Datsun Cherry Coupé 120A, essai d’une japonaise pleine de surprises

Publié le par Benjamin

Datsun Cherry Coupé 120A, essai d’une japonaise pleine de surprises

Il y a des marques dont on essaye régulièrement des modèles. Évidemment, ce sont les plus connues et les plus présentes sur les rassemblements et événements dédiés à nos chères voitures anciennes. Et puis il y a des voitures beaucoup plus rares et les japonaises datant d’avant 1980 en font partie. Alors quand on nous propose d’essayer une Datsun 120A, forcément, ça (nous) attire autant qu’une Porsche (par exemple) ! Quand on découvre cette petite auto, son pedigree et quand on peut la voir en vrai, forcément, on est convaincu. Maintenant, il faut voir si elle n’est atypique QUE par sa provenance.

Notre Datsun Cherry 120A du jour

Oui, quand on la découvre en vrai, c’est quelque chose. Les photos envoyées et les renseignements pris avant notre essai laissaient à penser que c’était une petite auto avec un style particulier. Quand on est devant, c’est encore pire. La japonaise paraît bien petite et sa ligne est vraiment originale. Elle nous replonge dans les années 70 sans aucun doute possible et nous propose quelque chose de vraiment différent des citadines de l’époque.

Citadine et pas micro-citadine ? C’est étonnant mais c’est le cas. On ne dirait pas comme ça, mais notre Datsun Cherry 120A est en fait plus longue qu’une Renault 5 (de peu, d’accord) ! Plus étonnant encore, il existait deux carrosseries, la version 3 portes, appelée coupé, est plus longue que la berline et mesure au total 3,69m de long !

Pourtant, quand on la regarde dans le détail, la Datsun Cherry 120A fait incontestablement petite. En fait, c’est plutôt une histoire de proportions que de ligne. Déjà, on commence à l’avant. On a l’habitude de petites voitures avec des avants hauts et avec la japonaise, nous ne sommes pas déçus. On note aussi une grande simplicité dans les lignes et dans l’exécution générale.

Les petits phares sont ronds (plus pratique pour une carrière internationale) et on s’étonne de retrouver des clignotants ronds, eux aussi, et de grande taille, surtout, dans la calandre. Ils encadrent une grille toute simple, noire, avec un D situé au centre qui perdra forcément tout observateur non-averti quant à la marque de notre auto. Le jaune lui va particulièrement bien et on le voit à l’avant puisque les chromes sont rares et seule la baguette encadrant la calandre et le pare-chocs strictement rectiligne viennent contrer la couleur de la carrosserie.

Le profil est particulièrement étonnant et beaucoup d’éléments qu’on peut y observer font paraître la Datsun Cherry 120A bien plus petite qu’elle n’est. Ça commence avec les petites roues. Du 12″, ce n’est pas si courant mais on remarque un certain soin au dessin des jantes. Ensuite, les vitrages sont assez limités et la ligne de caisse est finalement assez haute. La vitre de custode est minuscule et doit pourtant amener de la clarté aux passagers assis derrière.

On note aussi, pêle-mêle, une baguette faisant office de bas de caisse, un toit en vinyle qui nous renvoie, lui aussi, dans les 70s et surtout un impressionnant panneau de carrosserie à l’arrière. Il est souligné par un pli de carrosserie très prononcé et, noyé au milieu, on retrouve l’appellation officielle de l’auto. Une petite aération se trouve tout au bout, histoire de l’habiller. En tout cas, il permet à la Datsun Cherry Coupé d’avoir cet aspect ramassé, celui qui va vous tromper sur ses dimensions.

Comme l’avant de la Datsun Cherry 120A, l’arrière est haut. On l’appelle 3 portes, et c’est vrai que c’est un hayon mais le seuil de chargement est particulièrement haut. En dessous, les phares entourés de chromes, la plaque et le pare-chocs rectiligne sont une fois de plus noyés dans le jaune de la carrosserie. Le nom de l’auto est rappelé sur le hayon tandis que le pot d’échappement fait plus penser à un canon de mitrailleuse qu’à un échappement. En tout cas, ça ne ressemble à rien de connu, mais ça peut rappeler une Lotus Europe en beaucoup plus haute.

