Casting d’Anciennes : La Peugeot 504 Cabriolet de Poupoupidou

Publié le par Gilles Chaput

Casting d’Anciennes : La Peugeot 504 Cabriolet de Poupoupidou

Après une grosse américaine dans les Blues Brothers, retour en France, la France profonde même avec la Peugeot 504 Cabriolet qui évolue presque sur ses terres natales en se perdant dans le Jura, Jean-Paul Rouve à son volant pour Poupoupidou.

Le film en bref :

Année 2011
Pays : France
Genre : comédie policière
Durée : 1h42
Réalisateur : Gérald Hustache-Mathieu
Production : Isabelle Madeleine
Acteurs : Jean Paul Rouve, Sophie Quinton, Guillaume Gouix.

Synopsis :

Auteur à succès d’une collection de romans policiers, David Rousseau rencontre d’âpres tensions avec son éditeur. Les derniers manuscrits proposés ne sont pas à la hauteur des ouvrages précédents. Devant se remettre en question, il découvre un réel manque d’imagination inhabituel doublé de l’épreuve de la terrible page blanche. En déplacement sur les routes de province pour fuir ses obligations professionnelles, le romancier se perd dans les villages du Jura, à l’affut d’un sujet qui lui permettra de retrouver sa faconde et l’originalité de ses écrits.

La voiture vedette :

À la fin des années 60, Peugeot incarne classicisme avec ses berlines à 4 cylindres à propulsion. Les 404 et 504 descendent directement de la 203 et reprennent ses solutions techniques. Le moteur a, bien sûr, été amélioré, mais il faut surtout rester classique, jusque dans le style. C’est l’image du constructeur qui est en jeu puisqu’il fait rempart au style original de Citroën, au hayon qui s’impose chez Renault… mais il a cédé à la traction avec sa Peugeot 204 qui s’empare de la tête des ventes.

En 1968, le lion renouvelle son vaisseau amiral et sort sa Peugeot 504. Comme pour les précédentes berlines sochaliennes, elle se transforme en coupé et en cabriolet dès l’année suivante.

Si la berline est à moitié due à Pininfarina (l’arrière) et à moitié à Peugeot (l’avant), c’est Pininfarina qui se chargera de ces deux versions, comme il l’a déjà fait sur les 403 (cabriolet uniquement) et 404. En prime, l’italien est en train de développer son outil de production et se chargera de fabriquer les caisses des deux dérivés.

Si pour certains le moteur de ces autos est le V6, il va falloir attendre ! Il n’est pas prêt au moment de sortir la voiture et la Série 1, reconnaissable à ses doubles optiques carrées à l’avant va se contenter du 2L à injection. C’est justement cette voiture qui apparaît dans Poupoupidou.

Le cabriolet sera bien moins produit que le coupé et les versions V6 seront bien plus confidentielles que les versions 4 cylindres. Il y a, par exemple, eu seulement 977 Peugeot 504 Cabriolet V6 dont on a essayé un exemplaire. La production couvre malgré tout les années 1969 à 1983. Avec 31163 modèles construits, la voiture peut rester au catalogue soutenue par l’immense succès de la 504 berline : 4 millions d’exemplaires !

LA VOITURE DANS LE FILM :

La panne : quelques films ont su exploiter l’immobilité d’un véhicule comme prétexte pour des rencontres improbables en créant des destins croisés venus tout droit du hasard. Panne de moteur, panne d’inspiration et perte de repères. Poupoupidou utilise cette thématique comme base de scénario : tout semble devoir se figer, le déplacement d’une auto, l’écriture d’un auteur à succès, la carrière d’une starlette locale…

Le décor participe alors à cette inertie, puisqu’il est planté dans le Jura, réputé pour des hivers rigoureux paralysant sous le gel des mois durant, la plupart des villages. Il n’en faut pas plus pour attirer la curiosité d’un écrivain en quête d’un sujet hors normes. Intrigué par la disparition subite d’une vedette en pleine ascension, il pose ses valises et son ordinateur aux fichiers vides d’idées pour débuter ce qui deviendra une véritable enquête.

