Au volant d’une MG TD, une forme trompeuse

Publié le par Benjamin

Au volant d’une MG TD, une forme trompeuse

Le roadster anglais. Tout un programme avec beaucoup d’autos bien variées qui répondent à la description. Pour autant, certains sortent un peu de l’ordinaire. Pour le coup on me propose de prendre le volant d’une belle auto avec un look tout droit sorti de l’avant-guerre. Curieux, je m’empresse d’accepter et me voilà parti pour un tour en MG TD.

Les MG T-type en bref

La MG TD est l’avant-dernière de la famille des MG T-type, aussi appelée celle des Midget. Elle apparaît avec la T « tout court » en 1936. L’auto est une grosse évolution de la PB dont elle reprend les formes, mais évolue avec un nouveau moteur et une boîte aux rapports 3 et 4 synchronisés. Elle est moderne pour son époque, son 1292 cm³ sort 55 ch et les freins sont hydrauliques. Elle sera appelée TA à partir de mai 1939 quand sort la TB. Celle-ci garde toujours la même forme mais passe à un moteur Morris, plus petit mais de même puissance.

MG TA- MG TD

La production est interrompue pendant la guerre et en 1945 c’est la TC qui relance la série. C’est en fait une TB en tous points ! La grosse différence c’est qu’elle va connaître un gros succès avec 10.000 exemplaires en 5 ans dont une bonne part est exportée aux USA.
Ces exports vont d’ailleurs modeler la MG TD qui apparaît en 1950. Pour le marché américain elle se dote d’une conduite à gauche en option mais aussi de pare-chocs, une première dans la famille. Son moteur est nouveau, sa carrosserie adoucie, on est passé sur une auto moins sportive mais plus vendable puisque près de 30.000 autos sortent des chaînes en seulement 3 ans !

La série des MG T-type se termine avec la TF. Née en 1953 elle change beaucoup de chose, à commencer par sa ligne qu’on reconnaît à sa calandre inclinée et aux phares intégrés aux ailes avant. Elle évoluera en TF 1500 en 1954 avec un plus gros moteur et elle cédera sa place à la MG A en avril 1955.

Notre MG TD du jour

Notre belle anglaise est prête capote abaissée pour profiter un soleil qui vient frapper sa carrosserie noire. On comprend rapidement que le commun des mortels la prenne pour une auto d’avant-guerre. Elle a en vraiment tous les atours !

Pour autant on remarque vite les différences avec les autos d’avant-guerre. On a pas vraiment modernisé la ligne au moment de sortir la MG TD mais les différences sont notables. Ainsi on a choisi des ailes plus grosses, qui redescendent un peu plus sur l’avant. On les remarque beaucoup plus sans que cela ne soit choquant. Les phares ronds encadrent une haute calandre, signature des MG T-type, TF exceptée. Peinte en rouge elle tranche réellement avec le reste de l’auto. Un brin de dynamisme et de gaieté au milieu des panneaux noirs.

Le pare-chocs et ses butoirs rajoutent des touches de chrome. Ils ont été décriés car trop civilisés à la sortie de l’auto. Pour autant ils ne surchargent pas la ligne, ne la cassent pas non plus. Ils restent simple et s’intègrent bien à cette face avant très années 30.

Le profil en remet une couche. Le capot est long et plat. L’habitacle s’ouvre avec un décroché très droit, parfait pour rouler le coude à la portière. Les ailes et les marchepieds remettent une couche d’avant-guerre tandis que l’arrière est ramassé, centré autour des roues et leurs ailes rebondies.

L’arrière de la MG TD du coup, est beaucoup plus simple que l’avant. Le dessin est très simple mais en fait tout est caché ! Derrière l’habitacle c’est une toile qui recouvre le coffre à bagages. Ensuite on retrouve le réservoir qui serait bien exposé si on ne retrouvait, par dessus, la roue de secours et le porte-bagages, eux-mêmes protégés par un autre pare-chocs. C’est très, très simple. Mais c’est une Midget !

À l’intérieur : vous avez dit luxe ?

