La distribution est l’organe vital de votre moteur. Sans elle, tout fout le camp, mon bon monsieur ! Penchons-nous quelques instants sur son rôle, les différents types existants, et surtout l’entretien qui va avec.
Le rôle de la distribution
Une fois n’est pas coutume, la langue anglaise est bien plus explicite. On parle en effet de timing belt/chain/gear en fonction de la configuration. Il s’agit de synchroniser le mouvement du(des) arbre(s) a cames et celui du vilebrequin et, dans certains cas, d’assurer l’entrainement de la pompe à eau.
Cette synchronisation est critique pour le bon fonctionnement du moteur. Elle permet d’assurer l’admission d’air ou l’échappement des gaz imbrûlés au bon moment par rapport à la position du piston, ce qui assure un fonctionnement et un rendement maximal pour la combustion.
D’autre part, la plupart des moteurs de la seconde moitié du vingtième siècle sont interférentiels, c’est à dire que le cheminement des soupapes et du piston se croisent, et si le timing est mauvais, patatras ! Salade de pistons agrémentée de sa fricassée de soupapes, un régal pour votre mécanicien favori.
Les types de distribution
Parler de LA distribution est un beau raccourci. Parce qu’en fait il existe plusieurs systèmes de distribution différents.
Courroie
C’est probablement le système le plus répandu de nos jours. La courroie est constituée de matériaux composites (fibre de verre, kevlar…) et recouverte de caoutchouc. Elle peut être dentée ou crantée selon les véhicules.
Elle offre plusieurs avantages. A la production, une courroie coûte beaucoup moins que les deux autres configurations. A l’usage, la courroie étant plus légère que les autres systèmes, elle génère moins de pertes mécaniques, et génère moins de bruit du fait de sa composition.
Si elle est tant décriée de nos jours, au moment où les premières autos ont été équipées de courroies, c’était une révolution et le principe était salué…

Chaîne
« C’est un moteur à chaîne, c’est increvable ». Si je n’ai pas entendu cela cent fois… C’est assez juste, ceci dit. Cependant, une chaîne coûte beaucoup plus cher à produire qu’une courroie, d’où la bascule vers la courroie durant la seconde moitié du vingtième siècle, afin d’augmenter la rentabilité.
Je vais énoncer une lapalissade, mais une chaîne est beaucoup plus lourde qu’une courroie, ce qui entraîne de plus grandes pertes mécaniques. C’est aussi un ensemble plus bruyant, surtout lorsque la tension laisse à désirer.
Cascade de pignons
Là… On entre dans le durable. Comme son nom l’indique, ce sont des pignons qui assurent la transmission du mouvement entre le vilebrequin et les arbres à cames.
De ce fait, c’est impossible de se désynchroniser. Cependant, c’est lourd, très lourd, et aussi beaucoup plus bruyant que les deux précédents. Pour contrer cela, les pignons ont été recouverts de polymères voire entièrement faits en matériaux synthétiques, pensez aux pignons en Céloron du moteur Billancourt de Renault. Quant à l’aspect économique… Rien qu’en matières premières, on dépasse le cout des deux autres.

L’entretien
En fonction du type de distribution, les besoins d’entretien varient. Une cascade de pignons, par exemple, nécessite un entretien minimal, étant prévue pour durer la vie du véhicule. Attention cependant à certaines mécaniques relativement modernes, certains pignons en matériaux composites vieillissent avec le temps et se brisent, j’en ai malheureusement fait les frais il y a une dizaine d’années.
Concernant la chaîne, l’entretien est, là aussi, assez restreint. Il s’agira surtout de vérifier son graissage et sa tension. Sur un modèle fortement kilométré, un nouveau galet tendeur pourra être nécessaire.
Quant à la courroie, c’est souvent elle qui nécessite de changer la distribution de votre voiture… régulièrement puisque les matériaux vieillissent. Les préconisations varient d’un moteur à l’autre, allant de 60.000 à 160.000 km ou 5 à 10 ans. La plupart du temps, les professionnels vous proposent également de changer la pompe à eau au passage, car, si celle-ci est entraînée par la distribution, il faudra la déposer pour effectuer le remplacement, autant faire d’une pierre deux coups.

Sur certaines autos c’est une opération que vous pouvez faire vous-même. Evidemment cela ne s’improvise pas et il faudra bien réviser la procédure, les couples de serrage, les tensions, etc. Attention à certaines mécaniques. Les moteurs centraux ou de gros moteurs dans de petits compartiments obligent parfois à déposer… tout ! Et là il faudra être outillé !
Le meilleur choix ?
A proprement parler, aucun. Et puis on choisit la voiture avant de choisir le type de distribution… même si cela peut être un argument au moment de se décider. Chaque système offre ses avantages et ses inconvénients et au final, la distribution fait partie d’un ensemble beaucoup plus vaste. Chacun trouvera son plaisir dans un savant mélange entre le moteur, le style et le comportement routier, ce détail technique restant assez accessoire.
Si vous souhaitez vous éviter ce genre de casse-tète, il vous reste également la solution de partir vers un moteur deux temps ou un moteur à piston rotatif, qui n’ont intrinsèquement pas besoin de distribution; mais cela vous offrira d’autres sources de migraine.
Photos complémentaire : Etablissements Malburet à Chaumont.
bedandhistoricmotors
Très bon article, succinct et clair ! Bravo
· · 24 novembre 2020 à 10 h 44 min
Jacques Lucarelli
Bonjour à tous,
Je profite de cet article intéressant pour poser une question de vocabulaire.
On peut classer les moteurs en deux catégories;
Ceux dont en aucun cas le piston ne peut toucher les soupapes (ce qui limite les dégâts en cas de rupture de la distribution)
Et ceux dont les pistons peuvent heurter les soupapes en cas de rupture de la même distribution (ce qui signifie dans la plupart des cas la mort du moteur.)
Comment définit-on les deux cas?
Merci pour vos avis éclairés!
· · 24 novembre 2020 à 18 h 47 min
Pierre
Le terme existe déjà, on parle de moteurs interférentiels (en cas de croisement piston-soupape) ou non-interférentiels (sans croisement).
· · 24 novembre 2020 à 19 h 55 min
Jacques Lucarelli
Merci, Pierre; je note le mot. Je travaille assez souvent comme traducteur (gratos) pour les clubs, revues etc, et ce mot me manquait.
· · 25 novembre 2020 à 9 h 51 min
jacques Lucarelli
Bonjour,
Roulez en coccinelle! 🙂
le vilebrequin entraîne via pignons l’arbre à cames, la pompe à huile, la pompe à essence et la distribution.
Tout baigne dans l’huile!
· · 24 novembre 2020 à 14 h 30 min
Guillaume Chapelle
Super article 🙂
n’oublions pas les distributions innovantes comme celle de certaines NSU dite ULTRAMAX. Cela equipé les Bicylindres.
· · 24 novembre 2020 à 21 h 54 min
Pierre
Merci,
En effet, il y a quelques systèmes « en dehors des clous » qui méritent attention. Mais c’est plus en prévision pour un article dédié
· · 24 novembre 2020 à 22 h 10 min
Blog 24.11.2020
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· · 1 février 2021 à 19 h 29 min