Au volant d’une Lancia Flavia Coupé Injection, l’attraction des lignes italiennes

Publié le par Vincent

Au volant d’une Lancia Flavia Coupé Injection, l’attraction des lignes italiennes

Lancia a toujours été synonyme de sportivité, d’élégance et d’avant-gardisme. A côté de ses modèles emblématiques, le destin de la Flavia peut paraître bien ordinaire. Pourtant, sa technique ne cessera d’évoluer pour porter les nouvelles révolutions de la marque de Turin. Charmé par les lignes de la Flavia coupé, je vous emmène à bord de cette Lancia pleine de charme et résolument moderne.

La Lancia Flavia en bref

En 1960, Lancia sort d’une période tourmentée. Au cours de la précédente décennie, la firme de Turin est marquée par son lot de tragédies. La réussite de sa GT l’Aurelia entraîne la création de la Scuderia Lancia par Gianni Lancia, fils du créateur de la marque et dont le cœur ne bat que pour la compétition automobile. Les performances de la monoplace D50 sont au rendez-vous mais son développement se révèle très coûteux pour Lancia.

Au volant d’une Lancia Aurelia B20 GT S, élégance et modernité… des années 50 !

En 1955, le champion du monde de Formule 1 Alberto Ascari, alors pilote de la marque, décède brutalement lors de l'essai de sa Ferrari 750 à Monza, mettant fin à la Scuderia Lancia et aux rêves de compétition de Gianni. La firme de Turin croule sous les dettes et est finalement rachetée par l'industriel Carlo Pensenti, géant du ciment et déjà associé à Lancia. Ce changement de direction s'accompagne par la venue d'un nouveau directeur technique, l'ingénieur Antonio Fessia, dont les idées novatrices contribueront à la réputation avant-gardiste de la marque.

La Lancia Flavia est donc présentée à la fin de l'année 1960. Elle vient combler le vide entre l'Appia, la petite populaire de la marque et la luxueuse Flaminia. Dessinée par Piero Castagnero, les lignes carrées de la Flavia ne se montrent guère attrayantes mais sont dans l'air du temps. Sous l'apparence discrète de la Flavia se cache une évolution de grande envergure pour la marque : la transmission par traction.

La nouvelle Lancia Flavia est ainsi la première voiture italienne à adopter cette technologie. Le reste de la mécanique est également assez peu conventionnel. En effet, le moteur est un quatre cylindres à plat entièrement en aluminium et placé en porte-à-faux avant. Avec ses 1488 cm3 de cylindrée, le petit boxer de la Flavia affiche une puissance de 78 ch. Dernière nouveauté pour Lancia, la nouvelle berline turinoise est équipée de quatre freins à disques.

L'année suivante la gamme de la Flavia s'étoffe avec l'arrivée de deux coupés Pininfarina et Zagato et un cabriolet Vignale. Trois carrosseries qui se montreront bien plus élégantes que la berline. En 1963, le bloc est désormais proposé dans une nouvelle version 1800 cm3 et dont la puissance sera portée à 92 ch. Deux années plus tard, la Lancia Flavia est proposée avec l'injection indirecte Kugelfischer comme sur la Peugeot 404. La puissance atteint 102 ch pour une vitesse de pointe annoncée à 180 km/h.

Des caractéristiques honorables mais qui ne la destinent pas à une grande carrière sportive. Néanmoins, la Flavia coupé terminera 2nd et 3e lors de l'édition 1966 du Rallye de Monte Carlo. Elle pose les fondations de la Scuderia HF dont le palmarès s'étoffera rapidement avec l'arrivée de la Fulvia, plus légère et plus vive.

En 1967, l'avant de la berline évolue. Le coupé Pininfarina subira le même sort deux ans plus tard pour adopter une face avant plus sage. La même année voit l'apparition de la Flavia 2000 et le rachat de Lancia par Fiat. En 1971, la Flavia s'efface et laisse place à la Lancia 2000.

Notre Lancia Flavia Coupé du jour

La Bella Machina

La première qualité que l'on peut attendre d'une voiture italienne, c'est sa plastique. Si le style de la berline n'est pas une franche réussite, c'est tout le contraire pour le coupé signé par Pininfarina. Un dessin qui n'est pas sans rappeler une certaine Ferrari 250 GTE produite par les mêmes ateliers...

Ainsi, la Flavia coupé a un temps été surnommée "la petite Ferrari". Ensemble, elles partagent le même profil et la coupe de sa glace latérale arrière. La ligne de la Flavia reste cependant moins élancée et plus sage que sa cousine. Ce qui fait de ce coupé Lancia une automobile à la fois discrète et élégante.

Lancia Flavia Coupé
Profil de la Lancia Flavia Coupé Pininfarina - Comme un air de Ferrari 250 GTE ou de Peugeot 404 coupé...

