Essai Renault 21 2L Turbo : comme à l’époque, un défi !

Publié le par Alexis Bonhomme

Essai Renault 21 2L Turbo : comme à l’époque, un défi !

Pour mon premier essai/article pour News d’Anciennes je voulais présenter un véhicule qui cultive une certaine aura auprès des quarantenaires pressés ! Je parle de la Renault 21 2L Turbo. Dans l’ombre des Super 5 GT Turbo sur le marché de l’occasion, elle n’en est pas moins excitante, loin de là.

En plus ce modèle me tiens à cœur puisque mon père en possède également une. Après plus de 7 ans sans être monté dans une Turbo, je voulais voir si effectivement les souvenirs que j’avais de cette auto sont toujours d’actualités. Je vous emmène.

Histoire de la Renault 21 2L Turbo

La Renault 21 fait partie d’une grande lignée de berlines familiales de la Régie, elle a été introduite à la gamme en 1986 pour faire suite à la R20 et entre autre à la R18 qui commençait à sentir le poids des ans. La version qui nous intéresse aujourd’hui est apparue au catalogue en 1987. Comme ses aînées de l’époque, le mot, ou plutôt la recette magique pour parler de sport chez Renault, c’est bien entendu le turbo ! Un lien parfait avec les programmes sportifs.

L’idée d’une berline très performante est venue pour pouvoir continuer la rivalité avec les constructeurs d’Outre-Rhin et pouvoir enfin être à la hauteur de leurs véhicules phares BMW M3 E30 et autres Mercedes 2.5 16...

Pour en revenir à l’auto en elle-même, au cour de ses 8 ans de carrière, la R21 Turbo à connue deux phases et trois versions différentes.
Tout d’abord la Phase 1 reconnaissable à son look beaucoup plus brut et agressif avec son becquet d’un seul tenant sur la malle arrière et ses jantes de 15 pouces au design de turbine.
Après deux ans de production pour la version Turbo, toute la gamme R21 refaitt peau neuve. L’année 1989 marque également une nouvelle venue, la R21 Turbo QUADRA. La dite « Phase 2 » arbore une ligne générale plus gentille, les jantes toujours en 15 pouces n’ont plus que 5 branches et l’aileron arrière est détaché de la malle. Les feux arrières parcourent tout l’arrière de l’auto. Concernant la version Quadra, elle est équipée d’un pont arrière avec un différentiel bloquable depuis le poste de commande, il permet ainsi de pouvoir récupérer 30% du couple et de la puissance délivrée par le bloc et de pouvoir le transmettre aux roues arrières. Cet avantage cache un désagrément qui est la bête noire de l’automobile… le poids ! En effet cela donne une masse totale de plus de 150 kg par rapport à la version « de base ». En plus du monogramme Quadra sur la malle arrière, cette version se reconnaît à son échappement ovale.

L’année 1994 marque la fin de l’ère Turbo sur les berlines de milieu de gamme chez Renault puisque la Laguna ne sera pas équipée d’un turbocompresseur dans sa première version.

Notre Renault 21 2L Turbo du jour :

Côté extérieur : L’ère des lignes rectangulaires et du sport affirmé !

Pour commencer je vais faire bref : Qui n’a pas l’image d’un Patrick Chirac allant aux Flos Bleus avec sa R21 « améliorée » ? Qui n’a pas l’image ou le cliché de l’homme d’une cinquantaine d’années allant au bar boire sa mousse et refaire le monde au volant… de sa R21 ! Nous avons tous déjà eux l’un de ces deux thèmes en face de nous.

Malheureusement (ou heureusement pour le prix d’achat aujourd’hui encore raisonnable et cohérent) la R21 porte une mauvaise image de part son design reconnaissable. La version TURBO ne saura avertir que les plus attentifs d’entre nous que la Régie nous trame quelque chose sous cette carrosserie.

De premier abord, notre phase 1 d’essai m’impressionne par son état de conservation extérieur puisqu’elle a subit une peinture il y a peu. L’auto est basse. Les passages de roues bien remplis malgré une taille de pneu qui aujourd’hui paraît ridicule (195/55 R15). Les écopes dans le bouclier avant pour amener de l’air frais aux disques ventilés, les antibrouillard jaunes, ainsi que les doubles optiques avant son autant de signes avant-coureurs.

Pour continuer le tour du propriétaire, on s’attarde sur la ligne latérale de cette R21 Turbo. Les signes particulier que sont les bas de caisses et l’aileron ne sautent pas aux yeux mais sont tous de même présent. Ils s’harmonisent avec les lignes rectangulaires générales de cette auto ; de ce fait elle en fait ni trop ni pas assez ! Juste ce qu’il faut pour savoir que ce n’est pas la R21 TD de Tonton Michel…

L’arrière quand à lui est autant démonstratif que la face avant. la double sortie d’échappement chromé ainsi que l’aileron discret procurent un bel effet.

En clair, la Renault 21 2L Turbo est une berline de papa pressés qui sait se faire discrète pour le commun des mortels mais qui pour l’œil avisé saura montrer qu’elle n’est pas une bonne à tout faire et qu’il lui arrive… de s’énerver !

