Quand on est amateur de mouton à 5 pattes, il y a des voitures qui attirent plus que d’autres. Et puis quand on est amateur de jeux vidéos, certaines sont des icônes qu’on a déjà conduit virtuellement sur des centaines de bornes sans ressentir grand chose. Au croisement de ces deux assertions, on retrouve notamment la Mazda RX-7. Évidemment, elle fait partie de ces autos auxquelles on pense pendant des années avant de croiser la bonne. Heureusement on a un amateur de rotatifs dans les parages et cette FD est arrivée. Maintenant, on la détaille et, surtout, on l’essaye.
Au sommaire
Notre Mazda RX-7 du jour
Une ligne superbe
Elle a bien évoluée la Mazda RX-7 depuis ses débuts à la fin des années 70. Née anguleuse (dans l’ère du temps), elle a évolué en étant plus ronde, plus massive aussi, dans les années 80 (toujours dans l’ère du temps) avant de devenir celle que l’on a sous les yeux au début des années 90. Car c’est bien en 1991, l’année où Mazda gagne les 24h du Mans d’ailleurs, qu’apparaît notre FD du jour.
Il faut avouer qu’elle est totalement dans l’ère du temps, elle aussi. Le bio-design fait sa route dans la tête des designers automobiles et les formes s’arrondissent encore. Dans le cas de la Mazda RX-7 FD, les formes s’affinent également, retrouvant un peu de la finesse des débuts et ne gardant finalement aucune filiation stylistique avec la FC. Le résultat ? Ça marche, tout simplement.

À l’avant, pourtant, on retrouve une des caractéristique que vont partager toutes les générations de Mazda RX-7 (puisque la FD est la dernière) : les phares. Ils ont toujours été pop-ups et c’est vrai que c’est un plus quand on veut proposer un avant fin et, d’ailleurs, Mazda utilisait la même solution sur la MX-5 NA apparue en 1988 et proposée comme petite sœur de notre auto du jour. La signature lumineuse était complétée avec les veilleuses blanches placées de chaque côté de la plaque.
Sous celle plaque, des entrées d’air. Elles sont fines, elles aussi et on retrouve des projecteurs additionnels dans la plus grosse, située au centre, qui tient lieu de calandre. On s’étonne presque, sur une auto qui paraît moderne, de retrouver l’ancien logo de la marque de Hiroshima. Un ancien logo en fait puisque la Mazda RX-7 a reçu un logo où un losange était encerclé les deux premières années avant de recevoir celui-ci.
En tout cas, l’ensemble est fin, bas et élégant. La preuve : on remarque à peine la lame, plutôt travaillée, située tout en bas.



Le profil interroge forcément. Oui, la Mazda RX-7 est un coupé. Mais elle reste dans la tradition des générations précédentes et c’est une 2+2. Pourtant, aucune vitre de custode n’est au programme et on aperçoit les appui-tête bien reculés. En tout cas, cette architecture ne nuit pas au dessin né au centre de design d’Irvine sous le crayon du taiwanais Wu-huang Chin (qui a signé la MX-5 NA, ceci explique cela).
La porte se dessine tout en rondeur. Le pavillon est bas et la ligne de carrosserie amorcée par les ailes avant (basses) remonte légèrement. Les roues sont plutôt simples mais assurent que ce n’est pas n’importe quelle voiture. Une sortie d’air, située juste derrières celles de devant ajoute un côté sportif. En tout cas, difficile d’apprécier vraiment les dimensions. La Mazda RX-7 paraît petite alors qu’elle mesure, quand même, 4,29 m de long !



L’arrière accuse un peu plus son âge. Déjà parce que la Mazda RX-7 propose un aileron qui n’a rien de fin. Ensuite on remarque une petite chose originale : le pavillon, vu de cet angle, propose une double bossage très léger qui pourrait rappeler une Zagato (on a vu pire comme comparaison). Les feux sont reliés par une bande noire qui épouse la forme de la malle. Notez que cette bande noire fait partie de la malle dont le seuil est tout de même assez haut.
D’autres feux sont situés plus bas, près de la plaque. On note aussi l’imposante double sortie d’échappement. Ça, ça annonce la couleur.
D’ailleurs, la couleur, on n’en a pas encore parlé mais il faut reconnaître que la Mazda RX-7 est belle en rouge. En fait, mais ce n’est qu’un avis personnel, mais ce design matche vraiment. On sent la sportivité et la ligne est élégante




Mécanique forcément atypique
Quand on pense à la Mazda RX-7 on ne pense pas d’abord à son design. Non, c’est sous le capot que c’est plus intéressant. On ne l’apprend à personne, la bestiole embarque un moteur à piston rotatif. C’est original et ça marche différemment de tous les autres moteurs à explosion. D’ailleurs, on précise que c’est un moteur bi-rotor. Ce n’est pas l’équivalent d’un 2 cylindres, même pas au niveau de la cylindrée puisqu’on atteint 1308 cm³.