Au final, notre japonaise du jour est une auto vraiment originale par ses formes. Elle est étonnante et simple tout en faisant plus petite qu’elle ne l’est réellement. De quoi se réserver d’autres surprises.

Technique : simple et efficace

Si on vous parle de la Datsun Cherry 120A c’est parce que le 120A est important. En fait deux motorisations étaient disponibles sur les berlines et deux les coupés. Cette première itération de la Cherry, la E10, était forcément motorisée par des 4 cylindres dont les puissances variaient… beaucoup ! On note au passage l’inscription Nissan, nom des usines qui produisaient les Datsun avant qu’on ne rassemble les deux marques en une seule.

La Datsun Cherry 120A est le haut de gamme (chez nous). En entrée, on retrouvait les 100A au moteur A10, un 988cm³ de 53ch. Venait ensuite notre auto du jour avec un moteur A12 de 1171cm³. La puissance était alors de 62ch (DIN) et le couple de 9,8 mkg. Oui, c’est peu, surtout qu’il faut aller chercher à 6000 et 4000 tours pour retrouver ces valeurs ! Heureusement, la bête est légère puisqu’elle est donnée pour 730kg seulement.

Notez, tout de même, qu’un coupé sportif existait, avec la même base moteur. On parle d’une vraie rareté mais le Coupé 1200X-1 R avait une culasse retravaillée et deux carbus pour sortir 80ch ! Ne faites pas une fixette dessus, cette version n’étaient disponible qu’au Japon !

Sinon, la Datsun Cherry 120A est une traction et confie sa transmission à une boîte à 4 rapports. Le tain avant repose sur un système McPherson avec amortisseurs hydrauliques et barre stabilisatrice tandis qu’on trouve un disque pour le freinage quand l’arrière se contente de tambours. C’est simple mais ça devrait faire le job.

Intérieur travaillé

Ouvrir la porte de la Datsun Cherry 120A revient à découvrir un intérieur au moins aussi exotique que l’extérieur. Bon, on s’emballe un peu, mais en fait c’est surtout que cet intérieur tranche avec tout ce que pouvaient proposer les européennes de la même gamme au même moment.

On commence par les sièges. Leur forme, leur épaisseur et leur garniture peut faire penser à des baquets mais ce sont bien les sièges originaux, c’est le cas de le dire. Ensuite, on note un volant de taille correcte mais à la jante particulièrement fine, tout comme la tige du levier de vitesse planté dans le plancher. On ajoute aussi une instrumentation plutôt complète qui propose un compte-tours (preuve que notre auto a des ambitions) et un tachymètre sous une double casquette en plus de la jauge à essence, inratable.

Ce qui est plus étonnant c’est que la Datsun Cherry 120A fait l’impasse sur les commodos. La plupart des commandes sont dévolues à des tirettes et ce sont de gros voyants rouges qui donnent les autres indications. Le côté rustique est indéniable et ça a l’air très solide. On ajoute un autoradio qui prend de la place et le strict minimum concernant les aérations.

Et puis on passe à l’arrière et, pour le coup, les européennes faisaient mieux. Ce n’est pas la question de l’habitabilité qui pose problème, on a de la place, mais il ne faut pas être claustrophobe puisque la clarté viendra surtout de la lunette arrière. Pour une fois, on ouvre aussi le coffre et on découvre qu’on peut caser pas mal de bagages. Une bonne surprise… mais c’est l’heure d’aller en chercher sur la route.

Au volant de la Datsun Cherry 120A

C’est l’heure de se mettre au volant. Si la voiture n’est pas si petite extérieurement, l’intérieur reste petit et, surtout, c’est bas ! Une fois installé, la ceinture se boucle assez facilement, on ajoutera juste un bémol pour toute personne mesurant plus de 1,8m qui aura du mal à y caser sa carcasse. C’est parti. Le 4 cylindres de la Datsun Cherry 120A s’ébroue du premier coup. Le son est celui d’un 4 pattes très classique. Bon, on ne peut pas être original sur tous les tableaux. Mais on n’a pas encore fait un seul tour de roue.

