Au volant d’une Autobianchi A112 Abarth, un caractère recherché

Publié le par Benjamin

Au volant d’une Autobianchi A112 Abarth, un caractère recherché

Dans le genre des pré-GTI les autos ne sont pas légion. Les françaises s’y étaient mises, les anglaises aussi, les allemandes attendaient la locomotive Golf et du côté de l’Italie on faisait confiance à des symboles : le Scorpion ou le Quadriofoglio. L’Autobianchi A112 Abarth était dans la première catégorie. Une petite puce a fait rêver bien des jeunes et pourrait s’avérer une belle monture si le rêve n’a pas disparu. Ça tombe bien, on me propose d’en essayer une dans un endroit de qui colle parfaitement à son pedigree : l’Autodrome de Linas-Montlhéry.

Petit Historique de l’Autobianchi A112 et de l’Abarth

L’A112 débarque en 1969 dans la gamme Autobianchi. Créée par les équipes de Dante Giacosa c’est une auto résolument moderne : traction, roues indépendantes et moteur transversal emprunté à la Fiat 850. Sa cible est toute trouvée : la Mini dont la conception accuse son âge et dont les ventes italiennes, avec des fabrications Innocenti, s’essoufflent.

En Octobre 1971 au salon de Turin apparaît l’Autobianchi A112 Abarth. Une version vitaminée qui doit permettre de rendre l’auto sexy et la faire vendre aux jeunes. Le moteur passe à 982 cm³ et la puissance de 45 à 58ch. Elle se différencie par ses jupes, son capot souvent peint en noir mat et des teintes moins sages.

Au total ce sont 7 séries qui seront comptabilisées. La deuxième série (de 1973) remplace les pare-chocs chromés par du plastique renforcé de fibres de verre et voit les finitions intérieures s’améliorer, sans toucher à la mécanique. La troisième arrive en 1975 avec un moteur développé par Fiat Brésil. Avec ses 1050 cm³ il fait grimper la puissance à 70hp.
La quatrième série sort en 1978, c’est une de celles-ci qu’on essaye. On change quelques éléments de carrosserie qui deviennent plus carrés. Surtout l’A112 Abarth reçoit une boîte à 5 vitesses. La cinquième série verra l’adoption de l’allumage électronique quand les deux dernières se contenteront de retouches esthétiques.

Au final sur les 1.254.158 exemplaires d’Autobianchi A112 produits ce sont 140.879 Abarth qui sortiront des chaînes jusqu’en 1985. Belle longévité !

Notre A112 Abarth du jour

On ne va pas le nier : elle a de la gueule la puce. En même temps cette auto est dans sa configuration d’origine. Aux couleurs mythiques Chardonnet, c’est une auto qui participa en son temps à la coupe monotype où se rencontraient les jeunes loups.

L’A112 Abarth reste une petite auto et ça se voit. 3,23m de long, on peut la caser partout. Le profil est celui d’une citadine, même des années 70 avec un petit capot et un arrière où on retrouve tout le reste. Globalement ce profil est assez carré mais reste dynamique et agréable à regarder.
Pour le reste de la voiture, l’A112 Abarth se démarque des A112 de base avec son allure plus trapue. On a moins l’impression d’avoir une auto plus haute que large (ce qui est de toute façon faux). La face avant est elle aussi agréable avec le plastique noir qui englobe les phares et la calandres.

Pour notre auto du jour, on ne peut passer sur les nombreux détails. Pour ce qui est de la version Abarth on retrouve les élargisseurs d’ailes, les jantes encore plus jolies en blanc ou la prise d’air sur le capot, spécifique à la version 70hp. On ajoute les badges au scorpion sur le côté et on a déjà une auto qui se différenciera d’une autre A112 (encore faut-il en croiser).

En plus de ce tableau, notre auto du jour a gardé quelques souvenirs de la coupe, malgré sa restauration (qui a presque 20 ans et est bien préservée). On retrouve la rampe de phares à l’avant, les sponsors d’époque et le coupe circuit sur le capot. Il est juste à côté des attache-rapide qui sont le comble du détail. Oubliez les refab’ à 5 balles d’alibaba, celles-ci portent l’inscription Abarth. La classe !

