Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019, magnifique, mais pas que

Publié le par Patrick Hornstein

Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019, magnifique, mais pas que

Il y a une dizaine de jours, le Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019 investissait deux villas des rives du Lac de Côme. On vous propose une plongée dans ce concours qui allie la beauté des autos et des motos, mais aussi une réelle réflexion sur le format d’un tel événement.

Sommaire :

Deux anniversaires, deux fois 90 ans

Comme beaucoup d’événements, le Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019 se plaisait à fêter des anniversaires.

Le 1er : 90 ans. Le premier Concours d’élégance de Villa d’Este se tint le 1er septembre 1929. Il devint immédiatement le plus important événement du genre en Italie. Ceci était en grande partie dû à la réputation internationale du grand Hôtel Villa d’Este qui bénéficiait d’une excellente réputation auprès du gotha international. Durant la guerre l’heure n’était pas aux concours d’élégance mais Villa d’Este le vit renaître dès 1947. En 1949 pas moins de 109 automobiles dessinées par 39 carrossiers différents étaient présentes. Depuis 20 ans le Concours d’Elégance de Villa d’Este appartient au groupe BMW qui s’en sert comme écrin pour présenter de nouveaux modèles et aussi témoigner de son attachement à l’Automobile et à la Moto…

L’autre anniversaire étant les 90 ans de la première automobile BMW la BMW 3/15 DA-2. Cette petite automobile correspondait aux aspirations grandissantes de la clientèle en termes de fiabilité. Les débuts pouvaient difficilement être plus modestes : la Dixi 3/15 était fabriquée sous licence sur une base d’Austin Seven avec son modeste 750 cm³ de 15ch.

Avant que l’auto ne soit autorisée à revêtir l’emblème bleu et blanc, les ingénieurs avaient amélioré la base notamment avec une carrosserie tout métal. Ces ensembles étaient fabriqués par le carrossier berlinois Ambi-Budd et cela signifie que la première automobile BMW à voir le jour ne venait ni de Munich ni d’Eisenach mais de la capitale Berlin.

Pour assurer la notoriété de la Dixi 3/15 BMW l’engagea dans le Rallye International des Alpes partant de Munich pour relier le lac de Côme. Cet engagement se solda par une victoire. Du coup ce furent pas moins de 16.000 Dixi qui furent produites (berline coupé, cabriolet et même fourgonnette de livraison).

Événement hors norme dans des lieux sublimes

Le Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019 est à l’image du groupe BMW : on ne lésine pas sur les moyens. Quelques exemples :

  • Privatisation du Palace Villa d’Este
  • Privatisation de la Villa Erba
  • Traiteur raffiné
  • Invités juges et participants au Concours logés dans les palaces avoisinants
  • Dîners de Gala
  • Présence d’une flotte de bateaux Riva et de vedettes pour distraire les invités souhaitant se promener sur le Lac de Côme
  • Présence d’une flotte de X7 et de limousines série 7 pour servir de navettes aux invités participants et médias
  • Présence d’un personnel BMW pléthorique pour faire en sorte que la manifestation réponde à leur volonté de perfection y compris dans les moindres détails.

Si les Concours d’élégance étaient à la base une discipline française (principalement dans les villes thermales et/ou touristiques afin d’y créer une animation), cela n’est pas très étonnant car durant les années 20 et 30 la plupart des grands carrossiers de « haute couture «  automobile étaient français. De 1951 à 1995 le Concours de Villa d’Este n’eut pas lieu, la mode étant plus aux salons. Il n’en demeure pas moins vrai que le plus ancien Concours d’ Europe à exister aujourd’hui est celui de Villa d’Este : grâce en soit rendue à BMW qui le reprit en 1999 l’améliorant sans cesse depuis ! De facto on ne peut s’empêcher d’établir des comparaisons avec Pebble Beach LA référence mondiale en la matière, nous y reviendrons plus loin…

Les vendredi et samedi les automobiles et les invités sont à la Villa d’Este, la Villa Erba n’accueillant que les motos et la vente aux enchères RM Sotheby’s (les résultats sont décrits ici).

