Rallye de Fougères 2024, l’Histoire Automobile à la rencontre du Cotentin

Chaque année, c’est toujours avec une certaine excitation que nous scrutons nos boîtes mails, dans l’attente d’un message de l’APPF (Association Automobiles et Patrimoine du Pays de Fougères), nous présentant les détails de son événement. Tels des enfants dévorant les catalogues de jouets à Noël, nous rêvons devant chaque le nom de véhicule inscrit. Imaginant ces belles carrosseries dans nos viseurs, le son mélodieux des mécaniques ainsi que les odeurs d’essence. Pour le Rallye de Fougères 2024, comme pour chaque année paire, l’APPF nous entraîne hors des frontières Fougeraises. Et puisque c’est un Trident qui est à l’honneur, rien d’étonnant à ce que la destination soit maritime. Assez d’énigmes, Vincent et moi-même vous emmenons en ballade.

Un Patrimoine Historique et Mécanique comme ADN

Si vous avez suivi les 27 éditions précédentes (on vous propose une séance de rattrapage ici et là), il ne vous aura pas échappé que le principe de base de ce Rallye de Fougères 2024, mêle découverte du patrimoine historique, architecturale et passionnés de belles mécaniques. Le public peut ainsi approcher des automobiles du monde entier, qu’elles soit d’exception ou populaires. Ceci au travers notamment d’une présentation brillamment commentée par le maître de cérémonie, Patrick Rollet, secondé cette année par Guillaume Nédélec.

Ce Rallye de Fougères 2024 se déroulait sur quatre jours, du vendredi 24 au lundi 27 mai. Pour cette édition, le terrain de jeu prenait pour cadre le Nord Cotentin avec pour résidence la ville de Cherbourg et plus précisément la Cité de la Mer. L’ancienne gare maritime transatlantique était le cadre parfait pour mettre en valeur ces « vaisseaux de la route », contemporaines pour l’une d’entre elle du Titanic, du Queen Marie et du France pour les autres. Cerise sur le gâteau, c’est Maserati, la marque au Trident, qui était à l’honneur. Neptune ne pouvait que se réjouir.

Du hangar à dirigeables d’Ecausseville au fort de Querqueville, les participants du Rallye de Fougères 2024 ont pu découvrir les richesses patrimoniales, les routes vallonnées et les paysages fabuleux qu’offre le Nord Cotentin. Présents le samedi et dimanche, mon camarade Vincent et moi-même, avons beaucoup apprécié la qualité du plateau et de l’organisation (avec le soutien efficace des membres de l’AVIV et de l‘ARC 50).

Nature et découvertes

Le samedi matin, nous filons au fort de Querqueville. Les véhicules arrivent par grappes et se stationnent face à la mer. L’image de joyeux bazar n’en est que plus sympathique. On se salue, on s’interpelle, on commente la journée de la veille. Les mines sont réjouies, le soleil brille, bref on est heureux.

Le nez dans le moteur, certains propriétaires profitent de l’arrêt pour réaliser les contrôles d’usage avant de prendre la route. Les curieux arrivent déjà en nombre.

Les phares jaunes de la Rolls-Royce de Philippe attirent mon attention. Sortie des chaînes en 1976, c’est un des derniers exemplaires à la calandre haute. Son châssis long et sa conduite à gauche sans séparation chauffeur, en font un exemplaire très peu courant. Sa livrée bleue et ses optiques renforcent sa classe aristocratique.

Je retrouve Jean au volant de la MGB de Patrick, il me fait l’honneur de m’accepter à son bord pour le parcours de ce matin. C’est toujours un grand plaisir d’échanger avec cet érudit passionné sur l’histoire des lieux ainsi que sur l’organisation de cette Rallye de Fougères 2024.

