Concepts et Études, ép. 33 : Pontiac Banshee, mini-Corvette et luttes intestines

Parce que toutes les autos anciennes ne sont pas arrivées sur nos routes, on vous propose d’en découvrir régulièrement. Rendez-vous pour cela le 3e dimanche de chaque mois (les autres sont là). Abordons la Pontiac Banshee.

Aller chatouiller la concurrence

Nous sommes en 1964, les choses vont plutôt bien chez GM, surtout avec leur filiale Chevrolet, qui vend des Corvette comme des petits pains, et le reste de la gamme n’est pas en reste non plus.

Chez Pontiac, on fait en revanche un peu grise mine. Sans être une catastrophe, les ventes sont en-deça de ce qui se fait chez les cousins, et même si la nouvelle Tempest GTO attire la clientèle, Pontiac n’a pas à proprement parler SA sportive.

C’est là qu’entre en jeu, l’ingénieur en chef de la marque, un certain John Zachary DeLorean (oui, oui, LE DeLorean). Partant à l’encontre de toutes les directives internes de GM, il ordonne le développement d’une voiture de sport, nom de code XP-833.

En découleront deux prototypes, un roadster et un coupé. Dont le design n’est pas sans rappeler ce que sera la future Corvette C3. Le roadster propose le V8 maison, dans sa version High Output, là où le coupé propose une version modifiée du 6 cylindres en ligne Pontiac.

En sandwich entre Chevrolet et les comptables

Pour essayer d’éviter les foudres de la direction de GM, DeLorean présente la Pontiac Banshee, comme un modèle pouvant tailler des croupières à la future petite sportive de Ford, annoncée par les prototypes Mustang.

Cependant, la Pontiac Banshee pose un problème. Avec son empattement court, son poids contenu, ses gros moteurs (optionnels, certes, mais accessibles au client) et son prix rikiki (elle est estimée aux alentours de 2500$), elle risque de marcher sur les plate-bandes de la Corvette, plus lourde de 200 kg et quasiment deux fois plus chère !

D’autre part GM a déjà dans les tablettes une autre petite sportive, qui sera commune à Chevrolet et Pontiac, celle qui donnera la paire Camaro-Firebird, et ne veut pas mettre un sou dans ce nouveau projet.

Ajoutez à cela le relatif insuccès des voitures de sports américaines sur le marché (la Corvette écoulait 20000 voitures par an, Shelby avec sa Cobra en écoulera 1000… en 5) et la messe était dite. C’était suffisament peu pour que Chrysler décide de mettre fin à son projet XNR après le départ de Virgil Exner, et que Ford fasse de la Mustang une voiture un peu sportive, mais pas trop, afin de s’assurer du volume de ventes.

La Pontiac Banshee finit donc enterrée avant même d’avoir pu aboutir, au grand dam de DeLorean, mais elle ne l’empêcha pas de rendre la marque plus que rentable, avant de passer chez Chevrolet.

La Pontiac Banshee de nos jours

Les deux prototypes ont été conservés jusqu’à aujourd’hui. Les deux Pontiac Banshee ont d’abord été remisées dans in coin des usines Pontiac jusqu’en 1973. Après avoir été la propriété de Bill Collins qui a travaillé sur le projet, le roadster a intégré la collection de Joe Bortz, un collectionneur de prototypes américains, à la fin des années 80 et en fait toujours partie depuis.

Le coupé, quant à lui, a fini dans les mains de Bill Killen, mécanicien sur le projet, qui le conservera jusqu’à son décès en 2006, il sera acheté lors d’enchères tenues par Barrett-Jackson cette même année pour 210 600 dollars par un certain Len Napoli, collectionneur de Pontiac, dont le père était concessionnaire depuis 1958, jusqu’à la disparition de la marque. Depuis, Len Napoli a essayé plusieurs fois de mettre le coupé Pontiac Banshee en vente (eBay en 2010 et 2011, aux enchères en 2015, sur son propre site en 2020 pour la modique somme de 750 000$), toujours sans succès. Mais le bougre ne désespère pas, elle est à nouveau en vente, pour la modique somme de 1,2 millions de dollars !

Crédits photo : Hemmings, Len Napoli, MotorTrend