À l’occasion du trentième anniversaire de la mort du pilote brésilien Ayrton Senna, le Museo Nazionale Dell’Automobile a décidé de lui rendre hommage au travers d’une exposition « tout simplement » appelée Ayrton Senna Forever. Simple rétrospective ou tour de force réussi ? C’est ce que nous allons découvrir.
Considéré comme l’un des plus beaux musées automobiles d’Europe, le Museo Nazionale Dell’Automobile (MAUTO) fait sensation en cette année 2024 suite à la célébration du trentième anniversaire de la mort de Ayrton Senna. Le triple champion du monde de Formule 1, décédé le 1er mai 1994, est en effet mis à l’honneur dans une exposition de grande envergure et annoncée comme inédite de par la qualité des pièces réunies.
Le billet d’entrée de 15 € vous donne accès à la visite complète du musée et ses superbes pièces allant des premières automobiles italiennes à une série sublime de voitures de course en passant par les Fiat 500 et autres pièces qui montrent l’incroyable histoire automobile qui s’est écrite à Turin. Jusqu’en novembre, la visite se termine par la découverte de l’exposition Ayrton Senna Forever, comme le clou du spectacle.





L’exposition Ayrton Senna Forever
Cette dernière est disposée dans une salle dédiée où chaque véhicule a été savamment positionné sur des estrades grises au design sobre et sous un éclairage bien pensé permettant à la fois d’apprécier chaque détail mais aussi de prendre des photographies en toute quiétude. Tout autour, la scénographie est diverse et variée : images sur des panneaux noirs, vidéos projetées dont le documentaire réalisé par Asif Kapadia, objets, citations….





Commençons par le commencement. Né le 21 mars 1960 à Sao Paulo, Ayrton Senna da Silva grandit dans une famille plutôt aisée du Brésil. Dès ses premières années, le jeune garçon développa un intérêt pour l’automobile. Bien avant le début de son adolescence, le père d’Ayrton lui construisit un kart artisanal autour d’un moteur… de tondeuse.
Après sa première compétition à l’âge de 13 ans, Senna remporta le championnat sud-américain de karting en 1977 avant de s’engager dans le championnat du monde dès la saison suivante. Il termina même à la deuxième place deux années consécutives, en 1979 et 1980. Deux karts de la marque DAP, datés de 1978 et 1982, sont exposés.




L’exposition Ayrton Senna Forever nous emmène en 1981, l’année où il déménagea dans la ville anglaise d’Eaton afin de s’orienter vers une nouvelle discipline : la monoplace. C’est l’écurie Van Diemen qui lui fit confiance et le prit sous son aile en Formule Ford. Au volant de la RF81 (ici, le châssis 528), il dévoila tout son potentiel et empocha le titre avec douze courses sur vingt au total remportées !


Le brésilien continua sur sa lancée en gagnant les championnats britannique et d’Europe de Formule Ford en 1982 sous les couleurs du Rushen Green Team. Pour l’illustrer, le MAUTO expose pour Ayrton Senna Forever une Van Diemen RF82.




Après une incursion en Formule 3 à bord d’une Ralt RT3 tout aussi couronnée de succès, les portes de la Formule 1 s’ouvrirent naturellement pour la saison 1984. Les débuts dans la catégorie reine se firent avec l’écurie britannique Toleman.
Aux côtés de Johnny Cecotto, Stefan Johansson et Pierluigi Martini, Ayrton fit mieux que de la figuration puisqu’il termina sur le podium à trois reprises. Le plus spectaculaire fut certainement celui obtenu au Grand Prix Monaco lorsqu’il dompta sa TG184 turbocompressée développant environ 600 ch sous une pluie battante dans les rues étroites et avec une maîtrise digne des plus grands. Il termina ce jour-là deuxième à seulement une poignée de secondes d’un certain… Alain Prost.
Le châssis présenté au sein de l’exposition Ayrton Senna Forever fut engagé au GP des Pays-Bas, avec un abandon à la clé.