La Lancia Flavia coupé reprend les principaux éléments stylistiques de la berline, à la différence qu'elle les intègre de manière bien plus harmonieuse, si bien que l'on pourrait croire qu'ils ont d'abord été dessinés pour le coupé. Parmi ces détails propres à la Flavia, on retrouve les doubles feux ronds et cerclés qui confèrent à la Flavia un regard intense et une allure de grand standing. Ces feux sont complétés d'un second bloc plus discret comportant les veilleuses et les clignotants.

Elément central du style, la large calandre trapézoïdale vient prolonger le capot et se détacher des ailes massives intégrées à la caisse. Le tout est souligné par un long et fin pare-chocs qui épouse à la perfection les formes de l'auto.

L'arrière est particulièrement réussi. Les ailes proéminentes se détachent de la malle avec élégance. Seuls les optiques un peu grossiers viennent entacher la réussite de cette vue arrière du coupé Flavia.

Si la Lancia Flavia garde une ligne sobre et légère c'est parce que la belle italienne ne fait pas dans la fioriture. Tout est finement dosé. C'est là l'ingéniosité de Pininfarina qui marie à la perfection l'esthétisme et le fonctionnel. Les répétiteurs de clignotants discrètement disposés sur les ailes, en sont l'exemple parfait.

Quelques baguettes apportent un peu de brillant autour des glaces mais rien ne vient appuyer la ceinture de caisse qui comporte déjà une ligne de style. A l'ombre, celle-ci s'efface pour donner un aspect lisse à la carrosserie, nous permettant d'apprécier le galbe de la Flavia. Mais lorsque l'italienne prend le soleil, le trait ressort et les lignes de la Lancia Flavia se montrent plus dynamiques.

Dernier détail extérieur, les jantes tôles d'apparence commune se parent d'enjoliveurs délicatement pressés du patronyme de la marque.

A l'intérieur du coupé Lancia Flavia

A bord, la Lancia Flavia est fidèle à la réputation des italiennes puisqu'elle est plutôt originale et bien dessinée. Surprise : elle est aussi bien finie. L'intérieur est spacieux, lumineux et accueillant. Le coupé dispose de quatre vraies places dont l'accessibilité est aisée. Le confort se fait ressentir tant à l'avant qu'à l'arrière.

Les sièges et les portes s'habillent de skaï bordeaux. Détail qui a son importance, les accoudoirs intègrent les poignées de porte et sont les mêmes que ceux de la Ferrari 250 GTE ! Le plancher est recouvert d'un tapis en caoutchouc. La planche de bord s'orne de bois et de similicuir noir légèrement moussé. Elle arbore un écusson aux couleurs de la Scuderia HF. Sur la gauche, le cendrier s'ouvre en pinçant deux tirettes.

Une fois dévoilé, l'une glisse sur le côté pour révéler un allume-cigare. Vers le volant cerclé de bois, on retrouve une montre Jaeger. En dessous de la planche de bord, la boîte à gants coulisse comme un tiroir. A l'arrière, les équipements ne sont pas aussi généreux et les passagers devront se contenter de cendriers.

Une mécanique peu conventionnelle mais ingénieuse

Là où la ligne de la Lancia Flavia Coupé met tout le monde d'accord, en ce qui concerne son cœur, les avis seront peut-être plus mitigés. En effet, sur le papier, nous avons affaire à un élégant coupé italien... mais en traction et avec seulement quatre cylindres. Fort heureusement, notre Lancia Flavia du jour est un modèle de 1966 équipé du moteur 1.8 injection. C'est donc la version la plus puissante.

Lancia Flavia Essai News dAnciennes 5- Lancia Flavia

Le moteur est donc un quatre cylindres à plat entièrement en aluminium et monté en porte-à-faux avant. Son emplacement permet au différentiel de se trouver directement dans l'axe des roues. Naturellement, la boîte est synchronisée mais ne comporte que quatre vitesses. Au dessus du moteur, on retrouve le système d'injection indirecte Kugelfischer et près de l'habitacle on retrouve la pompe d'assistance au freinage. Petits détails Lancia : une veilleuse s'allume lorsque l'on ouvre le capot et ce dernier est nappé d'un isolant à motifs.

La Flavia Coupé sur la route

Il est maintenant temps de voir si la conduite de la Flavia coupé est à la hauteur de sa beauté. A son volant, j'ai toute l'instrumentation nécessaire : vitesse, essence, température d’eau, pression d’huile, compte-tours, compteur journalier... On peut même régler de l’intensité de l’éclairage du tableau de bord. Autour du volant il n'y a qu'un seul commodo. Celui-ci revient en position après avoir actionné le clignotant et tourné le volant. Les feux s'allument via un petit piano accolé à la planche de bord sur la gauche du volant. Ils permettent également d'actionner le ventilateur pour désembuer la lunette arrière, très utile en cette saison.