Comme toutes les voitures anciennes de l’époque, avec quelques bornes et un levier si fin sans grille, on cherche un peu le premier rapport. Une fois enclenché, c’est parti. Le couple faible et un point d’embrayage situé haut n’aident pas à démarrer sur les chapeaux de roue mais on avance. Les premiers hectomètres se font en ville et permettent déjà de trouver quelques originalités de plus à notre voiture du jour.

Déjà, la direction est à la fois précise et légère. On s’y attendait puisque la Datsun Cherry 120A est quand même un poids plume. Ensuite, on est un peu surpris par le freinage, très juste, mais c’est certainement l’usage de l’auto (plus que sa conception) qui fait que l’anticipation va être un maître mot sur les prochains kilomètres, surtout que la pluie s’invite dans cet essai. Enfin, et ça étonne beaucoup plus, même avec un faible couple et une puissance limitée, on se cale vite en 4e pour rouler à 50. Évidemment, on ne tente pas de relance, mais ça avance.

Le village touche à sa fin, pas de relance en 4e au programme, donc on fait comme avec une voiture sportive qu’on voudrait pousser et un peu et on tombe un rapport. Le maniement de la boîte commence à rentrer et la Datsun Cherry 120A relance en 3e.

Une surprise de plus ? Et bien oui puisque l’accélération est réelle. Pas besoin d’attendre une descente pour arriver aux 90 réglementaires, la japonaise accélère et les atteint en 4e sans trop sourciller. Une facilité qui surprend vraiment quand on regarde la fiche technique. Attention cependant, je n’ai jamais dit que c’était sportif. Le bon mot sera qu’elle est vive.

À vitesse constante, on remarque un autre changement. Le bruit n’a plus rien à voir avec le ronronnement classique d’un 4 cylindres. C’est plus… atypique et difficilement descriptible mais il y a une note aigüe pas désagréable. Surtout, contrairement à d’autres populaires qui nous casseraient les oreilles à ces vitesses, là, on peut encore discuter sans avoir besoin de s’égosiller. C’est aussi original qu’étonnant.

Côté confort, la Datsun Cherry 120A n’est pas une Bentley. Avec ses petites roulettes, elle encaisse les nids de poule qui constellent toute départementale bien française mais sans vous casser les lombaires pour autant. Pour une fois, on peut aussi vous dire que les essuie-glace font leur office (mais on s’en serait bien passé) et que la ventilation est au diapason.

La petite Datsun Cherry Coupé étonne en tout cas, la japonaise n’a rien d’une chicane roulante. Le moteur est toujours vif et volontaire, même dans les montées, une fois qu’elle est lancée, elle ne perd pas de vitesse et maintient le rythme. D’accord, pour cela, le pied droit doit se faire insistant et il faut aller dans les tours. En fait, on descend rarement sous les 3000 tours mais ce n’est pas désagréable. Après, il faut quand même reconnaître qu’elle propose une puissance supérieure à de nombreuses citadines du même gabarit et de la même époque.

Par contre, il n’y a pas que les lignes droites dans la vie, mais un tournant ne sera pas un problème. Quel que soit le virage, elle le prend sans sourciller. Là encore, le poids plume sert beaucoup. La précision de la direction n’a pas baissé avec la vitesse. Le freinage reste un sujet de préoccupation mais le fait d’avoir un freinage un peu juste n’est pas l’apanage de la Datsun Cherry 120A et c’est une caractéristique partagée par de nombreuses populaires (qui n’ont pas toutes des disques à l’avant, d’accord). Au final, on collerait vite l’étiquette de petit kart sur notre japonaise.