Les lieux

La Villa d’Este est un palais renaissance du 16ème siècle combiné à un jardin à l’italienne de 25 hectares devenu palace depuis 1873. Construit au bord du Lac de Côme à Cernobbio il fait partie des somptueuses villas : Villa Olmo, Villa Balbianello, Villa Carlotta, Villa Melzi… Le palais est construit en 1568 par l’architecte et peintre Pellegrino Tibaldi à titre de résidence pour le Cardinal de Côme. Le jardin à l’Italienne est décoré de mosaïques du 16ème siècles de statues, bassins, nymphée… Le palais est vendu par les descendants héritiers du cardinal à de nombreux propriétaires aristocrates successifs dont le comte Mario Odescalchi, le comte Mariani, le marquis Bartolomeo Calderara, le Comte Domenico Pino. En 1815 le palais devient la propriété de Caroline de Brunswick et de Hanovre, la villa est alors rebaptisée « Villa d’Este » en hommage aux origines de la Reine avec la célèbre maison d’Este de Tivoli (près de Rome).

Tous les ans il accueille :

  • le forum Ambrosetti (sommet international politique économique et scientifique)
  • le Concours d’élégance de Villa d’ Este

La Villa Erba est un palais néo-Renaissance bâti au 19ème siècle au bord du lac de Côme. Au 15ème siècle c’était un couvent, la propriété fut rachetée en 1882 par Luigi Erba (époux de la comtesse Anna Brivio). Il confie la construction de la Villa aux architectes Gian Battista Borsani et Angelo Savoldi (1897). La Villa abrite de somptueuses réceptions avec le gotha politique industriel et artistique.
En 1922 leur fille Carla Erba hérite de la propriété et épouse le Duc Giuseppe Visconti. Ils ont pour enfant Luchino Visconti qui y passe ses vacances et s’en inspirera pour son œuvre cinématographique. Plus récemment la Villa Erba abrita des scènes d’Ocean’s Twelve (2004) et même une publicité pour Nespresso avec George Clooney et Jean Dujardin (2014).

Les Vendredi et Samedi propriétaires et VIPs restent entre « happy (very) few » à la Villa d’Este, le public (et la majorité des journalistes) n’y ayant pas accès (ce qui est fort dommage). Les autos sont disposées avec un réel goût et l’on peut admirer les Rolls (BMW Group) ainsi que les différents modèles de BMW dont le luxe a cru de manière exponentielle ces dernières années. En revanche on ne peut que s’étonner que Mini qui fête son soixantième anniversaire n’en profite pas pour être à l’honneur. D’autant plus que Villa d’Este n’est pas un Concours « grosses autos uniquement », honneur est aussi rendu à de petites cylindrées (Abarth, Osca, Siata…)

Les motos du Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019

Tout d’abord merci et félicitations à BMW d’avoir inclus des motos au Concours. Ce n’est que bon sens mais un bon sens pas (encore) partagé par tous les organisateurs. Non seulement BMW le fait mais qui plus est ils le font bien en ne traitant pas la moto comme un objet « de seconde classe » par rapport à l’automobile.

Les motos sont présentées à la Villa Erba. La sélection a préalablement été faite conjointement entre BMW et François-Marie Dumas (Président du Jury) et lorsque l’on connaît l’Histoire moto de BMW d’une part et la culture de François-Marie (journaliste moto et auteur de nombreux ouvrages seul ou avec son alter ego Didier Ganneau il fut aussi consultant pour Yamaha et « père spirituel » d’un projet à succès baptisé…TMAX !), d’autre part on est à l’ abri des fausses notes.

