Au volant d’une Peugeot 504 Dangel Pick-Up : « mais si, ça passe ! »

Publié le par Benjamin

Au volant d’une Peugeot 504 Dangel Pick-Up : « mais si, ça passe ! »

Les essais de 4×4 sont rares sur News d’Anciennes. Un Patrol et un Land à notre actif et à chaque fois on les avait emmené dans les chemins. Là, c’est une opportunité bien différente qui se propose à nous. Valentine nous a dégotté une Peugeot 504 Dangel Pick-Up, entièrement restaurée… par Dangel ! La cerise sur le gâteau ? C’est directement à l’usine qu’on a rendez-vous et en plus, il y a une piste d’essais qui nous attend. Allez, direction Sentheim, sur les premières pentes des Vosges pour un essai vraiment à part.

Notre Peugeot 504 Dangel du jour

Ils sont rares, mais vous en avez certainement déjà vu. Il faut dire que si beaucoup les connaissent, les Peugeot 504 Dangel initiaient une génération complète de véhicules avec une vocation très utilitaire. Du coup, on est habitués à les voir en rassemblement avec leurs couleurs habituelles : beige ou blanc. Éventuellement, on les retrouve aussi dans leurs habits de travail d’époque, notamment avec le rouge des pompiers.

Sauf que notre Peugeot 504 Dangel est une réplique d’une voiture de compétition ! Oui, rien que ça ! On parle d’un des véhicules engagés au Dakar en 1982, le seul qui vit l’arrivée sur une armada d’une douzaine de véhicules. Cet engin entièrement restauré reprend les couleurs exactes… et on va dire qu’il n’avait même pas vraiment besoin de ça pour être voyant !

Faut avouer qu’une Peugeot 504 Pick-Up ça ne court déjà pas les rues… vu que leur passé a été très laborieux, ces véhicules ont souvent été trop abimés pour bien figurer dans les rassemblements de voitures anciennes. Là, on ne reconnaît quasiment pas le Pick-Up originel avec ses couleurs de guerre mais aussi avec sa surélévation et ses gros pneus façon Monster Truck ! L’impression est encore plus originale avec les versions break et familiales, les premières qui ont reçu les soins de Dangel.

En tout cas notre Peugeot 504 Dangel en impose. À l’avant, on peut taper un sanglier (par chez nous) ou un dromadaire (de l’autre côté de la Méditerranée mais ça fait plus mal) puisque le fin pare-chocs est renforcé par un pare-buffle qui va protéger à la fois les phares et la calandre. Le regard de Sofia Loren est bien caché, mais il est bien au rendez-vous ! En fait, l’avant de la Peugeot 504 Dangel est entièrement repris.

Avec sa surélévation (+23cm quand même), on voit bien les dessous du Peugeot 504 Dangel. D’ailleurs, on remarque que la plaque qui protège ce dessous sur l’avant a été enlevée. Pour la technique, attendez un peu, on continue notre tour.

De profil on retrouve bien les peintures de guerre et les marquages du sponsor qui était alors de l’aventure dès que Peugeot se frottait aux terres africaines. La cabine, puisque c’est le nom sur un pick-up semble bien petite ! À l’avant, on remarque vite les élargisseurs d’ailes de notre Peugeot 504 Dangel, obligatoires pour passer le CT alors qu’à l’arrière la largeur de la benne et la voie plus réduite permettent de s’en dispenser.

Justement, sous la benne, on voit encore mieux les dessous de notre 4×4 du jour. Autre chose que l’on remarque : l’arceau installé rassure et rigidifie certainement l’ensemble en plus de la roue de secours solidement fixée sur le côté.

Forcément avec cette benne, on a un arrière particulièrement haut. Il offre une vue imprenable sur l’essieu arrière de notre Peugeot 504 Dangel qui semble particulièrement exposée mais également particulièrement solide ! Pas de monogramme ici mais on se contentera de la grosse inscription Peugeot sur la benne et des symboles Dangel 4×4 sur les bavettes qui devraient être visibles de la plupart des observateurs.

On remarque également que les feux sont protégés derrière une cage (qui a l’air moins solide que la grille avant). Et le pot d’échappement ? Ce sont les jeunes de l’usine Dangel qui l’ont installé, histoire que notre réplique de voiture de course ait un ramage plus approprié (oui, on avait dit qu’on en parlait pas…).

Le tout ? En fait on aurait presque du mal à reconnaître une Peugeot 504. De loin, on reconnaîtra un 4×4 rapidement et il faudra vraiment s’approcher pour trouver le modèle. Mais avec cette déco et cette garde au sol, aucun doute qu’on remarquera notre Peugeot 504 Dangel de (très) loin.

