Au volant d’une Cadillac Serie 62 Cabriolet, fidèle à son image

Publié le par Benjamin

Au volant d’une Cadillac Serie 62 Cabriolet, fidèle à son image

Rouler les cheveux au vent, ça peut se faire avec différents types d’autos. D’un côté on a les roadsters, pas forcément très puissants mais plutôt dynamiques et à vocation sportive. De l’autre, on a les cabriolets, des découvrables qui peuvent faire appel à de sacrés mécaniques mais qui sont surtout là pour la balade, quelque fois rapide. Quand on pense à un cabriolet US des années 50, avant l’avènement des muscle et pony cars, on se doute qu’on va être dans la 2e catégorie. La Cadillac Serie 62 Cabriolet que nous propose Osenat est une avec laquelle on s’attend à cruiser. Mais est-ce qu’elle ne peut pas faire plus ?

Notre Cadillac Serie 62 Cabriolet du jour

Première chose, un rappel historique important : Cadillac Serie 62 Cabriolet ne veut pas dire Eldorado. Si c’est bien sur cette base que sont construites les premières Eldorado, ces dernières sont des versions plus luxueuses. Notre voiture du jour est de 1955, la quatrième série des Serie 62 et la 2e des Eldorado. Ces dernières étaient similaires à quelques détails près en 1954 mais dès 1955 on retrouve de grosses différences stylistiques.

Pour autant, qu’on parle d’une Cadillac Serie 62 Cabriolet ou d’une Eldorado, l’impact visuel est le même auprès de n’importe quel observateur : c’est grand, c’est large, ça déborde de chromes, bref, l’aspect d’une voiture américaine de carte postale (cubaine par exemple). Personne ne va la confondre avec un roadster anglais en tout cas.

L’avant est costaud avec ce capot en forme de mufle, haut et qui retombe net. On y trouve un décor et, en dessous, l’emblème de Cadillac. La calandre est très imposante avec son énorme grille. Comme on va manquer de superlatifs, on vous laisse qualifier la taille des énormes pare-chocs et de leurs cônes façon obus. Est-ce que ça pare les chocs ou est-ce que ça écrase tout en face, telle est la question. En fait, c’est tout le bas de la voiture qui est chromé.

Les phares sont également entourés de chromes et démarrent des ailes hautes et rebondies. L’impression est massive et c’est certainement le but. En tout cas, on sait, sans avoir le compas dans l’œil, que c’est à la fois haut et large… un peu plus de 2m quand même !

Le profil fait un peu moins massif. Merci le cabriolet parce que ce n’est qu’une impression quand on se retrouve face à une auto de 5,76m de long. On ne dirait pas comme ça mais, même sans toit, la Cadillac Serie 62 Cabriolet fait 1,58m de haut ! On trouve un peu moins de chromes mais d’énormes panneaux de carrosserie, rien que l’aile arrière mérite son nom d’aile. L’habitacle se trouve d’ailleurs assez avancé dans ce profil qui ne propose qu’une porte par côté.

Côté détails, le nom de Cadillac est rappelé et une baguette le souligne avant d’aller remonter après la porte quand une autre, qui souligne le phare avant, vient s’achever avant l’habitacle. Les roues sont en partie cachées et le détail incongru de notre Cadillac Serie 62 Cabriolet du jour est certainement le feu de recherche placé entre le rétroviseur gauche et l’antenne.

On passe enfin sur cet arrière long comme celui d’un bateau. C’est de là que vous pourrez différencier une Cadillac Serie 62 Cabriolet et une Eldorado. Sur la seconde, les ailes sont trapézoïdales, plus fines que sur notre auto du jour assez… bulbeuses. De même, les feux sont dans ces bulbes sur notre auto du jour alors qu’ils sont plus bas sur une Eldorado qui propose du coup des moulures qui débordent sur les ailes.

La malle est énorme, elle aussi, et vous n’aurez aucun mal à y caser vos bagages, quels qu’ils soient. L’emblème de Cadillac y trône juste au-dessus de la plaque. Le pare-chocs est encore très massif et s’il n’intègre pas de cônes de ce côté de la voiture, on y retrouve les sorties d’échappement de chaque côté.

