Rouler en ancienne, c’est la promesse d’un moment d’émotions, d’aventures, de liberté, de lâcher prise et de découvertes. Samedi 15 mars, Sport Auto et Handicap 2025 proposait à une centaine de conducteurs de partager tout cela avec des personnes en situation de handicap sur l’anneau mythique de l’autodrome de l’UTAC Montlhéry.
Sport Auto et Handicap en bref
Cela fait maintenant 15 ans qu’est né Sport Auto et Handicap. Une journée de roulage caritative organisée à l’initiative de l’Ordre de Malte et l’Ordre de Saint Jean en partenariat avec l’autodrome de l’UTAC Montlhéry et l’Automobile Club de France. Le plateau sélectionné est composé d’une centaine de voitures et est réservé aux modèles antérieurs à 1995. Seules quelques GT modernes font exception mais on ne s’en plaindra guère !
Préchauffage
L’autodrome ouvre ses portes dès 8h. Les voitures des participants sont guidées vers la prégrille. Elle sont, certes, épargnées par la pluie mais la température ne dépasse pas les 4°C. Cela devrait éloigner le risque de surchauffe des moteurs. Les pilotes vont alors se réchauffer auprès des barnums où les bénévoles de Sport Auto et Handicap ravitaillent généreusement tout le monde en café.





J’aperçois alors les copains de l’Equipe Los Amigos. Ces-derniers préparent leur bolide. Ce sont eux qui m’ont convié à venir découvrir Sport Auto et Handicap 2025 (une première pour News d’Anciennes d’ailleurs). Pour cette occasion, Antoine et Xavier sont venus avec la D.B HBR4 du grand-père d’Antoine. A son volant, Gérard Laureau remporta l’indice de performance aux 24h du Mans en 1960 et 1961 ! Une fabuleuse auto qui participa à la même époque aux 1000 km de Paris ici à Montlhéry. Retrouvez son histoire et son essai :
Une fois en route, la mécanique Panhard de la petite D.B se fait très vite remarquer. L’échappement est pour ainsi dire très libre et singulier. Une sonorité qui attire tous les regards et génère instantanément une multitude de sourires.





Briefing et warm up
A 9h15, les participants de Sport Auto et Handicap 2025 se mettent à l’abri du froid en salle de briefing. Blaise et Patrick, les représentants de l’Ordre de Malte et de Saint Jean, rappellent aux pilotes les objectifs de la journée : « offrir ce que nos maisons ont de mieux et remplacer la contrainte par le frisson et le plaisir« . La ligne de conduite est simple, faire découvrir aux bénéficiaires le monde des voitures de sport et en faire une démonstration sensationnelle sur la piste.
Puis, ce sont les membres de l’UTAC et le directeur de course qui prennent le micro pour énoncer les règles de sécurité. Ils nous rappellent aussi le fonctionnement d’un anneau de vitesse. Plus une voiture va vite, plus l’effet centrifuge la fait remonter sur la partie extérieur de l’anneau. Celui de Montlhéry est aujourd’hui le plus incliné d’Europe avec un angle à 52°. Le circuit de 3.405m ne comprend pas le routier mais il est déjà suffisamment technique. Il emprunte la moitié de l’anneau entrecoupé de quatre chicanes dont deux successives. Entre deux chicanes les Porsche et Lamborghini modernes devraient rapidement prendre de la hauteur, ce qui est moins certain pour les plus petites cylindrées et mécaniques plus anciennes.



Avant l’arrivée des bénéficiaires, les pilotes partent pour deux tours de reconnaissance derrière la safety car. A l’entrée de la pitlane, le commissaire de piste contrôle le bon fonctionnement des clignotants mais aussi que les vitres soient fermées et que le casque soit bien sanglé. Ensuite, place à l’action !





Le cœur de Sport Auto et Handicap
Les bénéficiaires de cette journée Sport Auto et Handicap sont pour la majorité des résidents provenant de maisons d’accueil d’Ile de France. Les bénévoles les accueillent comme de véritables seigneurs et les équipent avant d’embarquer sur la piste. Une organisation très fluide qui permet aux voitures du plateau d’enchainer les tours et de multiplier les baptêmes tout au long de la matinée.



« Les voitures anciennes sont odorantes et vibrantes par définition. Elles permettent aux personnes en situation de handicap de réaliser que beaucoup de leurs sens fonctionnent parfaitement. Cela déclenche souvent en eux des émotions fortes. Cet échange, verbale ou non, entre passager et conducteur procure à chacun beaucoup d’allégresse. » – Blaise, membre du comité d’organisation de Sport Auto et Handicap et membre de l’Ordre de Saint Jean.



Sur l’anneau, les vitesses passages sont assez variées du fait de l’éclectisme des voitures en piste mais aussi parce que c’est le copilote qui donne le rythme. Plus ce-dernier se sentira à l’aise, plus le pilote pourra libérer la cavalerie.



