Concepts et Études, ép. 58 : Lancia Kayak, vaisseau-amiral resté à quai

Publié le par Pierre

Concepts et Études, ép. 58 : Lancia Kayak, vaisseau-amiral resté à quai

Parce que toutes les autos anciennes ne sont pas arrivées sur nos routes, on vous propose d’en découvrir régulièrement. Rendez-vous tous les mois (les épisodes précédents sont là). Aujourd’hui, penchons-nous sur le cas de la Lancia Kayak.

Un nouveau contexte compliqué

Les années 90 sont difficiles pour Lancia. Suite à l’arrivée d’Alfa Romeo au sein du groupe Fiat, il faut revoir le positionnement de tout le monde pour ne pas se marcher sur les pieds. Dans le lot, c’est Lancia qui va en pâtir le plus, à mes yeux.

Assez naturellement, Fiat vient se poser en généraliste d’entrée de gamme, avec ses citadines. Pour Alfa Romeo, c’est un quasi statu quo, venant se placer dans ce qu’on appellerait aujourd’hui l’access premium, avec une petite note de sportivité. C’est surtout chez Lancia que les choses évoluent. La marque vient se placer tout en haut de la gamme du groupe, avec des véhicules plus statutaires, et des prix en hausse.

1989 voit arriver la placide Dedra (malgré les mécaniques issues de la Delta de première génération, y compris le 2.0 Turbo), en 1993, c’est la Delta qui est renouvelée, puis l’Y10 est remplacée par une Ypsilon nettement plus grosse et plus vraiment économique. Enfin, en 1994, la Gamma est remplacée par la berline Kappa.

Bertone dans les starting blocks

Le carrossier italien a bien compris le repositionnement de Lancia, et se fait force de proposition. Qui sait ? Sur un malentendu, il pourrait bien réitérer l’exploit de la Stratos, quelques décennies auparavant : proposer une voiture qui va tellement impressionner qu’on en lancera la production.

De ce fait, la proposition de Bertone va être très différente de ses productions habituelles. Ici, pas de place pour un dessin radical. La voiture, conçue sous la houlette de Luciano d’Ambrosia, vise la production et ça se voit. Les équipes vont proposer une carrosserie fluide, qui intègre pourtant une calandre massive (qui n’est pas sans rappeler la nouvelle identité visuelle de la marque d’ailleurs).

Ce grand coupé est inspiré par les grands coupés qui ont fait la renomée de la marque à la sortie de la guerre et, avec son long capot et son arrière plutôt court, la Lancia Kayak n’est pas sans évoquer l’Aurelia. La maquette de ce grand coupé 2+2 est présentée au Salon de Genève 1995, et elle va rencontrer un accueil plutôt favorable de la part du public, mais pas seulement.

Gianni Agnelli, le grand patron de Fiat, semble séduit par la voiture et Bertone pousse le projet plus avant en réalisant un prototype roulant, basé sur la berline Kappa. La nouvelle mouture de la Lancia Kayak reprend les mêmes lignes, mais vient proposer un mobilier intrérieur complètement industrialisable, reprenant le tableau de bord de sa donneuse.

Cette version « définitive » sera présentée au Salon de Turin 1996… en même temps que le coupé Lancia Kappa, qui entrera en production l’année suivante.

La Lancia Kayak de nos jours

Comme vous vous en doutez, la Lancia Kayak voit son sort scellé à ce même Salon de Turin. Il y a plusieurs raisons à cela, hélas. La première est tout simplement économique. La direction du groupe Fiat va être frileuse et vise sur un modèle partageant plus de pièces en commun avec la berline dont il dérive.

La seconde est plus politique. Il faut faire tourner tous les sous-traitants pour les petites séries. Bertone a déjà la Punto Cabriolet, Pininfarina a notamment la version break de la Kappa, et il faut faire tourner Maggiora, à qui Fiat a fait reprendre, en 1992, l’usine Lancia de Chivasso, et qu’il faut justement la faire tourner !

Avec seulement 3263 exemplaires de Kappa coupé vendus, je ne peux m’empêcher de penser que la Lancia Kayak aurait fait mieux, et aurait probablement mieux véhiculé le changement de statut de la marque turinoise.

Vous pouvez aller en juger par vous-même en Italie. La Lancia Kayak est exposée au sein de la Collezione Bertone exposée au Musée de l’Automotoclub Storico Italiano, à Turin.

Crédits image : Bertone, Wheelsage, Wikipedia

Pierre

Tombé dans la marmite automobile quand il était petit, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2015. Expatrié en Angleterre depuis Mai 2016, il nous partage les évènements de là-bas. En dehors de ça, il partage une bonne partie de son temps sur la route entre une Opel Ascona et une Mazda RX-8.

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