J’aime bien le contraste que m’offre 2021. Pouvoir passer d’une Porsche 911 à une AMC ou encore une 2CV, voir une 306 diesel, c’est cool. Les expériences se multiplient, me permettant de revoir mes jugements, d’apprécier aussi bien les moments d’exceptions que les plus modestes. Mais voilà, ma dernière Ferrari commence à remonter. La 365 me hante toujours, et ça me trotte. Et puis ce mois-ci, cela fait cinq ans que je contribue pour News d’Anciennes. C’était en 2016 que j’ouvrais le bal sur le siège passager d’une BMW 1600. Ouais ça file… Bref, pour marquer le coup il me faut une italienne ! C’est là qu’Osenat rentre dans la danse en me proposant ni plus ni moins qu’un rencard avec une Ferrari 308 GTB Vetroresina !
La Ferrari 308 GTB : Bouche trou à succès
Revenons à des entrées en matière plus classique. La 308GTB, c’est avant tout l’histoire d’un bouche trou. Des années 60 jusqu’à l’aube des seventies l’offre accessible chez Ferrari, bah ce n’était pas Ferrari. Le commendatore réservant sa marque uniquement aux GT équipés d’un V12, il valida une filiale pour le modèles plus modestes à moteurs V6 et V8. Cette dernière on la connait tous, il s’agit de la marque Dino en hommage au fils d’Enzo emporté à 24 ans par une myopathie de Duchenne. Au catalogue de Dino, on a retrouvé entre autre les 206, 308 GT4, mais surtout la 246 GT/S rendue mythique entre les mains d’un certain Tony Curtis dans la série Amicalement vôtre.
Abordable, dotée d’une mécanique enchanteresse, la petite berlinette fut un joli succès avec 3661 unités écoulées. Mais voilà, après 5 ans de carrière et suite à l’arrivée de la Dino 308 GT4, la 246 prit sa retraite laissant un trou dans la gamme. En effet, suite à ce départ, le constructeur italien ne proposait plus de coupés deux places à petit moteur. Et ce n’est pas la 308 GT4 à quatre places, dessinée par Bertone qui allait combler ce vide. Bref il fallait à Ferrari un bouche trou, une petite berlinette taillée par Pininfarina, et vite ! La réponse à cette problématique fut apportée en 1975 par la Ferrari 308 GTB qui par la même occasion abandonnait l’emblème Dino pour devenir une Ferrari à part entière.
Présentée en deux exemplaires (jaune (Giallo Fly) chez Pozzi et bleu (Azzurro metalizzato) chez Pininfarina, au salon de Paris 1975, alors que Lauda venait d’être titré en Formule 1, la berlinette aux traits inspirés de la 365 GT4 BB rencontra un vif succès. Faut dire que la base (raccourcie) de la 308 GT4 était bonne sur le plan technique, et que la 308 GTB y apportait tout ce qu’on attendait d’une Ferrari. A savoir un style puissant et sexy !


Cela dit, il est bon de savoir que ce dernier fut aussi permis par l’emploi de polyester pour l’élaboration de la carrosserie (sauf le capot en aluminium). A l’époque, matériau en plus d’être maitrisé et léger permettait une production plus rapide. Pour une marque pressée de présenter une nouveauté c’était idéal.
En revanche, seuls les 808 premiers exemplaires appelés Ferrari 308 GTB Vetroresina furent dotés de cette coque en polyester fabriquée chez Scaglietti. En Juin 1977, et avec l’arrivée de la version découvrable GTS (Scoperta), les 308 passèrent à une carrosserie en acier, plus lourde de 150 kilos. Heureusement, ce changement n’empêcha pas la berlinette de s’écouler comme des petits pains.


