Essai d’une Peugeot 403, popu et fière de l’être

Publié le par Benjamin

Essai d’une Peugeot 403, popu et fière de l’être

Impossible de l’avoir manqué : la Citroën DS fête ses 70 ans cette année. Mais elle n’est pas la seule berline d’une grande marque française à avoir été lancée cette année là. La Peugeot 403 a été lancée quelques mois avant, le 20 Avril 1955 pour être précis. Si son aura n’est pas tout à fait celle de la chevronnée, celle qui fut la première lionne à dépasser le million d’exemplaires vendus fait partie intégrante de notre paysage automobile. Alors on va se mettre au volant d’une version d’entrée de gamme, une 403-7 (va falloir avoir l’œil).

Notre Peugeot 403 du jour

On vous a dit, il va falloir avoir l’œil. Petit rappel historique. Lorsque la Peugeot 403 sort en 1955, elle est dans la lignée de la 203. 4 cylindres à l’avant, propulsion, ligne aussi classique que sa technique, elle ne va pas beaucoup évoluer avant 1960. Cette année là, la marque au lion sort la 404 tandis que la 203 disparaît du catalogue. La Peugeot 403-7 (pour indiquer la puissance fiscale) permet de combler le « trou » ainsi laissé en proposant une auto plus simple, notamment avec une calandre spécifique, complètement ouverte avec uniquement un blason orné du lion.

C’est une de ces autos que nous avons entre les mains pour cet essai. Mais ça ne se voit pas parce que son propriétaire a souhaité l’embellir. C’est pour cela que l’extérieur se pare de nombreux accessoires et que la calandre est directement piquée à la « 8 ». En fait, il va vraiment falloir chercher les détails pour reconnaître notre Peugeot 403 du jour et ça ne va pas se jouer qu’à l’extérieur !

À l’avant on retrouve donc la grande bouche de la Peugeot 403 des débuts avec cette calandre barrée d’une grosse baguette et surmontée d’une moustache. C’est un avant finalement très classique. Par rapport à la 203, c’était bien plus moderne avec un capot bien plus plat, même s’il présente un renflement central. Surtout, les ailes sont quasiment à la même hauteur et prolongent les deux phares ronds. En dessous, place aux gros clignotants et au pare-chocs, simple et qui semble robuste et qui comporte des butoirs (normalement absents sur les 7cv).

Les longue portée qui sont en dessous ne sont pas plus d’origine que les baguettes qui surmontent les ailes. On remarque aussi que le fameux lion de capot, remplacé à partir de 1959 par une baguette plate, a été remonté.

La simplicité vue à l’avant de la Peugeot 403 se remarque aussi sur le côté. Une baguette court sur tout le long de la voiture, au-dessus des poignées de porte et une autre marque le bas des portes. Sur notre auto du jour, il relie deux Robbris tandis qu’un autre vient se placer derrière la roue arrière. Quelques embellissements pour une auto qui ne se démarquait pas par ses chromes ou ses ornements. Ça se voit aussi sur les roues, très simples.

Ici, le trait caractéristique des 7cv a disparu. Normalement ces 403 d’entrée de gamme ne proposaient pas de déflecteurs aux vitres avant. Vue la température de cette matinée de la fin mai, on est heureux de l’entorse à l’origine !

À l’arrière aussi la Peugeot 403 la joue sobre. Par contre, de ce côté c’est bien plus moderne que sur la 203, c’est indéniable et on ne peut pas se retenir de lui trouver un air de Mercedes « Ponton ». Les ailes arrières sont à peine marquées et terminées par des feux fins et verticaux. Au milieu, c’est la malle, de bonne taille puisqu’elle part dès le pare-chocs, toujours aussi épais. Si le 403 était visible à l’avant, sous le lion, à l’arrière on indique seulement Peugeot.

En bref, le design de notre populaire française est très sobre. C’était d’ailleurs un point de démarcation par rapport à la modernité affichée par la Citroën DS. La Peugeot 403 était plus conservatrice tout en restant plutôt moderne et élégante pour son époque. Notons tout de même que ce style est un jalon historique puisqu’il marque la première collaboration entre Peugeot et Pinin Farina.