Si la finesse n’est pas le maître mot de notre Cadillac Serie 62 Cabriolet, une chose est sûre en tout cas : son physique impressionne… et on ne peut pas dire que ce soit laid pour autant. C’est très américain et c’est finalement ce qu’on lui demande.

Technique : american classic

La Cadillac Serie 62 Cabriolet était une voiture haut de gamme. Fort logiquement pour une voiture de Détroit, c’est un V8 qu’on retrouve sous le capot. Comme un V8 US c’est rarement un moteur conçu pour être très efficient et grimper dans les tours, on a la cylindrée qui va bien : 331ci.

Si vous vous posez la question, ça fait quand même 5,4 litres. Oui, ça fait de belles gamelles et, oui, ça sort des chiffres assez costaud. Avec une telle salle des machines notre Cadillac Serie 62 Cabriolet de 1955 proposait quand même 270ch. Beaucoup de sportives européennes ne s’approchaient que de loin de cette cavalerie. Le bonus ? C’est évidemment le couple avec 468Nm. Autre caractéristique typiquement américaine, c’est une boîte auto qui transmet le tout aux roues arrières (la boîte manuelle proposée sur les précédentes Serie 62 a disparu).

Pour le reste de la technique, sinon, c’est du très classique et le freinage, par exemple, est encore dévolu à des tambours sur les 4 roues. Il faudra attendre un moment avant de voir des disques sur des américaines. En tout cas, ça laisse songeur parce que le moteur est capable de prouesses et le poids dépasse (évidemment) les 2 tonnes. Il faudra voir sur la route ce que ça donne.

Intérieur : déjà du luxe

Si notre cabriolet US n’est pas une Eldorado, il n’empêche que la Cadillac Serie 62 Cabriolet est bien traitée. L’intérieur est lumineux et large, avec des couleurs tout à fait d’époque et un équipement vraiment dans la fourchette haute de l’époque. L’ambiance, surtout, est superbe avec ce bleu qui se marie parfaitement avec les éléments crème et on retrouve presque autant de chromes qu’à l’extérieur. On est loin des boiseries anglaises mais c’est bien plus marquant qu’une auto actuelle.

L’énorme volant est simple et laisse apparaître le compteur à travers sa jante. Peu d’indications à bord de la Cadillac Serie 62 Cabriolet. Tachymètre, odomètre et puis c’est tout. La montre est même rejetée de l’autre côté de la planche de bord mais on se tiendra au courant de l’heure en activant l’autoradio !

Les sièges sont larges épais mais ne présentent aucun relief qui pourrait vous maintenir dans les virages. Les boutons sont assez nombreux et un petit brief sera nécessaire pour s’y retrouver, ne serait-ce que pour allumer les feux. Niveau commandes, les deux pédales sont bien visibles et on ajoute le levier de vitesse fiché à droite de la colonne de direction. La manette à gauche du volant ? C’est celle du phare de recherche !

Sinon, ne vous étonnez pas de retrouver des manivelles à bord de la Cadillac Serie 62 Cabriolet. Elles servent pour les déflecteurs (et oui, il n’y a pas la clim !). Pour toutes les autres vitres, on fait appel à la fée électricité. Un équipement très moderne il y a 70 ans.

Cet intérieur est une invitation à la balade en tout cas. Mais on a aussi envie de tâter du V8. Allez, en route !

Au volant de la Cadillac Serie 62 Cabriolet

Évidemment, il n’y a aucun souci pour monter à bord de notre américaine du jour. Entre la taille de sa porte et l’absence de capote, l’installation est facile. Pas besoin non plus de s’inquiéter à propos de la position de conduite. Si les possibilités de réglages sont limitées, on trouve ses marques assez vite. Le démarrage du V8 est, lui aussi, facile. Par contre, pour ceux qui s’attendent à ce que le V8 ne soit un élément important dans l’impression que dégage la Cadillac Serie 62 Cabriolet, détrompez-vous. Sa sonorité respire la puissance, on sait qu’il y a du coffre, mais c’est très discret niveau volume.

Boîte sur drive, c’est le moment de relever le pied droit du frein. Pas besoin d’accélérer en fait, vous avancez lentement, sur le couple pour… et bien scruter la route et être certains de pouvoir vous insérer. Avec la longueur de capot, on est plutôt contents de bénéficier de la visibilité vers l’extérieur d’un tel cabriolet pour s’engager.

