais le fait qu’elle soit abaissée aide aussi. Sur le style, il ne fallait pas se rater. Si on résume l’histoire de notre coupé, il est né de la volonté de Ford de proposer un coupé sur base de Taunus, en attendant que la Capri, n’entre en scène et il a été produit par OSI, le « bras industriel » de la Carrozzeria Ghia cofondé par Fergat. Pourtant, ces lignes ne sont pas signées par Ghia ! C’est Sergio Sartorelli, ancien de la carrozzeria et père du dessin des Karmann-Ghia et Fiat 2300S qui s’en charge… mais il n’est techniquement plus chez Ghia.

Ghia ou pas, l’OSI 20m TS propose quand même un physique très intéressant. Pas besoin de tourner longtemps autour de la carrosserie de ce gros coupé, 4,67m de long pour 1,81m de large quand même, pour se rendre compte que les proportions sont intéressantes. Il est vrai que la hauteur limitée à 1,34m aide, mais on retrouve aussi de nombreuses influences dans ce dessin et toutes sont bonnes… prises une à une. La gageure, c’est d’avoir réussi à les rassembler sans que ce ne soit un massacre !

Certains parlent de Ferrari 275 GTB du pauvre. Il est vrai que certaines proportions peuvent y faire penser. Pourtant, l’avant, dans ses proportions là encore, rappellerait plus la Fiat 2300S, même si les phares sont, cette fois, doubles et encastrés dans la calandre. Des airs de coupé Bertone (deuxième phase) ou de Fiat Dino ? Oui, mais ces deux autos sont arrivées après puisque l’OSI 20m TS date de 1966.

Le pare-chocs ne présente pas de fioritures. La calandre est également simple et ses chromes ressortent bien, encore plus avec cette carrosserie rouge. Le capot est plutôt plat mais il est encadré par des ailes qui présentent une vraie arrête. C’est certainement sur ce point que l’OSI 20m TS rappelle le coupé Bertone. À l’avant, aucun badge ne rappelle que c’est une Ford, mais OSI s’affiche bien. Pas facile pour le néophyte de bien cerner ce qu’il a sous les yeux en ne voyant que ce badge !

La simplicité (pureté ?) des lignes de l’OSI 20m TS se voit encore plus sur le profil. On a évité de le surcharger et les versions de production perdent les trois sorties d’air placées derrière les roues arrières sur les prototypes. Les surfaces vitrées reprennent également l’air de la Fiat 2300S en étant agrandies et modernisées. Les roues sont simples mais chromées pour renvoyer un aspect statutaire intéressant.

Surtout on voit bien l’arrière fastback. C’est peut-être ça qui fait penser à une Ferrari 275 GTB ? En tout cas sur ce point l’OSI 20m TS est finalement plus proche de la Ford Mustang. Le pavillon redescend lentement, et rejoint une malle plutôt que l’arrière de la voiture. On note au passage la taille impressionnante de la lunette et la bonne taille de la malle sur laquelle trône le badge… qui ne fait toujours aucune référence à Ford qui vendait pourtant les voitures (surtout en Allemagne) !

Plus bas, on retrouve un pare-chocs toujours simple et des phares… qui rappellent aussi la Ferrari 275 GTB. En fait ce sont les mêmes… mais ils proviennent de Turin et de la Fiat 850 avant d’être passés par Maranello !

Globalement, on est face à un coupé élégant. Personne ne devinerait une Taunus sous la robe élancée de l’OSI 20m TS. Et c’est certainement mieux pour le tout le monde… et permet aux non-connaisseurs de rêver d’une Ferrari, d’une Maserati ou d’une Alfa (le rouge aidant) avant de rester circonspects en découvrant les badges !