Qui plus est il s’agissait d’un jury éclectique et large avec notamment la présence du Vintagent (Paul d’Orléans) que sa passion, sa curiosité et son érudition motocycliste promène en permanence entre Etats Unis et Europe. Ce n’est pas tout : Carlo Perelli est un membre du jury qui force le respect : il collabore à Motocyclismo depuis 1949 ! Autre membre du jury dont la présence est à saluer : Sara Fiandri , rédactrice en chef de Cosmopolitan Italie. Parler de féminisme et d’égalité des sexes dans les magazines féminins est une chose, mettre soi-même en pratique en est une autre, bravo ! Citons aussi Mick Duckworth (journaliste moto) Arnost Nezmeskal du National Technical Museum de Prague, Ralf Rodepeter directeur marketing de BMW motorrad et enfin Beatriz Gonzales Eguiraun ravissante journaliste moto aussi à l’aise sur un custom que sur circuit… Bref un jury aussi éclectique que complet.

La sélection des machines fut tout aussi «complète» et saluons au passage le «fair-play» de BMW qui accueille des machines de constructeurs concurrents. La tentation serait grande de faire un Concours entièrement dédié à la gloire «maison», il n’en est rien, respect ! Saluons tout particulièrement la magnifique exposition de 50cm³ « enduro », ce n’était certainement pas ce qu’il y a de plus facile à réunir.

Enfin, une société commerciale doit toujours retrouver un intérêt commercial pour qu’une action culturelle et prestigieuse soit pérenne : Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019 était la première présentation publique du future Cruiser 1800 cm³ (R18 Concept) qui est déjà à mi-chemin entre le concept et la pré-série. Très réussie esthétiquement cette machine vient ouvertement chasser sur les terres d’Harley. Un clin d’œil à la BMW « Nostalgia » réalisée par le concessionnaire américain « Nmotos » sur inspiration de R7 à l’image de la R1232 faite par Panda Motos il y a une quinzaine d’années…

Palmarès moto du Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019

Trophée Villa Erba, Best of Show du Public :

BMW R68 1953, Hans Heckeisen (Allemagne)

Trophée BMW Group, Best of Show du jury

1000 Koehler Escoffier 1929, Dominique Buisson (France)

Gagnante Classe A

500 Achille 1904, Horst Klett (Allemagne)

Mention d’honneur Classe A

FN 362 cm3 4 cylindres 1905 Wolfgang Staab (Allemagne)

Gagnante Classe B

N3A « écrémeuse » 490cm3 1929, Gilbert Redon (France)

Mention d’honneur Classe B

DKW Supersport 500 1929, Zündmagnet Wurzen (Allemagne)

Gagnante Classe C

Moto Guzzi GTCL 500 1938, Gordon de la Mare (Royaume-Uni)

Mention d’honneur Classe C

BSA Gold Star 1958, collection Plahuta (Italie)

Gagnante Classe D

Kawasaki 500 Mach 3 1969, Sofie Verheyden (Belgique)

Mention d’honneur classe D

Triumph Trident T150 1969, Collection Venturi (Italie)

Gagnante Classe E

Harley Davidson 1200 Electra Glide 1965 Collection Elvira Dal Degan (Italie)

Mention d’honneur Classe E

Moto Guzzi V7 700 cm³ de 1968, Collection Stefano Bartolatta (Italie)

Les autos du Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019

La BMW Garmish

Avant que ne commence le Concours et la remise des prix un hommage tout particulier était rendu au concept-car BMW Garmish. Dessiné par Marcello Gandini ce concept car n’existait plus. À sa manière il anticipait celle qui allait naître sous l’appellation « série 5 », l’équipe du design état à l’époque dirigée par Paul Bracq. Le département design a recréé fidèlement ce concept « perdu » et la présentait fièrement à Villa d’ Este. Ce fut l’occasion pour les visiteurs d’apprécier à quel point les solutions avant-gardistes à l’époque devinrent pérennes avec le temps. Sacrée performance que de recréer cette auto dont il ne restait aucune archives, simplement sur la base de 5 photos et sur le châssis d’une 2002 TI. Imaginez l’émotion de Marcello Gandini redécouvrant, 50 ans après, sa création qu’il imaginait perdue à jamais…

