Le Sommet des Légendes 2019, les anciennes sur le circuit de Mont-Tremblant

Publié le par Guilhem Gaubert

Le Sommet des Légendes 2019, les anciennes sur le circuit de Mont-Tremblant

C’est au circuit de Mont-Tremblant qu’a lieu chaque année un magnifique événement pour les amateurs d’anciennes et de sport auto. Etape Québécoise du HMSA Américain (Historic Motor Sport Association), le Sommet des Légendes 2019 est désormais la plus belle course au Canada pour les voitures anciennes en compétition, avec MoSport en Ontario. News d’Anciennes était sur place.

Patrimoine Canadien

Bien qu’ayant une histoire riche, le circuit est assez peu connu des amateurs d’automobiles locaux, plus attirés par les courses d’accélération ou les rencontres du vendredi soir sur le parking du Tim Horton local. Située a 1h30 au nord de Montréal, la piste a été construite dans le superbe environnement vallonné des Laurentides, ce qui en fait un des plus beaux circuits Canadiens.

Tout commence dans les années 60 quand Leo Samson décide de créer une piste dans la municipalité de St Jovite; finalisée en 1964 puis agrandi en 1965, le circuit va très vite recevoir des compétitions renommées. La course inaugurale a lieu en 1966 dans la fameuse épreuve Canam, la Player’s 200 gagnée par John Surtees. Le circuit prend tout de suite le surnom de The Hump, « la bosse », due a la sensation de décollage que ressentent les pilotes sur son parcours. Ce relief très vallonné et une piste anormalement cabossée lui donnent immédiatement une réputation non usurpée de circuit exigeant.

Jacky Ickx dira qu’il s’agit selon lui du circuit le plus difficile après le Nürburgring, d’où son autre surnom « le petit Nurburgring ». De l’avis des pilotes aujourd’hui, c’est toujours un circuit difficile a appréhender, pas aussi rapide que Daytona ou Monterey, mais très technique. Il connait son heure de gloire en 1968 et 1970 avec la venue du Grand Prix de Formule 1 du Canada et sur 40 voitures inscrites, seules 21 virent la fin de la course. La Canam s’y tint jusqu’en 1978 et deux courses de la série Indycar furent couru en 1967 et 1968, gagnées par Mario Andretti.

La période moderne

Le circuit est racheté en 2000 par Lawrence Stroll, fameux milliardaire canadien désormais impliqué en Formule 1 mais aussi propriétaire d’une fabuleuse collection de voitures de courses. Rarement dévoilées au grand public, l’édition de 2014 nous a permit de découvrir sa Ferrari 512S Sunoco ainsi que sa BB 512LM ex Andruet – Ballot… Plusieurs vidéos sur Youtube sur la chaine Petrolicious nous permettent de découvrir une partie de collection en action sur le circuit, notamment sa Ferrari 330 P4.

Lawrence Stroll en profite pour faire redessiner la piste par Alan Wilson, pour la mettre aux spécifications de la FIA. Malgré quelques compétitions internationales dont le Ferrari Challenge en 2015 (ou Marc Gene signa le meilleur tour), le circuit se concentre aujourd’hui sur 4 événements principaux, les Classiques ainsi que le Sommet des Légendes; le reste du temps, la piste est louée pour des journées privées. Aujourd’hui, son activité est menacée a cause du développement résidentiel et des voisins qui se plaignent du bruit occasionné. Plusieurs circuits ou pistes Canadiennes ont déjà fait les frais de cette poussée contestataire ces dernières années (dont la fameuse piste de Sanair) et on ne peut que souhaiter que des arrangements soient trouvés entre les différentes parties pour que ce site soit préservé.

Le Sommet des Légendes 2019

Sept plateaux assez disparates sont représentés sur ce Sommet des Légendes 2019. On voit ainsi courir une ERA 1938 avec une McLaren M1 1966 sur le plateau Classic Monoposto, pas vraiment le même type de véhicule… Cela limite le spectacle sur la piste et une ERA aurait fait plus de sens avec une Talbot Lago ou une Alfa 8C 1935 sur le plateau production cars pre-1963. Mais cela n’enlève rien a la qualité des véhicules présentés.

Après une année 2018 centrée sur la série Transam, c’est une panoplie de Formule 1 des années 70 qui déboule sur la piste. La plupart ont déjà été vues à Monaco et leur venue au Québec est toujours une sensation.
L’absence de Peter Giddings avec sa 8C, décédé en début d’année, se fait toujours sentir mais un autre Peter, Greenfield celui-ci, est venu avec sa 8C châssis 50014; celle-ci a le même genre d’historique que la 8C 50012 que nous avions présenté sur News d’anciennes, et a fini sa première vie en Amérique du Sud.

Un autre bolide, la Talbot Lago 26C de Dean Baker, semble avoir vécu le même type d’aventure. Après une carrière Européenne bien remplie, elle a finit sa carrière en Amérique du Sud, équipée d’un moteur Chevrolet. Entièrement reconstruite a partir d’éléments d’origines et de pièces neuves, il n’en reste pas moins que c’est une belle voiture sur la piste.

Le clou du spectacle pour moi était clairement la deuxième Talbot Lago, 26C également, appartenant a Denis Bigioni. Passionné d’automobiles de courses depuis longtemps, Denis possède entre autre une Bugatti 35, une Kurtiss 500J 1959 et une Lancia Stratos 1972. Cette Talbot possède un historique exceptionnel, ayant couru aux mains de Pierre Levegh et restée en état d’origine grâce notamment a Briggs Cunningham. Le véhicule a été exposé plusieurs dizaines d’années dans son musée californien de Costa Mesa.

Autre bijou présent au Sommet des Légendes 2019, une ERA 14B de 1938 pilotée par l’industriel Chris MacAllister d’Indianapolis. English Racing Automobiles ou ERA est fondée en 1933 au Royaume-Uni dans le Lincolnshire. Equipées d’un moteur Riley de 6 cylindres avec compresseur, les ERA commencèrent leur moisson de victoire a Donington en 1934. Les pilotes les plus connus ayant couru avec la marque sont Raymond Mays et le prince Bira, avec sa fameuse ERA bleu pale et jaune, aux couleurs du Siam. Comme beaucoup d’autres marques, ERA périclita après la guerre et son modèle E ne fut jamais complètement terminé.

Fin connaisseur, Chris était aussi présent avec une Ralt RT-1, une Chevron B19 et une Mirage Gulf 6 (qu’on a déjà pu voir au Mans Classic). Il est également propriétaire d’une Ferrari 312 T2 1976 ex Niki Lauda (vue dans le film Rush), d’une Lotus 49 ex Jim Clark, d’une Ford GT40, d’une Porsche 917, d’une McLaren M8F/2 et d’une AC Cobra 1964 ex Dan Gurney. Bref, de quoi se faire plaisir entre deux ventes de Caterpillar…

Si un voyage en terre québécoise vous tente, privilégiez donc la fin de semaine du 14 juillet pour ne pas rater ce Sommet des Légendes qui a chaque année nous réserve de belles surprises.

Guilhem Gaubert

Guilhem baigne dans la culture motorisée depuis sa naissance. Avec un arrière-grand père et un grand-père garagistes, une grand-mère au style de pilotage digne de Tazio Nuvolari et un paternel restaurateur de bolides italiens, ses livres de chevet furent très tôt Piloti Che Gente de ce bon vieil Enzo et le programme du Grand Prix de Lyon 1924 retrouvé dans les archives familiales. Il n'en fallait pas plus pour le retrouver à chroniquer pour News d'Anciennes.

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