L’extincteur, indispensable en ancienne ?

Publié le par Fabien

L’extincteur, indispensable en ancienne ?

Les extincteurs sont des équipements obligatoires dans toute compétition automobile. Mais qu’en est-il pour la circulation sur route ouverte, pour la balade ? Et quand bien même ce n’est pas obligatoire, cet accessoire est-il nécessaire ? Mais alors, quel équipement choisir ? Doit-on le fixer ? Bref, les questions sont nombreuses et nous allons tenter d’y répondre… Même si cela ne remplacera pas les conseils des professionnels du feu.

Petit point réglementaire

Que dit la réglementation française ?

En France, selon la sécurité routière, les équipements de sécurité obligatoires sont au nombre de 2 : le gilet de sécurité et le triangle de signalisation. Leur absence est passible d’une amende de 375€ 1. Par contre, la boîte d’ampoules, la roue de secours ou la bombe anti-crevaison, l’éthylotest sont simplement conseillés 2.

Quant à l’extincteur, seul l’Arrêté du 2 mars 1995 relatif à l’équipement en extincteurs des véhicules de transport de marchandises 3 l’impose, mais il ne concerne pas les véhicules de tourisme, quels qu’ils soient.

Cependant, la sécurité Routière n’hésite pas à préconiser l’usage de l’extincteur en cas de départ de feu lors d’un accident de la circulation !

Et hors de nos frontières ?

Toutes les nuances sont admises. A l’opposé du spectre, on peut citer la Belgique, où le code de la route ne rigole pas ! Tout véhicule doit obligatoirement être équipé d’un extincteur d’après la version consolidée en vigueur de l’Arrêté Royal de 1968.

Avantage et inconvénients

Des arguments massue en faveur d’un extincteur

Le point positif, et pas des moindres, c’est de ne pas dire adieu à la « prunelle de vos yeux » en cas de départ d’incendie. En effet, s’il est possible de réparer après un choc, l’incendie impose de reconstruire intégralement. Possible avec certaines voitures de légende, mais plutôt rarissime pour nos belles. En effet, les températures atteintes lors d’un feu compromettent tous les éléments de structure et rien ne peut être récupéré, tout doit être changé. Encore faut-il savoir l’utiliser ! Mais on verra ça plus loin.

L’autre point positif, et c’est la base de l’outil, il permet de sauver des vies en limitant le risque d’embrasement voire d’explosion, d’une part, mais aussi, tout simplement en évitant que les passager ne succombent aux flammes. Nous ne somme pas toujours seul en voiture !

Y a-t-il des points négatifs ?

Ce seront plutôt des casse-tête à résoudre ou des tracasseries, mais il est effectivement difficile de trouver à redire à l’installation d’un extincteur à bord !

Dans la série des casse-tête, il y a l’installation. Difficile d’accepter de percer une tôle ou un habillage plastique pour placer les supports. Mais si les règlements du sport automobile imposent de le fixer, cet accessoire n’étant pas obligatoire à bord d’un véhicule de tourisme, il n’est pas nécessaire de le maintenir à outrance. Evidemment, on évitera de le laisser dans la malle. Mais callé sous un siège, dans une boîte à gants ou maintenu pas des velcros sur le sol de l’auto, il restera accessible en cas de besoin. Certains systèmes de fixation permettent de fixer la bouteille à l’armature du siège, sans perçage.

L’autre tracas est d’ordre esthétique. Un bel extincteur rouge vif se repérera inévitablement dans l’habitacle de votre avant-guerre favorite ! Mais là encore, le fait de ne pas avoir à le fixer permet de l’escamoter lorsque vous faites admirer la belle lors d’un rassemblement.

Quoi qu’il en soit, la règle de base reste que l’extincteur doit être placé de façon à être accessible en cas d’urgence, et qu’il doit être suffisamment maintenu pour ne pas se transformer en projectile lors d’un freinage ou d’un choc.

Et au niveau assurance ?