Hommage à Simon Kidston, exceptionnel speaker

La remise des prix du Concours Moto avait lieu le dimanche matin. Point d’orgue de la manifestation le Concours auto se déroule lui l’après-midi… Tout d’abord, une fois n’est pas coutume, intéressons-nous au speaker du Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019 Simon Kidston. Une sacrée personnalité ! Né en 1967 il hérita de la passion automobile de son père (le Commandant Home Kidston possesseur et pilote d’automobiles et avions) et de son oncle Glen (pilote avion et automobiles). Il créa Brooks en 1996 (maison de ventes aux enchères) qui devint par la suite Bonhams qu’ il quitta en 2006. Son « rayon d’action » est planétaire entre Dubaï, Genève, et le Concours d’élégance de New Delhi dont il est le Président du jury. Collectionneur lui-même, il possède une Bugatti 57C de 1938 Cabriolet (construite à l’origine pour son père) ainsi qu’un biplan de course Gipsy Moth que son père fit voler il y a 75 ans en Nouvelle Zélande. Sa collection tourne autour du rachat d’autos ayant appartenu à sa famille. Au micro il a fait preuve d’une immense culture automobile mais aussi de gentillesse envers les participants et ce, en 3 langues et sans fatigue !

Sa performance fut appréciée et contribue incontestablement au succès du Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019. Captiver et tenir en haleine le public durant 3 heures sans que celui-ci ne voie le temps passer demande un incontestable talent. So the right man at the right place.

Le jury du Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019

Pour tout concours de haute volée, il faut un jury à la hauteur. Celui du Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019 est de ceux-ci. Il était composé de :

  • Lorenzo Ramaciotti : ex-directeur du design Pininfarina
  • Ian Cameron : ex directeur du design Rolls-Royce
  • Winston Goodfellow : écrivain et historien américain spécialiste des marques italiennes
  • Harm Lagaaj : chef du design Porsche durant 15 ans
  • Patrick Le Quement : Ex-chef du design Ford et Renault. Récompensé à maintes reprises
  • Adolfo Orsi : historien automobile issu de la famille propriétaire de Maserati
  • Stefano Pasini : historien automobile, auteur d’une 30taine d’ouvrages
  • J.Philip Rathgen : Directeur du magazine Classic Driver
  • Lord March : créateur et organisateur de Goodwood
  • Laura Kukuk : ingénieur automobile et passionnée d’automobiles classiques
  • Yasmin Le Bon : ex-super model et passionnée d’automobiles anciennes
  • Quinna Louwman : Pilote Le Mans Classic & Goodwood ainsi que Musée Louwman
  • Shino Nakamura : Ex chef du design Nissan…

Un vrai jury avec ce qu’il faut de diversité et d’indépendance. À l’abri de toute notion de remerciements intéressés ou de copinages consanguins comme on peut en retrouver sur des concours de plus faible importance… Qui plus est jury d’ authentiques passionnés : ils étaient eux-mêmes à prendre des photos avec leurs smartphones durant tout l’après-midi.

Le déroulement du concours

Le public du Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019 est considéré et respecté via une tribune construite pour apprécier le défilé-présentation 3 heures durant. Les tarifs d’entrée sont extrêmement raisonnables.

Un concours d’élégance c’est comme une voiture de course : pour viser la réelle excellence TOUT doit être à ce niveau… Le cadre ? OK ! Les moyens déployés ? OK ! Le Speaker ? OK ! Le Jury ? OK ! dès lors la qualité des autos et motos présentées suit tout naturellement.