On ne va pas vous faire un rappel du mode de fonctionnement du moteur à piston rotatif puisque c’est déjà traité par ici. Il est donc développé par Felix Wankel et arrive à maturité à la fin des années 50 et sous le capot de certaines voitures dans les années 60. En Europe c’est la Comotor qui est son fer de lance avec Citroën et NSU tandis que Mazda s’y met aussi. Sauf que ce moteur offre de bonne perfs côté puissance mais accuse un gros manque de couple.
Mazda va donc développer une version turbo sur les premières générations de la Mazda RX-7 et va aller bien plus loin avec cette Mazda RX-7 puisque c’est un bi-rotor et bi-turbo ! Attention, les deux turbos ne fonctionnent pas ensemble. Pour booster les perfs on démarre un premier turbo, petit, un peu en-dessous des 2000trs/min. Le deuxième intervient bien plus tard, vers les 4500 tours. Résultat : le couple est tout de même de 294Nm mais à 5000 tours ! La puissance maxi est atteinte à 6500 tours et culmine à un peu plus de 250ch (un poil moins pour les versions européennes).
Sinon, pour le reste c’est du classique avec une boîte 5 qui envoie la cavalerie au train arrière et des disques ventilés à 4 pistons à l’avant et 2 à l’arrière pour arrêter le tout. Par contre, la Mazda RX-7 n’est pas forcément légère puisqu’on la mesure autour des 1400kg sur la balance… mais on conserve un rapport poids/puissance intéressant.



Intérieur spartiate mais pas dépouillé
La Mazda RX-7 est une sportive mais pas une GT. On pourrait croire que l’intérieur va se retrouvé dépouillé mais le poids est une indication : pas d’impasse sur le confort. Au moins pour les occupants de l’avant. Car, encore une fois, la Mazda RX-7 est une 2+2 sur le papier mais dans les fais les passagers arrière seront plutôt des sacs de voyage que des humains, même jeunes.

À l’intérieur, le cuir est là et la matériaux de bonne qualité. Bon, pas d’originalité ni de touche de couleur à l’horizon. Pas vraiment de touche japonaise non plus si ce n’est le frein à main qui reste à droite de la console centrale. L’ergonomie ? C’est japonais donc c’est très bien pensé et le levier de vitesse a l’air parfaitement placé tandis qu’on va pouvoir s’installer sans être trop tordu malgré l’habitacle étriqué.
L’instrumentation est originale. On débute sur le montant de pare-brise avec un mano qui permet de suivre la santé des turbos de la Mazda RX-7… si la poussée ne suffit pas. Ensuite, trois petits manos sont dévolus à la jauge de carburant, la pression d’huile et la température d’eau. Le compte-tours est gradué bien plus haut que la puissance maxi et le tachymètre est large, lui aussi, puisqu’il mesure jusqu’à 280km/h, une vitesse que notre japonaise n’atteint pas (en tout cas celle-ci, de série).
On est plutôt bien traité au premier abord. Maintenant, on va voir ce qui se passe quand on roule !