Les 150 véhicules prennent la route vers la pointe du Goury. L’itinéraire offre un panorama exceptionnel sublimé par une météo ensoleillée. Une longue file d’anciennes s’étale devant nous. La traversée du port du Hable, nous permet la rencontre fortuite de cette Reliant Scimitar, non inscrite au rallye, mais dont j’ignorais l’existence même. Le paysage verdoyant intègre avec perfection la poupe de la Talbot 75/105 Alpine Réplica de 1933. Il arrive même que le cortège se croise nous permettant d’admirer les faces envoutantes d’une Maseratti Sebring, d’une Indy ou d’une Aston-Martin DB2.

Le phare du Goury se profile, avec lui la possibilité d’une première halte. Un cadre qui sied tout a fait à l’Alfa Romeo 6C. Les équipages en profitent pour se désaltérer. Les motards de l’AVIV qui balisent la route font refroidir leurs machines. L’unique bar du port d’Auderville semble un brun désorienté face à l’affluence soudaine de ces clients aux curieuses montures.

Un heure passe et nous reprenons la route pour Beaumont-Hague, où le déjeuner nous attend. Le cortège se disperse quelque peu, suite à des erreurs de lecture du roadbook. Nous nous retrouvons un peu isolés, seulement accompagnés par une MGA venue directement de son pays d’origine. La route reste féérique.

Qu’importe les erreurs les véhicules finissent par se retrouver à l’entrée de Beaumont-Hague. Les anciennes suivent la rue principale où le public, venu au marché hebdomadaire, admire les belles mécaniques.

Le déjeuner promptement avalé, les équipages du Rallye de Fougères 2024 reprennent la route en direction du château de Vauville pour la visite des jardins. Garer les 150 véhicules du Rallye sur le parking me fait penser à une partie de « Tetris » géante…

Finalement tous trouveront une place, même si certains devront se parquer non loin du bord de mer. Une occasion supplémentaire de découvrir l’apprécier la beauté du Cotentin. Le château de Vauville et ses jardins proposent pause aussi rafraîchissante que divertissante.

Locale de l’étape

Cette nouvelle étape nous permet de voir évoluer les anciennes de ce Rallye de Fougères 2024 dans un tout nouveau cadre. A cet instant, c’est la Bugatti Type 57 coach Ventoux qui attire mon regard. A y regarder de plus près, cet exemplaire ne vient pas de si loin puisqu’elle est immatriculée dans le Calvados. L’état manifeste du modèle m’intrigue également. La Bugatti arbore une patine légère. Un doute me traverse, cette voiture de 1935 a-t-elle déjà été restaurée ou bien simplement méticuleusement conservée et entretenue ? Toujours est-il que le ronronnement du 8 cylindres en lignes est un bonheur à entendre et que l’ancienne ne manque pas de chevaux !

Ensuite, le Rallye de Fougères 2024 rentre en direction de Cherbourg, toujours accompagnée par un soleil généreux et sous la bonne vigilance du camion d’assistance.

Le géant des mers

par Vincent

Dimanche matin, les équipages ont quartier libre jusqu’à midi. Le prochain rendez-vous est donné à la Cité de la Mer pour le repas. Un programme et un point de ralliement qui suggèrent aux équipage la visite de ce musée. Parmi les activités possibles (aquarium, sous-marins d’exploration, exposition consacrée au Titanic…), c’est la découverte du sous-marin Le Redouble qui a fait l’unanimité auprès des participants du Rallye de Fougères 2024. Rares sont celles et ceux qui ont fait l’impasse ou qui sont restés de marbre devant le colosse.

Malgré la pléthore de voitures extraordinaires présents à ce Rallye de Fougères 2024, je dois vous avouer que le Redoutable remporte la place de coup de cœur de ce rallye. Le sous-marin le Redoutable n’est pas seulement un musée ou un monument, c’est bien un véhicule ancien et qui appartient à notre patrimoine (non pas roulant mais coulant et flottant). L’APPF peut maintenant se targuer du record du plus grand véhicule ancien jamais vu sur News d’Anciennes. Bon courage aux collègues de la rédaction pour trouver plus atypique !