« Intérieur Sport »

N’importe qui prenant place dans l’habitacle de notre A112 Abarth sans avoir vu l’extérieur saurait qu’elle est faite pour le sport. Baquets et harnais, arceau, tripmaster, la panoplie est complète. La finition n’est pas luxueuse pour un sou, en même temps le poids était un des ennemis de l’auto. Le volant est la seule entorse à l’origine puisqu’il provient d’une Abarth 58hp alors qu’on est dans une 70. On remarque aussi les trois jauges supplémentaires propres à la version énervée : pression, température d’huile plus un voltmètre.

Le reste est assez classique. Notre auto du jour n’a pas été dépouillée et tous les boutons sont à leur place. Même les contre-portes sont là. Les plastiques durs sont placés sur le tableau de bord et la casquette. En dessous on retrouve les deux compteurs les plus intéressants : vitesse et régime moteur. On a vite fait le tour, mais il annonce la couleur.

Sous le capot : quelle prépa ?

De base le moteur de l’A112 fait 903 cm³ pour 45ch. Le notre cube 1050 cm³ et sort 70hp, ça c’est marqué à l’arrière. La culasse Abarth et le scorpion collé sur la boite de filtre à air permettent de vite différencier la mécanique. La cylindrée est donc faible… mais avec un plus gros moteur on aurait pas su où le caser ! Il renvoie à la boîte 5 apparue en 1975.

On peut se dire que cette auto avait une préparation spéciale pour faire la coupe : et bien NON. Il fallait être certes rapide pour bien figurer mais il fallait surtout finir. Donc on ne tentait pas le diable et on restait en configuration d’origine. Ceci dit la voiture annonce 700 kg à vide. Donc la cavalerie, même modeste, restera suffisante. Maintenant on va la faire parler.

Au volant de notre Autobianchi A112 Abarth

L’installation est facile. Le baquet n’est pas trop serré, heureusement parce qu’avec le vent de gueux qui souffle sur l’Autodrome, le manteau est bien épais. Première étape, boucler le harnais. Même si je ne vais pas taper le chrono, étant sur circuit, autant la jouer à fond.
Maintenant que c’est fait, le volant paraît loin, je vais avancer le siège. Ah bah non en fait. Soit mes jambes se sont allongées, soit c’est la bonne position. J’avoue qu’elle ne me paraît pas si naturelle, mais en fait j’arrive à bien tourner le volant. Je me marre en imaginant un grand gaillard de 1m90 installé dans notre italienne.Coup de clé, le petit 4 cylindres s’ébroue sans aucun souci. La manœuvre est aisée, le volant tourne bien, en même temps, même avec un moteur sur l’avant ça ne fait pas beaucoup de poids sur l’essieu. Je passe la première avec un brin de fébrilité. Il paraît que ça détale ces petites bêtes. La course de l’embrayage est assez courte. Et elle n’est pas la seule, les freins et l’accélérateur sont du même acabit.
La première est courte et me voilà vite en seconde. Ceci dit je n’ai pas été satellisé. Bon je n’ai pas mis le pied au plancher non plus et même s’il y a du couple, le maxi est atteint bien plus haut. Je vais attendre de me familiariser avec notre A112 Abarth avant de taper dedans.

Dans des conditions de roulage normales, et bien notre auto l’est parfaitement. On m’avait prévenu, ça ressemble à une Mini… en dehors de la position de conduite beaucoup plus haute. C’est facile à conduire, ça ne bouge pas trop, et malgré tout ce n’est pas inconfortable. Les freinages se font sereinement et le dosage est simple. Le moteur, comme la boîte ne se font pas plus entendre qu’il n’est nécessaire. Une bonne citadine qui sait quand même montrer qu’elle en veut plus dès qu’on effleure l’accélérateur. Très bien. On y va.

« C’est qu’elle a son caractère ! »

Cette fois je vais pouvoir hausser le ton. Sans aller taper jusqu’à la zone rouge, l’A112 Abarth prend ses tours. Première, seconde, troisième, on y est vite. Allez on en remet. Et ça part encore. 70 chevaux, c’est peu, mais dans une puce comme celle-ci, c’est déjà pas mal. La mise en vitesse se fait vite et bien. Pas besoin de cravacher, mais en fait le compte-tour monte très vite ! Sur l’anneau on commence à ressentir les jointures entre les plaques de ciment, sans pour autant me tasser les lombaires. Ça veut dire qu’on commence à avancer un peu ! La direction est un peu plus lourde, pas plus mal quand on sait que l’auto n’est pas franchement basse.