Mécanique : Powered by Ford

Ça fait rêver quand on voit ça hein ? On pense aux Cobra, on pense à de nombreux artisans… et un V8 289ci sur les versions de base et une puissance suffisante pour martyriser n’importe quel train de pneumatiques. Sauf qu’on vous l’a dit plus haut, l’OSI 20m TS est intégralement basée sur une Ford Taunus. Et ce n’est pas que la plateforme, en fait c’est une Taunus rhabillée. Résultat : on se contente d’un moteur plus petit, mais ça reste quand même un V6.

OSI 20m TS Coupe par News dAnciennes Statique 8- OSI 20m TS

Ce moteur est donc un bon vieux V6 Cologne de 2294cm³. Il sort 110ch et 182Nm à des régimes camionnesques : 5100 et 3500 tours/minute ! Le tout est transmis aux roues arrières via une boîte 4 vitesses. Des chiffres plutôt corrects si on regarde le poids de la machine : 1150kg (à vide hein, on est en Italie). Ce même poids est une belle perf puisqu’on reprend donc l’intégralité de la base de la Ford Taunus 20m.

Pas de raccourcissement au programme, l’empattement est de 2705mm sur l’OSI 20m TS comme sur la berline fabriquée à Cologne. Revers de la médaille, l’italienne a beau être un coupé dynamique dans son style, ce n’est pas du tout le cas des trains roulants. On ne se plaint pas trop pour l’avant qui reçoit une géométrie MacPherson et des disques. L’arrière, c’est l’accent américain de Ford qui ressort avec un essieu rigide, des ressorts à lames et des tambours. Oui, c’est old-school. Mais c’est éprouvé et c’est pas cher !

Intérieur : simple mais ça marche !

Si la technique de l’OSI 20m TS est celle de la Taunus, l’extérieur en diffère et l’intérieur aussi. Par contre, si la carrosserie aurait pu se retrouver sur n’importe quelle voiture d’un grand constructeur, l’intérieur fait beaucoup plus artisanal. On ne peut pas dire que ça fasse (complètement) cheap mais la simplicité a primé et ça se voit vite.

Commençons par la planche de bord. Oui, c’est vraiment la partie la plus simple de l’OSI 20m TS. Certes, le dessus est recouvert d’un simili qui semble bien vieillir. En dessous on retrouve des compteurs sans fioritures. Tachymètre, température d’eau, pression d’huile, compte-tours (qui s’arrête à 8000 tours on ne sait pas trop pourquoi), jauge de carburant et montre sont au programme. Ça fait le job et c’est plutôt complet.

Là où c’est très simple, c’est que ces compteurs Veglia sont entourés de noir et fixés sur une planche de bois très simple. Non, n’imaginez pas une ronce de noyer à l’anglaise, là c’est du placage des plus simples… Le bois continue d’ailleurs en ligne droite devant le passage qui a droit à une poignée devant lui ! La console centrale est du même acabit. Notez que c’est sur celle-ci que vous irez chercher les boutons des phares et des essuie-glaces de l’OSI 20m TS. Le levier de vitesse est surmonté d’une boule de bois de bon diamètre.

Maintenant, il faut évoquer la sellerie. Elle a très bien vieilli et semble très accueillante. Les sièges avant sont épais et ne laissent traîner aucun doute sur les velléités sportives de l’OSI 20m TS. La surprise vient d’un passage à l’arrière. Là on sent que le coupé est basé sur une vraie berline. On a de la place (plus aux genoux qu’au toit), c’est confortable et surtout on bénéficie d’une belle clarté apportée par l’énorme lunette arrière.

Au volant de l’OSI 20m TS

Après avoir tourné autour, c’est le moment de la faire tourner. L’italienne est en température et Nicolas me passe le volant. L’installation est assez simple. On s’étonne juste de retrouver un logo GM sur les boucles de ceintures. C’est encore plus artisanal que ce qu’on a perçu en fait ! Les sièges sont effectivement confortables, on s’étonne de conduire très en avant et plutôt bas. Le moteur ronronne, c’est parti.

