Pour séduire les contrées internationales, la marque au losange lance la Renault 18. Berline, sobre et carrée, elle a tout d’une auto des années 80 mais elle était pourtant un peu en avance sur son temps. On revient sur l’histoire de cette Renault un peu oubliée.
La Renault 12, le début d’une idée internationale
La Renault 18 est une berline lancée dans le but de remplacer sa devancière, la Renault 12. Pour comprendre pourquoi elle est née, il faut donc revenir sur l’histoire de son aïeule. La Renault 12 est créé afin que Renault puisse briller à l’échelle mondiale. C’est là le but principal de la marque au losange avec ce projet.
L’étranger connaît déjà bien la marque, la Dauphine ayant déjà fait un peu son chemin. En créant un nouveau modèle mondial, la Régie ne doit pas faire d’erreur, car l’ambition est colossale. Il faut à la fois que le modèle soit représentatif d’une culture française déjà bien connue, tout en n’étant pas trop chère pour les pays dont l’économie est plus faible qu’en hexagone.
Lors de sa présentation, la R12 déçoit le public qui s’attendait à plus audacieux de la part de Renault. Petit à petit elle fait tout de même sa place sur le marché français et arrive même à la tête des ventes en 1973. Elle sera produite à des millions d’exemplaires jusqu’en 1980, en France. Ailleurs, elle aussi séduit comme le souhaitait Renault, d’autres marchés, notamment en Amérique du Sud, Argentine en tête.



La Renault 18, une remplaçante plus moderne
Oui mais voilà, à la fin des années 70, la Renault 12 est en fin de vie. Sa carrière s’essouffle notamment à cause de son manque de modernité. La Régie souhaite donc à faire évoluer sa gamme. En 1977, Renault commence à réfléchir à sa remplaçante. Cette dernière ne tardera d’ailleurs pas à voir le jour, puisque seulement 18 mois se sont écoulés entre sa conception et son lancement officiel.
Cette remplaçante, ce sera la Renault 18. Elle n’a rien de révolutionnaire, puisqu’elle s’inscrit tout simplement dans la continuité de la R12, et en reprend d’ailleurs la base technique. Comme son aïeule, elle a pour objectif de séduire le marché international. Par conséquent, elle est prévue pour pouvoir être montée dans d’autres continents… cela sous-entend une certaine rusticité.
Techniquement, la R18 reprend l’architecture moteur longitudinale et le Cléon à arbre à cames latéral entrainé par chaine de la Renault 12, ainsi que son essieu arrière rigide. Si elle est plus grande que la 12, elle reste légère et aérodynamique ce qui lui permet de garder quand même de bonnes performances. Comme elle, elle est aussi une traction.

Plus arrondie que son aïeule, elle parait aussi plus grande. C’est à Gaston Juchet que l’on doit le design de la R18. La Renault 18 reprend la recette stylistique typique des années 80 : des formes très carrées, géométriques et de la sobriété. On ne faisait pas l’acquisition d’une R18 pour sa beauté mais pour sa practicité, et sa modernité. L’objectif de Renault avec ce modèle était clairement de proposer une auto plus moderne, plus statutaire. Ce fut pari tenu puisque pour une voiture lancée en 1978, elle avait déjà tout d’une voiture des années 80.



La carrière de la Renault 18
La Renault 18 est plutôt bien accueillie par le public à l’époque. Elle est considérée comme une R12 améliorée et son confort et sa sureté sont mises en avant par la presse. Son seul bémol était alors sa direction considérée comme trop dure.
Côté moteurs, les premiers à être implantés sous le capot de la berline sont les Cléon-fonte 1.4 litres de 64 ch pour l’entrée de gamme et Cléon-Alu 1.6 litres de 79 ch pour une version un peu plus puissante. Le premier équipera les versions TL et GTL tandis que le second équipera les versions TS et GTS. La régie ne propose que des petites cylindrées, plus avantagées fiscalement à l’époque après les chocs pétroliers.
Sa carrière démarre donc plutôt bien et trois ans après son lancement, la Renault 18 est la familiale la plus vendue en France. Elle n’est disponible qu’en 4 portes berline au départ mais dès 1979 elle est proposée aussi en version break.





