[Auto-Radio] Piste 1 : EMKA, quand le manager des Pink Floyd a créé son écurie et sa Groupe C !

Publié le par Benjamin

[Auto-Radio] Piste 1 : EMKA, quand le manager des Pink Floyd a créé son écurie et sa Groupe C !

Nouvelle rubrique sur News d’Anciennes. En 2024, dans Auto-Radio on va revenir sur quelques histoires qui mêlent des musiciens et chanteurs et nos chères voitures anciennes. On va commencer avec une histoire méconnue. Parce que Steve O’Rourke n’a jamais été sur le devant de la scène. Parce qu’il n’était « que » le manager des Pink Floyd et que quand on parle d’automobile et du groupe, on pense à Nick Mason. Mais O’Rourke aussi a couru au Mans. Mieux, il y est aussi allé avec la voiture qu’il avait lui même créé.

Mason et O’Rourke passionnés de sport mécaniques

Retour en 1966. Un groupe de Cambridge change son nom. Tea Set devient The Pink Floyd Sound qui évolue vite en Pink Floyd. Le groupe composé de Richard Wright (aux claviers), Nick Mason (batteur) et Syd Barrett (guitare, chant et surtout composition) connaît un premier succès en 1967 avec son premier album The Piper at the Gates of Dawn. Sauf que Syd Barrett, consommateur de LSD est atteint de dépression, de délires et qu’il est bientôt incapable de jouer sur scène, en studio ou même d’écrire. Il est exclu par les autres membres du groupe. David Gilmour prend sa place.

Avec Barrett, Peter Jenner et Andrew King, les producteurs des Pink Floyd s’en vont aussi. Arrive alors Steve O’Rourke, comptable de son métier, qui reprend le flambeau et produira désormais le groupe avec sa société nouvellement créée : EMKA Productions qui est baptisée d’après le nom de sa première fille : Emma Kate.

Pendant les tournées on peut imaginer sans problèmes qu’on discutait de musique, mais aussi de voitures. Du moins entre Mason et O’Rourke, voire avec quelques participations de Gilmour à l’occasion.

Pink Floyd a pris son envol musical et nous voilà maintenant en 1978. Waters lance The Wall. Le projet musical est complexe, mais la série de concerts encore pire ! Il faut la préparer… et entre temps les amateurs de sport auto vont pouvoir approcher leurs idoles musicales. Finies les discussions dans les loges, on passe aux choses sérieuses. Le succès débloquant du budget, les deux passionnés entrent dans la cour des grands.

En effet aux 24h du Mans 1979, Mason est au volant d’une Lola T297 tandis que son manager est au volant d’une 512 BBLM. Ils finiront tous les deux, respectivement 18e et 12e.

Tous deux vont s’engager sur bien des courses en 80, notamment au printemps, entre les dates de Los Angeles et Londres (la logistique est tellement énorme que le groupe préfère jouer plusieurs fois au même endroit). Aux 24h ils repartent sur les mêmes autos, Mason termine 22e et O’Rourke juste derrière à la 23e place. Déjà, la voiture est marquée du nom de EMKA.

EMKA, l’écurie de course

Pour l’année 1981, O’Rourke lance sa propre écurie. Sans trop de surprise, elle s’appellera elle aussi EMKA et engagera une BMW M1 et pas uniquement aux 24h du Mans. Si la voiture abandonne à Monza, au Mans et à Watkins Glen, elle est cependant 2e à Silverstone (avec Bell et Hobbs, excusez du peu) et 3e à Brands Hatch (avec Bell et Craft).

Mason court moins de courses, et n’est pas au départ du Mans. Par contre au Tourist Trophy et pour la première fois retrouve le batteur de Pink Floyd et son producteur associés sur la même voiture.

En 1982, Mason sera un pilote EMKA. Les deux compères partageront le volant de la M1 à Silverstone pour une 16e place et au Mans pour une expérience qui se solde par un abandon sur une défaillance moteur après 266 tours tout de même. S’ils avaient passé la ligne, ils auraient été classés.

Ce revers relatif ne signe pas du tout la fin de l’aventure. O’Rourke et EMKA préparent la suite… et un vrai changement d’échelle.

EMKA le constructeur

En 1983 EMKA lance sa C83/1. Il s’attaque avec cette auto directement à la catégorie reine, le Groupe C « 1 ». C’est Len Bailey, un des ingénieurs châssis de la GT40, puis pilier du J.W. Automotive qui dessine l’auto. Le châssis est un monocoque en alu, fabriqué par Maurice Gomm. La carrosserie provient de chez Protoco, spécialiste de la fibre de verre.