Vient ensuite un bon moment de conduite en ville. C’est un passage obligé et ce n’est clairement pas là que la Cadillac Serie 62 Cabriolet sera le plus à l’aise. Le gabarit de la voiture reste imposant et il faut bien viser pour se faufiler… au milieu des SUV modernes stationnés ou roulants. Heureusement, l’américaine conserve quelques atouts. Déjà sa douceur de fonctionnement qui est irréprochable, encore une fois la visibilité qu’elle offre et qui permet de bien viser et puis l’amortissement qui permet d’absorber les ralentisseurs sans sourciller.

Par contre, rapidement, d’autres points négatifs, allez on dira plutôt « à prendre en compte » apparaissent. Le premier c’est la direction. La Cadillac Serie 62 Cabriolet propose une direction assistée, mais c’est un système du milieu des années 50 offrant une assistance énorme tout en étant avare en informations et pas spécialement chirurgicale niveau précision. On ajoute le freinage dans ces soucis. Si le toucher de la pédale est tout à fait normal, ce n’est pas le cas de l’efficacité du système, vraiment limite.

Après ces premières impressions citadines, c’est l’heure de les valider en prenant tout droit à travers les bois. Les longues lignes droites de la forêt de Fontainebleau ont l’air de parfaitement convenir à la conduite d’une Cadillac Serie 62 Cabriolet, que ce soit sur le papier ou dans la réalité. C’est vrai qu’une fois lancé notre paquebot est plus facile à garder sur sa trajectoire. La direction ne s’alourdit pas énormément mais c’est bien mieux.

Surtout, on peut enfin apprécier le moteur. Si son couple est un atout évident pour évoluer en ville, il faut un peu de punch pour lancer un cabriolet de plus de deux tonnes. Et du punch, elle en a ! Il faut vraiment solliciter le V8 qui réagit de façon assez indolente. « Pourquoi tu me réveilles ? » semble-t-il demander. Mais une fois qu’il a ouvert les papillons, là on le découvre vraiment. Le couple permet de bien démarrer et ensuite ça accélère vraiment.

Ce moteur n’est pas là uniquement pour justifier du caractère américaine de la Cadillac Serie 62 Cabriolet. Il se révèle parfaitement adapté et se crache dans les mains pour nous amener à une vitesse de croisière raisonnable de façon bien plus énergique qu’escompté. Les modernes qui nous suivaient sont décrochées et doivent s’étonner qu’on ait pu remuer un tel engin aussi facilement. La boîte a à peine aidé. On ne la sent quasiment pas, difficile de compter les rapports tant leur passage est doux. Une fois la vitesse de croisière atteinte, on calme le jeu puisque la Cadillac Serie 62 Cabriolet peut quand même atteindre les 180 km/h et on l’impression qu’elle peut le faire vraiment facilement.

Pourquoi calmer me direz-vous ? Déjà pour respecter les limitations de vitesse et puis parce que, contrairement à la direction qui a enfin gagné de la consistance, le freinage n’est toujours pas au niveau du combo poids/performances de l’américaine. Il ne s’agirait pas de se faire peur alors qu’arrive une série de virage. Si la Sunbeam Alpine s’y est montrée à l’aise, on a beaucoup plus de doutes concernant le comportement de l’américaine sur ce terrain de jeu supposé.

Le freinage est forcément appuyé, pas aussi efficace que voulu, mais appuyé. La vitesse semble bonne, le volant permet de viser la corde et effectivement, la Cadillac Serie 62 Cabriolet enroule plutôt bien. Un souci ? On ne peut pas dire que ça vire à plat et on s’en doutait ! Les virages suivants sont dans la même veine. N’espérez pas vraiment de dynamisme surtout qu’on a choisi une route qui semble atteindre les limites de la boîte qui ne sait pas trop sur quel rapport danser. Dans cet entre-deux, le couple et la puissance du V8 sont utiles mais n’espérez aucun dynamisme.

Il faut se caler sur un bon rythme et on sort des virages. Non, ce n’est clairement pas là qu’on apprécie le plus notre grosse américaine du jour. Alors on retrouve les longues lignes droites et on apprécie. On ne vous a pas encore trop parlé du confort mais vous vous doutez que si la Cadillac Serie 62 Cabriolet et absorbe bien les ralentisseurs, elle se montre très agréable sur la route. Finalement, le fait qu’on entende peu le moteur est un avantage pour rouler… et pouvoir discuter. En bonus, les bruits d’air sont vraiment en sourdine.