Technique : le gros chantier

Effectivement, la Peugeot 504 Dangel ne passe pas inaperçu. Et on a pas encore parlé de la technique qui est certainement LE point sur lequel cette voiture se démarque. Pour le coup, ça se voit dès l’extérieur mais on va entrer dans le détail pour que vous compreniez bien tout ce qui est fait sur cette voiture… et il y a eu beaucoup de travail !

On va commencer classique avec le moteur. Notre Peugeot 504 Dangel ne sort pas une grosse innovation puisque c’est une transformation. On garde donc le moteur 2 litres, essence, des Peugeot 504 classiques. Comme les Peugeot 504 Dangel, qu’elles soient break, familiales ou pick-up, étaient basées sur les versions « utilitaires », ce n’est pas le moteur à injection qu’on retrouve sous le capot mais la version à carbu. Résultat : 96ch à 5200 tours et 164Nm. Des valeurs correctes mais qui ne font pas grimper aux arbres. La boîte est également celle d’origine, à 4 rapports. Pour le reste, ça se gâte !

Déjà, en sortie de boîte on retrouve la boîte de transfert Dangel, à deux rapports avec différentiel. La Peugeot 504 étant une propulsion, de base, elle envoie une partie de la puissance à l’arrière via un bel arbre. Le pont (protégé par une plaque) garde, sur la version pick-up, son rapport d’origine. Sur ce train-là, la principale différence c’est qu’il va être surélevé ! On conserve l’essieu rigide avec barre Panhard et tube de poussée mais on réhausse le tout. L’astuce est simple : les ressorts à lame sont inversés ! On ajoute deux amortisseurs et c’est bon !

À l’avant, il y a plus de changements, forcément. La Peugeot 504 Dangel reçoit un différentiel à glissement limité et transmet avec des joints tripodes à coulissement interne. La suspension est à roues indépendantes et reçoit un deuxième triangle pour tenir et protéger le tout. Le résultat, c’est une grosse « cage » bien visible.

Côté perfs, évidemment on est en-dessous de ce que pouvait proposer une 504 classique. Le poids est en hausse tandis que le moteur reste modeste. On verra bien ce que ça donne sur la route.

Intérieur : rustique !

Je ne connais pas grand monde qui achète une 504 pour la qualité de son intérieur… quoi que la 504L qu’on avait essayée était plutôt sympa de ce côté là. Le fait est que c’est encore pire pour une Peugeot 504 Dangel. On va dire que tant qu’on peut s’asseoir et le conduire, tout va bien. En tout cas, ça semble être le mot d’ordre. C’est pas une Trabant, mais c’est pas un Cabriolet V6 non plus.

Première chose qui étonne, c’est qu’on a trois places ! C’est une banquette qui est proposée avec trois appui-tête avec une sellerie très simple… qu’on doit pouvoir laver facilement. Pour ceux qui se demandent comment on fait dans une Matra Murena, là faut vraiment se poser des questions parce que le siège du milieu est très étroit et les jambes tombent pile sur le levier de vitesse. Ce levier de vitesse est long, au plancher et il est finalement couplé à une autre commande située au tableau de bord : le levier qui peut bloquer le différentiel en cas de besoin.

Le volant rustique marqué du lion permet de bien voir une instrumentation assez chiche. On a bien le combiné tachymètre/odomètre mais on a pas de compte-tours. On ajoute quelques voyants, la température d’eau et la jauge de carburant et on a déjà fait le tour !

Au volant de la Peugeot 504 Dangel

C’est parti, je monte en voiture. Voilà une expression qu’on utilise plus depuis quelques temps… puisqu’en fait on descend souvent en voiture. Là, avec la garde au sol revue, faut bien monter en voiture. Je n’ai pas besoin d’un escabeau pour autant mais clairement en-dessous des 1m60 ce sera compliqué. La position de conduite est correcte et de toute façon je n’ai pas 50 options pour la régler. Je cherche la clé, ah oui, c’est à gauche sur une 504 (toutes les 504 d’ailleurs). Le moteur démarre avec un coup de gaz. C’est parti !

Première et me voilà en plein village. Et oui, une Peugeot 504 Dangel n’est pas une auto à cantonner au tout terrain… et puis les propriétaires de ces bêtes là vivent rarement dans un endroit où il n’y a pas de routes. En ville, pas grand chose à redire si ce n’est qu’on domine la route et qu’on voit bien ce qui nous arrive en face, y compris par dessus un SUV ! Un bon point pour la circulation de tous les jours c’est que la Peugeot 504 Dangel reste une voiture de conception ancienne. Du coup, même avec 1,77m de large… vous êtes moins larges qu’un 3008 !