Une Turbo pour la gamme
Une berline avec plus de cran ? La marque au losange n’a pas hésité à proposer une auto de ce genre en lançant dès 1980 la Renault 18 Turbo. Elle sera d’ailleurs la première berline vitaminée du marché français où c’étaient plutôt les petites voitures qui se faisaient sportives à l’époque. Peugeot suivra cette idée en lançant trois ans après la 505 Turbo Injection.
La Renault 18 Turbo sera équipée d’un moteur développant 110 ch. Pour ce nouveau modèle, Renault prend un moteur Cléon-Alu, mais pas le 1647cm³ du lancement. Il s’agira du petit 1563 cm³ de la Renault 16 TS. À cela, on ajoutera donc un Turbo Garett qui souffle à 0,6 bar, et on laisse le carbu tranquille. Grâce à tout cet attirail, la Renault 18 prend en grade.



En même temps, c’est le moteur diesel Douvrin qui fait aussi son apparition dans la gamme de la Renault 18. Il s’agit d’un moteur 2 litres de 66 chevaux. Cela donnera naissance aux versions TD et GTD. La Renault 18 sera d’ailleurs l’une des première Renault à avoir un moteur diesel dans sa gamme !

Cependant, 1980 marque aussi l’apparition d’un modèle cousin à la Renault 18, la Renault Fuego. On peut même qualifier cette dernière de dérivé de la R18 puisqu’elle en reprend la plateforme et même quelques motorisations. Si le design est bien éloigné (hormis les phares), elles sont pourtant bien liées.
En 1981, la gamme des moteurs diesel évolue encore et c’est le Turbo Diesel qui fait son apparition, avec 2068 cm³ il propose 88 ch. Ainsi, la gamme diesel de la R18 s’élargit et promet une version plus haut de gamme que les TD et GTD.
Restylage et nouvelles versions
En 1983, la gamme de la Renault 18 évolue encore et cette dernière obtient notamment une nouvelle phase. Son style se veut plus moderne et on la reconnait à quelques détails. Par exemple, les clignotants passent d’orange à blanc, les suspensions sont revues et les montants de portières sont peints en noirs. De plus, l’ensemble de la gamme adopte les pare-chocs de la Turbo.
Si le Douvrin est jusqu’ici réservé aux diesel, Renault implante toutefois en 1983 une version essence développant 110 ch sous le capot de la Renault 18. La même année, la Renault 18 Turbo est améliorée et poussée à 125 ch. Pour ça, la pression du Turbo passe de 0,6 bar à 0,85 bar. La Renault 18 aura aussi le droit à une version « Quadra », 4 roues motrice donc, même si elle n’était pas encore nommée comme ça à l’époque.


La Fuego n’est pas la seule à reprendre des éléments de la Renault 18 puisqu’en 1984 est aussi lancé le fameux Renault Espace. Ce projet lancé par Matra, proposé à PSA puis finalement lancé par Renault reprend les bases techniques de la Renault 18, ce qui le fera d’ailleurs passer en traction.
Grâce à la version 4×4, la Renault 18 met d’ailleurs une roue dans le sport auto. Les frères Marreau ont en effet participé au Paris-Dakar avec une R18 de leur conception à moteur V6 de 1983 à 1985. Elle aura moins de succès que la R20 4×4 précédemment engagée par les deux frères mais permettra de démontrer les capacités du système 4 roues motrices de Renault.


Une carrière à l’étranger
La Régie voit grand lorsqu’elle commercialise la Renault 18. Du coup, elle ne se contente pas du marché français. L’Argentine, l’Australie, la Colombie, la Côte d’Ivoire, le Mexique, le Maroc ou encore l’Espagne sont des pays qui ont pu voir la R18 arpenter leurs routes. Le slogan publicitaire de l’époque sonnait d’ailleurs en ce sens « Renault 18 : une exigence internationale ». L’auto était conçue pour être exportée dès le début. La R18 sera aussi exportée aux Etats-Unis.
Pour soutenir les ventes qui s’essoufflent, le constructeur lance en 1983 une série limitée appelée « American ». Inspirée de la version vendue aux USA, elle dispose de la peinture bi-ton et du moteur 1.6 litres de 73 chevaux. Elle aura aussi un becquet arrière, des jantes alliage avec des pneus 155 SR 13, un pare-choc avec inserts chromés et un encadrement des glaces latérales noir mat. Cette série limitée aura même le droit à une version appelée « American 2 » après la sortie de la Renault 18 phase 2.


