Darnval, les protos français venus du Havre

Publié le par Benjamin

Darnval, les protos français venus du Havre

Le pays des voitures en kit et des petits constructeurs, c’est l’Angleterre. D’accord, mais ce serait vite oublier que la France a aussi vu de nombreux artisans se lancer dans les années 50 (D.B, Alpine), les années 60 (CG, René Bonnet, CD) et encore dans les années 70. C’est de cette décennie que nous vient la Darnval. Une auto méconnue qu’on a surprise récemment.

Première auto : la Darnval LM1

Au salon Parisien de la Voiture de Course du 13 au 23 Janvier 1972 les visiteurs, les pilotes et patron d’écurie peuvent découvrir une nouvelle voiture.

La Darnval LM1 s’y expose. Son constructeur venu du Havre est né d’une association entre Vincent Mausset et les frères Lechère. Ils financent l’aventure et ce sont eux qui créent le moule qui donnera la première maquette. Celle-ci est approuvée par Mausset et l’aventure commence. Il faut d’ailleurs baptiser la voiture. Le père des Lechère chasse avec un fusil appelé Darn, dans la vallée. On combine les deux mots et voici qu’est créée la marque Darnval. Le fait que le mot se rapproche de Vanwall est un plus dans le milieu de la voiture de course.

Si l’auto est présentée comme française, elle est en réalité fabriquée par Lenham Motors dans le Kent en Angleterre. Sa définition est celle de nombreuses autos de ce type de l’époque :

  • châssis à double poutre en tôle pliée (plus proche d’une Lotus Sevent que d’une Alpine)
  • éléments mécaniques empruntés à la grande série (triangles avant et traverse arrière de Renault 8)
  • Moteur Renault Gordini 1300
  • carrosserie en fibre

Là où elle se distingue c’est justement par la carrosserie. D’après un dessin qui implique toute l’équipe, celle-ci est d’un seul bloc de l’avant à l’arrière et elle est laminée au châssis.

Dès lors on se met à fabriquer une auto commercialisable. Cette fois c’est en France que ça se passe. Si l’assemblage se fait bien au Havre chez Darnval, le châssis poutre est créé par Bernard Lagier à Cambrai. La deuxième auto est d’ailleurs différente. Si la carrosserie reste monobloc, la structure centrale se voit prolongée à l’avant et à l’arrière par deux faux-châssis tubulaires.

Celui de l’arrière est particulièrement intéressant. Boulonné à la cloison pare-feu, il est intégralement démontable. On peut ainsi « tomber » la mécanique assez facilement pour intervenir dessus… ou la changer ! L’intérêt est alors que vous pouvez alors avoir deux blocs mécaniques que vous pouvez interchanger… et vous présenter dans deux catégories différentes sur un même meeting !

Ci-dessous, des photos de la Darnval LM1, bien entourée en 1973 lors d’une sortie pluvieuse au Mas du Clos.

Au salon de la voiture de course en 1973 on retrouve ainsi une autre mécanique sous la carrosserie (et pas le capot) de la Darnval LM1. Avec l’appui d’Henri Chemin, on y retrouve le 2 litres Chrysler qui officier sur la coupe Simca-Shell. L’aventure part bien. On compte presque 350 précommandes !

Malheureusement le choc pétrolier passe par là. Les contacts avec une banque qui devenait soutenir l’industrialisation capotent. L’aventure tourne court.

Notre auto du jour : la Darnval LM2

L’auto qu’Henri a croisé récemment n’est pas une LM1 mais une LM2. En fait c’est même la SEULE LM2 qui ait existé !

La LM2 se distingue de la première Darnval avec l’ajout de panneaux d’alu rivetés sur le châssis créé par Lenham Motors. Etant donné que ces tubes sont ronds, un professeur de mécanique du Havre va y passer un certain temps. Autre changement, les porte-moyeux fabriqués par fonderie, les mêmes que ceux utilisés sur les monoplaces Brabham de l’époque, en remplacement de ceux des LM1 empruntés aux Triumph Spitfire.

Le moteur est alors un Gordini 1600 cm³ mais il n’est pas abrité sous une carrosserie monobloc. Si le dessin est le même que la précédente voiture, cette fois la carrosserie est découpée permettant d’avoir un vrai capot à l’avant comme à l’arrière.

Commandée par un pilote troyen elle n’a jamais été terminée en son temps. La règlementation faisant qu’elle aurait du courir avec les protos étant contraignante, elle fut remisée… Ensuite cette auto a été achetée par un passionné dans les années 2010 qui l’a patiemment reconstruite.

Des Darnval au Mans et en F1 ?

Le petit constructeur Darnval est allé au Mans ? En fait pas réellement… et pas aux 24h ! Une auto courra bien les 4h du Mans (en même temps que les journées test de mars) en 1972 avec Francois Migault. Seulement il s’agit d’une pure création de Lenham mais qui utilise le nom de Darnval à des fins de promotion. La carrosserie était identique aux LM1 et LM2 mais sans le toit ou le pare-brise. Équipée du V8 Repco qui avait brillé sur les Brabham de F1.

Elle eut du mal à se qualifier en raison de problème de démarreur… et dut prendre le départ à la poussette ! Elle ne fit qu’un tour en course avant d’être arrêtée par son embrayage.

Darnval Repco- Darnval

Et en F1 alors ? En 1971 Connew se lance en F1 en tant que constructeur. Si la voiture est fabriquée par Peter Connew, ancien mécano de Surtees, avec un moteur Cosworth, le nom Darnval lui est associé. C’est tout simplement parce que François Migault est recruté comme pilote et apporte un financement venant de ses sponsors… dont Francis Lechere !
La voiture ne sera engagée que sur 4 courses et n’en disputera qu’une seule… pour un abandon !

Et maintenant ?

Seules 5 Darnval ont été construites ! Et la LM2 que nous avons croisé est un modèle unique avec son châssis tubulaire ! Pour autant, il existe encore une LM1 originelle. Alors si vous croisez l’unes de ces autos, n’hésitez pas à vous y intéresser de près !

Un grand merci à Francis Lechère pour les précisions apportées.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.