La route se poursuit sans encombre. Les éléments n’atteignent pas le rythme de la voiture ni le moral des occupants. Et puis la bande son de la Datsun Cherry 120A reste tellement atypique qu’on ne pourrait pas confondre cette auto avec une de ses concurrentes de l’époque.

Conclusion

La Datsun Cherry 120A nous a réservé de nombreuses surprises. D’accord, on s’attendait à en retrouver en la voyant, entre sa ligne atypique et ses dimensions qui semblent minuscules. Ajoutez le fait que sa marque, disparue de surcroit, soit assez peu répandue et que les japonaises des années 70 ne courent pas les rues et ça fait beaucoup.

Mais finalement, c’est bien sur la route que la Datsun Cherry 120A nous a surpris. D’accord, avec un 1200, ce n’est pas comparable à une populaire d’entrée de gamme de l’époque. Mais on l’aurait pensé moins vive, moins à l’aise en fait. C’est une auto qui convient parfaitement à l’usage qu’on a, classiquement, d’une voiture ancienne, entre chez soi et un événement situé pas si loin… où elle sera certainement l’une des attractions !

Les plus de la Datsun Cherry 120ALes moins de la Datsun Cherry 120A
Sa bouille atypiqueSon freinage
Sa vivacitéL’habitabilité
Ses performances généralesSa rareté
Son originalité
Notes de la Datsun Cherry 120A
Fiche techniqueDatsun Cherry 120A
Années1970-1974
Mécanique
Architecture4 cylindres en ligne
Cylindrée1171 cm³
AlimentationCarburateur
Soupapes8
Puissance Max62ch à 6000 trs/min
Couple Max95Nm à 4000 trs/min
Boîte de VitesseManuelle 4 rapports
TransmissionTraction
Châssis
Poisition MoteurTransversale avant
FreinageDisques AV et Tambours AR
VoiesAV 1275 mm / AR 1240 mm
Empattement2335 mm
Dimensions L x l x h3690 x 1490 x 1295 mm
Poids (relevé)750 kg
Performances
Vmax Mesurée145 km/h
0 à 100 km/h±15s
400m d.aNC
1000m d.a±37s
Poids/Puissance12,1 kg/ch
Conso Mixte± 6 litres / 100km
Conso Sportive± 12 litres / 100 km
Prix± 10.000 €

Rouler en Datsun Cherry 120A

Attention, rareté, surtout en France. On a vendu 73.331 Cherry en Angleterre au début des années 70 et plus de 20.000 en Allemagne. Pendant ce temps, la totalité des Datsun vendues en France à la même période était plutôt située aux alentours des 6500 autos. En France, on a compté environ 250 Datsun Cherry 120A importées.

C’est simple, ce genre de voiture ancienne est quasiment introuvable sur le marché, quel que soit l’état. Si on compte un pourcentage de 5 à 10% de voitures survivantes, le contingent est très réduit. Mieux vaut se renseigner directement auprès des clubs (dont le Club Datsun-France qui nous a beaucoup aidé sur la rédaction de cet article), aller la chercher à l’étranger ou avoir de la chance.

La voiture que nous vous avons présenté aujourd’hui est, elle, sur le marché. Elle sera proposée à la vente ce Jeudi 1er Mai par Boisseau-Pomez lors du Pilote Passion Festival à Troyes. Vous en saurez plus par ici. Son estimation est fixée entre 9 et 12.000€ et elle possède déjà des papiers français.

Côté entretien, pas besoin de chercher un spécialiste pour entretenir une Datsun Cherry, ça reste une voiture classique au niveau de sa technique. Par contre, vérifiez bien qu’elle soit complète parce que les pièces seront à chercher en Angleterre ou aux USA ! Il faut notamment bien regarder au niveau des pièces intérieures puisque les Datsun Cherry 120A anglaises ou japonaises ont évidemment le volant à droite. Néanmoins, le plus gros soucis de cette auto, comme d’autres voitures anciennes de la même époque, ce sera la rouille !

Merci encore à Geoffroy Boisseau pour sa disponibilité.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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