Il n’y a pas qu’à Spa (on y reviendra, c’est promis) que l’on pouvait observer des voitures de courses ce week-end. La commune de Brignais, en région lyonnaise, a été le théâtre d’une belle commémoration pour le centenaire du Grand Prix de Lyon 1924. Ce sont les autos d’avant-guerre et plus particulièrement des Bugatti, venues nombreuses pour l’occasion, qui étaient à l’honneur ce samedi 18 et ce dimanche 19 mai. On vous emmène.
Le Grand Prix de Lyon 1924, un peu d’histoire
Pour comprendre pourquoi cet évènement a lieu, il faut un peu revenir en arrière. Au début du 20ème siècle, la ville de Lyon fut choisie pour accueillir le fameux Grand Prix de l’Automobile Club de France à trois reprises. A l’époque, l’ACF qui venait de créer son grand prix souhaitait faire courir les concurrents sur un circuit différent chaque année. La première édition de cet évènement sportif était en 1914, tandis que la seconde est celle dont on fête cette année les 100 ans, en 1924. Il faudra ensuite attendre 1947 pour la troisième et dernière édition du Grand Prix de Lyon.
Si le Grand Prix de Lyon 1914 s’est tenu dans un contexte de tensions internationales, l’édition 1924 elle se tient après la Première Guerre Mondiale. Les coureurs allemands n’étaient donc pas conviés à l’épreuve. C’est sur le circuit de Givors que les pilotes ont emmené leurs autos, roulant sur un parcours de 23 km. Les autos devaient alors faire 35 fois le tour, ce qui comptabilisait un total de 810 kilomètres !
C’est ce petit bout de l’histoire de la Cité des Gones que le club Les Amis du Vieux Brignais a voulu célébrer. L’évènement s’est aussi tenu avec la présence du club des Amateurs d’Automobiles Anciennes, aussi appelé club des 3A que l’on connait bien pour l’organisation du salon Epoqu’Auto. Le Grand Prix de Lyon est alors l’occasion de faire découvrir au grand public un pan de l’histoire mécanique de la région.
L’évènement n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il y a dix ans, en 2014, le Grand Prix de Lyon 1914 avait déjà été célébré sous la même formule.







Un autre centenaire ?
Il y avait toutefois plusieurs raisons de fêter ce week-end à Lyon. Un autre centenaire, voire deux autres centenaires ont été célébré ces derniers jours. En effet, si les Bugatti étaient en grande représentation lors du Grand Prix de Lyon, c’est tout simplement car l’une des voitures de Molsheim fêtait son anniversaire. Ce sont donc les 100 ans de la mythique Bugatti Type 35 qui étaient aussi célébrés.
Mais pourquoi fêter les 100 ans d’une marque alsacienne à Lyon ? En fait, en 1924, Bugatti sort donc de ses usines les premières Type 35. La toute première sortie du modèle se fera à l’occasion du Grand Prix de Lyon ! Ce sont 6 Type 35 qui ont alors pris la route de Molsheim jusqu’à la ville lyonnaise cette année-là. 5 d’entre elles étaient destinées à courir et la sixième servait de voiture de réserve. A l’époque, les autos de course arrivaient par la route (Ettore Bugatti au volant de l’une d’elles !), c’est difficile à imaginer aujourd’hui !
Les Bugatti n’ont pas forcément brillé au classement cette année-là. Les Type 35 ont été victimes de soucis de pneus qui a forcé une partie d’entre elles à abandonner. En plus de fêter les 100 ans du Grand Prix et de la type 35, les amateurs de Bugatti voulaient aussi célébrer les 100 ans de cette sortie d’usine. On peut donc dire que l’on fêtait 2 anniversaires et une belle histoire commune.



Du coup, en commémoration à tout cela, le club Bugatti France a donc recréé le fameux trajet Molsheim – Lyon à travers un rallye de plusieurs jours. 45 Bugatti ont pris la route le mardi 14 mai au départ de l’usine de Molsheim, dans le Haut Rhin. Parmi elles, on retrouvait des Type 35, évidemment, mais aussi des Type 37, Type 43 et 44, des Type 57 dont une sublime version Tank (en photo ci-dessus) ou encore des plus anciennes Type 23.
Les voitures ont démarré leur périple en passant par le musée de l’Automobile de Mulhouse afin d’observer les autos de la collection Schlumpf. Puis, les Bugatti ont fait cap sur le Doubs et les montagnes du Jura avec au programme la visite du musée de l’Aventure Peugeot cette fois. Le jeudi, le départ a été pris à Malbuisson jusqu’au circuit de Bresse. Les Bugatti n’ont pas pu se défouler sur le circuit mais les participants ont eu le droit à une session karting en compensation !