On peut conduire sereinement, sans se faire peur, y compris sur un gros freinage. Les rapports rentrent bien et on repart tout aussi sec. L’A112 Abarth ne vous cherchera pas de noises, en tout cas en allure musclée. Sur circuit à pleine vitesse, c’est peut-être encore différent.

Ça y est, je me gare et m’extirpe de ce petit habitacle. Oui, déjà. J’avoue que c’était plus une prise en main qu’un essai. Après, qu’est ce que j’aurais pu rater ? Et bien peut-être quelques frayeurs en attaquant plus. Mais au final j’ai eu en main une auto dans les conditions qu’elle connaît le mieux : rouler sereinement en musclant un peu de temps en temps.

Conclusion

Que conclure ? Que l’A112 Abarth est une bonne auto ? Oui assurément. Elle ravira les pilotes, ceux du samedi comme du dimanche. Elle saura leur distiller suffisamment de sensations tout en se faisant remarquer par sa bouille quand elle sera garée à l’heure du café de fin de roulage. Ceci dit, côté perfs, les plus acharnés pourront rester sur leur faim. Par contre on pourra rouler avec tous les jours, et ça c’est pas rien !

Mais pour mettre un premier pied dans la petite sportive, elle est parfaite.

Points fort Points faible
Bouille fort sympathiquePerformances en retrait
PolyvalencePosition de conduite inhabituelle
Couleurs mythiques (sur la notre)Dans l’ombre des Mini Cooper
Caractère enjouéRapport prix de marché / prix d’une restauration
Image Note 4- A112 Abarth
Entretien Note 3- A112 Abarth
Plaisir de Conduite Note 3- A112 Abarth
Ergonomie Note 2- A112 Abarth
Facilité de conduite Note 4- A112 Abarth
Note Totale Note 16- A112 Abarth

Conduire une Autobianchi A112 Abarth

Tim Classic- A112 Abarth

L’A112 Abarth qu’on vous présente ici a été trouvée, puis vendue, par Tim Classic. Lancée par Guillaume Timonier en 2017, la société est donc spécialisée dans l’achat et la vente de voitures anciennes, avec toujours une bonne dose de conseil. Ils proposent aussi dans les services qui vont autour : entretien mécanique et esthétique, gardiennage, etc.
Le site est à découvrir ici.

Si vous voulez une A112, les prix se situent entre 3000 et 5000 €. Mais on ne va pas se mentir, c’est bien une Abarth que vous recherchez. Là il faudra débourser aux alentours des 10.000 à 12.000 €. La voiture est une de celles dont les prix continuent d’augmenter. Il y a trois ans, la cote était autour des 7000 € ! Les versions 58hp sont sensiblement moins chères mais elles sont beaucoup plus rares.

Côté entretien, pas de très grosses surprises au programme. Le moteur s’avère fiable, encore une fois, s’il a bien été entretenu. Les pièces mécaniques se trouveront facilement puisqu’elles sont issues de la banque Fiat qui proposait pas mal d’interchangeabilité.

Côté châssis, on ne vous apprendra rien en vous disant de scruter les ravages de la rouille. Non pas parce que l’auto est italienne et des années 70, ça compte ok, mais surtout parce qu’elle est des années 70 tout simplement !

Attention par contre à tout ce qui est cosmétique. Les pièces de carrosserie comme celle de l’intérieur sont tout simplement introuvables. Alors prenez les bonnes adresses avant de commencer à envisager votre achat.

Enfin on notera un petit point noir : la cote. Certes l’auto est abordable, mais on parle tout de même d’une petite sportive dont certaines pièces sont introuvables. Du coup le rapport entre le prix d’achat (et de revente) et le prix d’une restauration est assez défavorable. Privilégiez les belles autos.

