Racing Team : Schnitzer, à la gloire de BMW

Publié le par Nicolas Anderbegani

Racing Team : Schnitzer, à la gloire de BMW

En novembre dernier, BMW annonçait à la surprise générale la fin de son partenariat avec le team Schnitzer, après une longue et fructueuse collaboration de plus d’un demi-siècle. Une séparation qui signait par la même occasion la fin de l’aventure Schnitzer en course automobile, laquelle mérite un (modeste) hommage dans les lignes qui suivent.

Débuts… en Fiat !

L’histoire commence à Freilassing, une petite bourgade tranquille nichée dans un décor de montagne idyllique… sur une Fiat ! Endommagée, récupérée et retapée dans le garage familial, fondé par leur père dans les années 30, elle permet aux jeunes Schnitzer de fourbir leurs premières armes.

Mais rapidement, c’est vers BMW que les frères se tournent, puisque la firme bavaroise a lancé quelques années plus tôt sa « Neue Klasse » 1500, qui entend bien concurrencer les italiennes sur le marché de la petite berline sportive. Le garage Schnitzer devient distributeur officiel tandis qu’en 1965, BMW présente une version coupé 2000CS puis une une variante plus sportive de la berline classique nommée 2000Ti.

Schnitzer Firmengrundung 1966- Schnitzer
Le garage familial

C’est avec un de ces modèles, préparés par ses soins, que Joseph Schnitzer décroche en 1966 le titre national de tourisme. Il met ensuite un terme à sa carrière de pilote et saute le pas en 1967, fondant avec son frère Herbert le « Team Schnitzer ». Dès lors, les frères Schnitzer forment la double direction de l’entreprise familiale. Tandis que Josef réalise des chefs-d’œuvre techniques, Herbert s’assure que « le magasin » – le concessionnaire automobile et l’équipe de course – tourne bien.

La structure grandit et ouvre ses portes à de jeunes apprentis mécaniciens, dont un jeune Karl Lamm, alias « Charly », qui jouera peu à peu un rôle clé dans l’histoire de cette belle aventure.

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Premiers succès en Montagne et F2

C’est ensuite par la course de côte, discipline alors très populaire y compris en Allemagne, que le team se fait remarquer, enchaînant quatre titres nationaux avec Ersnt Furtmayr (titres 1968,1969 et 1970 sur une 2000Ti) et le suisse Walter Brun (titre 1971 sur une 2800CS) qui deviendra par la suite un préparateur de renom également.

L’équipe se diversifie, préparant autant des berlines en championnat d’Europe de tourisme et dans le spectaculaire DRM que des moteurs de Formule 2. C’est justement sur un bloc BMW « Schnitzer » que Jacques Laffite décroche le titre de champion d’Europe de F2 1975 au volant d’une Martini.

Les premiers gros succès arrivent en 1975/1976 dans le championnat DRM, alias Deutsche Rennsport Meisterschaft, l’ancêtre du DTM et dans des courses internationales. Dieter Quester remporte en 1976 les 1000 Km du Nüburgring et les 1000 Kms de Zeltweg avec des BMW 3.5 CSL.

Schnitzer et la folie DRM

En 1977, Schnitzer fait une infidélité à BMW et développe une Toyota Celica Turbo dans le cadre de la nouvelle règlementation Groupe 5 « Silhouette » du DRM, qui est assez permissive et fait la part belle aux monstres surpuissants turbocompressés. L’expérience n’est toutefois pas concluante et l’année suivante, Schnitzer revient vers la Bavière et remporte le titre grâce à Harald Ertl au volant de la monstrueuse BMW 320 Turbo, dont le turbocompresseur a été préparé et développé par Schnitzer en personne.

C’est l’époque des duels homériques contre les Porsche 935 de Joest et Kremer ou les redoutables Ford Escort et Ford Capri Zakspeed. Gros ailerons, passages de roues extra-larges, retour de flammes, turbos à gogo. Une autre époque ! Mais 1978 est à la fois un triomphe et une tragédie, puisque Joseph Schnitzer décède dans un accident de voiture sur la route de Zolder, en Belgique.

Machine à gagner

C’est entre la 2e moitié des années 80 et le milieu des années 90 que Schnitzer connait sa période la plus faste, devenant d’ailleurs le team officiel de BMW dans de nombreux championnats.

L’équipe gagne 3 titres européens (dont celui de 1983 avec Dieter Quester, « monsieur BMW », sur une 635 CSI Groupe A), cinq fois les 24 heures de Spa (1986,1986,1988,1990,1995), les 24h du Nürburgring à deux reprises en 1989 et 1990 et accumule de nombreux titres, en grande partie grâce à la nouvelle arme redoutable lancée par les bavarois en 1987, la fameuse M3.