Thierry Pierre, notre partenaire et spécialiste de l’assurance voiture ancienne chez Axa nous explique :

« Vous pouvez choisir une garantie incendie-vol, que ce soit avec votre ancienne ou avec votre moderne. Mais vous n’aurez pas pour autant de « bonus » en embarquant un extincteur. »

Quel type d’extincteur choisir ?

Les risque principaux d’incendie dans une ancienne, ce sont la fuite d’essence lors de l’arrêt de la voiture après un trajet ou le court-circuit électrique. Mais comme dans toute auto, le risque lié au mégot perdu dans l’habitacle ou à un accident, n’est pas à exclure. Ainsi, dans une auto, on peut donc rencontrer 3 grands types de feux :

  • Les feux de classe A, liés aux combustibles solides classiques, tels que bois, papier, plastiques, tissus…
  • Les feux de classe B, dus à la combustion de combustibles liquides, comme les hydrocarbures notamment
  • Les feux de classe C, ou feux de gaz inflammables. Toutes les autos ne sont pas équipées GPL, mais tout carburant à plus ou moins haute température devient gazeux (les fameuses « vapeurs »).

Logiquement, les extincteurs à utiliser sont des « extincteurs à poudre ABC ».

On trouvera aussi sur certains extincteurs une valeur devant chaque catégorie de feu. D’une manière générale, plus cette valeur est élevées, plus la performance d’extinction (ou « rating ») sera bonne. Mais pour chaque classe, la signification de cette valeur change :

  • Pour les feux de classe A, la valeur correspondra à la hauteur en centimètres d’une pile de bois. Le bois brûle 8 minutes, puis après extinction complète, ne doit pas se rallumer les 20 minutes suivantes ;
  • Pour les feux de classe B, c’est un volume de liquide qui est indiqué, exprimé en litres. Ce liquide est de l’heptane qui se consume pendant 60 secondes avant l’opération d’extinction. Là encore, pas de reprise de feu dans les 20 minutes qui suivent ;
  • Pour les feux de classe C, pas de valeur, car il n’existe pas d’essai : soit on éteint, soit on n’éteint pas.

Pour la capacité, c’est-à-dire la « taille », pas la peine de prendre un truc énorme ! Un extincteur de 1 ou 2 kg fera largement l’affaire pour stopper un début d’incendie, et il n’est pas nécessaire qu’il soit équipé d’un manomètre. Certes ce mano permet de connaître la pression dans le dispositif, mais là encore, mieux vaut faire attention à d’autres critères, et remplacer l’extincteur après chaque utilisation, plutôt que de se fier aveuglément à la petite aiguille.

Sécurité = Qualité… Et réciproquement

Pour limiter les risques de dysfonctionnement quand on en a besoin (toujours garder en tête la fameuse loi de Murphy, qui dit en gros qu’il suffit que quelque chose puisse aller mal pour que ça aille mal…), il faut respecter quelques critères lors du choix de son extincteur.

Déjà, ces dispositifs doivent porter un logo CE, car ils relèvent d’une norme européenne NF EN 3-7+A1 (pour les amoureux des textes, elle n’est pas donnée, mais disponible par ici). Sans ce CE, pour résumer, c’est un produit de frauduleux qui n’a rien à faire sur le Marché Européen, et il ne respectera probablement pas la norme en vigueur.

Ensuite, bien faire attention aux dates. La première indique la date de fabrication, et la seconde la date de limite d’utilisation. Cette date peut être dépassée à la condition expresse que l’extincteur ait été vérifié par une entreprise agréée. Mais vu le prix de ces extincteurs, et leur durée de vie initiale d’environ 4 ans, il n’est peut-être pas nécessaire de faire appel à un pro, et tout simplement remplacer le matériel en fin de vie.

Pour une sécurité optimale, et même s’il en existe de très beaux, au « design » personnalisé, le mieux est de choisir un extincteur NF. Cette marque atteste de la qualité du produit, puisque l’AFNOR rend visite régulièrement au fabricant de l’extincteur et prélève des échantillons qui sont testés dans un laboratoire indépendant. Et gare à la triche qui est sévèrement punie ! (si vous aimez aller dans le détail, là encore, c’est par là, mais c’est en libre accès).