Technique : un sacré mix

La sortie de la Peugeot 403 avait été l’occasion de booster les performances. On avait pris le moteur de la 203 et fait passer la cylindrée de 1290 à 1468cm³ en augmentant l’alésage de 5mm. La culasse en Alpax était également toute nouvelle avec des chambres hémisphériques. Au total, le moteur développait 58ch… sur la 8cv.

Notre voiture du jour est donc une 7cv. Impossible de conserver la même puissance fiscale avec un plus gros moteur. En fait, la 7cv fait un mix en reprenant le moteur 1290cm³ mais en conservant la conception de la nouvelle culasse. Le résultat est convenable avec 47ch. Le couple ? 9,4mkg, c’est pas fou !

Pour le reste de la technique, on reprenait le conservatisme de la 203. La Peugeot 403 était forcément une propulsion (avec une boîte 4 au programme) avec des roues avant indépendantes et un essieu rigide à l’arrière. Les freins ? Ce sont évidemment des tambours.

En tout cas, la fiche technique n’a rien de reluisante. Mais ce n’est pas vraiment ce qu’on demandait à la Peugeot 403 qui atteignait tout de même les 130km/h et, surtout, le faisait avec une fiabilité que toutes les concurrentes n’étaient pas en mesure de garantir.

Intérieur : simple

Difficile de faire la différence entre un intérieur de Peugeot 403 et un intérieur de Peugeot 403… sauf qu’il y a des indices. Globalement, on retrouve facilement les grandes lignes de l’intérieur de la berline au lion. Ici, pas de luxe au programme, les boiseries et le cuir, on les laisse à d’autres. Là c’est simple, mais ça semble costaud.

En ouvrant la porte, vous saurez que vous vous retrouvez en présence d’une 403-7 en regardant le volant. Celui de la 8cv proposait un cerclage pour le klaxon. Ici, il est simple et de bonne taille. D’ailleurs, avec la teinte de notre auto du jour, ça fait du ton sur ton. Ce blanc cassé, on le retrouve à l’intérieur des autres 403 de la bande mais ici ça se marie parfaitement avec l’extérieur.

On remarque quelques garnitures en simili, au-dessus de la planche de bord et en dessous. Au sommet du dossier de la banquette aussi car, oui, les sièges séparés étaient un des signes des 8cv. On ajoute quelques traces de ce simili bleu-foncé sur les habillages de porte dont les accoudoirs.

Côté instrumentation, la Peugeot 403 ne la joue pas sportive avec des compteurs ronds. En fait on a un seul compteur, le tachymètre, généreusement gradué jusque 150. En dessous, quelques informations complémentaires avec la pression d’huile, la jauge de carburant, l’odomètre et le témoin de charge.

Pour le reste, peu de commandes, quelques boutons au tableau de bord, un autoradio et puis on a fait le tour. C’est sûr qu’on ne va pas se perdre. Mais on va surtout prendre le volant !

Au volant de la Peugeot 403

C’est parti pour un tour. Niveau accessibilité, rien à dire, c’est facile de s’installer à bord de notre lionne. Pour ce qui est de la position de conduite, c’est plus sommaire mais on prendra comme ça vient. Pour autant, la banquette n’est pas trop mal placée et si je me retrouve près du volant, ce n’est pas forcément un gros souci. Le moteur démarre au quart de tour. Niveau sonorité, pas de doute, c’est bien une populaire et elle n’est certainement pas là pour nous créer de grandes émotions mécaniques ni auditives.

Le maniement du levier n’est pas bien compliqué. Les sensations avec ces leviers au volant ne sont pas toujours folles mais dans le cas présent on sent bien que le rapport est enclenché. La Peugeot 403 démarre, clignotant mis (sans trop forcer sur le commodo qui est réputé cassant) et c’est parti.