Au volant de la Mazda RX-7
Allez, c’est parti, maintenant on va apaiser le dernier stade de notre curiosité. S’installer à bord n’est pas si facile. On vous l’a dit, c’est une 2+2 sur le papier et dans les faits, c’est bas. Heureusement, c’est une ergonomie japonaise des années 90 qui nous accueille donc on trouve vite une bonne position de conduite à bord de la Mazda RX-7… tant qu’on est pas trop grand (sur tous les axes).
Le moteur démarre. Oubliez les hurlements d’une 787B, ici c’est beaucoup plus civilisé. L’avalanche de décibels reste mesurée MAIS on sait bien qu’on a pas démarré un cléon. Le bruit est difficilement descriptible (heureusement vous avez une vidéo plus bas pour ça) et il est assurément atypique. Plus conventionnel, le levier de vitesse tombe sous la main. L’embrayage est sec, il demande plus de force que nombre de voitures de cette époque et est assez sec. Le premier démarrage n’est pas le plus coulé qu’on ait eu l’occasion de faire mais la japonaise roule.
Les premiers tours de roue, à vitesse « d’acclimatation » révèlent qu’il n’y a pas à avoir peur de la Mazda RX-7. Oui, elle n’est pas conventionnelle. Pourtant, elle se conduit facilement. L’embrayage ne pose pas de souci une fois lancé et la boîte est bien étagée. Côté perfs, rien à redire. Si ce moteur peut sembler creux à bas régime, rouler en mode balade ne nécessite en aucun cas de trop tirer sur le bi-rotor. En fait le petit turbo, qui charge vers les 2000 tours ne se met vraiment en action qu’au moment d’aller chercher les 90 sur nationale. Sinon, même pas besoin de dépasser ce premier palier pour rouler.



Le confort est bon et le chauffage efficace (le jour de l’essai, c’est un vrai plus). On est bien assis et, finalement, on oublierait même qu’on a un moteur si particulier sous le capot. Le bruit de moteur est là mais, bas dans les tours, il ne peut pas vraiment révéler son côté atypique.
On fera seulement attention aux villages traversés qui compteront bientôt plus de ralentisseurs que d’habitants. La Mazda RX-7 est basse et il faut prendre ses précautions. Heureusement, on a une bonne vue sur l’extérieur pour se faufiler entre les chicanes qui complètent ces fameux ralentisseurs. Certes, je ne choisirais pas une Mazda RX-7 pour être une citadine de tous les jours. Mais c’est un passage obligé quand on veut se rendre sur une route qui peut lui permettre de s’exprimer.
Sur des routes plus classiques, puisqu’on a plusieurs choses à tester on commence par la première, c’est le moteur. Ligne droite dégagée, moteur en température, sortie de village rime avec rétrogradage. Je ne m’en prive pas ce qui envoie instantanément l’aiguille du compte-tours vers le haut. Pied droit au plancher, c’est parti.
Le premier turbo se met vite en route. Son inertie et sa conception font que c’est sensible mais qu’on est loin de l’effet turbo ressenti dans des brutes épaisses des années 80. La poussée est réelle et le moteur commence à se faire entendre. Sa sonorité est spéciale mais, encore une fois, oubliez la 787B, c’est ici un moteur civil qui fait un bruit à part mais moins impressionnant que certains V8 ou V12 italiens par exemple.
Dans l’intervalle, ça pousse toujours et le gros turbo s’est mis en route. Le moteur de la Mazda RX-7 est vraiment bien conçu parce que ça ne s’est pas senti si ce n’est que ça pousse encore ! Les chevaux sont là. On atteint le couple maxi, très haut perché et on enchaîne avec la puissance seule pour pousser encore jusque vers la zone rouge et changer de rapport à 6500 tours. Le plus impressionnant c’est que ces derniers paragraphes résument quelques secondes à peine !


Les bruits sont plus présents et la Mazda RX-7 file vers les virages. Les grandes courbes sont avalées sans sourciller, la bête est basse et plutôt légère. En tout cas la légèreté est bien plus prononcée au volant que sur la fiche technique. Les virages approchent. Le freinage manque un poil de mordant mais fait le job. Attention cependant : le frein moteur n’est d’aucune aide ! La voiture se place bien, la direction est précise et remonte ce qu’il faut d’informations. En tout cas, ça passe fort !
Une fois, deux fois, trois fois, la japonaise enchaîne les courbes et la boîte passe les rapports dans un sens comme dans l’autre. Entre chaque coup de volant, c’est le pied droit qui apporte sa pierre à l’édifice et relance le coupé rouge avec ce bruit si atypique et cette poussée vraiment franche.
Pris séparément, les ingrédients de la fiche technique sont intéressants, sans plus, mais mis ensemble, faut bien avouer que ça marche fort. Le moteur n’affiche pas une puissance démesurée (quoi que ça reste costaud) mais offre finalement des relances et des accélérations qui sont bien plus intéressantes que ce que les chiffres laisseraient penser. Et puis le châssis est quasi irréprochable si ce n’est que j’aimerais un peu plus de frein. Mais ça ne m’empêche pas de m’amuser et la Mazda RX-7 d’être efficace.