Tout du moins jusqu’à l’arrivée des versions GTBi et GTSi en 1980. Ces nouvelles moutures signaient le passage « contraint » à l’injection (Bosch K-Jetronic) et en conséquence la perte de 40 chevaux. Ouais, les écolos saoulaient déjà avec leurs normes et, ouais, 214 poneys dans une Ferrari V8 ça fait chier.
Bilan des courses, les ventes d’effondrèrent passant de 1685 unités en 1980, à 1032 en 1982. Par chance, cette même année, l’arrivée de la déclinaison Quattrovalvole avec ses 32 soupapes et sa puissance revigorée (240 ch) offrit un second souffle à berlinette.

Mais cette correction fut vraiment trop tardive. Car de toute évidence après 7 ans de bons et loyaux services la 308 était au crépuscule de sa carrière. C’est finalement en 1985 que la belle italienne prit sa retraite. Pour Ferrari ce fut un succès avec un peu plus de 12.000 unités écoulées en 10 ans. Mais best-seller mis à part, la 308 modifia à jamais l’ADN du constructeur Italien, rendant la berlinette à moteur V8 indispensable !
Un bouche trou peut-être, mais surtout un mythe, un vrai, donnant bien du mal à sa descendante : la 328.
Notre Ferrari 308 GTB Vetroresina du jour
Extérieur : Egeria
Craquante, marquante, ouais, je crois que ça lui va bien à notre berlinette. Parfois, il y a des coups de crayons qui vont graver la production d’un constructeur pendant plusieurs décennies. Celui de Leonardo Fioravanti pour Pininfarina en fait sans aucuns doutes parti. C’est simple, le design de la Ferrari 308 GTB a marqué au fer rouge les berlinettes V8 de l’officine jusqu’au crépuscule des années 90.
Ouais vingt-cinq ans quand même ! Le pire, c’est qu’on trouve encore certains TOC stylistiques de nos jours. Bref autant dire que sous les yeux j’ai probablement une des Ferrari les plus représentatives de la marque. Une vraie égérie !

Je ne vais pas verser dans l’originalité mais la Ferrari 308 GTB Vetroresina est une très belle voiture à regarder. Sexy, compacte (4,23m x 1,72m), tapie au sol avec son petit 1,10m de haut, elle arbore une coupe à la serpe aussi sulfureuse que typique de son époque. La face avant est courte, prête à dévorer le sol. Ornée de phares pop-up, et de grilles d’aérations, on ne fait pas plus seventies.
Le profil est lui bien équilibré et très dynamique. Faut dire qu’il est aidé par l’homogénéité des portes à faux, l’inclinaison de la partie avant, l’arrière tronqué en oblique, les deux grosses prises d’air, ou encore ce liseré noire soulignant la ligne de caisse en forme de vagues tout en cassant les volumes.




Le cul ? On ne fait pas plus Ferrari, avec les quatre phares ronds, les ailes larges, et le long capot plat ajouré venant se loger entre les montants. C’est diablement efficace ! Coté cosmétique, hum, pas grand choses. Très bien née la Ferrari 308 GTB Vetroresina n’a pas besoin de surenchérir dans les coquetteries.



Quatre jantes Cromodora en 14 pouces, calquées sur celles de la 365 « Daytona », et deux becquets (avant arrière) venant subtilement muscler la belle, ça suffit largement. Par contre tout n’est pas parfait, c’est vrai que sous certains angles les voies arrières manquent un peu d’ampleur dans les passages de roues. Et puis, le spoiler avant, je l’aurais préféré plus musclé comme sur les 208 GTB turbo, et pourquoi les quatre tubulures d’échappement ne sont pas là (sauf US) ?
Derniers points, la Ferrari 308 GTB est peut-être une égérie et une très belle machine, elle n’en demeure pas moins une Ferrari des années 70-80. Il ne faut donc pas la regarder de trop près, ni la toucher avec trop d’insistance, surtout cette Ferrari 308 GTB Vetroresina. Les matériaux et les assemblages font très très « artisanaux »… On passera aussi sur les ignobles rétroviseurs avec leurs logos Ferrari approvisionnés dans la galerie marchande d’une aire de repos. Mais au final, c’est un peu comme le grain de beauté au coin de la lèvre. On voudrait le cacher mais, en 2021 on en a encore quelque chose à faire ?


