Darracq, le dénominateur commun à Alfa, Opel, Chevrolet et Talbot !

Publié le par Benjamin

Darracq, le dénominateur commun à Alfa, Opel, Chevrolet et Talbot !

Quatre marques étrangères, dont trois qui existent encore. Voilà un bel héritage laissé par Alexandre Darracq. Industriel et financier, cet homme dont le nom a été oublié a donc laissé un héritage automobile énorme.

Alexandre Darracq et ses bicyclettes

Alexandre Darracq 1900- Darracq

Darracq naît de parents basques à Bordeaux en 1855. Son premier emploi est dessinateur industriel. Les automobiles ne sont pas encore à l’ordre du jour et c’est à l’arsenal de Tarbes qu’il se fait la main.

Mais dès 1891 il crée sa première entreprise. Gladiator produit des cycles et rencontre d’emblée le succès. En 1896, pour faire grandir son entreprise il s’associe à Adolphe Clément qui a lui aussi une marque de cycles.
Gladiator se diversifie et commence alors à produire des automobiles électriques. Le tricycle Darracq-Gladiator se fait remarquer en 1897 en parcourant 10 km en 9min45. Une superbe performance à l’époque qui lui amène une belle pub. C’est alors le début de son aventure automobile.

Les automobiles Perpère-Darracq

Fin 1897 il fonde une marque entièrement dédiée à l’automobile associé avec Raoul Perpère. La société s’implante à Suresnes, haut lieu de la production automobile de l’époque. Pourtant le succès tarde à venir et ce n’est qu’en 1901 avec la 6,5 HP que les ventes décollent. La voiture est économique et légère, avec une carrosserie construite en acier embouti.

En 1903 il acquiert la licence pour le moteur Léon-Bollée 5ch et son changement de vitesse à colonne. Cette base technique sera reprise sur toutes les autos de la marque jusqu’en 1910.
L’année suivante Perpère-Darracq représente 10% de la production automobile nationale !

La marque se fait alors de la pub via la compétition. Deux records de vitesse absolus sont obtenus par ses autos en 1904 et 1905. En 1905 les Darracq 8,5 HP sont les autos les plus légères engagées aux éliminatoire de la Coupe Gordon Benett. En 1905 et 1906 la renommée est faite aux USA avec deux victoires à la Coupe Vanderbilt.

Cela conduit les Darracq à s’exporter dans le pays. En 1907 65 autos arrivent là bas et on retrouve cette marque parmi les premiers taxis automobiles de New York !

En 1909 la crise commence à freiner l’expansion de la société qui s’est pourtant implantée un peu partout en Europe (on en parle ensuite). Cela n’empêche pas Darracq d’être le troisième constructeur automobile français en 1910 !

Finalement en 1912 Alexandre Darracq revend son entreprise à sa filiale anglaise et prend du recul. A. Darracq & Co Ltd rachètera Talbot puis Sunbeam pour devenir le groupe Sunbeam-Talbot-Darracq en 1920. Le rachat par le groupe Rootes en 1935 signera la fin du nom Darracq dans l’automobile.

L’héritage de Darracq

En Italie, de Darracq à Alfa Romeo

Les droits de douane ont longtemps été un souci pour l’automobile européenne. Il faut alors produire sur place et en 1906 la Società Italiana Automobili Darracq voit le jour à Naples.

Mais Naples est trop loin et l’envoi de pièces est coûteux. Une usine voit alors le jour, à Portello du côté de Milan. Là on construit les premières automobiles de la marque à partir de 1907. Pour autant elles ne sortent pas aussi rapidement que les autos françaises et ont du mal à se vendre du fait de leur retard technologique sur les autos italiennes de l’époque. Finalement la société est mise en liquidation dès 1909. Mais son héritage va être énorme.

Un groupe de financiers italiens rachète l’usine de Portello et commence à y produire des automobiles. Ce sont les A.L.F.A pour Anonima Lombarda Fabbrica Automobili. La 24HP va se faire un nom en course à partir de 1910. En 1915 la guerre et les faibles volumes entraînent la liquidation de la société qui sera vendue à Nicola Romeo. Darracq Italie est devenu Alfa Romeo.

En Allemagne, la licence qui lance Opel

Adam Opel se lance dans l’industrie au milieu du 19e avec la fabrication de machines à coudre. Ensuite l’entreprise se met à construire des cycles puis des motos.

En 1901 il se diversifie et se lance dans l’automobile. Comme beaucoup de marques d’alors, l’idée de base est la production d’autos sous licence. Ce sont des Darracq qui seront en fait les premières voitures Opel !

De la Suisse aux USA, un mécanicien lance sa marque : Chevrolet

L’histoire de la marque Chevrolet n’est pas due à une implantation étrangère de Darracq. Le lien entre les deux société est pourtant clair. Arrivé en France comme coureur cycliste, Louis Chevrolet est un des contremaîtres qui travaille à la fabrication des autos à Suresnes à la fin du 19e siècle. Il y acquiert les connaissances techniques qui lui permettent de se faire embaucher chez De Dion-Bouton puis chez Buick à New York à partir de 1900.

Après sa rencontre avec William Crapo Durant, propriétaire de Buick et cofondateur de General Motors, il s’associe avec lui et crée sa propre marque en 1911 !

Il revend sa société en 1913 et créera Frontenac tout en étant surtout pilote automobile. Il remporte ainsi les 500 Miles d’Indianapolis en 1920 apportant une victoire franco-suisse de plus à l’histoire de la course (on en parle ici)

Talbot : doublement liée à Darracq

Quand Talbot se lance en 1903 c’est une association d’Adolphe Clément, également associé à Alexandre Darracq et du comte Charles Chetwynd-Talbot. Les premières autos sont en fait des Clément-Bayard produites sous licence.

L’association avec Darracq se fera plus tard. La filiale anglaise est devenue la base de la société. En 1919 Talbot est rachetée. Juste après, Sunbeam également. Le groupe STD (Sunbeam-Talbot-Darracq) Motors Ltd voit alors le jour et les autos prennent alors en France le nom de Talbot-Darracq. Le seul nom Talbot sera utilisé à partir de 1922.

Et Alexandre Darracq dans tout ça ?

Industriel et patron, il voyait dans l’automobile un produit… mais n’en avait pas la passion. Il n’a ainsi jamais conduit !

Après la vente de sa société à sa filiale anglaise, il s’est retiré sur la cote d’azur où il décède en 1931.

Photos : Wikimedia, Bonhams, News d’Anciennes à la Cité de l’Automobile

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. MORO

    C’est Gaston CHEVROLET (frère de Louis) qui a été vainqueur à Indianapolis en 1920.
    (Louis était né en Suisse et a travaillé en France – Gaston était né en France)

    Répondre · · 29 août 2019 à 17 h 42 min

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.