Le logo qui doit être présent sur la bouteille montre les deux lettres cerclées, blanches sur fond bleu.

NF Extincteurs Automobile- extincteur

Pour ceux qui veulent encore plus de sécurité, il faut ensuite se diriger vers les extincteurs approuvés par les autorités sportives, qui permettent de couvrir le risque maximum. Mais encore une fois, nous ne faisons pas tous de la compétition !

Une utilisation simple

Il faut bien évidemment agir vite puisque les poudres ABC, en petit volume, ne seront efficaces qu’en début d’incendie. Mais il ne faut jamais confondre vitesse et précipitation! Il convient donc de rester calme quand l’incendie se déclare : couper le contact et retirer la clé, appeler ou faire appeler les pompiers et prendre le temps de suivre la notice qui est imprimée sur l’extincteur lui-même.

L’action d’armement de l’extincteur s’opère généralement en 3 temps :

  1. bien secouer,
  2. dégoupiller
  3. appuyer sur la gâchette un bref instant pour tester l’appareil.

Ensuite, il faut se positionner suffisamment loin pour éviter la brûlure. Et oui, entre l’été où l’on est peu couvert et l’hiver où beaucoup de vêtements sont en matières plastiques (polyester, lycra…), on n’a pas toujours la tenue la plus appropriée pour combattre un incendie ! Alors une distance initiale de l’ordre de 2 mètres est généralement recommandée avant d’attaquer, quitte à se rapprocher pour finaliser l’action.

L’action sur le feu d’habitacle ou à l’extérieur de l’auto se fait en attaquant la base des flammes par la porte ouverte (au moins la vôtre) ou une fenêtre ouverte.

Si l’incendie apparaît sous le capot, ne pas l’ouvrir, mais attaquer le feu par-dessous le moteur. En cas d’obstacle (protège carter, obstacle au sol ou incendie sur la partie supérieure du moteur), l’ouverture du capot doit se faire doucement et a minima, pour ne pas provoquer d’appel d’air. La pulvérisation s’opère alors par l’interstice ouvert. Une fois le feu maîtrisé, ouvrir le capot et se tenir prêt en cas de reprise d’incendie, toujours en conservant une distance de sécurité avec l’auto (risque d’explosion de la batterie).

Et après ?

Techniquement : prenez vos précautions

Pour finir complètement cet article, il était difficile de passer sous silence les conséquences de l’usage de ce type d’extincteur. La poudre n’étant en fait qu’une formulation de produits chimiques plutôt costauds…

Comment ça pas assez technique? OK, pour être plus précis, les principes actifs de ces extincteurs, soit près de 90% du contenu, sont du phosphate ou sulfate d’ammonium, du phosphate monoamonique ou du carbamate ou bicarbonate de sodium. Le reste de la formulation correspond à des dérivés de type silicates (de potassium, de magnésium ou d’aluminium) et silicones (polysiloxane méthylé et hydrogéné). Trop complexe du coup…

Pour simplifier au mieux, les composants actifs majoritaires de la poudre ABC sont là pour priver le feu d’oxygène. En attaquant l’incendie, les sels d’ammonium vont fondre et produire une sorte de croûte en périphérie des surfaces enflammées. Les composés siliceux sont quant à eux présents pour stabiliser la formule et limiter les risques d’agglomération de la poudre en cas d’humidité. Il permettent également de limiter la production d’acides, toujours en cas de présence d’eau.

Mais avec tout ça, on comprend bien que l’usage d’un extincteur va générer, du fait de sa forte corrosivité, des dommages sur à peu près toutes les surfaces touchées, surtout si l’humidité ambiante est importante. Les résidus doivent donc être évacués au plus vite.