On l’a dit, la MG TD n’a rien d’une auto luxueuse. Sa vocation de Midget voudrait plutôt qu’elle soit dépouillée. Mais on retrouve pourtant un habitacle et un tableau de bord traités façon « luxe ». D’accord on est loin de l’opulence d’une Bentley S1 mais à l’époque on savait recevoir. On ne mettait pas une tôle avec deux compteurs pour gagner quelques kilos et quelques livres…

La forme de ce tableau de bord est plutôt sympa avec ses deux vagues, forcément symétriques pour pouvoir passer d’une conduite à droite à une conduite à gauche simplement. La tôle est donc recouverte de rouge. Ce n’est pas du bois mais du simili. En tout cas c’est d’un très bel effet et ça souligne les compteurs et la plaque centrale. Cette dernière reprend un témoin de charge et un thermomètre en plus des boutons des diverses commandes.

Derrière l’énorme volant beige en bakélite, on trouvera deux gros compteurs, les vitesses en MPH avec les compteurs kilométriques d’un côté, les tours/minutes et une horloge de l’autre.

Les pédales sont bien cachées, tout au fond et le levier de vitesse et le frein à main prennent place au centre, classique.

On terminera en parlant de la sellerie de notre MG TD du jour. Ses sièges en simili rouge sont magnifiques, pourtant la restauration de l’auto n’est pas récente. Simples, ils sont séparés en leur centre mais partagent le même dossier !

Sous le capot : ne pas se fier aux apparences

Le capot de la MG TD s’ouvre en deux parties, autre héritage de l’avant-guerre dicté par les lignes. Avec ses ouïes pour le refroidissement et sa fine tôle, son maniement est désuet et colle bien à l’auto.

Notre anglaise a gardé le moteur de la TB, le XPAG, un quatre cylindres en ligne avec soupapes en tête. Ce moteur à course longue (90mm contre 66,6 mm d’alésage) offre 1250 cm³ de cylindrée. C’est faible, mais chez MG on avait de la ressource. Du coup, avec un taux de compression à 7,4:1 et deux carbus SU, il sort quand même 55 ch. Une puissance qui peut faire sourire, mais niveau puissance spécifique, regardez certaines autos des années 80 et vous ne trouverez pas mieux !

Pour le reste de la technique, on retrouve évidemment des freins à tambours, mais au moins sont-ils hydrauliques depuis le début de la carrière des T-type. La nouveauté introduite par les MG TD, ce sont les roues avant indépendantes avec ressorts hélicoïdaux. Un sacré gain ! L’arrière reste classique avec un essieu rigide et des ressorts à lame semi-elliptiques. On notera enfin que les voies sont plus larges que sur les autos précédentes.

La fiche technique annonce une vitesse de pointe de 130 km/h. Je sais bien que je vais en être loin… mais c’est l’heure de me mettre au volant.

Au volant de notre belle anglaise

Pour une fois, je me mets au volant avant de redescendre derechef. Clairement, je ne suis pas un géant, mais je ne passe pas ! Il faut donc régler le siège. Je recule l’assise, par contre pour reculer le dossier, c’est plus compliqué. Il est d’une seule pièce et surtout il est maintenu par des rails. Il faut dévisser, reculer et revisser. En reprenant ma place derrière le volant, je ne dis pas que c’est devenu parfait, mais c’est devenu plus logeable.

La position de conduite me rappelle celle de la Jaguar Xk120. Les jambes sont tendues et vont chercher les pédales tout au loin tandis que le volant reste très proche du torse. Si vous aimez conduire bras tendus, oubliez. On est ici dans une auto des années 50… et à l’époque ça ne se faisait pas, même en F1 !

Le moteur se lance. Maintenant je dois m’élancer. Pour l’anecdote, j’ai récupéré le volant de notre MG TD parce que Thibaut n’a jamais réussi à mettre la première. Même Corinne à ses côtés n’arrivant pas à enclencher le rapport quand il était au volant. Ça doit être une malédiction qu’on a reçu… parce que je n’y arrive pas non plus, quelle que soit ma pression sur l’embrayage. Heureusement, je suis mieux placé que lui : le terrain est en faux plat descendant. Du coup, seconde et c’est parti !

Le dosage de l’embrayage, encore plus nécessaire avec ce démarrage pas très orthodoxe, est plutôt facile, celui de l’accélérateur un peu moins, mais pour le moment j’impute ça au fait que notre anglaise n’aime pas ma façon de démarrer. Très vite la route s’ouvre. Le moteur monte dans les tours et je passe la troisième sans aucun problème. Ce rapport se montre très vite… passe partout. Sur une départementale comme celle que l’on aborde, il permet de ralentir, de relancer et de ne pas nous casser les oreilles.