A compter de 1985, le brésilien écrivit l’une des plus belles pages de son histoire avec l’aventure Lotus. Motorisées par Renault et peintes dans les emblématiques couleurs noir/jaune de John Player Special, les Lotus 97T et 98T lui permirent de terminer à la quatrième place du championnat deux saisons consécutives. En 1987, la 99T désormais aux couleurs de Camel et propulsée par un moteur Honda signa également des performances de premier ordre, si bien que Senna se hissa à la troisième position des pilotes !
Pour l’exposition Ayrton Senna Forever, le musée a réuni la 97T châssis n°2, gagnante à Estoril en 1985 (première victoire de Senna en F1), et la 99T châssis n°4, victorieuse à Monaco en 1987.












Suite à son aventure Lotus, Ayrton Senna rejoignit McLaren à l’occasion de la saison 1988 et y resta pendant six saisons. Si la MP4 et ses nombreuses déclinaisons aux iconiques couleurs de Marlboro sont indissociables de la légende de la Formule 1, c’est surtout l’affrontement avec son coéquipier Alain Prost qui restent aujourd’hui en mémoire. Entre leur pilotage d’exception et les nombreux coups de Trafalgar, la rivalité Senna-Prost marqua la fin des eighties. Senna empocha son premier titre en 1988 avant de s’incliner l’année suivante face à Prost en 1989.
Si le français rejoignit Ferrari à partir de 1990, le brésilien resta chez McLaren. Une bonne décision visiblement puisque Senna devint triple champion du monde grâce à ses titres en 1990 et 1991.
Deux McLaren font partie de l’exposition Ayrton Senna Forever : la MP4/7A gagnante du Grand Prix de Hongrie 1992 et une maquette de MP4/4.







Pour la saison 1994, Senna décida de rejoindre Williams. Après une FW15C ultra compétitive, le constructeur développa sa descendante, la FW16. En raison de décisions prises par la FIA, il fut décrété que les systèmes d’assistance électroniques ainsi que les suspensions actives étaient désormais bannies. Williams peina à rendre performante la FW16 dépourvue d’aides, et les pilotes étaient mécontents du ressenti global en ce début de saison. Ayrton Senna se sentait mal à l’aise derrière son volant et n’hésitait pas à exprimer un avis négatif à son sujet.
C’est dans une volonté d’améliorer la tenue de route que Williams engagea la FW16 à Saint-Marin, troisième course de la saison. Après des séances d’essais et de qualifications cauchemardesques marquées par les accidents de Rubens Barrichello et Roland Ratzenberger, la course restait toutefois prévue le dimanche. Au septième tour, la FW16 de Senna aborda à pleine vitesse le virage de Tamburello avant de se déporter subitement sur la droite et vint percuter le muret. Malgré une intervention rapide de l’équipe médicale, Ayrton Senna fut déclaré mort en raison de la gravité de ses blessures…
La FW16 châssis n°04 marque ainsi la fin de l’exposition Ayrton Senna Forever.




En bref
Pourquoi l’exposition Ayrton Senna Forever n’est pas une simple rétrospective de la carrière du pilote ? Tout simplement par la présence de multiples objets et par la mise en scène de l’exposition, qui apportent un autre point de vue. Non seulement les véhicules choisis permettent de constater l’évolution et la progression d’un homme qui a su perfectionner son art, passant de karts constitués de simples tubes à l’élite des monoplaces mondiales, mais les extraits vidéos et autres citations l’inscrivent dans une réalité, donnant du corps et de la substance à la personne qu’il représentait.
L’idée des organisateurs était de sortir de la salle avec une image fidèle du brésilien sans jamais tomber dans le pathos. Montrer les casques qu’il a enfilé, les combinaisons qu’il a porté ou les cagoules qu’il a usé est un témoignage de son existence, à tel point qu’on pourrait presque s’attendre à le voir surgir et remonter dans une monoplace. Certaines pièces de l’exposition Ayrton Senna Forever font même office de réflexion sur la fragilité de la vie, à l’image de la colonne de direction identique à celle qui s’est brisée le 1er mai 1994.













Ayrton Senna Forever : à découvrir jusqu’au 3 novembre 2024
Tarif : 15 € (musée + exposition temporaire)
Lieu : Museo Nazionale Dell’Automobile, Corso Unita d’Italia, 40, Turin
Informations pratiques en cliquant ici




Sylvain
Ayant visité cette expo également, je souscrit complètement à votre reportage très détaillé et richement illustré. Bravo !
· · 29 août 2024 à 10 h 35 min