Sur les N6 et N7, on connaît bien les bouchons commémoratifs. Sur la N10, la route des vacances de ceux qui visaient les campings des landes plutôt que ceux de la côte d’azur, c’est plus rare. Le Bouchon des Bielles se tenait pour sa seconde édition à Chaunay ce dimanche. Les voitures anciennes, mais aussi les motos, les cyclos et les tracteurs étaient au rendez-vous et nombreux… et ça aurait pu être encore plus rempli si seulement le ciel avait été un poil clément. On vous y replonge.
La Nationale 10 et Chaunay
Commençons par le contexte. Ceux qui savent placer Chaunay sur une carte et donner son emplacement kilométrique sur la Nationale 10 sont certainement plus rares que ceux qui peuvent en faire autant avec les villes ayant vécu les bouchons sur la Nationale 7. À Chaunay aussi, on a connu les bouchons ! Le bourg était une étape sur la N10 entre Poitiers et Angoulême, au kilomètre 380 en partant de la capitale. On y a trouvé de gros bouchons, en particulier dans les années 60 et 70 au niveau de l’Eglise puisque la route était plus étroite… dans une courbe ! Ensuite, l’Autoroute A10 a récupéré une partie du trafic et de toute façon le bourg a été contourné en 1978.
Plusieurs commerces vivaient grâce à la RN10. L’Hôtel du Commerce était modeste mais l’Hôtel Central peut se targuer d’avoir accueilli des stars et personnalités de Vincent Auriol à Piaf en passant par… Michel Vaillant et Steve Warson dans l’album Km. 357 sorti en 1969 et centré sur la construction de l’Autoroute A10. En tout cas, les lieux sont désormais plus calmes… mais ce dimanche, la donne a changé !
Photos : Collection Privee Laurent Rodrigues – Commune de Chaunay
Des condition difficiles
Nous sommes en 2024. Et le 16 Juin, le printemps n’est pas encore arrivé ! Rafraîchir 50 fois la météo heure par heure la veille d’un événement ne présage pas du beau temps… et la « petite pluie » n’est même pas là. En bref : depuis le lever du soleil, il pleut sans discontinuer sur le sud de la Vienne (et pas seulement, les pilotes des Safety Cars des 24h peuvent en témoigner). Au moment où les anciennes sont attendues à Chaunay… ça pleut et ça pleut encore.
Certes, ce n’est pas le déluge mais c’est suffisant pour que nombre de participants du Bouchon des Bielles de Chaunay aient décidé de laisser leur belle au sec, mais au chaud aussi (le mercure ne s’est pas affolé contrairement à l’édition 2022). Beaucoup moins nombreuses que prévu, les voitures anciennes sont tout de même au rendez-vous. On les trouve le long des trottoirs et sur la place centrale de Chaunay. On avait prévu d’en garer une belle quantité près du marché couvert mais celui-ci ne verra pas beaucoup d’anciennes lors de ce Bouchon des Bielles.
Parapluie sorti, c’est le moment de faire un petit tour. Les Mini et Fiat 126 sont prêtes pour la parade, les propriétaires de MG T-Type et d’Alfa Romeo Spider testent l’étanchéité des capotes.
Le village partenaire du Bouchon des Bielles a est composé de quelques tonnelles prises d’assaut. Les Harley et les morceaux de carrosserie fraîchement formés ont de la compagnie jusqu’à ce que les organisateurs sonnent l’appel. Direction la salle des fêtes déjà bien garnie ou le maire de Chaunay raconte encore quelques anecdotes à propos du passé du bourg, du temps où la RN10 rythmait la vie des Chaunaisiens. C’est ensuite au tour de Romain Douteau, président de l’Amicale des Bielles de Villefagnan de prendre le micro pour le briefing.
Le Bouchon des Bielles se lance
Dehors, il pleut encore. Mais dès le briefing terminé, c’est la ruée vers les véhicules. L’ancienne RN10 a été bloquée et les voitures anciennes, et autres véhicules présents, vont avoir le champ libre entre le Calvaire situé près du Cimetière et le rond-point situé à la sortie du bourg. Peu à peu les anciennes démarrent et le Bouchon des Bielles à proprement parler commence.
On assiste à un beau défilé. Évidemment les populaires françaises sont les plus représentées et heureusement puisque ce sont également ces autos qui constituaient à l’époque le plus gros contingent dans les bouchons de la RN10.
Au Bouchon des Bielles on retrouve de nombreuses Citroën. Si les deuches bien représentées, c’est finalement très classique, les Ami et autres Mehari sont également nombreuses. Les vraies routières sont également de la partie avec les DS et Traction. La plus anciennes des voitures participant au Bouchon des Bielles est d’ailleurs une Citroën elle aussi.
Autre véhicule remarquable côté Citroën : le bus ! Celui-ci permet aux visiteurs de faire quelques tours dans les rues de Chaunay, gratuitement d’ailleurs. L’arrêt se fait sur la place et en ajoute un ralentissement supplémentaire à ce Bouchon des Bielles.
Peugeot et Renault ne sont pas absentes. Côté Lion, le contingent est composé de plusieurs séries 03 mais les 04 se font remarquer avec coupé, berlines et cabriolets. De son côté la Peugeot 302 est l’une des rares avant-guerre de l’événement.
