Roadbook d’Anciennes #35 : Route des Alpes du Großglockner : Au sommet du plaisir de conduire

Publié le par Alexandre Pierquet

Roadbook d’Anciennes #35 : Route des Alpes du Großglockner : Au sommet du plaisir de conduire

Alexandre Pierquet est l’auteur de plusieurs guides qui permettent aux collectionneurs de voitures anciennes de vivre de beaux voyages en voiture ancienne. Dans Roadbook d’Anciennes il nous fait découvrir des routes remarquables à découvrir à son rythme et en ancienne. Les autres épisodes sont par ici.

Les Alpes n’ont pas de frontières, quel que soit le pays : France, Italie, Allemagne, Suisse ou Autriche les itinéraires sont tous spectaculaires. Partons pour un roadtrip qui fait rêver, une route aux paysages de cartes postales, sublimés par le plaisir de conduire sur la plus haute route d’Autriche.

Du haut de ses 3.798 mètres, le Großglockner s’entend de la Carinthie au Tyrol Oriental.

Son sommet est recouvert de 180 km² de glace et offre une vue à couper le souffle sur le parc national des Hohen Tauern, la plus grande réserve naturelle des Alpes.

Avec pour point de départ le village de Heiligenblut, dont on distingue au loin la silhouette de son clocher en pointe, le village invite à s’y attarder. On y trouve des auberges et des fermes en rangs resserrés, dont la plupart sont vieilles de 500 ans. L’église est connue pour son pèlerinage et sa crypte, qui abrite une fiole avec un peu de sang du Christ. Un lieu de culte à visiter aussi pour son triptyque et son autel érigé en 1520 considéré comme l’ouvrage gothique de sculpture sur bois le plus précieux des Alpes.

Une histoire étroitement liée aux sports mécaniques

La route fut construite entre le 30 août 1930 et le 3 août 1935, en suivant en partie le tracé d’un ancien sentier et celle d’une voie romaine. « Grâce » à la crise économique des années 1930, c’est une armée de 3.200 ouvriers qui fut embauché pour mettre en œuvre le chantier, lequel n’avait jamais pu être réalisé faute d’argent. Le salaire d’un ouvrier du projet était trois fois supérieur à celui d’un enseignant. Malgré ce contexte, son coût de construction fut moins cher que prévu, ce qui permit de faire la bifurcation de la Franz-Josephs-Höhe, donnant accès au glacier du Pasterze. Sur le tracé principal la route traverse le Hochtor par un tunnel de 300 mètres de long. C’est en creusant ce tunnel que l’on découvrit en 1933, une statuette antique d’Hercule.

Depuis l’ouverture en 1935, la route est devenue plus large et plus sûre. Ses infrastructures se sont enrichies au fur et à mesure des années par des expositions artistiques, des musées, des refuges et des auberges de montagne. Des points d’information décrivent le monde de la montagne avec sa faune et sa flore.

Le Großglockner Grand Prix

Cette route alpine est depuis sa création un lieu d’évènements motorisés à commencer par le grand prix de 1935 organisé au lendemain de l’inauguration (gagné par une Alfa Romeo P3 en 14 minutes).

Grohag Historisch-

Plusieurs éditions auront lieu par la suite en 1938 et 1939, puis des éditions revival de 2012 à 2017.

En 1938, la route est aussi utilisée pour tester les prototypes et c’est la Coccinelle de l’ingénieur Ferdinand Porsche qui se lance à une vitesse moyenne de 34 Km/h (21 minutes). Aujourd’hui encore les constructeurs et les magazines automobiles font des tests routiers et des reportages photos.

Großglockner Hochalpenstraße La route 107

Au départ la route est encadrée de forêts puis au fur et à mesure de son altitude elle se dégarnit pour se fondre harmonieusement dans le paysage.

Les points de vue s’étendent à l’infini comme une mer démontée, dont les vagues sont symbolisés par les montagnes, avec pour écume ses sommets blancs.