Roverto Ravaglia est l’un des pilotes les plus emblématiques de l’équipe. L’italien est champion d’Europe 1986, puis décroche le premier titre mondial WTCC en 1987, le championnat d’Italie 1990 et surtout le prestigieux championnat DTM en 1989 en battant Klaus Niedzwiedz et sa Ford Sierra RS Cosworth.

Schnitzer s’adjuge d’autres titres nombreux à travers le monde grâce à l’ancien pilote moto Johnny Cecotto (championnat d’Italie 1989 et STW 1998, le supertourisme allemand qui palliait la disparition du DTM), mais aussi Joachim Winkelhock, qui remporte le BTCC 1993 chez les « britons » après le retrait du DTM (il gagne aussi le STW 1995) ou encore Steve Soper, qui s’impose dans le championnat du Japon 1995.

Ces succès à répétition ont aussi une résonnance commerciale, puisque en 1987, Willi Kohl, propriétaire de Kohl automobile GmbH à Aix-la-Chapelle, et Herbert Schnitzer fondent conjointement la société AC Schnitzer, qui a vocation à proposer des pièces de tuning et des préparations complètes de modèles BMW. Bien que le nom AC Schnitzer ait perduré, c’est aujourd’hui une entité totalement indépendante de l’équipe de course.

La victoire au Mans

Dans les années 2000, si Schnitzer est toujours présent en tourisme, c’est en Endurance et en GT que le succès se manifeste. En 1999, déjà, Schnitzer officie comme team usine pour BMW aux 24 heures du Mans, exploitant le fabuleux prototype V12 LMR.

A l’issue d’une course folle, marquée par les vols planés des Mercedes, le trio Winkelhock-Dalmas-Martini remporte la prestigieuse épreuve. C’est ensuite avec la M3 GTR que les victoires s’enchaînent, avec notamment le titre GT ALMS aux Etats-Unis en 2001 et deux victoires de rang aux 24h du Nürbugring en 2004-2005.

Derniers coups d’éclat en DTM

Schnitzer est évidemment mobilisé par BMW quand est relancé le championnat du monde de supertourisme WTCC en 2005, mais sans pour autant décrocher la couronne.

En 2012, BMW fait son retour dans le championnat DTM et Schnitzer offre le titre à la M3 DTM avec Bruno Spengler. Malheureusement, les saisons suivantes sont décevantes et après deux exercices 2015 et 2016 ratés (avant-dernière place au championnat équipes), Schnitzer n’est plus retenu par BMW pour la saison 2017. Un premier coup de semonce annonciateur de temps difficiles.

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Dernier grand succès dans le DTM 2012 avec Spengler

Le dernier titre de Schnitzer remonte à 2018, avec la FIA GT World Cup gagnée à Macau grâce à Augusto Farfus sur une BMW M6 GT3. Les victoires s’espacent néanmoins et BMW assume parfois les engagements course en son nom propre, via BMW Motorsport, quand elle ne se tourne pas vers de nouveaux partenaires, comme RLL qui s’occupe des M6 GTLM en IMSA ou de MTEK qui engage les M8 GTE en WEC.

De plus, l’équipe est touchée par plusieurs pertes tragiques, surtout celle des frères Dieter et Charly Lamm, disparus successivement en 2014 puis 2019, deux membres clés du succès de l’organisation Schnitzer pendant 30 ans.

Sortie de piste avec BMW

Un dernier podium est obtenu aux 24 heures du Nurburgring en 2020. Puis le couperet tombe à la fin de l’année. Dans un contexte de profonde mutation de l’industrie automobile, de pandémie ayant mis à mal les activités de compétition mais aussi de réorientation stratégique de BMW et de réduction des programmes sportifs, le long partenariat avec Schnitzer prend fin à l’issue de la saison.

Contrairement à d’autres grands noms comme Joest ou Zakspeed, Schnitzer n’a peut-être pas assez anticipé les bouleversements stratégiques, notamment des constructeurs allemands, et n’a pas assez diversifié ses activités. En février 2021, faute de repreneur et d’alternative, Schnitzer était placé en liquidation judiciaire. Une fin assez triste pour un tel monument de la compétition.

crédits photos : Schnitzer, BMW, racingsportscars

Nicolas Anderbegani

Nicolas est un passionné de belles autos et de leurs histoires. Déjà auteur et photographe sur d'autres supports, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en Mars 2020.

Commentaires

  1. elbaresi

    Triste fin pour cette équipe au palmarès impressionnant. Mais tout à fait logique quand on connaît les sombres tréfonds de l’histoire du constructeur munichois et son absence de déontologie…

    Répondre · · 29 juillet 2021 à 13 h 29 min

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