Intérieur : Sorpresa
Il y a un adage qui dit : « lorsqu’on achète une Ferrari, on achète un moteur, le reste est gratuit ». Une manière poétique pour légitimer le talon d’Achille de la marque qu’est la qualité perçue ? D’expérience j’aurai envie de dire oui à partir des années 70 jusqu’aux années 2000.
Y aurait-il une corrélation entre ce déclin et le passage de l’artisan sous le giron de Fiat ? Peut-être, mais il ne faut pas oublier le contexte des chocs pétroliers, de l’instabilité socio-politique de l’Italie, et plus tard l’explosion de la bulle spéculative suite à la mort du Commendatore.
Bref, les habitacles Ferrari de ces année-là sont élégants à regarder mais fichtrement mal exécutés. Que ce soit dans les assemblages, les matériaux ou l’ergonomie, c’est pas ouf. On voit qu’il n’y avait ni thune ni temps à accorder à ces détails.
Et notre Ferrari 308 GTB Vetroresina ? Et bien c’est une bonne surprise. Déjà l’habitacle typique des seventies est cool à regarder de loin. La planche de bord suspendue prolongée par les accoudoirs de contres portes amène un gros plus en dynamisme et en sentiment d’espace. Son côté épuré vient aussi insister sur le fait, qu’a bord, on est là pour conduire et rien d’autre.

Dans notre champ de vision il n’y a finalement que le volant, la superbe grille de boite en H, le cendrier et les multiples cadrans tout à fait visibles. Pour les commandes annexes, c’est la console centrale qui les regroupe un peu plus loin sous la forme d’une armada de chouettes interrupteurs. Cela permet aussi d’apporter un peu de complexité à l’habitacle de la Ferrari 308 GTB Vetroresina, mais sans en faire trop. Enfin, l’ensemble est parfaitement souligné par la sellerie caramel entrecoupée de bandes noirs.
Pour une fois l’ergonomie n’est pas non plus infecte. On peut prendre place à bord sans avoir besoin de subir de lourdes opérations chirurgicales dont le but serait de modifier les proportions de certains de nos membres. Bref, avec mon mètre 75, la position est convenable et tous les éléments liés à la conduite me semblent correctement positionnés. Il n’y a guère que la visibilité moindre sur les commandes annexes qui pourrait venir me contrarier.
Mais entre nous, je ne suis pas là pour faire mumuse avec le commutateur de clim. En parlant de ça, abordons l’équipement. Pour une berlinette deux places des années 70 la Ferrari 308 GTB Vetroresina est plutôt bien dotée. Vitres et rétroviseurs électriques, climatisation, radio, pour l’époque c’est assez complet, et encore aujourd’hui on n’a pas forcément besoin de beaucoup plus.
Quant à la qualité perçue, on dira qu’hormis les nombreux éléments d’origine Fiat qui sont vraiment nazes, le reste des matériaux est cohérent. Cuir, alu, moquette, je suis bien loin d’avoir le sentiment de prendre place à l’intérieur d’un enchevêtrement de chutes. En plus ça n’a pas trop mal vieilli !
Attention cela ne veut pas dire que l’assemblage ou la qualité des éléments soit brillante, la 308 reste une italienne ! C’est beau, mais les finitions bien que meilleures qu’a l’accoutumé restent en carton. Mais bon, ça fait partie des défauts qui participent au charme de ces autos à la conception artisanale. C’est mal branlé, on le sait, ça prête à la moquerie, et ça nous fait marrer, mais on aime bien quand même.