Je tourne la clé, avec l'injection, pas besoin de starter, la fonction est automatique. Je pose mon pied sur l'accélérateur. Ce dernier n'est pas suspendu et donne presque l'impression d'actionner un bouton qui oscille entre tout ou rien.

Je passe la première en haut à gauche et la Flavia s'élance. Le levier a un débattement assez long et est en prise directe sur la boîte de vitesses. La tringlerie n’est pas piégeuse et les rapports se verrouillent assez bien, à l'exception de la seconde plus délicate où il faut bien décomposer le mouvement. Alors qu'en première le levier de vitesse est collé à la planche de bord, une fois la seconde enclenchée, il se retrouve collé au siège.

La Lancia Flavia Coupé n'embarque pas un énorme moteur : 1800 cm³ c'est finalement assez peu. On est loin d'un gros cube à la sauce US ou allemande, mais le "quatraplat" étonne par son couple. Les reprises sont bonnes et ça joue sur l'agrément et la facilité de conduite. Par contre, au moment de hausser le rythme, il est inutile de tirer sur les rapports, cela n'offrira pas plus de performances. Certes, cette montée dans les tours reste agréable, mais le moteur reste en adéquation avec l'image de la Lancia Flavia Coupé : sage et bourgeoise. Et encore, heureusement que j'ai le "gros" moteur sous le capot. En 1500 avec carbus, j'aurais peut-être trouvé ça un peu juste.

Côte comportement, est-ce qu'une Lancia doit être forcément au top ? On s'y attend évidemment, mais est-ce obligatoire ?

Parce que la Lancia Flavia Coupé fait l'impasse sur le côté incisif. Avec son moteur en porte-à-faux avant, forcément, c'est assez lourd. Pas dans la direction, qui souffre plutôt d'un côté flottant et d'une petite imprécision. Non, c'est plus dans la simple répartition des masses que cela ressent. Avec ce poids sur l'avant, le sous-virage est très présent. Ajoutez la présence d'un empattement long qui nuit forcément au dynamisme et des suspensions qui autorisent beaucoup de roulis et on se retrouve avec une auto qui n'est pas pataude... mais pas loin.

Par contre, en cas de souci, la Lancia Flavia Coupé pourra compter sur son freinage, pas fou, mais suffisant.

La Lancia Flavia Coupé reste une véritable routière et son confort s'apprécie lors des longues distances. C'est certainement ça la plus grande surprise quand on s'installe au volant d'une "petite" Lancia coupé. On est loin du dynamisme voire des performances qu'on retrouve dans une Fulvia qui est également une traction avec un 4 cylindres. Mais cette dernière s'est fait connaître pour ça. La Lancia Flavia est restée dans un autre registre... qu'on aurait plus assigné à une Flaminia et un coupé à 6 cylindres en fait.

Autre point assez intéressant : la facilité qu'on a pour insérer la Lancia Flavia Coupé dans la circulation moderne. Finalement, une traction à 4 cylindres 1800, ce sont des specs assez communes. Sauf qu'on parle là d'une auto conçue à la fin des années 50. Le poids des ans ne se fera ressentir qu'au moment de freiner... et un peu de tourner mais sinon, vous ne serez pas une chicane roulante au volant de notre italienne du jour.

Allez, le jour tombe. Il est temps pour moi de rendre le volant de cette belle et de jeter un dernier coup d'œil à sa plastique à la fois sensuelle et originale.

Lancia Flavia- Lancia Flavia
L’aiguille du compteur « benzine » pointe sur le zéro, je questionne Guillaume du regard qui me répond : « Jauge italienne... »

Conclusion

Au cours de sa carrière la Flavia a ouvert la porte à de nouvelles révolutions pour Lancia : la traction et l'injection. Assurément belle à regarder, même si la Flavia se montre un brin trop sage pour un coupé, elle n'en est pas moins une bonne routière. Rouler en Lancia Flavia coupé, c'est succomber au charme de ses lignes mais aussi savoir apprécier la marque pour ce que le grand publique a oublié : le soucis du détail et l'innovation.

Les plusLes moins
La ligne d'une Ferrari pour le prix d'une LanciaUn moteur qui manque de noblesse
Le confort des grandes routières
La finition et les détails
image 3- Lancia Flavia

Conduire une Lancia Flavia Coupé

Lorsque je demande à Guillaume quelles ont été les raisons de l'achat de son coupé Flavia, sa réponse est simple :

« Au début je ne cherchais pas à acheter une Flavia mais je suis tombé amoureux de sa ligne. »

En effet, acheter un coupé Pininfarina, c'est s'offrir le dessin (et seulement le dessin) d'une Ferrari pour un budget encore raisonnable.

