« Carrosserie à reprendre » bricolage ou casse-tête ?

Publié le par Benjamin

« Carrosserie à reprendre » bricolage ou casse-tête ?

« Tant qu’elle roule, c’est bien. » Si c’est votre philosophie pour une ancienne, tant mieux. Vous vous enlevez une épine du pied. Mais si votre ancienne doit être aussi fiable et agréable à conduire qu’à regarder, il va peut-être falloir attaquer la carrosserie. Et là, c’est le début des soucis !

La carrosserie, ce n’est pas qu’esthétique !

D’abord on va vous parler un petit peu de l’enjeu autour de la carrosserie. Il y a évidemment l’enjeu esthétique mais cela ne s’arrête pas là. Et d’ailleurs ça peut vite poser problème.

Il faut rappeler que la carrosserie est devenue, avec l’apparition des monocoques, un élément structurel des automobiles. Il suffit de ressentir la différence de rigidité entre la plupart des cabriolets et leur équivalent coupé pour avoir une idée précise de la question. Si la carrosserie est trop endommagée, c’est tout le comportement de l’auto qui pourra en être affecté.

Il ne faut pas non plus oublier l’aspect strictement légal. N’oubliez pas que la carrosserie est également scrutée lors du contrôle technique et qu’elle peut être source de contre-visite !

On notera différents cas :

  • un pare-choc ou une aile déformée peuvent devenir une « partie saillante »
  • si un élément est suffisamment abîmé pour que sa fixation en soit impactée
  • si les déformations empêchent la bonne fermeture des portières

Et ce ne sont là que quelques exemples. Non, la carrosserie, ce n’est pas que de l’esthétique et quand il va falloir réparer ça, c’est peut-être le début d’un projet long et couteux.

Une réparation lourde ne s’improvise pas

Que l’auto ait subi un choc ou que la corrosion se soit invitée, il va falloir passer par une grosse réparation. Si vous êtes carrossier ou que vous avez de bonnes notions, ce sera facile. Sinon, il faudra faire appel à un pro.

Ne serait-ce que pour débosselage on trouve différentes solutions. On commence avec la ventouse qui sera surtout indiquée dans le cas des carrosseries plastiques. On conviendra que cela ne concerne que peu d’anciennes mais que ça peut être bien pratique.

Pour aller plus loin il faut passer au tire-clou de carrosserie professionnel. Le principe est simple : on soude l’embout à la partie de carrosserie à tirer et un cylindre sert de marteau. Quand il vient en butée sur son axe, il permet de tirer la tôle jusqu’à la remettre dans sa position initiale.

Enfin, dans certains cas et selon les compétences, on peut aussi démonter l’élément de carrosserie endommagé et le réparer au maillet. Attention, il faut savoir ce qu’on fait puisqu’on attaque là de vraies techniques de formage.

Si la carrosserie est plus abimée, on peut évidemment remplacer. Mais ce ne sera pas toujours la bonne solution, surtout quand on parle d’une voiture rare avec des pièces introuvables. Dans ce cas, on passera par des « rustines » qui seront appliquées uniquement sur les parties les plus abimées, précédemment découpées. Il faudra former la tôle qui viendra en position et souder proprement le tout. Là encore, ça ne s’improvise pas.

Le mastic, ce faux-ami

Pour une réparation plus légère, le mastic pourra être un bon allié. Facile à appliquer, à modeler et à lisser, il pourra sauver de nombreux éléments. Mais il ne faut pas oublier qu’il devra être utilisé avec en couche fine pour éviter les gros soucis.

Une grosse couche pourrait être une solution pour éviter un gros débosselage. Mais ça peut se voir ! Plus la couche est grosse, plus elle va se comporter comme un bloc. Du coup, elle ne se déformera pas comme le reste de la carrosserie. Routes abimées, trottoirs, changement de température sont autant de cas dans lesquels la carrosserie travaille. Et si le bloc de mastic ne travaille pas de la même façon, il pourrait aller jusqu’à se détacher !