Alors on roule. Vitesse stabilisée, la Cadillac Serie 62 Cabriolet est en mode cruising. Oui, on a tellement voulu l’essayer dans diverses situations en omettant cette étiquette qui lui colle au train que l’évidence n’en est que plus forte au final. L’américaine est une voyageuse tranquille, ce qui ne veut pas dire lente ou placide. Son moteur est un atout et son gabarit est oublié. On apprécie et on profite de la balade… même depuis les sièges arrières qui offrent largement assez de place pour des adultes.

Conclusion

On avait testé la De Tomaso Pantera en se demandant si elle était aussi effrayante que certains voulaient nous faire croire. Il avait fallu la pousser et aller jouer avec elle pour se rendre compte qu’une telle étiquette était usurpée. La Cadillac Serie 62 Cabriolet n’a évidemment pas la même image. Dans l’imaginaire collectif, c’est une voiture ancienne faite pour le cruising tout en s’appuyant sur un V8 plein à ras bord et un style qui en fait une voiture de star.

On peut même oublier un instant que, non, ce n’est pas une Eldorado. Mais est-ce que ça empêche d’apprécier une grande balade au volant de notre américaine ? Certainement pas !

Les plus de la Cadillac Serie 62 CabrioletLes moins de la Cadillac Serie 62 Cabriolet
Son V8 qui fait bien le jobSon freinage
Son image très USUn gabarit à apprécier
Ses 4 vraies placesSa direction assez floue
Son confort global
Les notes de la Cadillac Serie 62 Cabriolet
Fiche techniqueCadillac Serie 62 Cabriolet
AnnéesGénération IV : 1954-1956
Mécanique
Architecture8 cylindres en V
Cylindrée5425 cm³
Alimentation2 Carburateurs 4 corps
Soupapes16
Puissance Max270ch à 4800 trs/min
Couple Max468Nm à 3200 trs/min
Boîte de VitesseAutomatique 4 rapports
TransmissionPropulsion
Châssis
Position MoteurLongitudinale Avant
FreinageTambours AV et AR
VoiesAV 1524 mm / AR 1603 mm
Empattement3277 mm
Dimensions L x l x h5672 x 2022 x 1577 mm
Poids2100 kg
Performances
Vmax Mesurée180 km/h
0 à 100 km/h12,1s
400m d.a19s
1000m d.a33,2s
Poids/Puissance7,78 kg/ch
Conso Mixte± 20 litres / 100km
Conso Sportive± 35 litres / 100 km
Prix± 60.000 €

Rouler en Cadillac Serie 62 Cabriolet

Ce n’est certainement pas ce qu’on peut appeler une voiture courante, en tout cas de notre côté de l’Atlantique. Néanmoins, l’avantage de cette Cadillac Serie 62 Cabriolet, c’est qu’elle est beaucoup moins rare que la version Eldorado, plus équipée et plus recherchée… mais aussi plus chère.

Notre Cadillac Serie 62 Cabriolet du jour est « dans la cote », tant qu’une voiture aussi confidentielle puisse en avoir une. Les plus belles de ces autos peuvent se vendre jusque 80.000$ mais il faut qu’elles soient absolument parfaites. Notre auto du jour sera donc proposée aux enchères par la maison Osenat dans sa vente du 23 Juin à Fontainebleau. Elle est estimée entre 50 et 60.000€, les infos sont ici.

Ce qu’il faut vérifier ? D’abord la corrosion qui s’attaque rarement à la structure mais aime bien la carrosserie. Vérifiez aussi qu’elle soit complète au niveau de sa décoration, il ne faut pas qu’il manque des chromes, leur remplacement peut coûter cher (surtout chez nous). Le V8 peut tenir 300.000km mais il faudra remplacer les segments et pistons si la Cadillac Serie 62 Cabriolet commence à fumer tandis que la boîte ne doit proposer aucun à-coup. Pour le reste, l’auto est plutôt fiable mais il ne faut pas oublier qu’on parle d’une auto qui a 70 ans et demandera donc une certaine attention.

Un grand merci à l’équipe Osenat pour avoir organisé cet essai.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

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