Le losange est, lui, visible à l’avant de plusieurs R4 mais on trouve aussi des R12 et autres R20 dans le cortège en plus des inévitables 4CV et d’une Dauphine aux jantes musclées qui ouvre la route.
Simca n’est représenté qu’avec une 1000 aux phares carrés et une Ariane tandis qu’une Talbot Horizon Jubilé fait partie des plus jeunes des voitures anciennes représentées. On ajoute enfin la présence de Panhard au Bouchon des Bielles : 24, Dyna Z et PL 17 pick-up arpentent l’ancienne N10.
Beaucoup de françaises, oui, mais les voitures anciennes étrangères sont également au rendez-vous. Niveau populaires, on retrouve des Fiat 500 dont une revue et corrigée par Abarth, les 126, un Spider avant de passer chez Alfa avec, là aussi, de belles carrosseries. L’originale de la bande est la Neckar Europa, la version allemande de la Fiat 1100. D’ailleurs, côté allemandes, on compte relativement peu de voitures présentes.
Peu d’américaines dans ce Bouchon des Bielles mais les V8 sont de sortie avec une Mustang et une Corvette tandis que les anglaises se présentent avec une Triumph GT6, les MG T-Type, une MGB GT, une MGA mais aussi une Lotus 11 que son pilote doit conduire à une main, l’autre tenant l’indispensable parapluie ! Les anglaises plus populaires sont évidemment les Mini, venues en nombre on l’a déjà vu, et on retrouve également une originale Rover P5.
Évidemment, la liste ne peut être exhaustive. Et puis on ne trouve pas que des voitures au Bouchon des Bielles ! D’ailleurs, l’afflux de voitures n’était pas la seule raison de ces bouchons historiques sur la RN10 et la présence des autres types de véhicules anciens n’en est que plus réaliste. Les plus présents ? Les cyclos et les motos. Sans surprise, on a trouvé peu de volontaires pour rouler dans les conditions pluvieuses de dimanche mais ce sont notamment des jeunes qui ont répondu à l’appel.
Même chose du côté des tracteurs anciens. Beaucoup de ces véhicules étaient emmenés par des jeunes, voire des très jeunes qui ne peuvent pas encore rouler en voiture ancienne. Vendeuvre, Porsche, Someca, les tracteurs sont variés et un seul a une cabine ! On est heureux de les retrouver au Bouchon des Bielles puisque dans les années 60 et 70 on se doute que ces véhicules qui n’atteignaient pas les vitesses des mastodontes agricoles actuels devaient sérieusement bouchonner à l’heure des moissons poitevines.
Les camions ? Peu de représentants, un seul en fait. Avec sa benne, ce camion Citroën montre qu’aujourd’hui encore ce n’est pas évident de se croiser dans les rues de Chaunay quand on ajoute quelques véhicules stationnés sur les trottoirs !
En tout cas, ça défile ! Le Bouchon des Bielles est un vrai succès populaire puisque les habitants de la commune et les passionnés des alentours sont bien au rendez-vous. Les véhicules roulent au pas, le bouchon n’est pas simulé, il est bien réel ! Entre les difficultés à se croiser, les voitures qui s’arrêtent pour embarquer un copain, ceux qui font un brin de causette et… ceux qui calent sans parvenir à redémarrer, ce n’est pas de la reconstitution mais de la mise en situation ! Même avec les efforts de l’organisateur habillé en Gendarme, le Bouchon des Bielles a bien lieu.
Les véhicules passent et repassent. Les enfants sont tout sourire à l’arrière des voitures… voire en sortant du toit d’une deuche ! Les anciens sont replongés dans le passé et la majorité des collectionneurs revivent leurs premiers tours de roue ou découvrent que les bouchons sont plus marrants dans ces cas là que quand ils étaient coincés entre les frères et sœurs et les valises sur les banquettes des petites populaires. On trouvera même un avantage au temps pluvieux qui rythme le Bouchon des Bielles : pas de surchauffe au programme !
Allez, les véhicules se garent. Après plus de 40 minutes de défilés, c’est le moment de faire se reposer mécaniques et équipages. Les food-trucks et buvettes sont pris d’assaut tout comme les tables et chaises dans la salle… histoire d’être à l’abri. On en profite pour découvrir la boutique et les artistes présents dans la salle en attendant le concert qui rythmera le début d’après-midi.
Un nouveau bouchon est prévu un peu plus tard… mais les conditions ont découragé certains participants qui prennent le chemin du retour. Dommage puisque la météo sera bien meilleure par la suite !
En tout cas, on souhaite au Bouchon des Bielles de continuer sur sa lancée. Tant que la Mairie de Chaunay (dont le Maire lui-même participe au bouchon avec son écharpe, son béret et son vélo) sera volontaire, il n’y a pas de raisons que ça s’arrête ! Souhaitons juste que la prochaine édition soit moins arrosée… ce qui permettrait de voir les costumes d’époque qui avaient été troqués contre des impers cette année !
On se quitte avec une dernière galerie de ce Bouchon des Bielles :
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