Une sorte de fluidité qui s’impose lorsque tout est cohérent… Il n’ y a pas besoin de charger et de transformer cela en cirque « Le luxe n’est qu’une affaire d’argent, l’élégance une question d’éducation » (Sacha Guitry). Un point qui ne trompe pas est la reconnaissance des autres constructeurs alors qu’il s’agit à la base d’un événement BMW : le concept car e-Legend Peugeot était présent sur les pelouses. Idem le groupe VAG avec leur joyau Bugatti « la voiture noire »… La présence directe de ces constructeurs sur le Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019 a une double valeur : d’une part cela signifie que le Villa d’ Este n’est pas « BMW only » malgré son appartenance au groupe, la seconde est l’importance grandissante des « beaux concours d’élégance » aux yeux des constructeurs et ce, au détriment des salons auto.

Le palmarès auto du Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019

Classe H Trophée BMW Group (referendum jeunes)

Lamborghini Marzal 1967 Albert Spiess (Suisse)

Coupe d’Or Villa d’Este

Alfa Romeo Touring 8C 1937, David Sydorick (USA)

Best of Show jury

Alfa Romeo Touring 8C 1937, David Sydorick (USA)

Trophée BMW Group Italie

Lancia Astura Pinin Farina 1938, Filippo Sole (Italie)

Classe A vainqueur

Vauxhall 30/98 de 1925, Peter Goodwin (USA)

Classe A mention d’honneur

Lancia Lambda Serie VIII 1928, Anthony MacLean (Suisse)

Classe B vainqueur

Bugatti 57 S 1937, Robert Kauffman (USA)

Classe B mention d’honneur

Rolls Royce 40/50 H.P Silver Ghost 1914, Douglas Magee (USA)

Classe C vainqueur

Abarth Monomille GT – 1963 – Shiro Kosaka (Japon)

Classe C Mention d’honneur

Abarth 205 Sport 1100 – 1953 – Bradley Calkins (USA)

Classe D vainqueur

Mercedes 300 SL – 1954 – Mathias Bonczkowitz (Allemagne)

Classe D Mention d’honneur

Siata 208 S – 1953 – Jan de Reu (Belgique)

Classe E vainqueur

Ferrari 250 GT SWB California Spyder – 1961 – Tony Vassilopoulos (Royaume-Uni)

Classe E Mention d’honneur

Ferrari 250 GT SWB Competizione – 1960 – William Loughran (Royaume-Uni)

Classe F vainqueur

Lamborghini Miura P400S – 1971 – Luca Taino (Italie)

Classe G vainqueur

Ferrari 166 Mille Miglia – 1949 – Brian Ross (USA)

Classe G Mention d’honneur

OSCA MT4 1450 – 1953 – Hidetomo Kimura (Japon)

Classe H vainqueur

Lamborghini Marzal – 1970 – Albert Spiess (Suisse)

Classe H Mention d’honneur

Vivant 77 – 1965 – Phillip Sarofim (USA)

Trophée the Rake (plus belle tenue)

Delahaye 135 M Roadster Carlton 1938, Emma Beanland (Monaco)

Trophée du plus beau son

Ferrari 275 GTB Competizione 1966, David Mac Neil (USA)

Trophée FIVA (avant-guerre la mieux préservée)

Lancia Lambda Serie VIII 1928, Anthony Mc Lean (Suisse)

Trophée ASI

CD Panhard LM64 1964 Guillaume Leroux (France)

Trophée du Club Automobile du Club de Come (La voiture venant par la route du plus loin)

Maserati Mistral 4000 Spider 1966, Olivier Ruppertzhoven (Allemagne)

Concept Car et prototype

Bugatti la voiture noire 2019, Bugatti Automobile SAS

Un commentaire pour ce trophée : saluons la grande élégance de BMW organisateur et primant l’automobile d’un groupe industriel directement concurrent. Ils méritent eux le trophée de l’élégance intellectuelle…

Conclusion : History vs Tsunami

Le Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019 est à l’image du groupe BMW. Efficace et performant, on soigne les détails et l’on a la volonté d’améliorer en permanence pas de se reposer sur un acquis. En 20 ans ils ont hissé Villa d’Este quasiment au même rang que Pebble Beach. Leur volonté de perfection est palpable. Si Villa d‘Este a réussi là où d’autres échouent ce n’est pas par le fait du hasard ou même de moyens supérieurs : c’est une affaire de bon goût et de raffinement mais aussi de vision… Villa d’Este est un hommage à la belle automobile, la haute couture automobile et surtout pas un simple étalage d’automobiles chères comme on peut le voir sur d’autres concours.

