Lancia Beta Montecarlo Turbo, retour en piste remarqué !

Publié le par Julie

Lancia Beta Montecarlo Turbo, retour en piste remarqué !

Il a fallu attendre longtemps entre la fin des années 50 et celle des années 70 avant de revoir des Lancia s’attaquer aux courses sur piste. C’est avec la Lancia Beta Montecarlo Turbo que ça s’est fait et ce fut un véritable succès.

La Génèse de la Lancia Beta Montecarlo Turbo

En 1972, Pininfarina commence à se pencher sur la remplaçante de la Fiat 124 Coupé. Mais finalement les études ne serviront pas à créer une Fiat ! Le groupe a absorbé son voisin turinois Lancia et pour relancer la marque on se dit qu’une berlinette à moteur central serait parfaite.

La Lancia Beta Montecarlo est présentée au Salon de Turin en 1974, elle arbore un quatre cylindres (celui de la 124 Abarth) et un 1800 double arbre. Elle ne gardera pas tout ça très longtemps puisque lors du Salon de Genève en 75, elle possède un moteur 2L, celui qui sera sous le capot lors de son lancement commercial et qui rejoindra aussi les autres autos plus conventionnelles de la gamme Lancia Beta.

Niveau esthétique, Pininfarina va s’inspirer de la Ferrari 512 BB (réalisée avec des lignes très anguleuses).

En 1980 quelques modifications lui seront apportées mais cela ne modifie pas le peu de succès qu’elle obtient. Cinq ans plus tard sa production s’arrête après 7595 exemplaires.

La Lancia Beta Montecarlo va s’attaquer au circuit !

Au moment où la Montecarlo est lancée, Lancia a déserté les circuits depuis longtemps. Certes la marque brille en rallye avec les Fulvia puis les Stratos. Et si ces dernières se font remarquer sur des épreuves piste, c’est sans une réelle volonté de l’usine.

Mais le responsable du service course, Fiorio, n’abandonne pas cette idée. Il remarque un potentiel dans la nouvelle Lancia Montecarlo et est persuadé qu’elle correspondrait à la nouvelle règlementation du Championnat du monde des marques, le Groupe 5. La division II, réservée au moins de 2 litres, permettrait également au constructeur de s’exprimer.

Fiorio se lance alors et propose au comité directeur son projet. Rapidement accepté, il lance la création d’un service course dédié ET d’une nouvelle auto.

La Lancia Beta Montecarlo devient Turbo !

En août 1978, le chantier démarre en étroite collaboration avec les Centres de Recherches de Fiat.

Plusieurs points au niveau de la réglementation devront être suivis à la lettre. La coque de série du véhicule doit être conservée mais les ailes et les capots peuvent être modifiés. Concernant le moteur, l’aspect d’origine doit être gardé par contre la cylindrée et le chemisage sont libres. L’architecture générale (le moteur, la boite de vitesses et l’orientation du vilebrequin, mais surtout la position du moteur) doit également être conservée. C’est là que la Lancia Beta Montecarlo est intéressante : elle a déjà un moteur central ! Dernière chose, le poids total doit respecter un barème imposé.

Ce châssis utilisera en fait la cellule monocoque centrale de l’auto de série mais l’avant et l’arrière reposeront sur des structures tubulaires rapportées. En fait c’est Dallara qui est appelé à la rescousse. Il dote le train avant d’un système McPherson.

Pininfarina, créateur des lignes initiales, est chargé de créer une carrosserie aérodynamique. On se retrouve donc avec un avant et un arrière très larges tandis que la cellule centrale paraît bien fine. Évidemment ces éléments sont fabriqués en composite.

Dès Septembre, seul le choix du moteur n’a pas encore été fait. Le temps presse. Fiorio souhaite intégrer le Championnat du monde des marques en moins de 2 litres et il ne reste plus que 7 mois. On s’oriente donc vers un moteur turbocompressé. Mais pour respecter les équivalence, il ne pourra s’agir du 2 litres. Le 4 cylindres double arbres de cube alors 1425 cm³ et avec son gros turbo KKK il dépasse les 400 ch !

1979 : La Lancia Beta Montecarlo Turbo arrive en piste

Cette année là, la Commission Internationale autorise les prototypes de courses, pour cause d’un nombre d’adhésion assez bas. Cependant ils ne peuvent pas marquer de points pour le titre. Elle est également marquée par l’arrivée de la Lancia Beta Montecarlo, une première depuis les années 50 !

Son retour en piste se fait aux 6h de Silverstone. Il sera très attendu et un peu décevant. Engagée pour Patrese / Röhrl (n°51), la voiture abandonne au bout du 4ème tour pour cause de la perte du bouchon du radiateur d’eau.