Mécanique : Accord en V8 mineur
Ne voyez rien de péjoratif dans ce sous-titre. Le V8 qui anime la Ferrari 308 GTB Vetroresina n’a rien de mineur si ce n’est sa cylindrée modeste de 2.9 litres. Au contraire « Tipo F106 », de son petit nom, est probablement l’un des moteurs majeurs de la marque. En fonction de ses évolutions vous le retrouverez sous le capot de toutes les berlinettes V8 du constructeur (jusqu’à la 360 Modena), mais aussi de la 288 GTO, de la F40 etc. Bref, coté CV ce V8 90° à vilebrequin plat c’est du lourd !
Et côté technique ? Bah c’est du propre aussi ! 16 soupapes, double arbres à cames en tête, carter sec, quatre carbu Weber 40 DCNF, c’est un attirail de course en fait ! Et forcément, le rendement est excellent pour l’époque avec 87 ch/L, soit un total de 255 ch obtenus à 7700trs/min. Cela dit, ces chiffres pourraient laisser craindre un cruel manque de souplesse à bas régime, mais il n’en n’est rien grâce au 284 Nm développés à 5000 tours/min.



Monté en position transversale et associé à une boite cinq rapports au maniement inversé (1ère en bas à gauche), ce « bouilleur » n’a aucun mal à déplacer les 1300 kilos (1090 kgs à sec) de la Ferrari 308 GTB Vetroresina.
Le 0 à 100 est bouclé en environs 7 secondes tandis que la vitesse maximale oscille autour de 250km/h. Ouais je sais, c’est moins bien qu’une Polo GTI moderne, sauf que c’était il y a… 46 ans !
Pour l’envers du décor, notre 308 GTB s’en remet à la technique éprouvée du châssis tubulaire sur lequel la carrosserie en polyester ne fait qu’office de peau. La suspension est quant à elle assurée par un ensemble de triangles superposés aux quatre roues directement issus de la compétition ! Histoire de tempérer les ardeurs de la belle, la direction est confiée à une crémaillère non assistée et le freinage à quatre disques ventilés. Voilà qui promet un comportement routier sain et sportif, d’ailleurs c’est ce que l’on va aller vérifier.
Au volant de la Ferrari 308 GTB Vetroresina
En usage normal : Italienne mais pas trop
Essayer une Ferrari c’est comme un rendez-vous amoureux, bien que préparé, on a toujours ce soupçon d’impatience, d’appréhension.
La dernière fois que je me suis installé au volant de l’une d’elles, j’étais comment dire, fou. Non, enfin si un peu, mais surtout effaré par l’ergonomie. Cette fois, c’est différent. Lorsque je descends à bord de ce cocon, je constate que bien qu’exigu, j’y suis à mon aise.
Tout me semble peu contrariant et mis à part les pédales décalées, ou le pavillon vraiment bas, je trouve la 308 suffisamment confortable. Position réglée, il ne me reste plus qu’à jeter un rapide coup d’œil sur le volant « Momo » orné du célèbre insigne. On dira ce qu’on voudra mais quand on aime l’automobile ça fait toujours quelque chose. Allez, cette fois contact, mise à feu du 3.0L. Merde c’est décevant ! Autant la musique suave du colombo hante encore mes nuits, autant j’ai connu des Punto 1.2 L plus expressives que ce V8.
Vous me direz, avec sa sortie toute bête et son architecture à vilebrequin plat, la Ferrari 308 GTB Vetroresina ne peut guère sonner différemment d’un quatre cylindres au ralenti. Heureusement la première se situe là où elle doit être : en bas à gauche, et son armement annonce la couleur de la boite. Rouge, rouge comme le sport, rouge comme la Scuderia, rouge comme l’amour. Sans rire, cette commande fabuleuse fait monter la température à elle seule ! Mais j’y reviendrais, car l’heure est à la découverte, pas à l’exercice.
Aucun doute, alors que je m’élance, je comprends vite qu’à faible allure la Ferrari 308 GTB Vetroresina est bien une italienne. Une vraie, dans la tradition machiste de l’époque. Dure, virile, on a vraiment l’impression d’avoir le contrôle total de chaque élément mécanique. Mais cette intimité donne comme une sensation de lourdeur sur ces premiers kilomètres de découverte urbaine.
La direction n’est pas assistée, le rayon de braquage est moyen, et les freins sont aussi mous que la pédale est dure. A cela vous ajoutez une vision périphérique plus nulle qu’un film de Nicolas Cage et vous obtenez sur le papier un vrai cauchemar. Pourquoi sur le papier ? Parce qu’après quelques kilomètres, je réalise que la 308 GTB est loin d’être ignoble. Ce n’est pas comme ces supercars italiennes de l’époque, ou l’on passait la première demie heure au paradis avant de vouloir mourir pendant la seconde.
Une fois lancée à plus de 30, la direction s’allège et devient un régale de précision et de pureté. La boite ? Elle reste « punchy » mais se laisse apprivoiser avec délicatesse au cours des cruisings. L’embrayage ? En un mot : intuitif. L’amortissement ? Ferme mais pas cassant. Quant au V8 carbu, plutôt discret il enveloppe de sa souplesse tout cet accastillage taillé pour le sport.