Allons un peu plus loin… Motorola et Nokia étaient hier des citadelles supposées imprenables, regardons ce qu’elles sont aujourd’hui face aux Huawei et Samsung… Lorsqu’un Bernard Arnault, (probablement l’homme d’ affaires le plus fin du moment), rachète une maison telle que Moynat, que rachète t’il ? Il rachète avant tout 1849… 170 ans d’ histoire… Rien ne saurait remplacer une telle antériorité alors qu’il serait possible de créer ex-nihilo une maison avec des règles et une philosophie de perfection. Aujourd’hui Les temps ont changé, la compétition automobile qui était hier le meilleur moyen de vendre apparaît de plus en plus comme une espèce en voie de disparition… BMW vient d’annoncer son retrait du Mans et du championnat WEC.

Le fait d’avoir repris Villa d’Este il y a 20 ans est à la fois de l’anticipation, de la vision mais aussi le meilleur moyen de prendre les devants pour contre attaquer…

Il y a 50 ans on « moquait » les constructeurs japonais « oh, ils ne sont capables que de copier, ils ne représentent aucun risque». Aujourd’hui voyez quelle est la qualité de leurs produits et aussi quelles sont leurs parts de marché, alors même que les japonais ne sont que 126 millions ! Après vinrent les Coréens : bis repetita placent, or les Coréens ne sont que 51 millions ! Maintenant la suite de l’histoire pourrait bien être fatale aux constructeurs européens s’ils ne font pas preuve de vigilance et d’anticipation. L‘Europe représente 741 millions d’habitants alors que la Chine et l’Inde représentent respectivement 1,4 milliard et 1,3 milliard ! Le coup de génie de BMW Group est d’avoir repris ce concours il y a 20 ans pour l’amener aux sommets.

Ce faisant BMW s’approprie plusieurs chapitres de l’Histoire Automobile et s’ inscrit comme l’un de ses acteurs majeurs. La seule défense pour l’industrie européenne est le Luxe avec un L majuscule. Le Concours de Villa d’Este ne le dit pas, mieux, il le crie « regarde : nous, nous avons une Histoire avec un grand H donc une légitimité si toi, toi le connaisseur, l’amateur de belles automobiles tu veux une vraie auto avec un siècle d’émotion, d’histoire, pas un simple produit industriel bien anonyme, viens, c’est ici.« 

Toutes les infos sur le concours sont ici.

Villa d’ este est à 50 kms de Milan, 400 kms de Genève, 450 kms de Munich, 470 kms de Lyon, 800 kms de Paris.

Patrick Hornstein

Patrick Hornstein

Observateur éclairé du monde automobile, Patrick parcourt le monde et assiste aux plus grands événements du monde de l'ancienne.

Commentaires

  1. Cordel

    Bonjour,

    Je pense ne jamais avoir lu un article aussi elegant, raffiné, précis, judicieux…
    Merci Monsieur le journaliste, vous venez de relever de facon magistrale le niveau.
    Merci
    Hervé CORDEL

    Répondre · · 7 juin 2019 à 19 h 24 min

  2. Vincent

    Bon, je vais essayer d’abaisser le niveau :

    Faut-il se mieux présenter avec une 2CV ou une acadiane ?

    Pus sérieusement, votre conclusion me semble TRES pertinente.
    Merci pour le reportage !

    Répondre · · 10 juin 2019 à 14 h 26 min

  3. Jimmy

    Bravo, ce reportage très élogieux , nous fait revivre les meilleurs moments de l’Histoire de l’Automobile et des 2 roues.
    A bientôt pour la prochaine édition !

    Répondre · · 28 juillet 2019 à 9 h 47 min

Répondre à VincentAnnuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.