Les ralentisseurs ? On rigole ! Ils sont engloutis sans une once d’appréhension. Erreur, et coup de fil à l’osthéo. Et oui, ce n’est pas parce qu’on est haut perché que la suspension ne nous renvoie pas toutes les aspérités de la route. À mon grand étonnement je trouve même la Peugeot 504 Dangel plutôt sèche. Ça se confirme au fil des kilomètres. Oui, on ressent bien la route et même les rustines locales sont ressenties. Au moins, ça ne fait pas de mal à la voiture.

Voilà qu’un beau bandeau de bitume approche. Non, la puissance de 100ch n’est pas énorme mais elle parvient tout de même à vous emmener aux 90 réglementaires sans trop de souci. L’avantage de la boîte courte c’est qu’on y arrive vite. L’inconvénient c’est qu’à 90 ça fait du bruit et il n’y a pas de 5e vitesse au programme pour soulager ça. Les 110 de la voie rapide ? On oublie. Pour en rajouter niveau bruit, les pneus de la Peugeot 504 Dangel sont vraiment des pneus de baroudeur. Ça me rappelle le bruit de ma 4L au Trophy il y a 15 ans. C’est bruyant, mais on se dit qu’on les remerciera plus tard.

Dans tout ça on ne trouve rien à redire sur la direction, plutôt correcte mais loin d’être un exemple de précision tandis que le freinage est lui aussi correct mais il est d’époque et plus de l’époque de la conception de la voiture que de celle de sa sortie d’usine. Faut anticiper mais on roule en ancienne aussi, c’est dans les prérequis !

Allez, le tour de chauffe est terminé. Retour à l’usine Dangel. Si la piste d’essai n’est plus aussi grande que celle des années 80, il y a toujours de quoi s’amuser. Non, je ne vais pas aller plonger dans l’énorme flaque de boue, notre 4×4 du jour va avoir d’autres occasions de prouver ses capacités sur ce terrain qui alterne entre le boueux et le gravier. Lequel est le plus compliqué à gérer ? On va voir ça.

Déjà, je commence par contourner une flaque de boue. J’escalade un trottoir et derrière c’est comme si j’arrivais dans un fossé. La Peugeot 504 Dangel plonge du nez tandis que la roue arrière gauche est en l’air ! De l’intérieur c’est marrant, de l’extérieur ça doit l’être encore plus. Un grand coup d’accélérateur et je descend et toutes les roues se retrouvent au sol. Cette piste n’est pas bien grande, je reste en première et passe même la seconde. Ça secoue toujours mais, comme sur les ralentisseurs du village, on y va sans appréhension et puis, finalement, ça absorbe quand même bien les obstacles.

J’appréhende un peu plus la montée face à moi. D’abord parce que c’est du gravier et ensuite parce qu’il y a des sacrés trous. Le challenge est de faire toucher les 4 roues de la Peugeot 504 Dangel en même temps. Pas facile ! Par contre, ma principale erreur ne va pas venir de là. Je n’ai pas pris beaucoup d’élan et je tente le coup de la montée sur le couple à très bas régime. Autant avec un 4×4 actuel et un diesel bien coupleux ça marche… autant, là, j’ai un moteur essence sous le capot et le couple n’est pas son fort. Résultat ? Coincé au milieu et calé.

On recommence. Si ça marche pas au couple à bas régime, on va aller chercher ce fameux couple à 3000 tours. Tout de suite, ça fait plus de bruit. Les trous que j’avais identifié secouent et toutes les roues ne touchent pas le sol. Mais le système 4×4 de la Peugeot 504 Dangel fait que j’arrive bien à monter. On va éviter les frayeurs et je m’arrête en haut de la butte.

Maintenant… va falloir redescendre. Techniquement, oui, c’est plus simple. Sauf que j’ai bien reconnu le terrain et là aussi les trous sont nombreux et niveau adhérence les graviers sont clairement un désavantage. Pied sur le frein et on y va tout doux… d’autant plus qu’avec le nez haut de la Peugeot 504 Dangel et le fait que je sois bien enfoncé dans le siège, je ne vois rien du tout. Descente à l’aveugle donc. Ça secoue encore une fois. Le freinage est à doser. Trop freiner et bloquer ça veut surtout dire glisser. Donc je laisse juste ce qu’il faut pour rouler… et me voilà en bas.

J’avoue que je ne recommencerai pas tous les jour. Clairement, je manque d’expérience en la matière… mais puisque j’ai l’occasion et que je ne sais pas quand elle se représentera, j’y retourne volontiers. La Peugeot 504 Dangel ne se fait pas prier. Une fois le mode d’emploi bien compris, j’accélère fort et ça passe. Je ne fonce pas pour autant, non, je fais attention. Certes, c’est une réplique d’une voiture du Dakar et à l’époque l’équipage devait vraiment foncer, mais là je teste.