En calmant le jeu, elle redevient une voiture plus conventionnelle. Oh, on est toujours tenté de pousser un peu les rapports histoire d’entendre mieux le moteur mais la japonaise montre sa polyvalence et son homogénéité. C’est peut-être ça qui est le plus intéressant dans cette auto.
Conclusion
C’est un coupé original, c’est certain. Ce n’est pas sa ligne, très belle, qui la distingue mais plutôt sa technique… mais c’est finalement très théorique une fois qu’on l’a essayée. Acheter une Mazda RX-7 pour ce seul point serait réducteur. Oui, son moteur est différent, mais il est surtout performant. Avant d’être une voiture à moteur à piston rotatif, la native d’Hiroshima est une sportive, une vraie.
Certes, elle reste utilisable sur bien des terrains mais elle se révèle surtout lorsque le pied droit se réveille. Et ne la cantonnez pas au dragster. Ses accélérations sont vraiment bonnes mais elle sait aussi se montrer intéressante en virage sans être piégeuse et équilibrée malgré son moteur avant. Une belle surprise, mais pas là où on l’attendait.
Les plus de la Mazda RX-7 | Les moins de la Mazda RX-7 |
---|---|
Ses accélérations | Son freinage un poil léger |
Son efficacité en virage | Son habitacle étriqué |
Sa sonorité atypique | Sa conso ! |
Sa ligne |







Fiche technique | Mazda RX-7 FD |
Années | 1991-1995 (France) 1991-2002 (Japon) |
Mécanique | |
Architecture | Bi-rotor |
Cylindrée | 1308 cm³ |
Alimentation | Injection et Double Turbo |
Soupapes | – |
Puissance Max | 240 ch à 6500 trs/min (EU normale) |
Couple Max | 294 Nm à 5000 trs/min |
Boîte de Vitesse | Manuelle 5 rapports |
Transmission | Propulsion |
Châssis | |
Position Moteur | Avant |
Freinage | Disques Ventilés AV et AR |
Voies | AV 1460 mm / AR 1460 mm |
Empattement | 2425 mm |
Dimensions L x l x h | 4293 x 1750 x 1230 mm |
Poids (relevé) | 1400 kg |
Performances | |
Vmax Mesurée | 254 km/h |
0 à 100 km/h | 5,9s |
400m d.a | 14,1s |
1000m d.a | 25,9s |
Poids/Puissance | 5,6 kg/ch |
Conso Mixte | ± 11 litres / 100km |
Conso Sportive | ± 25 litres / 100 km |
Prix | ± 60.000 € |
Le bonus : la vidéo 4 points !
S’il y a une voiture ancienne qu’on veut entendre, c’est bien elle. On en profite pour vous parler plus en détail des précédentes générations :
S’offrir une Mazda RX-7
Vous êtes convaincus et voulez rouler en Mazda RX-7 FD. C’est là que ça se gâte. Déjà parce que la bestiole n’est pas si courante, moins de 70.000 exemplaires. Ajoutez à cela qu’elle a quitté notre vieux continent (et les USA) après 4 ans de carrière, ça ne va pas être facile d’en trouver une, encore moins une conduite à gauche. Ensuite, tout dépend de ce que vous recherchez mais une auto non modifiée réduira aussi le champ des possibles.
Résultat, niveau prix on démarre plus de 30.000€ mais il faut bien chercher plutôt au-dessus des 50 à 60.000€ pour trouver une voiture bien entretenue. Et ça peut monter encore plus haut. Notez que les deux premières générations sont bien moins chères !
Ensuite, va falloir jeter un œil au carnet d’entretien et ne pas se rater. Le moteur Wankel n’est pas un mauvais bougre quand il est bien entretenu. Ça veut dire qu’il faut, notamment, remettre de l’huile très régulièrement parce qu’il a tendance à en consommer beaucoup. Même chose pour le liquide de refroidissement, le moteur a souvent chaud et son liquide doit être changé tous les ans ! Si vous respectez tout ça, vous emmènerez le bi-rotor de votre Mazda RX-7 à plus de 100.000km sans avoir besoin de le reconstruire. Comme ce n’est pas une routière de toute façon, ça suffira.
On en rajoute quand même pour la forme : le passage du 5e rapport peut être compliqué à cause de l’usure des synchros mais c’est un souci connu. Notez aussi que le passage en jantes de 17″ ou 18″ peut nuire à la bonne santé des suspensions. En bref : allez la voir avec un spécialiste.
Merci à Rudy et Le Garage Privé pour cette belle matinée avec cette auto si originale.











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