Bon, c’est une question de réglage mais il va falloir que je me fasse à la pédale d’embrayage de l’OSI 20m TS dont la course est d’une longueur très inhabituelle surtout que le point de patinage est très haut. Appuyer dessus à fond ne sert finalement à rien. Frein à main enlevé, l’italienne s’ébroue. Dommage pour nous, il n’y aura pas grand monde pour lever des pouces sur les trottoirs Seine-et-Marnais. La bruine est devenue pluie et le vent décorne les bœufs, on est mieux à l’intérieur !

Le couple du V6 Cologne permet de vite passer en 4e, bien avant la sortie du village. La sonorité est sympathique… mais n’a rien du pousse au crime. Au mieux, on sait que ce n’est pas un 4 pattes qui mouline sous le long capot qu’on voit à peine à travers le pare-brise. Au moment de passer la sortie de village, la relance est facile. Forcément en restant en 4e, elle n’a rien de très dynamique. Arrêt au stop, l’OSI 20m TS attend son heure.

L’embrayage réduit à néant mes chances de démarrage en trombe, pour l’instant en tout cas. Première, deuxième, le moteur monte un peu dans les tours mais sans nous inviter à aller chercher la zone rouge. Monter aux alentours des 3000 tours pour aller chercher le couple maxi suffit largement à avoir du dynamisme. Le grand coupé évolue bien sur la large départementale. Qu’est ce qu’on peut lui reprocher ? Pas grand chose à cette vitesse. Les essuie-glace et la ventilation font leur office, les sièges sont confortables et le moteur se montre assez discret en moulinant autour des 2500 tours à 90km/h.

Dans les villages, l’OSI 20m TS n’est pas si facile. Elle est quand même aussi large que beaucoup de SUVs et la visibilité vers l’avant est réduite… mais peut-être suis-je trop petit. Surtout, dans ces conditions, le coupé doit affronter les fameux ralentisseurs. Sa garde au sol permet de les avaler sans trop se faire de soucis, même si elle est rabaissée. Le train avant passe sans problème mais l’arrière montre clairement sa rusticité en étant beaucoup plus sec.

Il le confirme d’ailleurs sur route un peu dégradée en sortie de village. Ça tape un peu. La motricité n’en est pas affectée pour autant mais l’OSI 20m TS se montre un peu moins agréable. Voilà qu’arrivent, enfin, quelques virages. La route est bien grasse et je n’ai jamais prétendu que l’italienne soit une sportive. Mais il faut quand même tester son dynamisme !

Le freinage se fait plus appuyé. L’efficacité du système disques/tambours nous renvoie bien dans les années 60 sans que ce ne soit périlleux. En tout cas quand on attaque pas comme un malade puisque l’accent est sur la décélération plus que sur l’arrêt complet ! Surtout, la course n’a rien à voir avec celle de la pédale de gauche. Heureusement ! La direction est bonne. Moi qui suis fan de grands volants, je suis vraiment bien servi. Le cerceau est énorme et renvoie ce qu’il faut d’informations tandis que les roues semblent aller là où j’ai décidé.

Le levier de vitesse présente un bon guidage et le verrouillage est suffisamment ferme pour qu’on ne se perde pas entre les rapports. 3e, 2e, cette fois sans mettre la pédale en bout de course pour gagner du temps, je suis prêt à relancer.

Le pied droit enfonce l’accélérateur. Pied tôle comme on dit. Le V6 Cologne s’emploie. Ce n’est pas un foudre de guerre mais il fait le job. Pour la première fois le compte-tours de l’OSI 20m TS dépasse les 3000 tours minutes. C’est alors la puissance qui joue. Finalement, 110ch dans les années 60 avec une masse contenue, ça marche quand même. Bon, n’importe quelle sportive nous laisserait admirer ses feux arrières mais la relance est propre. C’est certain que je n’irai pas chercher les 180km/h en pointe… et je me dis qu’il faut sacrément s’employer pour faire le 0 à 100 en 11 secondes !