Un petit tour dans un village pour commencer. Nous ne sommes pas au volant d’une sportive mais bien d’une voiture bien populaire qui se doit donc d’être parfaitement utilisable. Bon, il faut quand même se rappeler que si les routes étaient moins belles en 1965 quand notre berline est sortie d’usine, les ralentisseurs n’existaient pas non plus dans les proportions actuelles. De fait, on doit les affronter mais la Peugeot 403 s’en sort plutôt bien. Autre avantage de notre berline dans les petites rues : son gabarit. C’est bien plus facile de se faufiler avec notre lionne qu’avec un SUV et on voit tout aussi bien (voir mieux) ce qui se passe autour.

Le village est passé, maintenant on file sur la route. L’accélérateur répond correctement et la Peugeot 403 grimpe dans les tours. On ne parle pas de Pogacar à l’assaut de l’Alpe d’Huez hein. Plutôt du grupetto. On prend notre temps mais on y va, doucement mais sûrement. Allez hop, on rentre la 3e. Dans tous les cas, il faut décomposer le mouvement pour que ça se passe bien.

En tout cas on se retrouve vite à des vitesses correctes. Très correctes même. Une portion en 2×2 qui arrive ne fait pas peur à la lionne qui grimpe vite aux 100 compteur, voire un peu plus. Et en plus ils sont réels ! Et la boîte dans tout ça ? On est encore en troisième ! La 7cv a beau avoir une surmultipliée, on la garde pour le plat ce qui n’est pas vraiment le cas ici.

Pour l’instant, je suis bien étonné des performances de la Peugeot 403. Je ne m’attendais pas à une telle facilité pour tenir un bon rythme, surtout que d’autres voitures réputées plus performantes ne m’avaient pas laissé un souvenir impérissable dernièrement. En tout cas, ça roule et les bornes kilométriques défilent sur le bas côté.

Le confort ? On a fait le choix de mettre les déflecteurs vers nous. L’aération est bonne mais on entend encore plus le moteur. Après, s’il n’a rien d’une diva comme pourrait l’être un 12 cylindres italien, le moteur de la Peugeot 403 n’est pas désagréable à l’oreille. On ajoute qu’on est bien assis mais qu’il faut absolument oublier toute notion de maintien, c’est pas au programme avec cette banquette très plate… et sans ceintures évidemment.

On sort des grands axes pour de plus petites routes. L’amortissement y est bien suffisant. Le moteur relance proprement et voilà qu’arrivent des virages. Pour le moment, je n’ai pas évoqué le freinage. Sur notre Peugeot 403 du jour, un petit souci de réglage fait que la pédale n’est efficace que vers la fin. Le dosage s’approche de celui d’une Citroën mais la bonne surprise c’est que l’efficacité est presque aussi bonne. Je rétrograde pour me mettre en seconde (en ne tirant pas trop le levier vers moi au risque de passer la marche arrière) et me voilà à enrouler le virage.

La direction est précise et la trajectoire est celle que je voulais. Le grand volant (dieu que j’aime ces grands cerceaux) aide à bien viser surtout qu’il n’y a pas de jeu dans la direction. Comme il n’y a pas d’assistance non plus, heureusement que le volant est grand pour aider à la manœuvre tout en renvoyant suffisamment d’informations.

Bon, on sent bien que le confort de la lionne vient de sa souplesse de suspension parce que ça penche sérieusement. Ce n’est pas une deuche pour autant mais on sent bien que ce n’est pas prévu pour passer trop fort. Après, je ne suis pas là pour ça. Une fois sorti du virage, hop, c’est reparti et le moteur nous ramène assez vite à la vitesse maximum autorisée.

Rien à déclarer ? Et bien pas grand chose en tout cas. La Peugeot 403 est facile dans tous ses aspects. Pas besoin d’être trop aux aguets non plus, elle se conduit comme une voiture ancienne très classique. Cela veut surtout dire qu’il faut prendre son temps et bien anticiper.

Mais au-delà de ça, elle sait se montrer plaisante. Alors on profite de la route et du soleil et on file vers le prochain rasso ! Tiens, on passe même à l’arrière pour tester le confort. Une chose est sûre, avec celle-ci on peut vraiment utiliser l’arrière et apprécier de se faire promener sans être à l’étroit.

