Rarement une petite auto aura été autant remarquée par son physique. L’Austin Healey Sprite a marqué son temps… du moins sa première version ! On revient sur son histoire.



Une place à prendre
Replaçons-nous au milieu des années 50. Les anglais se sont remis à fabriquer des autos sportives. Par contre ces modèles tendent à viser le marché américain, plutôt riche, et aucune auto ne remplace réellement les Austin Seven sportives de l’avant-guerre. D’ailleurs certaines autos en sont encore dérivées, chez Lotus par exemple.
On s’oriente donc vers auto rustique, mais surtout au coût très contenu. C’est ce qui va dicter nombre des choix faits pour créer l’auto.
Côté châssis c’est Barry Bilbie qui s’y colle. Il trouve des solutions intéressantes pour la rigidité (problème éternel des voitures ouvertes), notamment au niveau du train arrière dont les jambes de force traversent la structure de la carrosserie. Ensuite on utilise vraiment la carrosserie comme un élément structurel. Si l’auto n’est pas une monocoque, un faux châssis avant soutient le moteur, la tôle joue un rôle certain dans la rigidité. Cela a un prix mais des essais montrent qu’en réduisant la tôle la rigidité ne suit pas.
La carrosserie justement. Son design est du à Gerry Coker, le même qui a dessiné l’Austin Healey 100 et qui vient de partir chez Chrysler. Mais il avait déjà esquissé les grandes lignes de cette petite auto. Les Ireland reprend ses travaux. Par contre on va modifier ce qui sera la signature de l’auto. Cocker avait imaginé des phares rétractables. Lorsqu’ils n’étaient pas utilisés, ils pointaient vers le ciel… comme le fera la Porsche 928 bien plus tard. Le problème c’est que cette solution est coûteuse, du coup les phares resteront fixes. Dernière chose à noter : les ailes avant sont intégrées au capot. Tout se lève d’un seul tenant.



Sous ce capot on retrouve une mécanique qui n’a rien à voir avec l’Healey 100 mais qui permet de réduire les coûts. On utilise en effet le très éprouvé moteur A-Series apparu sur les Austin A30 et Morris Minor. Le même qui fera le bonheur des Mini. Ici porté à 948 cm³ il est alimenté par deux carbus SU pour sortir 46ch ! Une puissance qu’on peut juger faible mais qui suffit largement aux 664 kg de l’auto.

Le nom, on en a pas encore parlé. L’Austin Healey Sprite va jusqu’au bout de la démarche avec ce patronyme. Sprite veut dire Lutin. Il souligne la petite taille de l’auto… et son côté joueur. Bien vu !
Enfin pour le côté pratique, on fait, là aussi, quelques concessions. Les portes n’ont pas de poignées, il faut ouvrir les portes de l’intérieur. Et de toute façon il n’y a pas de vitres pour entraver la manœuvre. Et puis le coffre ne s’ouvre pas vers l’extérieur, là encore pour préserver de la rigidité, on y accède en faisant basculer les sièges.
L’Austin Healey Sprite MkI : LA Frogeye
C’est à Monaco, deux jours après le Grand Prix 1958 (qui voit Maurice Trintignant devenir le premier français vainqueur en F1) qu’est dévoilée l’Austin Healey Sprite par la BMC.
L’accueil est plutôt bon. Si les qualités techniques ne sont pas encore au centre des discussions, son physique l’est assurément. Avec ses phares globuleux et sa calandre en forme de bouche, l’Austin Healey Sprite est un smiley ambulant bien avant que le symbole ne soit connu. Certains adorent, d’autres détestent car une auto qui se veut sportive doit être virile.

Ce vaste débat sera finalement passé au second plan. C’est chez MG que la production commence. Côté commercial l’accueil est bon. Il faut dire que le prix contenu à 669 £ est particulièrement intéressant.
Les premiers retours quand au comportement sont bons. L’auto est basse avec une position de conduite qui offre de bonnes sensations. Et puis ses qualités techniques ne sont pas suffisantes pour certains, le moteur a le mérite d’être préparable facilement.
Dès le départ on joue aussi la carte de la compétition. L’Austin Healey Sprite remporte ainsi sa classe dans la Coupe des Alpes 1958. Pour le lancement aux USA l’année suivante elle peut tabler sur une victoire, de classe là encore et avec un hard-top, aux 12H de Sebring.


Très vite l’Austin Healey Sprite MkI est affublée du surnom de Frogeye. En Angleterre du moins puisque les américains lui préfèrent Bugeye. En attendant ce sobriquet ne la quittera pas et si quelques autres autos pourront le recevoir, aucune ne sera autant emblématique.
Néanmoins ce surnom ne définira pas l’Austin Healey Sprite sur toute sa carrière. En effet en Mai 1961 est présentée la MkII. Le style est totalement revu, et il est partagé avec la MG Midget qui est une jumelle plus qu’une cousine.



Au final l’Austin Healey Sprite MkI aura eu une carrière d’à peine trois ans et n’aura pas du tout été modifiée durant ce laps de temps. Mais les 49.987 autos produites montrent bien son succès.
L’Austin Healey Sprite MkI de nos jours
Première auto de la série (il y aura 4 série de Sprite jusqu’en 1971) la MKI est la plus recherchée puisque c’est tout simplement la plus iconique. Et cela se ressent dans ses prix, le double des autres modèles ! Si on pourra trouver quelques modèles aux alentours des 15.000 €, il faudra chercher à 20.000 et au dessus pour avoir une belle auto.
Cela permettra de faire des naître des sourires en réponse à celui de la voiture, d’avoir une auto originale et au final de ne pas se ruiner, l’auto a bien vieilli et ses pièces se trouvent facilement.








Photo additionnelles : CJ
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