Le 3 juin viennent les 1000 km de Nürburgring et Lancia engage la n°23 conduite par Patrese / Röhrl. La course se passe plutôt bien jusqu’à la rupture d’une conduite d’huile, qui leur entraîne une 18ème place au classement.

Lancia Beta Montecarlo Turbo 1000 km du Nurburgring 1979 Patrese Rhorl- Lancia Beta Montecarlo Turbo
Lancia Beta Montecarlo Turbo aux 1 000 km Nürburgring

C’est lors des 6h de Pergusa que la Lancia n°11 de Patrese / Facetti va se rattraper en terminant 2ème de la course et enlève surtout la victoire en 2 litres !

La n°31 de Patrese / Röhrl finira 5ème lors des 6h de Brands Hatch pour une nouvelle victoire de classe.

Les deux dernières courses de la saison ne sont pas très concluantes. Les 2 Lancia Beta Montecarlo Turbo en course aux 6h de Vallelunga abandonnent à cause d’un problème de boîte de vitesse. Quant aux 2 participant au Giro d’Italia, elles sont disqualifiées après avoir utiliser l’autoroute…

Lancia remporte néanmoins le classement de la division dans les 2 litres. Quant au titre général, il est remporté par les Porsche 935.

Championnat de 1980, la Montecarlo s’impose

De nouvelles réglementations sont mises en place pour cette saison. Le même nombre de points doit être attribué au deux divisions et le prix du constructeur revient à celui qui a obtenu le plus de point dans sa division (seuls les 8 meilleurs résultats seront retenus). Lancia a donc toutes ses chances. Deux équipes engageront les autos : Lancia Corse et le Jolly Club, écurie satellite plus que cliente.

Pour le championnat de l’année 1980, la Lancia Beta Montecarlo Turbo Groupe 5 montre de nouveau son potentiel. Lors des 24h de Daytona, première course la saison, elle est engagée par Facetti / Finotto (n°4) et passe la ligne 10ème du classement, mais c’est aussi une victoire de classe !

Aux 6h de Brands Hatch, quatre Lancia sont engagées et 2 vont finir sur le podium : celle de Patrese / Röhrl (n°19) en remporte le général et Cheever / Alboreto (n°20) assurent le doublé. Celle de Facetti / Finotto (n°21) finit tout de même en 4ème position derrière une De Cadenet Lola LM Ford.

Les podiums continuent lors des 6 heures de Mugello puisque Patrese / Cheever (n°33) et Alboreto / Röhrl (n°2) finisse 1er et 2ème. La n°26 conduite par Facetti / Finotto les talonne, elle finit 4ème.

À Monza, les 2e et 4e places de Patrese / Röhrl et Cheever / Ghinzani sont remarquées, surtout c’est un doublé en moins de deux litres. On ajoute une nouvelle victoire de classe à Silverstone où Röhrl et Alboreto sont 4e au général. Au Nürburgring, même place et même victoire pour Patrese / Heyer.

La saison a très bien commencé alors qu’arrive le gros morceau.

Les 24h du Mans 1980

Après plusieurs courses de durée « moyenne », il est temps pour la Lancia de voir si le véhicule tient le choc sur une longue durée, sur la classique mancelle. Le 15 juin, 3 voitures sont présentes pour les 24h du Mans : la n°51 avec Darniche / Heyer / Fabi, la n°52 avec Brancatelli / Ghinzani / Alén et la n°53 avec Facetti / Finotto.

Au bout de 1 heure de course et seulement 6 tours, la n°51 abandonne après un problème de moteur. Même problème 2 heures plus tard avec la n°52 qui est, elle aussi, obligée d’abandonner, après 26 tours.

La n°53 va tout de même terminer. Elle n’est « que » 19e au général mais c’est une nouvelle victoire de classe !

Fin de la saison

La Lancia Beta Montecarlo Turbo va retourner sur le podium lors des 6h de Watkins Glen avec Patrese / Heyer (n°31) en première position et Alboreto / Cheever (n°32) en seconde position. C’est leur 8e victoire de la saison.

Aux 6h de Vallelunga, les Lancia sont donc engagées sans pression. Avec 8 victoires pour 8 résultats comptabilisés, c’est le carton plein. Pour autant la n°1 de Patrese / Cheever, termine en troisième position au général et ajoute une victoire de plus.
Au Canada, à Mosport, la 4e place de Röhrl et Heyer signifie une 10e victoire !

Lancia et Porsche auront été au coude à coude tout le long de la saison et finissent à égalité avec 160 points et 8 victoires de chaque côté. Il faut les départager et on regarde donc les résultats des autres courses : deux victoires pour Lancia, une seule pour Porsche. La Lancia Beta Montecarlo Turbo est championne du monde des voitures de sport !