Pour autant l’OSI 20m TS peut aussi accepter un enchainement de virages quasi identique sans avoir besoin de s’énerver. Il suffit de reste en 4e, lécher les freins et tout passe, malgré la chaussée grasse. En fait, c’est à vous de voir… mais cette façon de rouler est finalement celle qui convient le mieux à notre gros coupé du jour.

La route se termine à la lumière des phares, suffisante. Même avec ces conditions hivernales, l’OSI 20m TS ne procure aucune frayeur. Tant mieux !

Conclusion

On s’en doutait avant d’en prendre le volant : l’OSI 20m TS n’a pas un ramage à la hauteur de son plumage. C’est certainement là que se joue la différence entre un artisan anglais qui produirait une voiture moche mais diabolique et un artisan italien qui proposerait une beauté placide. Notre voiture du jour n’en reste pas moins une bonne voiture.

Son originalité ne fera aucun doute. Sa ligne est agréable et on voyage bien à son bord. Ses performances sont tout à fait correctes mais on ne peut même pas vraiment la qualifier de GT. Non, c’est un gros coupé qui vous démarquera sur les routes et lors des rassemblements. Et c’est finalement déjà un très bon début !

Les plus de l’OSI 20m TSLes moins de l’OSI 20m TS
Ligne éléganteManque de noblesse mécanique
Confort qui n’a rien d’artisanalChâssis paresseux
Performances correctesRare !
Originalité certaineDifficile d’en trouver une parfaite
Notes de l' OSI 20M TS
Fiche techniqueOSI 20m TS
Années1967-1968
Mécanique
Architecture6 cylindres en V
Cylindrée2294cm³
AlimentationCarburateur
Soupapes12
Puissance Max110ch à 5100 trs/min
Couple Max182Nm à 3000 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 4 rapports
TransmissionPropulsion
Châssis
Position MoteurLongitudinale avant
FreinageDisques AV et Tambours AR
VoiesAV 1475 mm / AR 1439 mm
Empattement2705 mm
Dimensions L x l x h4670 x 1808 x 1340 mm
Poids±1200 kg
Performances
Vmax Mesurée181 km/h
0 à 100 km/h11,2s
400m d.a17,5s
1000m d.a32,6s
Poids/Puissance10,9 kg/ch
Conso Mixte± 10 litres / 100km
Conso Sportive± 16 litres / 100 km
Prix± 30.000 €

Conduire une OSI 20M TS

Dans le genre de modèle pas facile à trouver, notre italienne se pose là. Ford a évoqué 3500 voitures produites, OSI s’est arrêté à 2200. En tout cas ça reste une auto rare. Surtout, on parle d’une construction artisanale avec tout ce que cela implique côté vieillissement. En trouver une très belle ne sera pas une simple affaire. La corrosion aura souvent fait des dégâts et même les autos restaurées peuvent se mettre à rouiller à un moment ou un autre et trouver des pièces de carrosserie sera compliqué et c’est la même chose pour l’intérieur. Heureusement la mécanique est simple, classique et on trouve des pièces.

Niveau prix ? Là on peut vraiment parler de Ferrari 275 GTB du pauvre ! Une OSI 20M TS à l’état d’épave se trouvera sous les 10.000€. Pas de miracle hein, à ce prix il vous en faudra autant pour en avoir une à restaurer ! Pour ceux qui veulent s’affranchir de ces soucis, un modèle en bon état se trouvera entre 25 et 40.000€ (quand on le trouve). Pour les plus beaux, restaurés parfaitement et exempts de tous défauts, on ira chercher entre 48 et 75.000€ mais il ne faut pas se tromper avant de casser son PEL pour une telle auto !

On remercie Nicolas, boss du Garage Restaurancienne situé à côté de Montereau en Seine et Marne et spécialisé dans les anciennes comme son nom l’indique, authentique passionné du modèle.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

Laisser un commentaire

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.