Alors attention l’italienne n’est pas une 911 ! Elle offre sa propre vision du grand tourisme. Une vision plus typée, plus chaude, plus latine. Le patronyme Gran Turismo Berlinetta ce n’est pas juste du marketing. Mais vu son pedigree et ses compromis plus lights, bah elle fait carrément le taff lorsqu’on en a une utilisation contraire à ses intimes convictions.
Ouais, je suis en train de mettre berlinette Ferrari et polyvalente dans la même phrase. Bref, Italienne dans l’âme, mais pas excessive, notre belle offre ce qu’il faut de compromis. Il devient possible de rêver d’une conduite « Ferraristique », mais aussi d’un usage onctueux, le soir, sur les rives du lac majeur. Personnellement, tandis que je roule à 80km/h, je prends le temps d’apprécier le soupçon de savoir-vivre et l’équilibre de notre Ferrari 308 GTB Vetroresina. Mais bon, est ce qu’il ne serait pas temps d’aller plus loin dans notre rencontre ?



En usage soutenu : Sex Toy
J’ai un V8 quatre carburateurs à carter sec, une zone rouge à 7700trs/min, un cheval cabré planté en plein dans le champ de vision, et cette fichue commande de boite première en bas dans la main droite. Alors on fait quoi ? On continue à se regarder timidement dans le blanc des yeux, sans un mot en attendant l’addition ? Sachant que dans le fond on n’a plus rien à se dire mais qu’on sait tous les deux ce que l’on veut. Ou on file briser la glace, exprimer l’intensité de nos désirs charnels ? Je crois que l’a vous avez compris.
Double débrayage, 4ème, 3ème, 2nde, putain ça faisait depuis la 365 que j’attendais de pouvoir revivre ça, et putain que c’est bon ! Si je n’avais jamais vécu ce rêve impossible par le passé, je crois que j’aurais pu poser une larme l’enchainement de jappements métalliques du V8 et de « clings » du sélecteur dans la grille.
Pour reprendre Davide Cironi lors de son test de la 208 GTB Turbo, cette boite c’est du pur sexe ! En fait elle est telle qu’on l’imagine, telle qu’on en a tous rêvé : rapide, délicate, précise, brutale et exigeante ! A elle seule elle accapare presque tout le plaisir de la conduite, parvenant quasiment à occulter l’organe majeur et le châssis qui nous envoient valser entre les lignes blanches à des vitesses sulfureuses ! Dès qu’on saisit le « leva del cambio » on ne pense à rien d’autre qu’au changement de rapport qui arrive. On le prépare, on le désire, et la tension monte crescendo avec l’envolée du compte tour.
Au bord de la zone rouge, on a qu’une seule envie c’est de taper dedans, reprendre un shoote de sensations mécaniques pures, exaltées au caractère des 16 soupapes qui s’affolent dans notre dos à plus de 7000 tours minutes !
Oui lorsqu’on la cravache la Ferrari 308 GTB Vetroresina est aussi sulfureuse qu’elle en a l’air. C’est comme cette amante. Pulpeuse, elle vous aguiche de sa plastique, avant de dévoiler son intensité dans une étreinte bouillante. Vous le saviez avant même d’arriver, vous le saviez en la voyant débouler, cheveux au vent, décolleté plongeant, une paire de Ray-Ban masquant son regard de braise. Vous le saviez, vous vous étiez juré que ça ne se passerait pas ainsi, mais vous vous faites quand même avoir à la fin !