La même année, Lancia participe au DRM, championnat taillé pour les silhouettes. et se place premier au classement final avec 9 podiums dont 8 avec la n°51 engagée par Hans Heyer.

Championnat de 81 : mettre Porsche de côté

En 1981, la bataille entre les Porsche 935 et les Lancia Beta Montecarlo Turbo s’annonce une nouvelle fois alléchante.

Pour cette saison, Lancia prévoyait de développer un moteur plus gros de 1773 cm³ de 520 ch avec 2 turbocompresseurs histoire d’aller chercher les 935 au général. Le projet n’a finalement pas été finalisé, Lancia anticipant déjà les réglementations du Groupe C pour la saison de 82.

Pour autant prépare également une auto pour le Groupe 6, la Lancia LC1 qui reprend le moteur de la Lancia Beta Montecarlo Turbo.

Du côté des engagement, si le Jolly Club est toujours de la partie, des privés vont aussi engager les autos tandis que l’écurie officielle est désormais le Martini Racing.

Les 24h de Daytona commencent bien : 5e place et victoire en moins de 2 litres pour Finotto / Pirro / Facetti.
Au Mugello, Alboreto et Ghinzani se font disqualifier pour avoir changé le carter de leur boîte… sinon c’était une 2e place au général.
À Monza la meilleure Lancia Beta Montecarlo Turbo, celle de Nataloni et Ricci ne termine que 7e mais c’est une victoire de classe. Même résultat à Silverstone pour Gabbian / Schön et Pianta.

Au Nürburgring les autos de Ghinzani / Heyer et Patrese / Cheever inaugurent le nouveau moteur 1773 cm­³. Résultat : une belle 4e place mais seulement une deuxième place de classe.

Les 24h du Mans 1981

Cette année ce ne sont pas 3 mais 4 Lancia Beta Montecarlo Turbo au départ des 24h du Mans. On est revenu au moteur « normal ».

La Lancia de Cheever / Alboreto / Facetti (n°65) se place en 8ème position après 322 tours et une distance parcourue 4 391.68 km. Résultat : une nouvelle victoire de classe. La n°68 de Finotto / Schön / Pianta finit également la course en 14ème position.

Les deux autres ont eu moins de chances. La n°66 de Patrese / Ghinzani / Heyer est obligée d’abandonner suite à un problème de culasse. Quant à la n°67 de Gabbiani / Pirro, elle ne pourra pas être remise sur les roues suite à un accident sur le circuit.

Fin du Championnat

Les 6h de Watkins Glen en Juillet sont la dernière épreuve comptant pour le championnat constructeur. Et Lancia le termine en beauté avec la n°1 de Patrese / Alboreto qui termine en 1ère position au général et la n°5 avec de Cesaris / Pescarolo en seconde position.

Lancia remporte le titre pour une deuxième fois consécutive, de nouveau à égalité avec Porsche mais avec un 6e résultat meilleur que la marque allemande.

Pour le DRM, Heyer s’impose au classement final en 2ème position avec 9 podiums et 6 pour son coéquipier Müller Junior.

Derniers tours de piste

En 1982 Lancia est donc passé au Groupe 6 avec sa LC1. En fait elle prépare l’arrivée de la LC2 puisque à partir de la saison 1982 seules les Groupe C et Groupe B marquent des points au mondial.

Pour autant la Scuderio Vesuvio va engager des Lancia Beta Montecarlo Turbo. On ne notera que quelques accessit : 5e et 7e places à Monza, 10e à Silverstone, et 7e au Mugello.

Les Lancia Beta Montecarlo Turbo seront de nouveau au départ des 24h du Mans 1982. Giudici / Salam / Perrier abandonnent, Castellano / Cohen-Olivar et Lemerle terminent 12e.

Deux petites apparitions sont à noter en Août 1983 pour Keke Rosberg, après cela la Lancia Beta Montecarlo Turbo rentre au musée !

Les Lancia Beta Montecarlo Turbo de nos jours

De nos jours on peut toujours voir des Lancia Beta Montecarlo Turbo. Si deux autos étaient visibles il y a quelques années avec la Verte et Rouge et une Martini, seule cette dernière est encore utilisée fréquemment. Pour la voir : rendez-vous dans le plateau CER2 des Peter Auto Series ou dans le plateau 6 du Mans Classic.

Sinon un autre exemplaire est conservé au FCA Heritage Hub.

Photos additionnelles : Luc Joly, Les24heures.fr, Italian Cars Club

Julie

Nouvelle stagiaire passionnée d'automobile depuis toujours. Elle adore se rendre à des courses pour écouter le bruit des moteurs. Elle adore conduire, surtout quand elles ont un peu plus de puissance que sa Kangoo.

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