Concepts et Études, ép. 14 : Ford GT70, du Mans au rallye

Publié le par Pierre

Concepts et Études, ép. 14 : Ford GT70, du Mans au rallye

Parce que toutes les autos anciennes ne sont pas arrivées sur nos routes, on va vous proposer d’en découvrir régulièrement. Rendez-vous pour cela le 3e dimanche de chaque mois (les autres sont là). Aujourd’hui abordons la Ford GT70.

Après avoir dominé le Mans, Ford lève le pied sur son programme d’endurance. Certes victorieux, il s’avère un véritable gouffre en termes d’investissements. En parallèle la rustique Escort, après avoir dominé en rallye, commence à être en perte de vitesse (au propre, comme au figuré) face à la concurrence.

De la défaite à la planche à dessin

La légende veut que l’idée d’une remplaçante à la Ford Escort ait germé en rentrant du Rallye de Monte-Carlo 1970. Après s’être fait étriller par les Porsche 911 et Alpine A110, l’équipe songe à une voiture spécifiquement dessinée pour le Rallye.

Le projet est piloté par Stuart Turner, ancien responsable de compétition chez BMC qui avait rejoint les équipes de Ford UK. Il est assisté par Roger Clark, un des pilotes officiels de la marque, et soutenu par Walter Hayes, le vice-président attaché aux relations publiques. Turner avouera plus tard : « Je savais qu’il nous fallait une voiture dédiée [à la compétition], mais je ne savais pas où nous irions trouver de l’argent, ni comment nous allions fabriquer les voitures. »

Après quelques semaines de lobbying interne, Turner obtient l’autorisation de construire 6 prototypes. Le design général est alors confié à Len Bailey.

De la GT40 à la GT70, une filiation à peine masquée

Entre le choix du nom et l’équipe de développement, il n’y a pas de mystère, Ford cherche à tirer un lien entre les deux voitures. Len Bailey à travaillé au développement de la GT40, mais aussi de la Mirage M1 ou de la Ford P68.

Le cahier des charges est assez simple, la GT70 sera un coupé deux places à moteur central capable d’embarquer différents moteurs disponibles chez le constructeur à l’ovale bleu. L’idée étant de pouvoir aller du petit 1600 jusqu’au V6 Cologne que l’on trouvait dans les Capri 2600.

Afin de réduire les couts, la carrosserie est en fibre de verre, et la majorité des composants mécaniques viennent de la banque de pièces Ford. L’idée sous-jacente étant également qu’avec un niveau de performance suffisant pour gagner en compétition, il serait possible de vendre des dérivés de route. Ford espère vendre 500 exemplaires, s’assurant au passage une homologation en Groupe 3.

Quand la réalité transforme le rêve en cauchemar

Le développement va bon train et les trois premiers prototypes sont prêts, équipés du V6. Le premier est un show car présenté au Salon de Bruxelles 1971. Le deuxième a servi comme véhicule de démonstration presse, et le troisième a servi de mulet de développement sur la piste de Goodwood.

Il apparait assez rapidement que le design de Bailey cause quelques problèmes. L’habitacle de la GT70 est trop étriqué pour qu’un équipage de rallye avec son équipement, la rigidité espérée n’est pas au rendez-vous et, surtout, le V6 Cologne pèse si lourd qu’il annule quasiment tous les bénéfices de l’architecture à moteur central.

Cependant, le calendrier est serré, et Ford décide d’engager la voiture quoi qu’il advienne. La GT70 fait sa première apparition, pilotée par Roger Clark, lors de la Ronde Cévenole 1971, mais elle souffrira d’énormes problèmes de fiabilité avant d’abandonner. La voiture se fera remarquer lors du Tour Auto la même année, réalisant des chronos plus qu’honorables grâce au talent de François Mazet (dont le co-pilote était un certain Jean Todt), avant d’abandonner suite à une sortie de route se terminant dans un parapet.

En parallèle, Ford donne à Ghia un autre châssis afin de redessiner la voiture avec un habitacle plus spacieux, plus à même de séduire la clientèle civile. Et, il faut le dire, Ercole Spada a produit un design dans l’air du temps, mais incroyablement séduisant. Malheureusement, les premières évaluations donnaient un prix de vente équivalent à trois fois et demie celui d’une Escort RS1600 !

Si vous venez ajouter à tout cela les grèves qui ont bloqué toute la communication de Ford UK cette même année, la messe est dite. Ford décide de couper les vannes et de se recentrer sur l’Escort et son nouveau moteur préparé par Cosworth.

La GT70 après la course

Après l’abandon du projet GT70, les différentes voitures ont été dispersées sans qu’il soit particulièrement facile de suivre leur trace.

Ford France rachètera un des six prototypes et l’équipera du 4 cylindres de l’Escort RS, pour l’engager en championnat asphalte pour les saisons 1971 et 1972, sous les couleurs de BP. Cette GT70 sera ensuite renvoyée en Angleterre où elle dormira dans un hangar pendant plus de 25 ans. Elle sera restaurée en 2002 et fera une apparition au Festival Of Speed cette même année.

Les deux autres prototypes de rallye seront envoyés en Afrique du Sud où l’on perd leur trace. Quant aux deux show cars, on sait qu’un (mais lequel?) est au mains d’un collectionneur privé.



Crédits images: Ford, Carfection

Pierre

Tombé dans la marmite automobile quand il était petit, il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en 2015. Expatrié en Angleterre depuis Mai 2016, il nous partage les évènements de là-bas. En dehors de ça, il partage une bonne partie de son temps sur la route entre une Opel Ascona et une Mazda RX-8.

Commentaires

  1. Hervé Smagghe

    Beaucoup trop succinct sur les critériums, rondes et rallyes en France, avec des pilotes français: de mémoire, 2 ou 3 courses, et avec des remontées d’ENFER.
    HHS

    Répondre · · 8 octobre 2020 à 23 h 38 min

    1. Pierre

      J’ai effectivement été succinct sur l’historique en compétition de ce concept, car ce n’est absolument pas le propos de cette chronique mensuelle. Le but est surtout de se pencher sur une idée (bonne ou non) et de comprendre pourquoi elle n’a pas abouti jusqu’à la série.

      Répondre · · 9 octobre 2020 à 4 h 56 min

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