Covid-19 et Pros de l’Automobile, Interview de Patrick Cholton, président de la Fédération Française de Carrosserie

Publié le par Benjamin

Covid-19 et Pros de l’Automobile, Interview de Patrick Cholton, président de la Fédération Française de Carrosserie

On avait déjà interrogé certains pros du secteur de l’automobile ancienne (par ici). Cette fois on aborde la question de l’impact du Coronavirus sur l’industrie automobile dans son ensemble. Pour nous répondre, Patrick Cholton, président de la Fédération Française de Carrosserie.

Bonjour Patrick Cholton, est-ce que vous pouvez nous présenter la Fédération Française de Carrosserie ?

Logo FFC-

Patrick Cholton : La Fédération Française de Carrosserie a 175 ans, et c’est une « vieille dame » comme on a l’habitude de la surnommer en France. Elle est est composée de trois branches : une branche carrossier constructeur, une branche réparateurs et une branche équipementier. Dans cette branche équipementier 50% des adhérents sont dédiés à l’automobile et 50% aux camions. C’est important de le préciser car on traite l’automobile et les camions de la même façon à la Fédération.

On compte environ 2000 adhérents qui représentent 60 à 70.000 salariés en France. Et nous sommes donc la seule fédération nationale à représenter le véhicule industriel. Nous sommes donc le porte-parole du véhicule industriel, du camion en quelque sorte.

On est à l’origine de la PFA, la Plateforme Automobile, dont nous faisons partie et qui est actuellement présidée par Luc Châtel. C’est une sorte de maison de la mobilité, qui permet de parler d’une seule voix aux pouvoirs publics et ne pas avoir 36 fédérations qui vont chacun des ministères sans avoir les mêmes objectifs. C’est quelque chose qui faisait défaut jusqu’aujourd’hui à la France.

Et puis nous avons deux salons. Un premier dont nous sommes propriétaires à 100% qui est Solutrans, qui est devenu l’un des 5 plus grands salons au monde pour les camions. On en est fier car on a monté ce salon en quelques années et sa renommée est faite.
Nous sommes aussi co-actionnaires du salon Equip Auto qui nous permet d’être présent dans la partie automobile rechange, pièce de rechange, garages, etc.

Est-ce que vous avez des adhérents spécialisés dans le monde de la voiture ancienne ?

PC : Alors on a certains carrossier qui sont spécialisés dans le véhicule ancien. Et puis j’ai été moi-même équipementier pendant 30 ans et j’ai fourni les selliers, un métier très important pour les anciennes. Je les fournissais dans tout ce qui était cuir, cuirs Anglais Conolly, etc. C’est un métier qui disparaît petit à petit. J’ai essayé de les faire venir à la Fédération Française de Carrosserie. En fait ils n’ont aucune fédération qui les représentent directement puisqu’ils sont liés à la fédération de la maroquinerie qui ne correspond en rien à leur métier. Mais comme ce sont des indépendants on a beaucoup de mal à les faire bouger.

Vos adhérents sont principalement des réseaux ?

PC : Oui, pour ce qui est des carrossiers réparateurs, mais également les concessionnaires par exemple. Et puis les carrossiers constructeurs vous les connaissez, ce sont les Chéreau, Lamberet, etc, qui représentent vraiment l’ensemble des constructeurs français.

On va maintenant parler du contexte actuel. Quel est concrètement l’impact du confinement sur vos adhérents ?

PC : Vous m’auriez appelé il y a huit jours, on avait seulement 30% de nos adhérents qui étaient en activité. Aujourd’hui chez les carrossiers constructeurs on en a 70%, 90% chez les équipementiers et 20% seulement chez les carrossiers réparateurs.

Pour ces carrossiers réparateurs qui sont souvent des petites structures, est-ce qu’il y a des entreprises qui sont menacées par l’impact du confinement ?

PC : Comme dans toute crise comme celle-ci, même si elle est inattendue et exceptionnelle, vous aviez des entreprises qui étaient déjà touchées avant. Donc celle-ci ont du mal à remonter la pente. Maintenant celles qui étaient en bonne santé, avec toutes les aides apportées par l’état et le gouvernement, je pense qu’elles arriveront à s’en sortir.

Certains pourraient s’en sortir encore plus fort parce que je pense que les mentalités vont changer et il y aura, comme l’a dit le président, le jour d’avant et le jour d’après et je crois qu’on en est tous convaincus aujourd’hui.

Justement ce jour d’après, est-ce qu’il se profile comme un afflux d’activité pour vos adhérents ou est-ce qu’il va ressembler à un marasme compliqué à gérer ?

PC : Je sépare en deux l’activité entre ceux qui font de l’automobile et ceux qui font du camion.

Dans l’automobile ça va être très très dur. Le secteur était déjà gravement touché en 2019 avec tous les objectifs donnés par la commission européenne sur l’Euro 6, sur le gasoil, l’électrique, etc. Ces objectifs vont sûrement restés en place mais peut-être se retrouver décalés dans le temps. Donc l’automobile très touché, on le voit bien au niveau des immatriculations.

Concernant les camions, on avait jusqu’en 2019 un marché qui était vraiment très bon. Nos carrossiers constructeurs avaient 3-4 mois de travail devant eux jusqu’au moment de la crise. Donc quand il reprennent, ils ont déjà de l’activité.

Après il y a deux soucis majeurs, les mêmes que pour toutes les filières. D’abord le souci d’avoir des masques pour mettre en place ces fameuses barrières de sécurité.
Et puis le deuxième problème qui est non-négligeable c’est l’approvisionnement en pièces. Comme pour les masques on a environ 40% des pièces qui viennent de Chine et il sera très très difficile d’être livré avant Juin ou Juillet.

Est-ce que la crise va entraîner une relocalisation des sources d’approvisionnement ?

PC : Oui tout à fait. On avait déjà amorcé un virage en ce sens il y a deux ou trois ans. En plus avec les nouvelles technologies et les objectifs que l’on en matière de réduction de consommation énergétique par exemple, on a tout intérêt à relocaliser. En France, oui, mais en Europe assurément. En France on arrivera pas à relocaliser du jour au lendemain, il faut être réaliste.

Merci Patrick Cholton.

PC : Merci à vous.

Interview réalisé le 14/04/2020

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Classic Glass / Pierre Jego

    Oui, certains en sortiront plus forts ! Il ya toujours des choses à apprendre dans les situations inhabituelles. A ma très modeste échelle, par exemple, je ne demande plus d’acompte quand je prends des commandes de vitrages, mais seulement plus tard, à la livraison. Ma trésorerie est en difficulté, mais celle de mes clients aussi. C’est peut-être un détail, mais si cela peut les aider à passer le cap, sans se passer des pièces dont ils besoin pour leur ancienne, je suis content de le faire et ils apprécient. Il a beaucoup de possibilités de ce genre pour fidéliser ses clients.

    Répondre · · 16 avril 2020 à 11 h 03 min

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