[Acheter Une Voiture Ancienne] Gare à la surchauffe du marché

Publié le par Thibaut Perez

[Acheter Une Voiture Ancienne] Gare à la surchauffe du marché
Retroencheres 2-

La pandémie du COVID19 laissait présager d’un relatif désintérêt pour le marché des voitures anciennes. On imaginait que les préoccupations du moment – la perspective d’une pandémie longue et douloureuse – décourageraient les amateurs de belles autos. Il n’en est rien.

Aux Etats Unis, l’indice Hagerty, qui y fait référence, a ainsi pris plus de 10% au cours des quatre derniers mois. Les
cotes des anciennes, et notamment des véhicules les plus abordables, sont à leur plus haut depuis plus de quatre ans. En France, c’est surtout les prix des youngtimers qui s’envolent. Ainsi l’indice Youngtimers de News d’Anciennes (« young’ ») a progressé de près de 5% de la fin 2020 jusque mars 2021 et encore début juin on atteignait les +7 %.

Les anciennes s’imposent comme de véritables valeurs de placement

L’appréciation mondiale des cotes des voitures anciennes s’inscrit dans un contexte macroéonomique favorable. Les marchés financiers et les investisseurs anticipent un rebond
important de la croissance et des perspectives commerciales. Les banques centrales continuent de soutenir largement les économies, avec un accès aisé au crédit. Et c’est tout naturellement que les investisseurs se portent vers les voitures anciennes…

Il est loin en effet le temps ou l’achat d’une ancienne relevait du placement exotique, presqu’hasardeux. Le marché a muri, l’évaluation des véhicules est de plus en plus précise. Les
outils pour acheter et vendre les voitures de collection se sont améliorés, notamment du fait de la crise sanitaire, par exemple avec le développement des plateformes de vente en ligne.

Enfin le marché bénéficie de l’arrivée d’une nouvelle génération de véhicules de collection, les voitures des
années 90, qui n’ont pas fini de faire rêver les investisseurs.
Ainsi, le rebond actuel des cotes des anciennes obéit à une certaine logique.

La transition du thermique à l’électrique, un facteur de risque pour le marché des voitures de collection ?

Certains facteurs incitent cependant à la prudence. Il y a bien sur le risque d’une x-ème vague du coronavirus, qui pourrait conduire à un ralentissement du négoce automobile. Mais ce sont surtout les évolutions technologiques radicales de l’industrie automobile qui pourraient avoir des effets
importants sur le marché des anciennes.

La Commission européenne vient ainsi d’interdire la vente
de véhicules neufs à essence ou diesel, pour 2035. Certains pays (Irlande et Danemark) et certaines métropoles (comme Paris) ont avancé cette interdiction à 2030.

Comment le marché des anciennes réagira-t’il à cette transition radicale ? Rien n’est moins sur.

Il pourra s’adapter grâce à la généralisation du retrofit (passage des voitures anciennes en motorisation électrique). Il pourra aussi bénéficier du charme de l’ancien (et de l’essence), les moteurs électriques n’ayant pas la beauté mécanique et sonore de leurs équivalents thermiques.

Mais il pourrait souffrir aussi, avec une hausse prévisible du prix de l’essence et une raréfaction des prestataires capables d’entretenir les moteurs à combustion – et ce dès les prochaines années. Les incertitudes juridiques qui entourent le statut futur des véhicules anciens en Europe amplifient ce
facteur de risque lié à la transition électrique.

Acheter au juste prix

Il convient cependant de rester optimiste pour l’avenir. Gageons que des compromis seront trouvés pour assurer l’avenir du parc automobile de collection. Instrument de placement et objet de passion, la voiture ancienne a de beaux jours devant elle.

Mais en même temps, sachons acheter avec prudence. La rareté et le bel état d’une ancienne ne justifient pas d’en surpayer l’acquisition. Face à la flambée des prix sur certains modèles, notamment youngtimers, il convient de savoir rester patient.

Le marché des anciennes n’a pas fini sa mutation et est volatile par nature. Dans ce contexte, il faut se défier de la surchauffe des passions et privilégier les modèles dont la cote n’a pas déjà atteint le firmament. Pour les autres voitures devenues inaccessibles, la patience doit rester de
mise dans le contexte actuel.

Thibaut Perez est un économiste amoureux des belles automobiles. Lui-même collectionneur il restaure ses autos et il est à l’origine, avec deux amis, de Rétroenchères, une marketplace européenne dédiée aux véhicules de collection.

Thibaut Perez

https://retroencheres.fr/

Thibaut est un des fondateurs de Rétroenchères et contribue à News d'Anciennes depuis l'automne 2020. Acteur du monde de la vente d'anciennes, il nous propose de nous intéresser au marché du véhicule de collection dans notre rubrique Acheter une Ancienne.

Commentaires

  1. Robert

    Vous incitez à juste titre à la prudence concernant l’ acquisition d’un véhicule ancien. Face à l’évolution prévisible de la circulation automobile (restrictions, passage à l’électrique entre autres) les anciennes devront lutter pour maintenir leurs conditions de circulation…
    La hausse de certaines cotes des véhicules de collection risque de ne pas durer…

    Répondre · · 25 novembre 2021 à 12 h 03 min

Répondre à RobertAnnuler la réponse.

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