Bien que la couleur blanche de la 504 Cabriolet s’accorde avec le manteau neigeux qui recouvre la ville de Mouthe, l’auto est anachronique. Un cabriolet avec une capote de toile tendue, sur les routes du Jura, c’est comme une citadine branchée aux portes du désert. Isolation défectueuse, démarrages capricieux sous des températures polaires, la voiture n’est pas fiable et renforce l’isolement de son propriétaire. Par son décalage avec l’environnement, elle illustre la situation d’un écrivain disgracié par son éditeur, perdu et abandonné dans ses élans créatifs.

Evidemment la 504 ne démarrera pas après une nuit soumise aux baisses de température. La naïveté du romancier émerge dès lors qu’il avance à la recherche d’une vérité plausible. S’amusant d’ordinaire avec ses propres jouets dans les méandres des fictions, il se confronte à une réalité macabre et sinistre. Comme un pilote peut perdre le contrôle de sa machine, le personnage principal est dépossédé de sa zone de confort, à la limite de la sortie de route.

Allégorie volontaire du cinéaste ou non, les paysages enneigés coïncident avec ce qui devient insaisissable, poudreux et glissant, poussant sur la touche les voyageurs téméraires.

AU VOLANT AVEC JEAN PAUL ROUVE :

Pour correspondre à l’univers des personnages de Poupoupidou, on pourrait presque parler d’éloge de la lenteur. Ici pas de démarrages fulgurants ou de chronomètres à battre. Le romancier conduit le cabriolet 504 sans oublier de surveiller la motricité des roues arrières qui infligent un survirage prononcé à la moindre pression sur l’accélérateur. D’ailleurs il se concentre plus sur la bande son de son auto radio et cette progression au ralenti lui permet de poser le regard sur le panneau publicitaire accueillant le voyageur à l’entrée de Mouthe.

Les balades, coude à la portière, semblent à des années lumières : le froid s’infiltre dans tout l’habitacle par manque d’isolation. La buée se plaque sur le haut du parebrise et les vitres latérales, se transformant en condensation là où l’air pulsé de la ventilation peine à agir. Rien n’engage à poursuivre la route, le moindre prétexte est suffisant pour dévier sa trajectoire et rejoindre une habitation chauffée.

Persuadé qu’un fait divers risque d’être négligé, l’écrivain se lance dans le recueil d’informations. Mais la prudence requise pour des investigations lui fait particulièrement défaut. Peu discrète, la 504 est repérable immédiatement et jalonne le parcours du conducteur comme une véritable fiche signalétique.

Le seul moment dans le film où le cabriolet a des velléités de conduite sportive, surprend à la fois le spectateur et le pilote. Seul au volant, David Rousseau essaye d’identifier l’origine de cet emballement involontaire et d’une voix peu rassurée, entame l’inventaire d’une défaillance probable : freins, embrayage ? Mais le récit de ses recherches a progressé. Quelques personnalités ayant approché l’ascension de la starlette ne sont peut-être pas étrangères à sa chute dramatique… Alors, de là à penser que la panne de la Peugeot visait son conducteur trop curieux…

Par ailleurs, le cabriolet 504 choisi par le romancier comme voiture principale, indique son intérêt pour les objets vintage. Ce regard vers le passé se pose curieusement sur les années soixante-dix, date de la production du modèle. Autre coïncidence ? Les personnages au centre de l’histoire vont faire résonnance à de légendaires figures de la même époque, non pas à travers une pâle copie, mais sous forme d’hommage qui va extraire de l’anonymat pathétique un destin similaire à une étoile hollywoodienne de 1960…

Si Maryline Monroe peut prétendre représenter prodigieusement les gloires immortalisées par le 7ème art, celles-ci font figures de mémoire collective pour plusieurs générations. Déclinées entre autre sous forme de posters affichés dans les chambres d’adolescents, elles deviennent des images et des repères d’identifications. Resurgie, elle aussi, du passé, la 504 version cabriolet menée sur les routes secondaires par David Rousseau, vient rappeler que le charisme, le charme et l’élégance n’ont pas d’âge ! Il suffit de les regarder : comme de véritables stars, les autos peuvent sortir de leur vocation utilitaire pour nous offrir des moments de rêves et d’évasions.

Poupoupidou est disponible en VOD sur Youtube, vous pouvez le découvrir ici.

Gilles Chaput

Passionné de véhicules anciens et de Cinéma, Gilles vous propose régulièrement ses chroniques "Casting d'Anciennes"

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