La MG TD se montre à son aise dans cet environnement. Les freins ne sont que rarement sollicités et s’en sortent très bien. Le moteur est vaillant. La direction, qui abandonne le boitier des précédentes au profit d’une crémaillère, est plutôt précise et si elle pourrait être meilleure, le gabarit de l’anglaise fait que tout se passe sans encombres. Un reproche pourrait venir de l’amortissement.

Non, le principal reproche irait au département de Loire-Atlantique qui laisse les chaussées se déformer autant. En fait la MG TD n’est pas forcément très à l’aise sur ces trous. L’amortissement n’est pourtant pas si dur, les rebonds ne sont pas scabreux, la direction ne se laisse pas embarquer, non c’est plutôt un mix de tout ça.

Heureusement, ce phénomène a une solution qui se trouve… sous le pied droit. Après un village, une série de virages, avec une belle visibilité, s’annonce. En attendant il faut passer les derniers ralentisseurs et si on veut éviter que la MG TD ne s’y montre cassante, mieux vaut bien adapter sa vitesse. Allez c’est parti. Pour le coup je m’amuse et je repasse la deux en prenant grand soin de bien décomposer le mouvement de boîte. On pourrait croire que c’est moins rapide… mais si ça évite de recommencer, c’est tout benef.

En seconde notre petite anglaise montre donc qu’elle reste une sportive dans l’âme. L’accélération est franche sans être violente. Il faut aller chercher le moteur dans les tours pour en tirer un comportement plus sportif. Le terrain est plat, il y monte assez vite.

Les virages approchent vite et le lever de pied suffit à bien se placer pour les premiers. Le frein est nécessaire sur les autres mais si on oublie pas que notre auto date des années 50 on ne se fait pas de frayeur. La MG TD tient le rythme que je lui impose. Le levier de vitesse fait alterner deuxième et troisième. Quand les virages sont bien serrés, j’avoue apprécier l’échancrure dans les portières qui permet de bien voir où on se place et de permettre une bonne liberté de mouvement pour tourner le volant.

Bon, je me suis bien amusé… Mais pendant ce temps là j’ai un peu oublié que je n’étais pas tout seul. Quand on « attaque » on doit se concentrer, pas le temps pour la conversation et finalement le petit moteur sait se faire entendre. Du coup ce n’est clairement pas comme ça qu’on appréciera la balade à deux. Je calme le pied droit et reprend une allure plus adaptée à l’usage que la majorité des collectionneurs font de la MG TD. Une auto pour la balade. Mais ce n’est pas elle que vous attendrez sur le bord de la route. Le rythme, elle sait le tenir.

La suite de la balade se fait au petit trot. Le moteur est moins présent. La direction demande moins d’efforts et les freins sont encore plus à leur aise. Je gare l’anglaise et là je me dis que les longs trajets au volant de notre belle… je les anticiperais un minimum. Parce que mon corps s’était habitué à cette position à la fois étrange et au final, pas si confortable. Et finalement c’est bien aussi de descendre admirer ses lignes !

Conclusion :

La conduite de la MG TD se montre en fait plutôt moderne, toutes proportions gardées. Oui la direction, le freinage ou encore l’amortissement sont d’un autre temps. Mais on est loin de la lourdeur et de l’imprécision de certaines autos de la même époque, surtout quand on sait qu’une bonne part de ses solutions techniques sont d’avant-guerre.

Pour autant, elle garde le physique qu’une avant-guerre, en tout cas pour tous ceux qui ne savent pas différencier les différentes autos de la série.

Du coup la MG TD c’est la monture parfaite pour ceux qui voudraient un cabriolet très vintage mais qui seraient réticents à abandonner une certaine facilité de conduite. Une auto étonnante et terriblement attachante !

Les plusLes moins
Un look d’avant-guerreLa position de conduite
Mais une conduite plus récenteAmortissement dur
Des perfs honorablesDirection pas si précise
LE roadster anglais et vintage
CritèreNote
Budget à l’achat12 / 20
Entretien15 / 20
Fiabilité14 / 20
Qualité de fabrication16 / 20
Confort13 / 20
Polyvalence14 / 20
Image15 / 20
Plaisir de conduite17 / 20
Facilité de conduite14 / 20
Ergonomie12 / 20
Total13,9 / 20

Conduire une MG TD

Vous êtes convaincus ? Vous voulez acheter une MG TD ? Pour le coup, vous en trouverez, l’auto n’est pas si rare avec ses 30.000 exemplaires. Par contre ne fuyez pas les américaines ou ex-américaines puisque que c’est pas loin de 25% la production qui traversa l’atlantique. L’avantage c’est également que les conduite à droite sont rares.