Entre deux sessions, une retardataire fait une arrivée remarquée. La seule avant-guerre de cette édition 2025 de Sport Auto et Handicap n’est autre qu’une Aston Martin type Le Mans de 1934. Son moteur n’atteint pas les 1,5L. Pourtant cette mécanique n’a rien de ridicule car la doyenne sait se montrer très vive sur la piste de Montlhéry ! Sous sa planche de bord, on peut apercevoir des plombs siglés de l’ASI. Cela signifie que cet exemplaire a très certainement un historique de course aux 1000 Miglia.





Retour au calme
La pause méridienne donne l’occasion au public de tourner autour des voitures et d’échanger avec les pilotes sur l’histoire de ces belles anciennes. Un parent me confie qu’après les sensations fortes de la matinée, son fils est en quête d’un bolide plus modéré : « Ce matin, il a fait un tour en Porsche et ça l’a un peu impressionné. Mais il m’a aussi dit que c’était le tour qu’il avait préféré !«
Tout au long de la journée, de jeunes bénévoles vendent des tickets pour la tombola de fin d’après-midi. En attend le tirage, Maître Jean-Pierre Osenat anime une vente aux enchère avec divers lots issus de l’univers de l’automobile.
La fin de la vente à 14h30 signe la reprise du roulage. Cette fois-ci les baptêmes sont aussi ouverts aux spectateurs qui en échange d’un don, peuvent embarquer pour une expérience unique sur le circuit de Montlhéry. En effet, Sport Auto et Handicap est un événement dédié à ses bénéficiaires mais aussi ouvert aux familles et amis.





Changement de point de vue
Je saisis alors l’opportunité de monter à bord de la Facel Vega de Edouard. Une Facel II de 1962 dont le dessin exquis ne semblait pas prédestiner cette GT à la course. Pourtant, sous cette élégance incontestable, se cache un moteur V8 Chrysler de 6.769 cm3 d’une puissance de 400 ch. Malgré les 1.660 kg de la Facel, la GT révèle d’étonnantes performances et sensations en piste. Après un tour de chauffe, Xavier demande à Edouard : « Met le pied dedans pour voir ?« . En sortie de chicane, l’aiguille du compteur décolle littéralement d’un coup. L’accélération est franche et pleine de volupté.
C’est aussi l’occasion pour moi de découvrir un autre point de vue de Montlhéry. Le circuit passe à l’extérieur de l’anneau et laisse apparaitre son impressionnante structure. A l’intérieur de l’anneau, l’expérience parait irréelle : des voitures nous doublent et semblent à la verticale plusieurs mètres au dessus de nous. Stupéfiant !





Lors de ce Sport Auto et Handicap 2025, je fais la rencontre tout à fait par hasard de Frédéric. Il n’est autre que le fils de mon ami Jean-Luc qui m’avait fait découvrir la marque D.B avec l’essai de son coach HBR5 il y a maintenant 9 ans. Le courant passe tout de suite très bien et il me propose un baptême à bord de sa Matra Bonnet Djet 5 de 1966.
La philosophie de la petite bombinette est toute autre que la Facel : moteur Renault de 1108 cm3 en position centrale arrière, kit ailes larges, carrossage positif. En sortie de pitlane Frédéric lance la Matra et fait rugir le moteur. A chaque courbe, le Djet ne décolle pas et reste plaqué à la piste. La vitesse de passage entre les chicanes est saisissante et il me faut sérieusement me caler au fond du baquet pour résister aux accélérations.
Frédéric me partage son ressenti : « Elle pourrait passer beaucoup plus fort mais elle sort de révision et je dois rentrer par la route ce soir« . Derrière une DS pousse fort et finit par nous passer. En sortant du circuit, il remarque que de la gomme s’est déposée sur le rebord des ailes arrières, comme lors d’une course. Et oui, dans Sport Auto et Handicap, il y a bien Sport Auto !








Sport Auto et Handicap c’est fini
Vers 16h la tombola annonce ses gagnants tandis que certaines voitures continuent inlassablement de tourner en piste. A 17h30, il faut se résoudre à mettre fin au roulage et à cette belle journée caritative et sportive. Les commissaires de piste et les bénévoles, qui malgré le froid ont tenu leurs postes toute la journée avec le sourire, vont enfin pouvoir se reposer et se mettre au chaud. C’est aussi l’heure de la remise du trophée de la « meilleure voiture et conducteur ».
Cette édition de Sport Auto et Handicap 2025 est un formidable succès. Bénéficiaires, pilotes, bénévoles et accompagnants ont pu passer une journée exceptionnelle sous le signe du partage et de la passion. Bravo aux organisateurs et vivement les prochaines éditions ! Pour cela rendez-vous le samedi 14 mars 2026 !
Merci à l’Ordre de Malte, l’Ordre de Saint Jean et à l’autodrome de l’UTAC Montlhéry pour leur accueil chaleureux. N’hésitez pas à prendre contact avec eux si vous souhaitez devenir partenaire des futures éditions de Sport Auto et Handicap. Merci également à Xavier, Edouard et Frédéric pour ces expériences fabuleuses en piste !































berson alain
un reportage très sympa, bravo
· · 29 mars 2025 à 10 h 13 min