BRM et Vanwall à la relance, où s’arrêteront les « continuations »

Publié le par Benjamin

BRM et Vanwall à la relance, où s’arrêteront les « continuations »

À quelques jours d’intervalles deux mythiques constructeurs de F1 ont annoncé leur retour. Pas dans la catégorie reine mais avec des continuations de leurs gloires passées. Ainsi on va retrouver prochainement des BRM et des Vanwall « neuves ».

La continuation qu’est ce que c’est ?

C’est une mode très prisée… notamment en Angleterre. La démarche peut se rapprocher d’une réplique. Sauf que la continuation est une auto absolument identique aux modèles d’origine. De fait ce sont les constructeurs originels, toujours existants ou revenus à la vie, qui fabriquent ces autos.

Jaguar avec ses Type D et XKSS et Aston Martin avec ses DB4 GT puis DB4 GT Zagato ont été parmi les plus gros à se lancer mais depuis une multitude de constructeurs plus petit ont décidé de leur emboîter le pas… le montant demandé pour ces autos suffit à expliquer le phénomène !

La BRM V16

BRM est né au sortir de la seconde guerre mondiale. Son nom affichait bien ses ambitions : British Racing Motors. Il s’agissait alors de fabriquer des autos de course en rassemblant tous les savoir-faire présent en Grande Bretagne. Et la BRM V16 fut la première voiture construire.

Étudiée à partir de 1947 elle apparaît en 1949 sur ses premières courses. Le châssis est de type échelle, classique avec des suspensions dérivées des flèches d’argent : Mercedes pour l’arrière et Auto Union pour l’avant. Le moteur avant cube 1,5 litres mais c’est un V16 ! Ce moteur reprend des techniques utilisées par Rolls-Royce sur des moteurs d’avion. La puissance est folle : près de 600ch à 12.000 tours minute !

L’éternel problème de sa voiture sera sa fiabilité. Faute de mise au point elle rate le premier grand-prix. Elle rate ensuite les essais de sa première course, est autorisée à partir en fond de grille et tombe en panne au départ… sans avoir fait 1m !

Elle sera engagée sur 4 Grands Prix en terminant un seul dans les points. Les trois autos construites ne peuvent plus rouler en F1 à partir de 1952 puisque la réglementation a changé. Moss ou encore Fangio se retrouveront parfois au volant. Si la puissance leur paraît impressionnante, les soucis de fiabilité et le comportement de la voiture lorsqu’elle était délestée de sa puissance ont laissé des souvenirs plus mitigés à ses pilotes.

Fangio sur BRM V16 a Goodwood en 1953-

Quand Alfred Owen rachète BRM, il fait étudier une nouvelle auto qui ramènera l’équipe vers la F1 et les succès qu’on connaît (titres pilotes et constructeurs en 1962). La BRM V16 est remisée fin 1955 et laisse des souvenirs émus à ceux qui l’ont vu tourner mais surtout à ceux qui ont entendu le bruit de ce moteur d’exception.

Une continuation oui, mais pas par n’importe qui

On vient donc d’apprendre que trois nouvelles BRM V16 vont être construites. Et le but est là de fêter l’an prochain les 70 ans de BRM, du moins l’anniversaire de leurs premiers Grands Prix. L’homme derrière cette idée c’est Nick Owen, petit-fils de Sir Alfred Owen.

Pour la partie technique on retrouve Rick Hall. Ancien ingénieur en chef de BRM il contribue de nos jours à l’entretien des BRM existantes. Il a d’ailleurs pris de l’avance dans le projet puisque sa société Hall & Hall a déjà refabriqué les trois moteurs V16 ! Et apparemment le bruit est au rendez-vous !

Rick Hall et Nick Owen-

Que ce soit pour le moteur ou le châssis ils ont utilisé près de 20.000 dessins et documents techniques d’époque.

À quoi est-ce qu’on destine les autos ? Déjà il faut savoir qu’elles vont reprendre 3 numéros de châssis jamais attribués à l’époque. Et puis leur reconstruction à l’identique a pour but de les rendre éligibles aux courses historiques au titre de l’appendice K du règlement FIA.

L’une d’elle restera la propriété de Nick Owen qui l’utilisera pour les commémorations autour de la marque. Les deux autres sont disponibles à la vente. Le prix n’est pas indiqué mais il faudra avoir un porte-feuille bien garni et créer un véritable dossier puisque les deux acheteurs seront sélectionnés !

BRM V16 1-

Est-ce qu’ils vont trop loin ?

La renaissance de la BRM V16 va être une sacré attraction, c’est certain. Au moins on est quasi sûr de la pertinence technique du projet… si ce n’est que les autos devront être bien plus fiables qu’à l’époque. En fait la conception d’époque bénéficiera quand même des techniques de fonderie, d’usinage et des matériaux actuels. Une partie des soucis seront logiquement résolus comme cela, l’autre devra faire l’objet d’une belle mise au point.