Fiche Technique de l’A112 Abarth
MécaniquePerformances
Architecture4 cylindres en ligneVmax159 km/h
Cylindrée1050 cm³0 à 100 km/h11,8 s
Soupapes8400m da17,9 s
Puissance Max70 ch à 6600 tr/min1000m da34,1 s
Couple Max85 Nm à 4200 trs/minPoids / Puissance10 kg/ch
Boîte de vitesse5 rapports manuelle

TransmissionTraction
ChâssisConso Mixte7,3 L/100km
Position MoteurTransversale avantConso Sportive10,8 L/100km
FreinageDisques pleins AV, Tambours ARCote 197430.000 Frs
Dimensions Lxlxh323 x 148 x 136 cmCote 2020Entre 10 et 12.000 €
Poids700 kg à vide

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Alain Andresy

    Super ce reportage illustré de belles photos qui nous ravivent la mémoire. Et puis ça nous change aussi des mini qui sont devenues presque banales à côté de l’A 112.

    Répondre · · 9 mars 2020 à 20 h 47 min

  2. Eric Mignani

    j’ai lu votre article avec beaucoup d’attention , je suis moi même l’heureux propriétaire d’une petite puce mais en série 5, vous tenez des arguments pour certains intéressant, mais pour d’autres je ne suis pas d’accord avec vous, bon nombre d’articles annoncent que c’est une la meilleure boite à sensation de l’histoire automobile, cette voiture il n’y a aucun intérêt à faire un essai sur circuit, c’est sur nos petites routes de campagne, qu’elle se régale, qu’elle exprime sa joie, et je suis prêt pour un reportage avec ma petite voiture

    Répondre · · 10 mars 2020 à 0 h 52 min

    1. Benjamin

      Alors l’essai s’est fait en « conditions routières » mais sur le circuit. Pour autant niveau sensations, j’avoue qu’en dehors des sensations mécaniques j’ai été laissé sur ma faim. J’en attendais peut-être trop d’elle, le fait est qu’elle procure des sensations, mais pas autant qu’escompté.

      Répondre · · 10 mars 2020 à 14 h 47 min

  3. Eric Mignani

    bonjour, merci pour votre message, alors pourquoi ne pas recommencer, un essai mais cette fois sur petite route, je me tiens à votre disposition sur nos petites de campagne Nantaise avec ma petite puce complètement de série, et la surprise sera au rendez-vous, amicalement Eric

    Répondre · · 10 mars 2020 à 17 h 23 min

  4. Cédric

    Bonjour, tout à fait d’accord avec Eric tester une A112 sur l’autodrome c’est limite lui manquer de respect. Heureux propriétaire d’une série 3 de 1976 et écumant les routes de L’Ardèche L’Isère et la Drôme depuis quelques années sont terrain de jeux ce sont les petites routes sinueuses de spéciales de rallye et elle sait donner du fil à retordre à beaucoup de cylindré supérieurs et ont à pas peur de laisser le carter sur les bosses et les dos d’âne comme les collègues qui roulent en mini et je vous parle même pas de la motricité sur la neige pour trouver mieux il faut une Fulvia pour vos reportage je vous invite à sortir de Paris et faire un tour en province elle est Belle la France aussi quand ont sort de Paris. Bien Cordialement Cédric.

    Répondre · · 15 juin 2022 à 10 h 50 min

    1. Benjamin

      Bonjour,
      Quand on est pas parisien, puisque c’est notre cas, pas toujours facile de trouver des routes qui se prêtent à la fois à un essai et à des photos. Du coup l’Autodrome est très pratique quand on a une auto à essayer en région parisienne.
      Du coup, l’invitation à sortir de Paris… on aime déjà pas y aller, donc ça va 😉
      Regardez nos autres essais, vous comprendrez !

      Répondre · · 15 juin 2022 à 16 h 55 min

  5. DI GIORGIO Gino

    Bonjour. Super l’article. Je me suis régalé. A savoir que je suis propriétaire de petit trésor car j’ai pu m’acheter en travaillant très dur toutes les séries dont deux Abarth (série 4 et 5). elles ne roulent pas toutes puisqu’il faut que je restaure la 1 / 2 / 3 / 5 / 6. A bientot j’espère. Cordialement. Gino.

    Répondre · · 9 août 2023 à 22 h 26 min

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