Impossible de garder le contrôle, impossible de passer les rapports en douceur, impossible de ne pas avoir envie de dégommer la zone rouge de la bande son Ferrari en balançant votre permis par la fenêtre. Lorsqu’on tape dedans c’est l’ivresse assurée, et même si le V8 carbu donne moins de voix que ce que j’aurais aimé, même s’il pousse moins fort qu’il ne le laisse entendre, son tempérament hargneux « so italian » me fait tout oublier.
Oui, vous retrouverez cette sensation d’être plongé dans l’intimité mécanique de votre monture ailleurs. Mais ici l’ivresse est distillée avec noblesse et passion. A bord, la fermeté de la boite, la franchise de la direction, contrastent avec la finesse du V8.
La poussée est élastique, rageuse, mais jamais dans la sauvagerie. La Ferrari 308 GTB Vetroresina n’impressionne pas, mais elle séduit. Elle vous attrape par la nuque avec détermination vous embarquant toujours plus vite dans la danse à mesure que les graduations s’envolent au firmament de l’indécence. Mais jamais elle ne vous plante un uppercut dans les tripes ! Ce n’est pas dans ses mœurs.
Finalement, c’est vous qui la brutalisez, jouissant de ce qu’elle vous offre, shootant dans l’embrayage, écrasant l’accélérateur, la faisant hurler, virevolter entre deux enchainements, l’instant de quelques clics du sélecteur. Et on ne peut pas dire qu’elle déteste ça. Oh que non ! Certes la Ferrari 308 GTB à autant de mal que moi à savoir s’arrêter mais elle compense en se révélant directe, neutre et agile. Alors tant pis, on fonce, c’est dans sa nature !


En revanche si vous êtes mauvais, ou que vous vous comportez comme un mufle, gare à vous. L’Italienne n’aura aucune pitié à vous jeter dans le bas-côté. Quand j’étais petit, mes parents me disaient qu’il fallait un permis spécial pour conduire une Ferrari. Evidemment c’était faux ! Mais je comprends ce qu’ils voulaient dire. Tandis que j’ai du mal à résister à mon enthousiasme, je réalise vite que la Ferrari 308 GTB Vetroresina est pointue à la limite, et qu’elle n’aurait pas d’humour si je passais du tango au pogo.
Bouillante et érotique oui, mais certainement pas une cagole, alors un peu de respect. En berlinette pur jus la belle aime qu’on l’empoigne fermement pour l’embarquer ou l’on veut. Vous l’avez dans les paumes de vos mains, tout ce que vous avez à faire, c’est lui dire de rester. Mais si vous partez, si ce rapport passionné se transforme en brutalité gratuite, alors la Ferrari 308 GTB Vetroresina, délestée par la vitesse, sous-vire et survire. Parfois progressivement, mais souvent brutalement, ne laissant presque aucune chance aux TRX de la ramener à la raison.
Cela dit rassurez-vous, faut vraiment y aller salement pour prendre une gifle. On pourrait dire que je fais de la masturbation intellectuelle sous le prétexte d’avoir une diva estampillée du cavalino rempante entre les mains. On pourrait me traiter de tifosi sous prétexte de mon enthousiasme franchement marqué. Pensez ce que vous voulez car c’est faux, je n’ai jamais rêvé Ferrari, j’ai toujours trouvé qu’on en faisait trop au sujet de ce constructeur insolent.
Et pourtant voilà que je me laisse séduire pour la troisième fois. Séduire par cette finesse, ces lignes, ce caractère, ces sensations, ces envolées passionnées, et cette fichue boite de vitesses ! Finalement il n’est pas question de flatter des égos, mais plutôt de la sensibilité de l’Homme aux commandes.



