Concepts et Études, ép. 27 : Mercer Cobra, néo-rétro d’époque

Publié le par Pierre

Concepts et Études, ép. 27 : Mercer Cobra, néo-rétro d’époque

Parce que toutes les autos anciennes ne sont pas arrivées sur nos routes, on vous propose d’en découvrir régulièrement. Rendez-vous pour cela le 3e dimanche de chaque mois (les autres sont là). Aujourd’hui abordons la Mercer Cobra.

On pourrait croire que le néo-rétro est apparu dans le milieu automobile à l’aune des années 2000 avec la New Beetle chez VW, la Mini de BMW ou encore les multiples Ford (Thunderbird, GT ou encore Mustang) de l’époque. Pourtant, il n’en est rien. La Mercer Cobra se voulait déjà une évocation du passé, quelques décennies plus tôt.

Des dessins pour Noël

Tout commence en 1963. Pour le numéro de décembre du magazine Esquire, Virgil Exner propose une poignée de revival cars. Le designer, qui avait notamment officié chez Studebaker et Chrysler, profite de sa retraite forcée pour dessiner des réinterprétations modernes de marques alors disparues.

Le panel est pour le moins intéressant, puisqu’il se penche sur quatre marques différentes, rien que ça ! Au programme, Duesenberg, Packard, Stutz et la marque qui nous intéresse aujourd’hui, Mercer. Ses projets attireront l’attention de Renwal, fabricant de miniatures qui produira des modèles réduits issus de ses dessins.

Un donneur d’ordres pour le moins singulier

Les dessins d’Exner n’attirent pas que Renwall. Le président de l’American Copper Development Asociation, George Hartley, entre en contact avec le designer afin de donner vie à la réinterpértation de la Mercer Raceabout parue dans Esquire.

Les années 50 ont vu les matériaux se multiplier, et l’aluminium ou la fibre de verre ont commencé à prendre de plus en plus de place sur le marché, sans parler des plastiques, qui ont inondé la vie quotidienne. Le but de Hartley est de proposer un concept car permettant de promouvoir les qualités esthétiques (et de durabilité) du cuivre et du laiton face aux produits concurrents.

Exner voulait se tourner vers Ghia, avec qui il avait déjà œuvré pour dessiner le coupé Karmann-Ghia pour VW. Malheureusement, l’entreprise n’est pas au meilleur de sa forme. C’est un confrère d’Exner, Brooks Stevens qui va l’orienter vers une autre officine italienne, la Carrozzeria Basano, qui venait d’enlever Pietro Sibona,un des principaux formeurs de Ghia, à leur concurrent.

Avec l’aide de son fils, Exner pousse le développement de la voiture et décide de s’appuyer sur un châssis de Cobra, qui offre tout ce dont il a besoin pour créer un roadster. La Mercer Cobra était née.

Un véritable outil de promotion

Avec ses inserts de cuivre et de laiton (pas moins de 14 alliages différents sont utilisés afin de démontrer la versatilité du cuivre pour la construction automobile), la Mercer Cobra détonne au milieu des prototypes des années 60.

Avec son design clairement néo-rétro (oui, le terme est anachronique, je sais), elle est aux antipodes des voitures à ailerons ou des premières pony cars qui pointent le bout de leur nez. Mais c’est le but, il s’agit de titiller les amateurs de sport automobile aux USA. La Mercer Raceabout est considérée comme la première véritable voiture de sport américaine, et son palmarès est plus que riche chez l’Oncle Sam avec notamment une victoire au Grand Prize des États-Unis 1914 ou une seconde place aux 500 Miles d’Indianapolis 1913.

La Mercer Cobra se veut une version réactualisée de la Raceabout et sa carrosserie effilée, malgré la grosse calandre ne laisse que peu de place au doute sur ses performances. Elle servira de démonstrateur à l’ACDA pendant une dizaine d’années

La Mercer Cobra de nos jours

La Mercer Cobra est une voiture relativement facile à suivre au fil des années. Elle commence comme châssis CSX2451 commandé chez Shelby American en février 1964, avec les spécifications suivantes : « Un châssis conduite à gauche, comprenant les éléments de suspension avant et arrière, incluant le système de freins à disques, des ressorts pour un usage routier, 5 roues, dont 4 équipées de pneus et chambre à air. Le moteur et la boite de vitesses seront fournis par Shelby American, avec le kit d’installation, incluant le radiateur, le réservoir d’essence, le tout assemblé au châssis, ainsi que le faisceau et l’instrumentation de bord ».

Une fois sa carrière de démonstrateur terminée, la Mercer Cobra rejoint la collection de Joe Bortz dans les années 70. Par la suite, elle passera entre les mains des collectionneurs Jim Southard, Al Wright ou encore Tom Barrett.

En 1989, elle rejoint la collection de la famille Lyon ou elle restera pendant une vingtaine d’années. Il semblerait que même si elle n’a jamais réellement roulé, la voiture soit toujours restée fonctionnelle (même si elle a conservé ses pneus d’origine jusqu’à sa dernière apparition).

On a pu l’apercevoir lors du concours d’élégance de Pebble Beach durant les années 2000. Avant qu’elle ne quitte la collection Lyon. Elle a été adjugée pour 660 000 $ en 2011 par RM Sotheby’s par un acheteur qui n’a pas voulu communiquer son nom, et on ne l’a plus vue depuis.

Crédits photo : RM Sotheby’s.

Pierre

Tombé dans la marmite automobile quand il était petit, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2015. Expatrié en Angleterre depuis Mai 2016, il nous partage les évènements de là-bas. En dehors de ça, il partage une bonne partie de son temps sur la route entre une Opel Ascona et une Mazda RX-8.

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