Chaque kilomètre et ces 36 virages en épingle à cheveux se savoure pour accéder au sommet. En prenant de la hauteur, le temps se rafraichit accentuant plus encore l’ambiance de se trouver dans un autre monde, sur une planète inconnue. Le final se fait sur des virages pavés qui donnent du grip à votre véhicule.

De là le Pasterze, long de neuf kilomètres vous domine dans un panorama lunaire. C’est une invitation à aller vous dégourdir les jambes par un sentier de randonnée, qui vous plonge au milieu des marmottes et des bouquetins. De retour au sommet, le centre d’accueil vous attend avec des expositions (dont quelques véhicules de collections).

Pour profiter du plaisir de conduire, un conseil : l’idéal est de partir tôt le matin afin d’éviter la foule de randonneurs, de bus, de motos et de vélos…

En Pratique

Départ : Heiligenbult
Arrivée : Wildpark Ferleiten

Ouvert de mai à octobre

Cette route privée (péage 37,50 €), est la deuxième curiosité touristique la plus visitée du pays.

La portion entre Ferleiten et Heiligenblut est fermée pendant l’hiver. Des hauteurs de neige de plus de dix mètres ne sont pas rares, le record est de 21 mètres en 1953. Les dates de fermeture d’hiver dépendent des conditions.

Quatre fraiseuses rotatives Wallack sont en service depuis 1953. La route est également fermée durant la nuit. Les deux stations de péage sont ouvertes entre 5 h et 21 h 30 en haute saison entre 6 h et 20 h en basse saison et entre 6 h et 19 h 30 en automne.

Une bifurcation donne accès à la Franz-Josephs-Höhe (2369 m), avec vue sur le glacier du Pasterze, on y accède par un funiculaire. Depuis le belvédère on peut observer des marmottes de très près en contrebas et au loin des bouquetins.

Un autre embranchement permet d’accéder à l’Edelweißspitze, (2571 m) qui est le point culminant des routes du massif et son panorama formé de 37 sommets de plus de 3000 mètres et 19 glaciers.

Le long du trajet principal, on trouve de nombreux points d’arrêt avec des attractions comme : la maison de la nature alpine à 2260 m, le Hochtor (2504 m), point culminant du chemin employé autrefois par les Celtes – 25 minutes de marche en août descente par un toboggan de neige, Fuscher Lacke à 2262 m de l’autre côté du tunnel du Hochtor : une exposition sur la construction de la route.

Achtung ! Même en été prévoir des vêtements chauds, au moins votre voiture ancienne ne risque pas de chauffer.

Lancien poste de peage Guttal-
L’ancien poste de péage « Guttal », y compris la station-service, a été reconstruit dans le musée en plein air de Salzbourg.
Longueur

4/4
Prévoir une journée, cette route de 48 km est un monument historique très fréquenté.
Qualité du revêtement

4/4

Parfait ! on roule sur du velours, les infrastructures sont sécurisées, les aménagements des belvédères pourvus de toutes les commodités.
Panorama

4/4


Des couleurs verdoyantes des forêts aux points de vues sur les Vous avez l’impression que votre voiture est un vaisseau spatial qui navigue entre la montagne et le ciel.
Difficulté

4/4
Soyez vigilant : avant de partir, regardez la météo, elle peut être capricieuse avec un tel dénivelé (2034 m). Sur la route attention aux marmottes (qui sont chez elles), aux vélos qui roulent au ralenti en montée, pendant que les motos déboulent en sens inverse…
Budget

3/4

Votre plaisir n’a pas de prix, le péage lui, n’est pas donné.

Alexandre Pierquet

Alexandre est un passionné de véhicules anciens et des belles routes de notre chère France. Il est auteur de plusieurs livres qui vous aideront à les découvrir : le Guide de Voyages en Voiture de Collection et les Belles Routes de France.

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