La Ferrari 308 GTB Vetroresina n’a rien de prosaïque. Dans la réalité elle n’a rien d’une supercar, elle n’est pas si violente, si sauvage, si efficace que ça, mais, quand on y est sensible, alors elle exalte, et forcément on finit par rêver Ferrari. Forcément oui.
Ouais, j’ai adoré m’envoyer en l’air au volant de cette amante brulante d’amour automobile. Mais voilà, comme cendrillon après minuit, il faut rendre les clés et repartir à bord du Scenic. Trois ans et demi c’est long, trop long !
Conclusion :
Alors cette Ferrari 308 GTB Vetroresina ? Si vous vous attendez à une fusée ou un truc de fou furieux, oubliez, ce n’est pas ce qu’elle est. En revanche, si vous êtes sensible au mythe Ferrari, à ce cocktail unique de sensations mécaniques, alors foncez car la 308 GTB fait partie de ces pièces fondamentales de la marque. De ces autos mythiques ayant pérennisé une longue lignée partageant le même code génétique.
Et puis… un V8 aussi authentique qu’aérien, la fameuse grille en H, et des sentiments purs sous cette robe rouge sensuelle, comment ne pas craquer ? Comment ne pas vouloir s’offrir un moment de conduite langoureuse et intense ? La cerise sur le gâteau ? C’est qu’elle est capable de vous faire une mise en bouche du paradis automobile sans être infréquentable. Cela dit, elle est une Ferrari, pas une Porsche, si vous voyez ou je veux en venir.
Les plus | Les moins |
---|---|
La boite bordel ! | Mais gourmande en soins |
Mythique | Sonorité timide |
Gueule 100% Ferrari | Un peu rustre de prime abord |
Tempérament Mécanique | Trop exigeante pour certains |
Sensations authentiques | Freinage en carton |
Performantes satisfaisantes | Cote qui s’est envolée |
Relativement polyvalente | Un peu frime |
Relativement fiable |
Critère | Note |
---|---|
Budget à l’achat | 8 / 20 |
Entretien | 12 / 20 |
Fiabilité | 15 / 20 |
Qualité de fabrication | 10 / 20 |
Confort | 13 / 20 |
Polyvalence | 14 / 20 |
Image | 20 / 20 |
Plaisir de conduite | 18 / 20 |
Facilité de conduite | 12 / 20 |
Ergonomie | 16 / 20 |
Total | 14,2 / 20 |