En Argentine, la Renault 18 a même eu une carrière sportive ! Si on ne l’imagine pas quand on la regarde, elle a obtenu quatre titres dans Campeonato Argentino de Turismo Nacional, la compétition argentine de voitures de tourisme, en classe 3.
A la fin de sa carrière, la Renault 18 est devancée par la Renault 9 et la concurrente Peugeot 305 au palmarès des ventes. Lorsque Renault lance la R21 en 1986, elle a officiellement l’air obsolète. Cependant, la Renault 18 a été produite à l’usine Renault de Flins dans les Yveline de 1978 à 1989. A l’étranger, elle joue les prolongations puisqu’elle fut produite de 1981 à 1998 en Argentine. Pas si obsolète que ça finalement.
Au total, 2.028.964 exemplaires seront produits tout au long sa carrière. La Renault 18 aura tout de même connu un certain succès sur le marché français et étranger. Sa modernité par rapport aux concurrentes lui a permis de faire sa place sur les routes.


La Renault 18 en collection
La Renault 18 ne fait pas partie de celles qui sont promues objet de collection par excellence. C’est donc une auto qui est restée plus qu’abordable et qui permet d’entrer dans le monde de la voiture ancienne à petit budget. Seul bémol, les modèles de Renault 18 en bon état ne courent pas les rues, et encore moins les annonces de vente ! Il faudra donc vous armer de patience pour en trouver une en bon état. Pour le budget, il faudra donc compter entre 2000 euros pour les moins conservées et 6000 euros pour les modèles en excellent état.
Photos complémentaires : Wheelsage






Guilloteau
Merci pour cet article fort intéressant, pour rajouter une anecdote les premiers modèles ont connu des problèmes de répartiteur de freinage en courbe, avec les conséquences que l’on peut imaginer. Le service commercial de l’époque était au courant. L’un de mes oncles en a fait les frais…
· · 14 septembre 2024 à 7 h 30 min
Brézout Robert
La Renault 18, ça c’est de la Renault, de la vrai Renault, alors là pardon moi j’dis bravo, ça c’est champion, écoute moi ç’moteur, hein qu’est-ce que tu dis d’ça, c’est pas d’l’Hispano ni d’la Suiza mais c’est du moteur, du vrai moteur . . .
· · 14 septembre 2024 à 9 h 17 min
Prevot
Bravo pour ce belle article ainsi que pour les belles photos je suis l’heureux propriétaire de la 18 break en photo
· · 14 septembre 2024 à 13 h 22 min
Rudolf Bouten
Bonjour Valentine, Benjamin et les autres. Merci pour cet article sur la R18. Longtemps que j’ai eu une R18 TS break pour mon entreprise et privé. Une voiture sans fantaisie, mais sans problèmes non plus. Même avec la boite à 4 vitesses, elle ne consommait pas tant que ça: le moteur n’avait pas besoin de cravacher non plus. Le confort était nettement au dessus du R12. Une voiture économique! Par la suite je l’ai remplacée par une Volvo 240 break diesel, qui a son tour a été suivi par d’autres Volvo break. Mais la ligne du break 18 était tellement plus belle que sa concurrente , la 305 break!
DAFistement vôtre,
Rudolf
· · 14 septembre 2024 à 15 h 03 min
Valé
Que du bonheur avec la R18GTL avec laquelle nous formions un vrai duo…. puis un jour , 2 arbres ont été plus robustes que ma 18 , et elle assez robuste pour me sauver la vie . Elle m’a énormément manqué. Merci de raviver tout nos souvenirs.
Merci pour cet article.
· · 14 septembre 2024 à 23 h 15 min
olivier Oudoux
je travaillait à Fumel (47) chez pont à mousson , à la fabrication des chemises pour les Renault 18 diesel et turbo diesel, chemises en fonte graphitée à jupe fine.
La particularité des chemises TD , elles avaient quatre encoches pour permettre le passage de pissettes qui lubrifiaient les axes de pistons
· · 15 septembre 2024 à 0 h 50 min