Conclusion

Non, la Peugeot 403 ne nous a pas distribué des émotions mécaniques indescriptibles. Elle n’est pas faite pour ça ! Cette voiture dont la conception a donc 70 ans n’était pas la plus révolutionnaire de son époque mais ça ne l’empêche pas d’avoir été bien pensée. Elle est performante et confortable et saura vous faire voyager sans trop de prise de tête et en famille si vous le voulez.

Le gros bonus ? En bonne populaire, tout arrêt dans un village attirera les curieux. S’ils restent à distance d’une Ferrari, ils se rapprocheront d’une Peugeot 403 parce que le père/oncle/frère/cousin en a eu une avec tous les souvenirs que ça implique. Finalement, c’est aussi ça qu’on lui demande non ?

Les plus de la Peugeot 403Les moins de la Peugeot 403
Un grand classiquePas la plus originale
Des performances correctesUn peu dans l’ombre
Une auto robuste
Un budget contenu
Les notes de la Peugeot 403
Fiche techniquePeugeot 403
Années1960-1967
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1290 cm³
AlimentationCarburateur
Soupapes16
Puissance Max47ch à 4500 trs/min
Couple Max94Nm à 4000 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 4 rapports
TransmissionPropulsion
Châssis
Position MoteurLongitudinale avant
FreinageTambours AV et AR
VoiesAV 1340 mm / AR 1320 mm
Empattement2660 mm
Dimensions L x l x h4455 x 1670 x 1500 mm
Poids (relevé)1150 kg
Performances
Vmax annoncée130 km/h
0 à 100 km/hNC
400m d.aNC
1000m d.aNC
Poids/Puissance24,5 kg/ch
Conso Mixte± 8 litres / 100km
Prix± 8.000 €

Conduire une Peugeot 403

On vous l’a dit, la Peugeot 403 est une voiture de grande diffusion puisque c’est la première lionne à avoir dépassé le million d’exemplaires. Par conséquent : elle n’est pas dure à trouver. Notez tout de même que les versions 7cv ne sont pas les plus communes mais qu’elles ne seront pas plus chères. Il existe aussi des versions plus rares, comme les breaks ou le cabriolet et dans le cas de ce dernier, l’addition peut vite monter !

Sinon, côté prix justement, la Peugeot 403 a su rester à peu près populaire. Contrairement à la DS, justement, son prix est resté contenu. En fait, vous pouvez en trouver une à tout petit prix, moins de 5000€, mais il faudra alors mettre la main à la poche pour qu’elle soit vraiment belle. Ces voitures ont souvent été restaurées donc les prix ont augmenté (c’est un serpent qui se mord la queue en fait) mais entre 5000 et 10.000€ vous commencerez à trouver de beaux exemplaires sans trop de travaux.

Ce qu’il faut surveiller ? L’avantage de la Peugeot 403 c’est que c’est une auto volontairement robuste. Sochaux n’a pas pris de risque au moment de la conception et le moteur reste dérivé de celui de la 203. On est sur du costaud et ce n’est pas la mécanique qui sera très problématique surtout que les spécialistes des pièce pour voitures anciennes (Ichard ou Melun Rétro Passion par exemple) auront de quoi la restaurer à des prix plutôt corrects (attention, c’est pas de la deuche non plus).

Par contre, c’est une voiture qui accuse son âge… et la corrosion sera une vraie problématique. Elle peut attaquer de nombreuses parties de la caisse et il faudra tout surveiller, même sur les autos ayant subi une restauration ancienne (surtout quand la 403 ne valait pas vraiment une restauration concours). Bref, rien de très surprenant sur ce guide d’achat.

Un énorme merci à Marcel pour cet essai calé au dernier moment.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. LARBANET

    Bel essai ! On avait l’impression d’être dans l’auto ! Toutefois,un oubli dans dans le descriptif. L’absence de trappe à essence… A l’époque,j’étais très jeune mais je voyais mon père soulevait le feu ARG pour faire le plein d’essence dans la station AZUR proche de chez nous. Bonne journée

    Répondre · · 3 juin 2025 à 11 h 40 min

  2. Pierre-Yves CERTAIN

    Bravo pour la photo panoramique du tableau de bord !! A refaire pour les suivantes.

    Répondre · · 3 juin 2025 à 14 h 03 min

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