Côté intérieur : un canapé roulant

Je commence par les assises puisque cette auto étant destinée à avaler les kilomètres d’Autobahn à 227 km/h chrono (vitesse maximum mesurée à l’époque), le conducteur ainsi que les passagers se doivent d’être dans un confort optimal. Les sièges de devant type semi-baquet maintiennent plutôt bien l’occupant que ce soit en conduite normale ou en conduite soutenue. L’habitabilité est bonne pour une berline de ce rang. L’espace alloué aux passagers arrières est bon et le confort est top. Un vrai sofa.

Côté pratique, l’élément essentiel qui nous intéresse est le tachymètre. Il indique 260 km/h au maximum ; et pour rappeler encore plus que nous sommes dans une auto faite pour les performances, une jauge de pression de turbo (l’aiguille s’arrêtant entre le B et le O du mot TURBO) amusera les grands enfants que nous sommes à chaque pression de la pédale de droite. Quand au reste, l’équipement est large : ventilation, commande de chauffage, radio avec commande au volant, ordinateur de bord électronique (consommation, contenance du réservoir, autonomie,…) et toutes les commandes tombent sous la main. Petit bémol au dit ordinateur de bord qui au fil du temps, sur certains modèles, vient à ne plus afficher toutes les infos. Ce point peut devenir pénible pour la lecture du carburant restant puisque cet écran remplace la jauge standard à laquelle nous sommes tous habitués. Les mathématiciens n’y verront pas un inconvénient là où les amoureux des accélérations brutales en auront des sueurs froides.

Concernant les petits détails on notera les petites bandes rouges des habillages de portes, idée reprise plus tard sur la Renault 19 16S par exemple.

Point sous-estimé mais pourtant tellement essentiel, la visibilité ! Dans la R21 Turbo elle est optimale, les vitrages sont grands aussi bien celui du pare-brise que ceux des custodes arrières (oh combien importantes lors de manœuvres en ville).

En soit la Renault 21 2L Turbo séduit non pas pour son rendu visuel intérieur qui est des plus classiques mais par l’ambiance qui s’en dégage. On devient vite nostalgique d’une époque où la vitesse n’était pas tabou et où les babioles n’existaient pas !

Côté mécanique : du robuste

Lors du développement de cette version, les ingénieurs de Renault ont sûrement voulu que l’esprit de robustesse persiste même pour une voiture conçue pour allez marcher sur les plates bandes des Allemands. En effet, le bloc qui équipe cette R21 n’est autre que le J7R qui équipait auparavant les R20. Ce 2.0 litres 8 soupapes est monté en position longitudinale. Il reçoit une injection électronique et un gros turbo Garrett T3 lui est greffé. Plus en profondeur, l’ensemble piston/bielle est remanié, les coussinets sont renforcés, le carter d’huile devient cloisonné et la pompe à huile voit son débit revu à la hausse. Les soupapes quand à elles sont refroidies au sodium. Le turbo (qui a son palier refroidi par eau) ainsi que le collecteur d’échappement reçoivent un écran thermique afin d’être isolés.

Malheureusement, la hiérarchie fait également rage dans une gamme automobile… Par conséquent les performances de ce bloc ont étés volontairement amoindries afin de ne faire aucune ombre à la Renault 25 V6 Turbo alors en tête de file de la gamme.

En contre-partie de cette « faible » puissance, le couple est énorme pour un moteur essence de cette cylindrée pour l’époque : 275 Nm à 3000 Tr/min. En comparaison, le 2.3 16S d’une Mercedes 190 ne délivre que 235 Nm à 4500 Tr/min. Avec 300 cm³ en moins, le J7R a 40Nm de couple en plus… délivrés beaucoup plus tôt sur la plage d’utilisation du moteur.

Suite à ces chiffres : 175 ch à 5200 Tr/min, 275 Nm à 3000 Tr/min, on sait que l’essai va être musclé et que l’on va connaître ce fameux « coup de pied au c** ».

Côté fiabilité, il n’est pas rare de voir aujourd’hui des R21 Turbo avec plus de 250 000 kilomètres qui possèdent encore toutes leurs performances et qui n’ont connu que très peu de pannes pour peu que les temps de chauffe et de refroidissement aient étés respectés. Néanmoins, le corps chaud de turbo peut venir à se fissurer et le turbo lui même commence à montrer des signes de fatigue.

La Renault 21 2L Turbo sur la route : mélange entre brutalité et finesse

Prise en main : le calme avant la tempête

Viens dorénavant le moment tant attendu, celui de s’installer à bord et d’avoir en sa possession la clef de contact. Après un bref réglage du siège, je démarre… et me pose la question si la voiture est belle et bien en route ? Le bloc se fait très silencieux, le ralenti est stable alors après quelques mots échangés avec le propriétaire voila le moment de se lancer. La commande d’embrayage est ferme et précise tout comme l’accélérateur qui, lui, ne demande pas à être malmené pour pouvoir démarrer.