Un peu d’histoire

L’idée de la construction d’un réacteur militaire nait du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) dès 1951. Les études sont nébuleuses car tout explose sur le projet : les coûts, le tonnage et la difficulté d’approvisionnement en eau lourde. Il faut dire que le projet est sacrément ambitieux. En effet, l’objectif est de disposer d’une propulsion ET d’une force de frappe atomique. Là où les Américains sont parvenus à réaliser cette prouesse en deux temps.

Après un premier prototype, l’Arsenal de Cherbourg lance en 1964 la construction du Redoutable. La mise à l’eau se fait trois années plus tard en présence du grand Charles. Le réacteur diverge finalement en 1969 et le Redoutable entre au service actif en 1971. Il ouvre la voie à cinq autres SNLE (Sous-marin Nucléaire Lanceur d’Engin) du même type : le Terrible, le Foudroyant, l’Indomptable, le Tonnant et l’Inflexible.

Pas mal, c’est français !

La fiche technique du Redoutable est tout bonnement hallucinante. Le mastodonte mesure 128 mètres de long, pour 10 mètres de tirant d’eau et sa masse atteint 9.000 tonnes en plongée. Sous le capot (de la chaufferie), un réacteur de 21.000 ch. La puissance est transmise à l’hélice de sept pales et sept tonnes, dont la forme a été étudiée pour générer le moins de bruits possible en plongée. Car contrairement à ce que disait le commandant Cousteau, la mer n’est pas le monde du silence, tout est sur écoute. La dissuasion nucléaire repose sur discrétion acoustique. Être indétectable, c’est l’assurance de ne pouvoir être contré.

En opération, l’immersion maximale frôle les 300 m de profondeur. La vitesse de déplacement en surface atteint 12 nœuds, pour 23,5 nœuds sous l’eau (43 km/h). Côté armement, le Redoutable dispose de 16 tubes lance-missiles et 12 tubes lance-torpille. Lorsque l’ordre de tir est donné, ce sont les 16 charges qui sont envoyées successivement sur la même cible… Redoutable et terrifiant !

A bord, ce sont 135 membres d’équipages qui se relaient sans interruption pendant des missions de 70 jours. Pour avoir déjà visité des sous-marins comme le Flore à Lorient ou l’Espadon à Saint Nazaire, la place à bord est étonnante. Le Redoutable est le 1^er sous-marin où chaque homme de bord disposait de sa propre couche.

En 20 ans de service, le sous-marin le Redoutable réalisa 1.270.00 km, l’équivalent de 32 tours du monde. Il passa 3.469 jours en mer et totalisa 83.500 heures de plongée.

La Rallye de Fougères 2024 offrait une belle parenthèse par la découverte de ce véhicule exceptionnel. Après le repas, nous retrouvons les voitures dans le superbe hall de la Cité de la mer. Le mélange est grandiose !

Un écrin et une présentation d’exception

C’est maintenant un classique de la Randonnée du Pays de Fougères, après cette matinée libérée, les participants sont conviés à une présentation de leur véhicule au public. Les autos sont regroupées devant le château des Ravallet.

Plus proche finalement du concours d’élégance que de la simple présentation, les véhicules défilent dans la cours du château devant des visiteurs conquis en tous points. Il est vrai que le lieu est idéal pour souligner les lignes élégantes des automobiles. Les commentaires variés de Patrick Rollet et Guillaume Nédélec complètent parfaitement cette mise en scène.

Rallye de Fougères 2024, difficile de faire mieux

Et difficile de conclure sans trop se répéter. Ce Rallye de Fougères 2024 nous proposa, cette année encore, un plateau de rêves et hors du commun. L’organisation demeure sans faille. L’ambiance générale reste bon-enfant et très amicale malgré le prestige de certaines autos qui pourraient nous faire penser à un événement inaccessible. Il n’en est rien. Seule la passion et la partage priment. Enfin, les itinéraires à travers le Cotentin nous laisseront un souvenir impérissable. Bref, le Rallye de Fougères 2024 est un évènement sur lequel on se cultive et l’on rêve.

Message des organisateurs à nos amis lecteurs et propriétaires de modèles populaires : venez vous inscrire ! Vous ne le regretterez pas ! Pour preuves, les quelques moments qui suivent…