Une petite auto, racée, avec un 6 cylindres sous le capot. La Triumph GT6 aime se faire remarquer ! Cette auto peut faire penser à une Spitfire en version coupé… mais elle est beaucoup plus que ça !
Une idée pour deux autos
La Spitfire c’est la petite voiture de sport sympa de la marque Triumph. Elle sort en 1962 avec un petit 4 cylindres de 1147 cm³. D’ailleurs son nom officiel c’est la Spitfire4. Très tôt le constructeur anglais veut compléter son roadster avec une version coupé qui s’appellerait la GT. Fin 1963 l’auto est prête mais ne répond pas vraiment aux desiderata de la marque. Clairement, le surpoids entraîné par le toit est de trop pour le petit moteur. Celle qui aurait dû être la Spitfire GT4 est vite abandonnée… mais l’idée n’est pas enterrée.
En fait les ingénieurs de la marque apprécient le travail de l’italien et en particulier le gain aérodynamique. Du coup les voitures de course de la marque se parent de ce toit, réalisé en fibre de verre. Si en 1964 elles se comportent bien, elles frappent un grand coup en 1965 quand elles font le doublé dans leur classe aux 24h du Mans (même si ce sont les deux dernières voitures classées).



Pour autant on a pas abandonné l’idée de « capsuler » la Spitfire. Le développement de la GT reprend une fois les succès des versions de compétition acquis. Le poids doit être compensé ? Pas de souci, Triumph dispose alors d’un petit 6 cylindres en ligne, celui de la Vitesse. Avec 2 litres et 95ch c’est presque 30ch de plus que la Spitfire4 MkII. On décide donc d’en équiper la nouvelle auto.

La Triumph GT6 fait son entrée
En 1966 la GT apparaît. Si on a pensé à l’appeler Triumph Spitfire GT6, au final c’est juste Triumph GT6 qui est retenu et c’est plutôt logique. Contrairement à bien des idées reçues, les autos sont en fait bien différentes.
D’abord par le moteur, évidemment, mais pas seulement. La longueur du moteur entraîne de grosses modifications de la carrosserie, plus longue dans sa partie avant. Le capot gagne aussi un renflement pour caser le moteur. Au final la Triumph GT6 partage peu de pièces avec la Spitfire même si la filiation stylistique est plus qu’évidente.
Côté châssis elle est, comme la Spitfire, basée sur la Vitesse. Néanmoins le moteur plus lourd a nécessité des suspensions plus costaudes à l’avant. L’arrière a gardé la même architecture (et c’est important).
Avec son hayon à l’arrière, son capot long et son arrière fastback, certains la qualifient de Type E du pauvre. Pour autant la Triumph GT6 ne joue clairement pas dans la même catégorie. Sa concurrente c’est plus la MG B GT mais cette dernière s’incline au niveau des performances, elle n’a pas encore reçu le V8.



Du côté de Triumph, on sait bien que l’auto n’a presque rien à voir avec les autos du Mans… mais on joue la confusion au niveau du service marketing en multipliant les parallèles. Et ça marche ! L’auto se vend plutôt bien.
Certes elle est plus chère que la Spit’ mais cela permet d’avoir deux autos pour deux clientèles. Les jeunes auront le petit roadster à 4 pattes, les clients plus aisés peuvent se payer la GT6. Ça se voit d’ailleurs à l’intérieur avec une présentation soignée, de nombreux compteurs ronds et une planche de bord en bois.

Elle est appréciée mais elle n’est pas parfaite. Les 865 kg (165 de plus que la ptite sœur) se ressentent avec un vrai sous-virage. Le train arrière n’arrange rien avec sa conception « rustique » : il est monté sur un essieu à ressort transversal, pratique, peu cher, mais on a vu mieux côté sport.
Néanmoins en deux ans ce sont 15.818 autos qui sortent avant son remplacement.
La Triumph GT6 Mk2
Les problèmes de train arrière sont suffisamment montrés du doigt pour qu’on réagisse dès 1968 (modèle 1969). On ajoute des coupleurs rotoflex qui assagissent le comportement. Techniquement on en profite pour doper le moteur avec une nouvelle culasse, un nouvel arbre à cames et de nouveaux collecteurs. Résultat : la puissance passe à 104ch.
La Triumph GT6 évolue aussi au niveau du style. Pour répondre aux normes de sécurité américaines, comme la Spit’ Mk3, la GT6 Mk2 (appelée GT6+ aux USA) réhausse son pare-chocs. L’avant est bien changé dans la bataille.





L’intérieur est revu, au niveau de sa présentation mais aussi pour sa ventilation et son ciel de toit qui vire au noir.
Plus sportive, la Triumph GT6 Mk2 continue de séduire. Entre 1968 et 1970 ce sont 12.066 voitures qui sont vendues. C’est moins que la Spit’, c’est plutôt bon… mais c’est quand même légèrement en deçà des attentes.
La Triumph GT6 fait la passe de trois
En 1970 c’est donc la Mk3 qui arrive. Cette fois les changements techniques sont inexistants. Par contre, niveau stylistique la refonte est profonde. On s’aligne en fait sur les évolutions apportées à la Spitfire Mk4. Au programme : un avant lissé avec une calandre désormais ouverte sous le pare-chocs et le bossage de capot est plus musclé. Sur les flancs on intègre mieux les poignées de porte. Mais surtout l’arrière est tronqué, un peu à l’image de ce qui se fait sur la Stag qui apparaît la même année.



La carrière continue, toujours trop tranquillement pour la marque. La Triumph GT6 est légèrement modifiée en 1973, encore au niveau du train arrière. Malheureusement les normes antipollution américaines demandent elles aussi une modification, au niveau du moteur qui tombe de 105 à 89ch une fois dépollué ! C’est le dernier millésime de l’auto.
Après 13.042 de cette troisième mouture, la Triumph GT6 est retirée du catalogue alors que sa concurrente MG B GT reçoit le V8 et continue sa carrière.
La Triumph GT6 de nos jours
Ce petit coupé n’est pas si courant mais reste aimé ! Une auto de spécialiste, plus performante et plus douce que la Spitfire. Forcément elle est plus rare, donc plus chère. Les moins recherchées sont les premières, qu’on trouvera en très bon état pour à peine plus de 10.000 €. Les autres modèles se valent, avec des valeurs autour des 16.000 €.
Attention cependant, tout ce qui ressemble à une Spitfire avec un toit n’est pas une GT6 ! Des hard-top ont existé et ces auto par exemple ne sont pas une Triumph GT6 (regardez le capot pour vous en convaincre).


Allez, on termine avec quelques photos supplémentaire de cette belle auto.










Photos supplémentaires : Amicale Spitfire, RM Sotheby’s
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