Pour le moteur, Bailey fournit une version préparée du V8 Aston Martin de 5.3 litres de cylindrée. L’alternateur, la pompe à eau et l’allumeur sont déplacés pour permettre un effet de sol parfait sous l’auto. Cela n’empêche pas la mécanique de sortir 570 ch et de propulser la voiture jusque 350 km/h !

Tiff Needell et Jeff Allam épauleront O’Rourke lors de la première sortie de la voiture. Ces1000km de Silverstone, se soldent par un abandon.

La deuxième sortie c’est le grand bain. Les 24h du Mans 1983. Cette fois ce sont Needell et Nick Faure qui épauleront O’Rourke. Qualifiée 25e, la EMKA C83/1 Aston Martin rouge ne termine que 17e, à 95 tours des vainqueurs sur leur 956 ! Une belle performance pour la deuxième sortie de la voiture.
Mason aussi de la partie, mais pas chez EMKA. Il court sur une Dome, mais ne voit pas l’arrivée.

C’est la seconde mais également la dernière sortie de l’auto pour l’année 83. Cette année-là, on fait profil bas et on se concentre sur l’album « The Final Cut », en fait une création de Roger Waters et pas vraiment une œuvre de Pink Floyd. On ne revoit pas pour autant d’EMKA, ni de O’Rourke en piste en 84. Le nouveau règlement sur la consommation fait que l’auto a besoin de grosses modifications, surtout son moteur qui n’est pas une vraie pièces prévue pour la compétition.

1985 : place à la EMKA 84/1

On continue le travail pendant cette absence des circuits. Le but est de revenir, plus fort, avec des modifications importantes. Parmi les modifications apportées à l’auto : la fin de l’effet de sol. On revoit par conséquent toute la carrosserie, notamment avec un aileron plus haut pour plus d’appui et la suspension arrière. Le moteur est adapté mais c’est toujours le V8 Aston.

Comme en 83, la saison 1985 de la EMKA 84/1 (ne cherchez pas pour le nom de l’auto) commence à Silverstone avec O’Rourke, Needell et Evans pour un abandon.

Aux 24h du Mans on recompose l’équipage de 83. Cette fois l’équipe se qualifie 13e, derrière les Porsche et Lancia, mais devant les Jaguar ! En course ce sera la même chose. L’équipage boucle les 24h en 338 tours et termine 11e. Seules l’énorme armada de Porsche 956 (aux 5 premières places) et les deux Lancia LC2 (qui voient l’arrivée, une fois n’est pas coutume) sont devant !

Malgré cette belle perfs, les deux sorties suivantes se solderont par des abandons. Aux 24h du Mans 1986 l’auto est pré-engagée mais finalement elle ne se montera pas.

EMKA redeviendra une « simple » écurie

O’Rourke fera ensuite une grosse pause sur les événements internationaux. Mais on le reverra en piste. 93 et 95 seront des années avec peu d’engagements. En 96 il court sur une 911 GT2, engagée sous son nom, et voit rarement l’arrivée (y compris au Mans). L’une d’elles c’est aux 4h de Silverstone, avec Holmes… et Mason pour sa dernière course internationale. En 1997 le nom de EMKA fait son retour mais sans résultats significatifs.

En 1998 c’est une McLaren F1 GTR qu’engage l’équipe. Elle signe de très beaux résultats en British GT mais surtout elle amène O’Rourke, Sugden et Oberlen à la 4e place des 24h du Mans (elle est officiellement engagée par le Gulf Team Davidoff). La McLaren sera encore au départ de nombreuses courses nationales en 99 mais la suite des engagements de O’Rourke et EMKA se fera en Porsche Cup jusqu’en 2003.

C’est le décès de Steve O’Rourke en 2003 qui va en fait signer la fin de l’aventure EMKA. Par contre, ce sera l’occasion pour les musiciens du groupe de se reformer après des années loin les uns des autres.

Au niveau des courses historiques, la EMKA 84/1 est, elle, toujours en course. On l’a par exemple croisée au Mans Classic 2016, 2018 ou à Silverstone Classic 2016.

Côté Auto-Radio, on vous donne rendez-vous le deuxième dimanche de Février avec une musique bien plus disco.

Photos complémentaires : Luc Joly, Les24heures.fr

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. nounours8529

    tres interessant ce reportage merci Benjamin et meilleurs voeux

    Répondre · · 15 janvier 2024 à 14 h 42 min

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