Pour cela, toujours porter un masque anti-poussières (actuellement, c’est un accessoire que tout le monde possède), pour ne pas respirer les vapeurs nocives. Pour éliminer le plus gros de la poudre, brosser doucement ou, idéalement aspirer avec un aspirateur, pour éviter la remise en suspension de la poudre. Finir le nettoyage au papier absorbant, puis à la soufflette… Surtout jamais, au grand jamais, utiliser de l’eau, et tous les déchets partent à la poubelle !

Pour finir, toujours manipuler avec précautions la poudre ABC. On a vu d’éviter les contacts avec l’eau, or tous les tissus humains sont riches en eau. Donc, tout contact avec la peau, les muqueuses (bouche et tube digestif mais aussi nez et voies respiratoires) est à éviter au maximum. De même, il faut tenir les animaux domestiques à distance.

Et du côté des assurances ?

Une fois votre extincteur vidé sur votre ancienne, le feu éteint… il convient d’appeler votre assureur. Thierry Pierre nous donne quelques conseils supplémentaires :

« Si vous êtes couverts contre l’incendie, appelez votre assureur immédiatement après avoir découvert le sinistre, mais après en avoir limité les effets ou vous être mis à l’abri bien entendu.
Que votre voiture ancienne soit entièrement détruite ou qu’il y ait des dommages partiels, la procédure sera identique.

Si la voiture est sur la voie publique, appelez l’assistance de votre assureur (si vous l’avez souscrite), sinon laissez la sur place. Votre assureur mandatera un expert qui viendra constater les dégâts, généralement sous dix jours. En fonction de ce qu’il estimera, du fait que votre voiture soit déclarée épave ou non, et du montant d’indemnisation pour lequel vous avez souscrit, vous serez ensuite indemnisé.

Attention, vous ne toucherez aucune indemnisation si une négligence de votre part est détectée et évidemment si on conclut à un incendie volontaire de votre part. »

Pour résumer

L’extincteur dans un voiture ancienne est un accessoire non obligatoire mais indispensable, que l’on espère ne jamais utiliser ! Mais dans cette éventualité, il pourra vous éviter de tout perdre en attendant l’arrivée des pompiers.

D’ailleurs, rien ne vaut une petite rencontre avec un professionnel du feu, lors de portes ouvertes par exemple, pour avoir tous les conseils possibles concernant ces dispositifs de sécurité.

Liens complémentaires :
1 : Les équipements obligatoires : https://www.securite-routiere.gouv.fr/reglementation-liee-aux-modes-de-deplacements/en-voiture/equipements-obligatoires-en-voiture

2 : Les Ethylotests : https://www.securite-routiere.gouv.fr/chacun-son-mode-de-deplacement/dangers-de-la-route-en-voiture/equipement-de-la-voiture/conseils

3 : Le Transport de Marchandises : https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGITEXT000005618018/2021-01-21/

Fabien

Un lion et un cheval cabré m'ont fait aimer les voitures de mon enfance... Un livre, «La maîtresse d'acier» de Pierre Coutras, et des pilotes de légende m'ont conduit à me passionner pour des bolides plus anciens. A mon tour de partager avec vous.

Commentaires

  1. Thibaut

    Article qui peut être utile autant qu’intéressant car même si, évidemment, un extincteur ne sauvera probablement pas votre véhicule de dommages irrémédiables au moins pourrez-vous le protéger un peu en limitant la casse, protéger vos occupants en leur donnant un peu plus de temps pour s’extraire et protéger votre prochain en secondant son propre usage de l’extincteur !

    Petit conseil à nos amis qui ont l’habitude de rouler en rallyes (pas seulement de vitesse), l’achat d’un extincteur 2kg est plus qu’une bonne idée car tout rallye qui doit obtenir une autorisation préfectorale (donc tout évènement sur route présentant un classement et/ou un chronométrage) doit vous en imposer un ! 😉

    Répondre · · 5 février 2021 à 18 h 18 min

    1. Fabien

      Merci Thibaut pour cette utile précision !

      Répondre · · 6 février 2021 à 17 h 38 min

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