En tout cas le projet de continuation de la BRM V16 n’est pas motivé QUE par l’argent… même si on se doute que les deux autos vendues devraient permettre de couvrir une grosse partie des frais de la troisième auto.

Espérons que le projet aille au bout… et qu’on puisse se régaler de la sonorité du moteur, notamment à Goodwood Revival !

La Vanwall de 1958

Le projet de renaissance de Vanwall a été dévoilé juste avant celui de BRM. Et c’est assez frappant de voir à quel point ils sont liés !

Quand Tony Vandervell se lance en compétition il est déjà connu du monde automobile. Il tient sa fortune de la création de CAV par son père. CAV deviendra Lucas, ceci explique cela. Lui-même a lancé une société qui porte son nom et qui produit des coussinets minces.

Tony Vandervell va d’ailleurs s’impliquer dans le projet BRM, notamment avec l’achat d’une Ferrari 135 modifiée qui servira de laboratoire. Mais il finit par se désengager car BRM n’avance pas assez vite.

Il crée ensuite Vanwall qui lancera sa première spéciale en 1954. Pour en savoir plus, on vous invite à lire notre article complet par ici :

Mais on va quand même vous la faire courte. Vanwall se développe et dans le bon sens. En 1957 les pilotes sont Moss, Lewis-Evans, Salvadori et Brooks. Des grands noms qui remportent de beau succès. La saison est terminée par plusieurs succès et en 1958 Vanwall va devenir la première écurie à remporter le titre de champion du monde des constructeurs.

Vanwall 1958-

Mais le décès de Lewis-Evans allié au fait que l’objectif est atteint fait que Vanwall va se retirer des circuits.

La Vanwall continuation

C’est Iain Sanderson, propriétaire du Vanwall Group qui possède les droits sur le nom Vanwall. Et c’est également le Vanwall Group qui est à l’origine du projet de continuation. La voiture concernée c’est bien la VW5 utilisée en 1957 et 1958.

Là où on rejoint le projet BRM, une fois de plus, c’est parce que c’est également Hall & Hall qui va se charger de la partie technique. Là ce ne sont plus 3 autos et autant de V16 qui seront produits mais 6 autos avec autant de moteurs 4 cylindres. Là encore les autos vont être construites quasi à l’identique en étant éligibles en courses historiques. La différence c’est qu’on parle d’une auto qui marchait bien à l’époque et pas d’un mythe sans palmarès.

Autre similitude : la dernière auto restera la propriété du Vanwall Group. Les 5 autres sont à vendre pour 1,65 million de livres… hors taxes !

Vont-ils trop loin ?

Si on s’éloigne un poil de l’authenticité du projet BRM, le projet de continuation de Vanwall reste bien ficellé. Ce n’est pas un riche investisseur qui a acquis un nom pour le coller sur une auto qui n’aurait à voir avec l’origine. Par contre le nombre d’autos construite est peut-être élevé. Il faut juste espérer qu’on en trouve pas 3 ou 4 sur la même grille de départ, cela ferait désordre, surtout avec les Vanwall encore existantes !

Par contre le Vanwall Group a des idées derrière la tête. Parce que cette continuation ne sera qu’une première étape, pour se refaire un nom… avant de lancer une voiture de sport moderne qui pourrait même être électrique…

Images : Owen et Vanvwall Group

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. philippe

    Depuis pas mal d’année l’Argentin Pure-Sang produit des répliques Bugatti à l’identique, y compris motorisation. Autant on comprend que Jaguar et Aston aient encore un peu d’outillage, voire même récupérer des blocs et culasses dûment sablés et rectfiés, Jaguar vient d’ailleurs de relancer une petite série de blocs nus 3.8 litre à un tarif assez corsé – il me semble que les XKSS sont des 3.4 mais il s’agit d’une affaire d’alésage. Mais là relancer la fabrication d’une voiture peu produite d’un constructeur disparu corps et âme …

    Répondre · · 10 novembre 2020 à 11 h 18 min

    1. Benjamin

      Oui… là on peut se poser des questions à propos de la démarche…

      Répondre · · 10 novembre 2020 à 11 h 47 min

  2. Jean Paul DURAND

    BRM P15 V16
    Présentée en démonstration au GP d’Angleterre le 13 Mai 1950, elle apparaitra pour la 1° fois en course à l’international Trophy de Silvertone hors championnat. N°8, Raymond Sommer au volant, abandon.
    Elle remportera le Woodcote Trophy le 30 septembre à Goodwood hors championnat avec Reg Parnell.
    Il faudra attendre le 14Juillet 1951 pour la retrouver dans une course du Championnat du monde, seule apparition de l’année. Reg parnell 5° et Peter Walker 7°. Ca ne fera que 2 participations au Championnat.
    Avec son évolution P30, les V16 gagneront 17 courses hors championnat de 1951 à 1955.
    Etc,etc Jean Paul DURAND

    Répondre · · 12 novembre 2020 à 11 h 13 min

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