Les autos sont ensuite passée par Bourg-en-Bresse avant de finir leur périple à Brignais le vendredi. Si une grande partie du rallye s’est fait sous la pluie, presque toutes sont arrivées sans encombres. Deux d’entre elles sont tombées en panne… en arrivant à Lyon. Au final, les autos auront réalisé un peu plus de 1000km pendant la semaine, c’est dire la robustesse de ces anciennes !
Des festivités bien menées
Le centenaire du Grand Prix de Lyon s’est donc déroulé sur deux jours, samedi 18 et dimanche 19 mai, avec pour point de départ la commune de Brignais. Oui, car le Grand Prix de Lyon n’est pas vraiment à Lyon. Dès 9h30 les participants tout comme les visiteurs étaient déjà nombreux dans le parc de la mairie. Au programme du week-end : présentation des autos du Grand Prix, buvette, roulage et chansonnettes.
Une présentation des stars de l’époque
En 1924, plusieurs autos se tiraient la bourre pour le Grand Prix de l’ACF. D’ailleurs, il n’y avait pas que des autos puisque le Grand Prix des Motocyclettes et le Grand Prix Cycliste se tenait également cette année là à Lyon. Restons du côté des autos. On retrouvait toutes sortes de constructeurs, comme Voisin, Mathis, Bugatti, Alfa Romeo ou encore Peugeot. D’ailleurs, si vous vous demandiez comment on choisissait les couleurs des carrosseries à l’époque, celles-ci dépendaient en fait de la nationalité de l’auto qui courait. Les voitures françaises étaient bleues, les italiennes rouges et les suisse rouge et blanche par exemple !
Au lancement de l’évènement samedi matin, plusieurs autos ayant participé au Grand Prix de Lyon ont donc été présentées au public sur le podium dans le parc de la mairie de Brignais. C’est Alain Guillaume, ancien président de la FFVE qui s’y colle. On ne peut pas vous parler de toutes celles qui sont montées sur le podium mais voici quelques autos qui nous ont marquées.
Pour commencer, les grandes stars de ce week-end, c’était les deux autos qui ont réellement participé au Grand Prix de Lyon en 1924. On retrouvait d’abord une Sunbeam de 2.0 de cylindrée. Cette dernière a particulièrement fait sensation auprès du public ! La seconde était une Bugatti Type 35, évidemment, de couleur bleue. Cette dernière fait partie de celles qui n’ont pas pu finir la course à cause de soucis de pneus à l’époque. Si elle est ornée du numéro 13, elle a à l’époque couru sous le numéro 22 !





La première auto a avoir été présentée par Alain Guillaume était une Chenard & Walker. Ce modèle a remporté les 24 heures du Mans en 1923. On retrouvait aussi une Salmson rouge en très bel état.


Parmi les plus anciennes du podium, plusieurs Type 23 on été présentées dont deux Brescia. La seconde est une auto d’origine algérienne.


Evidemment, on l’a dit, c’est aussi le centenaire de la Bugatti Type 35. Beaucoup sont montées sur le podium. On retrouvait notamment une Type 35A entièrement d’origine, venue par la route depuis Molsheim ainsi qu’une Type 35B. La Type 35 B c’est l’évolution ultime de la 35. Celle-ci est équipée d’un moteur 2.3L compressé qui développe 140 ch.


On retrouvait ensuite plusieurs exemplaires de la descendante de la Type 35, la Type 37. A l’époque, Bugatti troque le 8 cylindre pour 4 cylindre ! On retient notamment celle-ci, dôtée d’une caisse en acier.

Enfin, on retrouvait aussi une plus luxueuse mais pas moins sportive pour autant Type 57 en carrosserie coach Ventoux. Celle-ci appartient à un local de l’étape. Elle a la particularité d’être en caisse alu, puisqu’elle était une voiture d’essai et de démonstration.

Evidemment, il y’avait un très grand nombre d’autos en représentation lors du Grand Prix de Lyon, et il serait impossible de toute les citer ! On retrouvait également des autos un peu plus récentes, comme quelques Citroën Traction ou une Simca 8. Du côté des avant-guerre, il y en avait aussi pour tous les goûts et toutes les nationalités : Buick, Berliet, Riley ou encore Voisin étaient au rendez-vous.
Sur la route !
Le centenaire du Grand Prix de Lyon n’est pas un simple évènement statique. Pour commémorer comme il se doit l’épreuve de l’ACF, les participants avaient plusieurs fois durant le week-end l’occasion de s’attaquer à « la piste ». Enfin, la route. Le samedi après-midi, les participants ont pu parcourir l’ancien tracé du Grand Prix de Lyon qui se tenait donc sur le circuit de Givors. C’est d’ailleurs en 1924 la dernière fois que le Grand Prix de Lyon empruntait ce tracé là avant d’être délocalisé pour l’édition de 1947.
Au départ de Brignais, le tracé prenait donc la N86 jusqu’à Givors et faisait une boucle en repassant pas loin de Mornant avant de prendre le fameux « virage de la mort », une grande épingle qui descend avant de regagner le point de départ. Les participants ont effectué la boucle à plusieurs reprises sous le regard des passants qui les attendaient aux abords des routes. Après un départ sous la pluie, même le soleil s’est joint aux festivités.






Le lendemain, rebelotte ! Après un repas au château de Lacroix Laval et une bonne nuit de sommeil, les participants ont repris la route pour un petit parcours entre Rhône et Loire dans les Monts du Lyonnais. Ce sont Les Amis du Vieux Brignais cette fois qui organisaient cette petite randonnée sur route. Après un passage par Brindas et Vaugneray, les autos ont pris le col de la Luère. Elles sont ensuite passé par Yzeron, Duerne et Thurins pour clore le week-end. Après la balade, les autos sont rentrées au parc de la mairie pour que les visiteurs puissent venir les observer.





Finalement, c’est un bel évènement qu’ont offert Les Amis du Vieux Brignais et l’on peut dire que le public était au rendez-vous. Il n’y a pas à dire, que l’on apprécie ou non les autos anciennes, ça fait toujours un truc d’observer des voitures d’avant-guerre aussi impressionnantes en action sur la route ! En attendant le centenaire de l’édition 1947 en 2047, on vous remet encore quelques photos pour le plaisir.














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