Pour l’achat, une MG TD en état moyen est trouvable sous les 15.000 €. Mais visez au-dessus pour être tranquilles. Passés les 25.000 € vous aurez de très belles autos, les plus chères peuvent même frôler les 40.000 € !

Pour ce qui est des vérifications, les mêmes que d’ordinaire : la corrosion, le fait qu’elle soit complète. Sinon, vous trouverez des pièces en nombre. Si la qualité des refabrications peut varier, au moins vous aurez le choix.

Merci à Corinne de nous avoir confié le volant de sa belle ! Merci au Château de Goulaine pour nous avoir permis ces belles photos.

Si vous cherchez des MG TD à vendre, vous en trouverez par ici sur Classic Numbers.

Fiche Technique du MG TD
MécaniquePerformances
Architecture4 cylindres en ligne Vmax129 km/h
Cylindrée1250 cm³0 à 100 km/h
Soupapes8400m da
Puissance Max55ch à 5200 trs/min1000m da
Couple Max87 nm à 2600 trs/minPoids / Puissance16,36 kg/ch
Boîte de vitesse4 rapports manuelle



TransmissionPropulsion
ChâssisConso Mixte10 litres / 100km
Position MoteurLongitudinale avantConso Sportive
FreinageTambours AV – AR
Dimensions Lxlxh368 x 150 x 134 cmCote 2021±25.000 €
Poids900 kg à vide

Photos additionnelles : wheelsage

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Michel SICARD

    ah les BD du colonel Clifton !!!

    Répondre · · 3 juin 2021 à 18 h 28 min

  2. François et VOGEL

    la plus belle des roadster ! je sais j’ai la chance d’en avoir une ( voir les voitures de nos lecteurs ) François

    Répondre · · 3 juin 2021 à 19 h 02 min

  3. sergio spoti

    Bizarre ,vous n’avez pas remarqué que le rapport de pont était très court , avec seulement 23 km/h pour 1000 tours en 4eme ….une catastrophe pour faire de la route !!….et aussi que 80% des TD sont parties aux us !!

    Répondre · · 29 mars 2022 à 22 h 41 min

  4. Balaine

    Bonjour Sergio soit

    Pas du tout d accord avec vous .
    Je possède une mgtd depuis 15 ans et je participe à de nombreux rallyes touristique à travers la France toujours par la route , à 4000 tours nous roulons à 90 KLM/heure.pas de problème pour le moteur xpag.de plus tout passe en quatrième.

    Très bonne voiture et même sur les routes limitées à 80

    Répondre · · 31 mai 2022 à 13 h 29 min

    1. sergio spoti

      4000 tours à 90 km:h c’est trop pour ce moteur calme , trop d’usure et de consommation !! mettez un couple de mga dans le pont ar , et c’est parfait ! 4.3 de ratio et 28 km: au 1000 tr

      Répondre · · 7 février 2023 à 22 h 06 min

  5. D. Douchy

    Bonsoir,
    Bonne voiture, pour rouler à 75 km/h, les pneumatiques de ma MG TD 175x80x15 à l’arrière, la bande de roulement est faible, les pneus des années 50 avaient un développement plus important, voila en partie la réponse au 23 km/h pour 1000 tours, il existe un pont plus long chez moss et autres, si quelqu’un à une expérience je suis preneur.

    Répondre · · 16 octobre 2022 à 20 h 30 min

  6. Hugo

    Bon article, précis, juste.

    Pour en posséder une, je peux témoigner: Notre histoire d’amour n’a pas été instantanée. Certes, aux premiers tours de roues, la conduite d’un roadster aussi ouvert est gratifiante, mais j’ai mis plus d’un an a arriver à peaufiner les réglages châssis et moteur pour lui faire retrouver son caractère sportif. Maintenant qu’elle s’exprime comme elle le doit, elle est transfigurée: petit moteur rageur, chassis réactif (pour une voiture des années 40, cela va de soi), elle me procure à chaque promenade ce dépaysement que je recherche dans les voitures anciennes.

    Répondre · · 10 mai 2023 à 17 h 25 min

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