Au bout de quelques petits tours, je me suis fait mon idée. Le fait de devoir monter dans le tours n’est pas forcément un point noir mais ça surprend. En tout cas, on arrive en haut et c’est bien l’essentiel. Les trous, les bosses, le relief, rien ne sera vraiment un souci pour la Peugeot 504 Dangel qui passe littéralement partout. Faut juste prendre ses précautions parce que le point noir reste pour moi la visibilité vers l’avant. Beaucoup de 4×4 plus modernes, avec des moteurs transversaux, ont eu des nez plus court et c’est un véritable avantage. Néanmoins, je me rend vite compte que le Peugeot 504 Dangel ne risque rien !

Conclusion

Pas vraiment étonnant que les Peugeot 504 Dangel aient séduit le lion au début des années 80. Bien pensés, relativement économiques, ils permettaient de se frotter aux ténors de la catégorie, à l’époque les japonais et les comparatifs d’époque montrent bien que les modifications alsaciennes n’étaient pas ridicules. Certes, ces modifications avaient leurs revers mais le tout est quand même bien ficelé.

On se satisfera d’un comportement routier forcément en deçà de celui d’une Peugeot 504 classique, même d’une L comme on avait essayé avec, justement, le même pont arrière rigide. Mais une fois arrivé en terrain périlleux, la 504 Dangel passe vraiment partout ce que ne pourrait pas faire une 504 pick-up même avec les bons pneus. Et vu ses aptitudes, ça reste une auto à bien considérer si vous aimez vous promener dans les bois.

Les plus de la Peugeot 504 DangelLes moins de la Peugeot 504 Dangel
Un système 4×4 efficaceUn moteur trop juste
Une garde au sol qui rassure…… mais qui réduit la visibilité
Rusticité assuméeSuspensions sèches
Plutôt économiqueRare !
L’allure quasi Monster Truck !Consommation élevée
Polyvalence géniale
Notes de la Peugeot 504 Dangel
Fiche techniquePeugeot 504 Dangel
Années1981-1985
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1971 cm³
AlimentationCarburateur
Soupapes8
Puissance Max96ch à 5200 trs/min
Couple Max164Nm à 3000 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 4 rapports
Transmission4 roues motrices permanentes
Châssis
Position MoteurLongitudinale Avant
FreinageDisques AV et Tambours AR
VoiesAV 1490 mm / AR 1360 mm
Empattement2910 mm
Dimensions L x l x h4758 x 1770 x 1760 mm
Poids (relevé)1525 kg
Performances
Vmax Mesurée145 km/h
0 à 100 km/hNC
400m d.aNC
1000m d.aNC
Poids/Puissance15,9 kg/ch
Conso Mixte± 12 litres / 100km
Prix± 9.000 €

Conduire une Peugeot 504 Dangel

Attention rareté ! Oui, ça fait bizarre de dire ça d’une Peugeot 504 qui ne soit pas un Cabriolet V6 mais le fait est que notre auto du jour est une rareté. Au début des années 80, c’était le début de l’aventure Dangel et la production était bien plus limitée. Les un peu plus de 3000 exemplaires ont eu une carrière bien mouvementée et bien peu sont arrivés jusque nous sains et saufs. Il va donc falloir chercher ou patienter jusqu’à trouver la perle rare.

Il est difficile de donner une vraie cote pour ces autos mais, forcément, une Peugeot 504 Dangel sera plus onéreuse que la version classique de l’auto. Grosso-modo, vous pouvez tabler dans les 10.000€ minimum pour un bel exemplaire, Aguttes a vendu un pick-up 14.000€ l’automne dernier. Pour une voiture en état concours, vous pourrez chercher encore plus haut !

Attention cependant, ne vous aventurez pas dans l’achat d’un véhicule avec des soucis mécaniques au niveau du système 4×4. Les pièces sont tout bonnement inexistantes et si vous parvenez à en trouver, mieux vaudra les avoir avant le véhicule ! Même notre auto du jour restaurée par le constructeur lui-même a peiné à se refaire une santé ! Sinon, comme toutes les 504, la rouille peut poser problème et le moteur est increvable !

Un énorme merci à Hervé Ringenbach et Philippe Kalb de Automobiles Dangel pour leur accueil.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Yves PETIT

    J’ai bien connu l’original. C’était l’équipage Marty/Cazalot qui avait gagné un volant organisé par Peugeot.
    Une très belle aventure.

    Répondre · · 1 juillet 2024 à 19 h 37 min

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