Acheter une Ferrari 308 GTB
Ça y est vous êtes convaincu ! Il vous faut une 308, et vous auriez raison d’investir car c’est une excellente bagnole. Oui mais, les 308 sont sorties du creux de la vague ce que veut dire que primo, elles sont devenues cher, et secundo, gare aux merguez.
Longtemps abordables ces modèles ont souvent été achetés par des propriétaires n’ayant pas les reins assez solides pour les suivre. Bref revenons-en au budget d’achat. Pour le coup il est difficile d’établir une cote moyenne. En effet les fluctuations sont énormes suivant les versions. Vous pouvez très bien trouer des GTBi autour de 60 000€ tandis que les Ferrari 308 GTB Vetroresina peuvent s’échanger à plus de 150 000€.
A l’achat rien de particulier. Hormis l’électricité, les accessoires, et l’injection (pour les modèles équipés) qui peuvent se révéler capricieux, la Ferrari 308 GTB est une auto plutôt fiable. A la seule condition que la belle ait été suivie convenablement.
D’ailleurs l’historique de cette maintenance devra impérativement être présent pour éviter les mauvaises surprises. Car si l’entretien régulier n’est pas excessif (pour une Féfé), le fait de devoir clarifier toute l’auto pourrait vous couter un rein. Pensez à checker les révisions moteurs mais aussi l’entretien des trains roulants. Les Ferrari 308 GTB Vetroresina ne sont plus toutes jeunes et sont faite pour artiller, avec pour conséquence de forts risques d’usure.
Coté corrosion pour une fois j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer. Un check up est évidemment à faire mais les 308 GTB sont rarement pourries jusqu’à la moelle. Bon nombre d’entre elles ayant été stockées dans de bonnes conditions et n’ayant que très peu connu la pluie.
En revanche si la belle que vous convoitez est dotée de pneus TRX il sera très important d’inspecter leur état et leur ancienneté, sous peine de devoir les changer très rapidement. Ouais là c’est de suite moins drôle, d’ailleurs pensez à passer sur des jantes en pouces pour éviter de vous faire éclater à chaque changement de pneumatiques. Et puis entre nous, les TRX sont des gommes vraiment moyennasses sur la route.
Une fois sur la route, c’est un peu toujours la même rengaine, votre modèle doit se montrer stable, filer, freiner droit, et ne pas remonter de sensations de jeux ou de flottement excessif. Regardez les fumées, la montée en température, testez la mécanique afin de voir que tout fonctionne bien (surtout les injections qui sont une plaie à réviser).
Pour finir un petit point sur l’entretien. Ce dernier n’est pas violent pour une Ferrari (attention c’est pas non plus une Clio DCI) et peut être réalisé par n’importe quel garage un tantinet qualifié. Pour les pièces, hormis les éléments de carrosserie introuvables, les disponibilités sont bonnes. Cela dit attention, si de nombreux éléments d’intérieurs sont bien de chez Fiat, tout ce qui est de chez Ferrari sera assez dispendieux.
Merci à Osenat pour le prêt de ce superbe exemplaire parfaitement fonctionnel ! De mon côté, j’ai réussi mon challenge : Faire un article sur une 308 GTB sans évoquer Magnum ! Oups…






Fiche Technique de la Ferrari Ferrari 308 GTB Vetroresina | |||
Mécanique | | Performances | |
Architecture | 8 Cylindres V | Vmax | 247 km/h |
Cylindrée | 2927 cm³ | 0 à 100 km/h | 7,0 s |
Soupapes | 16 | 400m da | 14,6 s |
Puissance Max | 255 ch à 7700 tr/min | 1000m da | 26,9 s |
Couple Max | 284 Nm à 5000 trs/min | Poids / Puissance | 4,3 kg/ch |
Boîte de vitesse | 5 rapports manuelle | ||
Transmission | Propulsion | | |
Châssis | | Conso Mixte | ~ 15 L/100 km |
Position Moteur | Centrale arrière | Conso Sportive | ~ 25 L/100km |
Freinage | Disques ventilés AV AR | Cote 1975 | 120.000 Frs |
Dimensions Lxlxh | 423 x 172 x 112 cm | Cote 2021 | ~ 150 000 € |
Poids | 1090 (à sec) kg |




Surirey
Mark, nous avons adoré votre analyse et son objectivité. La prose et le style nous ont séduit, nous avons pris un pieds extraordinaire à vous lire. Merci de ce don sur internet. Nous allons désormais vous suivre.
· · 12 août 2022 à 11 h 41 min
Mark
Merci pour ce commentaire vraiment très cool!
· · 11 janvier 2023 à 13 h 28 min