Concepts et Études, ép. 62 : Renault 8 Landon, l’alternative à la Gord’

Tous les mois on vous dévoile des voitures anciennes… qui ne sont jamais arrivées sur les routes, ou du moins sur les chaînes de production (les épisodes précédents sont là). Ce mois-ci et après l’avoir croisée à l’Autobrocante de Lohéac, on vous présente une voiture dont on aurait pu fêter les 60 ans cette année, la Renault 8 Landon, qui a été en concurrence avec la fameuse Gordini.

Une bonne base à dynamiser

En 1962, Renault sort sa nouvelle voiture… à moteur arrière. Ce sera la dernière voiture de grande diffusion du genre pour la régie. Cette populaire a de beaux arguments pour expliquer son succès. Son moteur moderne, le Cléon, en est un. Ses freins à disques aux 4 roues aussi. Toujours est-il qu’elle conserve tout de même un moteur arrière. Surtout on constate que l’auto est bien née.

L’avenir nous le prouvera, la base de la Renault 8 sera parfaite pour en faire une petite sportive, à une époque où c’était inédit et que ce rôle était réservé à des coupés. Mais cette genèse n’est pas si évidente que ça puisque ce n’est pas vraiment le bureau d’étude qui va lancer les travaux.

On la détaille :
La Renault 8, jusqu’au bout de l’idée

La Renault 8 Landon vs la R8 Gordini

C’est au printemps 1963 que la régie lance une sorte d’appel à projets. Le but est simple : améliorer la R8 et la rendre, non pas sportive, mais plus performante. En ces temps là ça, ça se traduit par une vitesse de pointe fixée à 155 km/h. Jusque là, il y a des idées. Sauf que Renault veut aussi que les coûts soient réduits au maximum.

Deux personnes du service course de Renault vont alors collaborer. Le premier c’est Henri Fretet, un ancien de chez Delage qui travaille sur les véhicules spéciaux de la marque au losange. Il va piocher dans la banque de pièces disponible chez le constructeur pour faire sortir environ 85ch du Cléon. Et ce n’est que le début de ce que va devenir la Renault 8 Landon.

Justement intervient François Landon qui va donner son nom à la voiture. Il est directeur du service compétition du constructeur. Si la mécanique est plus puissante, ça ne suffit pas. ll veut améliorer l’aérodynamisme et va modifier ce qui est la signature de cette Renault 8 Landon : son toit.

Un anglophone parlerait de Top Chop. Et c’est bien ce qui est réalisé. Le toit de la Renault 8 Landon tandis que son pare-brise est incliné. La lunette arrière est plus étonnante : elle est souple ! Le tout est résolument original puisque la hauteur de caisse reste la même. Il suffit de mettre une autre R8 à côté pour se rendre compte des différences.

La Renault 8 Landon est présentée aux grands chefs avec une référence certaine : elle atteint 170km/h, contrat rempli surtout que le surcoût est faible même si on ne s’est pas vraiment posé la question de l’industrialisation de cette caisse spécifique.

Le gros souci vient du sorcier. Landon a déjà travaillé avec Gordini, et celui-ci va aussi entrer en jeu. Lui aussi va viser de meilleures performances sauf qu’il oublie complètement la notion de coût. Il va créer une pièce maîtresse avec la culasse hémisphérique qui permet de booster le moteur. Le châssis est peaufiné et le tout coûte cher. C’est plus performant que la Renault 8 Landon sans avoir besoin de modifier la carrosserie. La Renault 8 Gordini arrivera sur les routes dès 1964.

La Renault 8 Landon sera utilisée pendant des années par son créateur pour se rendre au travail, notamment pour travailler sur des Renault 8 Gordini ! D’ailleurs, elle va y gagner l’aspect qu’on lui connaît. La Renault 8 Landon est née avec la face avant classique d’une Renault 8 et ses deux phares mais elle gagnera plus tard la face avant d’une Renault 8 Gordini 1300.

Cette auto fait partie désormais de la collection du constructeur (The Originals Renault – La Collection) et a donc été amenée à Lohéac (notre reportage complet est ici) où elle a tourné… et fait tourner des têtes.

Quelques mots à propos de François Landon

On en profite pour glisser quelques mots sur le créateur de la Renault 8 Landon parce que c’est finalement une figure importante mais très méconnue du losange. Lyonnais de naisse, il est pilote. Après-guerre on le retrouve au volant d’une Cisitalia en Grand-Prix mais, surtout, il remporte sa classe à la course de côte du Mont Ventoux. Une performance qui attire l’attention de Renault qui va lui confier son service compétition.

La structure est embryonnaire et il en est également pilote. En 1951 il fait partie du premier équipage Renault à boucler les 24h du Mans, toujours sur 4CV. En 1956, c’est lui qui gère les débuts de la collaboration entre Amédée Gordini et Renault ! Il va diriger Renault Sport jusqu’en 1976 quand Gérard Larousse prend la main pour aller gagner Le Mans.

Gérant parallèlement une concession Renault ET Alfa Romeo à Ajaccio, il va aller s’occuper du service course de la SOFAR, l’importateur Alfa en France, après son départ de Renault. Il décède en 1997.