De plus, le mastic est souvent vu comme un cache-misère. Il est trop souvent appliqué sans traiter la carrosserie en dessous. Si celle-ci se corrode par exemple, l’application du mastic n’empêchera pas la rouille de se propager. Pire, ça va créer un nid à rouille qui ne fera que reporter l’échéance et vous faire passer dans la carrosserie des gros travaux.

Notez enfin qu’il existe une solution qui se rapproche du mastic, qui offre de meilleurs résultats mais qui se révèle plus compliquée à mettre en œuvre : de l’étain. Appliqué par brasure, il demandera un long travail de polissage mais aura l’avantage d’être métallique donc de mieux adhérer et de mieux travailler avec le reste de la carrosserie.

Traiter sa carrosserie : bien suivre les étapes

On en a parlé sans rentrer plus dans le sujet. Il est vrai que la corrosion peut avoir différentes formes, plus ou moins sévères. Et dans tous les cas il faudra traiter ce problème avant de terminer sa carrosserie, histoire de ne pas avoir à recommencer à moyen terme.

Pour éliminer toute la rouille et les différentes parties malades, il existe plusieurs techniques. Des plus compliquées à mettre en œuvre, mais les plus efficaces aussi sont les traitements complets de la caisse. Le sablage a été longtemps utilisé mais le microbillage se développe et vient peu à peu le remplacer. Il est vrai que cette seconde technique est plus douce envers les carrosseries.
On note aussi que des solutions avec des bains d’acide existent mais on arrive là dans un travail vraiment pro qui n’est pas énormément utilisé.

Ensuite, une fois le traitement de fond réalisé, il faut fixer le tout. Et là on a plein de solutions avec des résultats très divers.

Les plus connus : les peintures antirouille style Blackson ou la peinture Warrior de chez Ecar. Attention, il ne faut pas confondre le convertisseur de rouille, qu’on utilisera plutôt qu’un décapage, et seulement sur des zones très limitées. Là on parle de peintures de protection, suffisamment épaisses et solides pour empêcher l’eau de les traverser et de lancer le processus de corrosion. Attention cependant à ces produits : comme le mastic ils ont longtemps servi de cache-misère ou ont été mal utilisé par des collectionneurs croyant traiter au lieu de protéger.

Conclusion :

Il existe bien des façons de travailler la carrosserie d’une voiture ancienne pour lui redonner de sa superbe.

Mais ce travail ne se fait pas à l’improviste, le diagnostic est important et en fonction de son résultat on peut être amené à s’en remettre à plus compétent que soi… et c’est alors une affaire de proffessionnel.

Étape suivante : la peinture, on vous en reparlera !

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. CHAUVET

    Bonjour
    cet article est interessant dans la mesure ou il explique que les travaux de restauration et notamment Carrosserie , ce n’est pas comme a la télé! Trop de personnes s’imaginent aujourd’hui transformer une epave en voiture etat concours pour quelques milliers d’euros .
    Par ailleurs concernant les traitements apres le decapage vous n’avez pas cité la cataphorese , c’est pourtant un traitement des plus efficace et que je propose aux particuliers depuis quelques années ( Cf Atelier Classic H pour une video explicative)

    Cordialement

    Répondre · · 15 mars 2022 à 10 h 39 min

  2. Jean-Christophe

    Il existe aujourd’hui un équivalent à l’étain, moins dangereux et plus facile à appliquer. Il s’agit du Teroson EP5010TR pour ceux que ça intéresse.
    Je n’ai aucun intérêt financier chez Teroson !

    Répondre · · 15 mars 2022 à 10 h 49 min

  3. FBe69

    Le débosselage peut également se faire avec la technique « débosselage sans peinture » (ou DSP) sur les carrosseries métalliques. Pratique pour les petits trous et bosses (grêle) lorsque la peinture n’est pas atteinte. On trouve beaucoup de vidéos sur internet. Processus rapide et peu coûteux (par rapport à un traitement avec peinture).

    Pour les contrôles techniques, attention aux voitures tartinées de Blaxon. Elle peut être refusée parce que le contrôleur ne peut pas voir l’état réel du métal.

    Répondre · · 15 mars 2022 à 11 h 33 min

Laisser un commentaire

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.