En 11 ans de carrière la Lancia Flavia sera produite à 102.732 unité, dont 26.084 exemplaires pour le coupé Pininfarina (contre 594 coupés Sport Zagato et environ 1600 cabriolets Vignale). Un résultat assez conséquent si l'on compare avec sa rivale la Peugeot 404 coupé, dont la production atteint 6.837 exemplaires.

Une Lancia Flavia berline se trouvera dès 6.000€ mais il faudra compter autour de 25.000 € pour acquérir un coupé Pininfarina de petite cylindrée (1500 cm³). Pour un moteur plus volumineux (1800 cm³), le billet d'entrée se situera à partir de 30.000 €. Ajoutez 5.000€ supplémentaires pour une version injection (fabriquée à seulement 2.000 exemplaires).

L'innovation est rarement synonyme de fiabilité mais ce n'est pas ce que nous assure Guillaume.

« Quand j'ai acheté ma Flavia, je ne connaissais pas l’esprit innovant de la marque. Pourtant c'est une voiture qui reste assez fiable. Après avoir été stockée pendant 20 ans au sec dans un sous-sol, j'ai effectué quelques frais seulement lors de la remise en route. Depuis, j'ai fait 6.500 km sans problème. »

Lancia Flavia Essai News dAnciennes 9- Lancia Flavia
Ouvrir le capot d’une italienne pour la photo, avouez que la blague est plutôt facile... D'autant que la Lancia Flavia est une automobile somme toute assez fiable.
Fiche techniqueLancia Flavia Coupé 1800 injection
Années1966
Mécanique
Architecture4 cylindres à plat
Cylindrée1800 cm³
AlimentationInjection mécanique Kugelfischer
Soupapes8
Puissance Max102 ch à 5200 trs/min
Couple Max153 Nm à 52000 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 4 rapports
TransmissionTraction
Châssis
Position MoteurPorte-à-faux avant
FreinageDisques AV et AR
VoiesAV 1300 mm / AR 1280 mm
Empattement2479 mm
Dimensions L x l x h4484 x 1610 x 1350 mm
Poids 1120 kg
Performances
Vmax annoncée180 km/h
0 à 100 km/h12,7s
400m d.a18,7s
1000m d.a34,2s
Poids/Puissance10,9 kg/ch
Conso Mixte± 12 litres / 100km
Prix± 35.000 €

Merci à Guillaume et Marc pour cet essai qui s'annonçait paisible mais qui fut tout à fait rocambolesque !

Photos complémentaires : FCA Heritage & Media Stellantis

Vincent

https://vincentdecours.com

Ingénieur de formation, il se lance dans les anciennes en 2011 en écrivant "Auto d'Antan", une revue amateur sur les véhicules anciens. Trois ans plus tard il se lance sur la blogosphère puis rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2016 . Il partage la route avec sa Motobécane N40TS, son Vélosolex 3800 et sa Renault 5 GTL.

Commentaires

  1. Guillaume

    Un superbe essai dont je garde un souvenir impérissable ! Merci à Vincent et à Marc pour leur professionnalisme et leur bonne humeur 🙂

    Répondre · · 27 décembre 2022 à 10 h 07 min

  2. Yves

    J’en ai eu une pendant dix ans vers 1990 et je la regrette encore.
    J’ai encore de la documentation si quelqu’un est intéressé.

    Répondre · · 30 décembre 2022 à 13 h 01 min

    1. Matthieu

      Bonjour Yves, oui je suis intéressé. Quel genre de documents avez vous? Merci d’avance. Cordialement Matthieu

      Répondre · · 15 janvier 2023 à 21 h 28 min

      1. Yves Pickardt

        Bonjour
        Je dois descendre à la cave et vérifier.
        Il y des catalogues et je crois un classeur de garage.
        Vous avez un mail ?
        Merci

        Répondre · · 16 janvier 2023 à 15 h 34 min

        1. Matthieu Ponge

          Bonjour Yves,
          Je vois de voir votre message, désolé pour ma réponse tardive. Voici mon mail:
          [email protected]
          Merci et bonne journée
          Amicalement
          Matthieu

          Répondre · · 26 février 2023 à 14 h 15 min

  3. Puerari

    Bonjour tout le monde, je viens d’acheter une injection. Elle démarre très facilement le ralenti est stable. Toutefois, je trouve la transmission un peu bruyante sur les intermédiaires. La direction trop démultipliée et ne revient pas facilement.
    C’est normal ? Je n’ai jamais roulé avec d’autres.

    Répondre · · 19 mars 2024 à 13 h 03 min

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