Les premiers tours de roues sont sages, paisible. La position au volant est bonne dans le sens ou l’on voit le bout du capot même pour un petit gabarit comme moi, le tableau de bord ne donne pas une impression de grosseur devant soit. Aux premières irrégularités de la route on sent que la suspension est ferme, malgré ça le dos n’en est pas pour autant mis à mal. La commande de boîte est certes floue, mais on sait lorsque nous avons engager un rapport. Ceux-ci ne sont pas non plus trop rapprochés ce qui réduira la possibilité de rentrer un mauvais rapport.

Renault 21 Turbo 1 8- Renault 21 2L Turbo

Maintenant viennent les premiers virages. A allure modérée la direction est dure mais il n’y a pas besoin d’être un camionneur pour pouvoir tourner. Elle n’est pas non plus trop démultipliée et le faible rayon de braquage est même surprenant pour une auto de ce gabarit. Les relances en sortie de courbe se font sur un filet de gaz, le couple du 2.0 litre aidant grandement. Pour le moment je n’ai toujours pas entendu un seul sifflement du turbo et l’aiguille ne s’est toujours pas affolée. En espérant que la suite soit plus brutale !

Aux limitations de vitesse : la fluidité, rien que la fluidité

Après la facile prise en main de cette Renault 21 2L Turbo, vient le réel essai routier, la conduite est vraiment agréable, tout tombe sous la main. Malgré que sur ce modèle d’essai le guidage de boîte mériterait une révision, la sélection des vitesses se fait d’instinct. Les commandes d’accélérateur, de frein et d’embrayage sont dures mais restent tout de même agréables à manier dans le flot de circulation. D’ailleurs il est possible de rester sur le rapport final tant que l’on ne croise pas un feu rouge sur sa route. On est tenté d’allumer l’autoradio à commande au volant et de cruiser sur les voies rapides pour rejoindre un rendez-vous important le tout à un rythme de sénateur.

A rythme soutenu : une affaire d’homme !

Après une bonne dizaine de minutes de prise en main et de mise en température de la mécanique vient le moment tant attendu de hausser le rythme. Notre trajet est essentiellement constitué de routes sinueuses désertes et de grands axes routier. Pour se familiariser au montées en régime et à la façon dont le turbo se charge je décide d’y aller progressivement. Ce fût une bonne idée. Sous 3000 Tr/min on conduit une auto familiale basique ; le couple est omniprésent, le bruit inexistant. Au delà de ce régime en ayant toujours la même pression sur l’accélérateur (mi-course pour le moment) on sent une seconde force se réveiller et soudainement l’aiguille sous le compte-tour s’emballe. Un sifflement envahit l’habitacle et on se retrouve propulsé en avant.

Suite à cette prise en main, j’ai l’accord pour pouvoir voir ce que donne la totalité des performances de cette Renault. Me voilà en seconde à 30 km/h environ sur une insertion de voie rapide. J’écrase la pédale de droite, la première seconde rien d’excitant ne se passe mais il faut se rappeler le temps de latence des turbo à l’ancienne. Lorsque le turbo entre en action, la poussée devient bien réelle et elle ne cesse de s’accroître. Tout bonnement jouissif. Tout en souplesse, j’engage le troisième rapport et le même phénomène se répète. Puis quatrième et enfin cinquième sans jamais s’essouffler. La force tranquille en action.

Les réactions de l’auto étant maîtrises ou du moins comprises, viennent les tracés sinueux. Je les abordes avec appréhension du fait du temps de latence du turbo même si le train avant n’est pas dépassé par cette puissance. Les entrées en courbe se font naturellement, le freinage est cohérent avec le matériel monté d’origine mais pas non plus très endurant. Cela-dit c’est une voiture à vocation routière. Je suis même étonné par le comportement survireur, l’arrière ne dérive pas mais le train avant ne demande qu’à rentrer et plonger à la corde. Les sorties n’en sont que meilleures, en anticipant le temps de chargement du turbo, il est possible de ressortir avec une grande vivacité sans y laisser un train de pneu complet ! Elle demande la plus grande attention et c’est du sport d’emmener tant de brutalité en ayant l’air d’un cadre pressé confiant en sa monture.

Conclusion : Une réputation pas dénuée de sens

Ayant déjà essayé quelques autos anciennes depuis l’obtention de ma carte rose (RIP le papier rose…), cette R21 Turbo est surement l’une de celles qui restera dans ma mémoire pour les sensations qu’elle m’a procuré à vive allure… Mais également pour son double visage. Certes je ne me verrais pas avoir cette voiture au quotidien préférant les moteurs atmosphériques mais cela serait mentir de dire que c’est une voiture sans intérêt.

Elle plaira aux nostalgique des années où la vitesse n’était pas encore source de « flicage » et aux personnes désireuses d’auto de caractère le tout dans la plus grande des discrétion.

Pour le moment, elle reste encore abordable alors… faites comme dans la publicité de l’époque et allez vite en acquérir une avant que le marché ne devienne comme celui des GTI des mêmes années.

Points fort Points faible
Moteur brutal Plastiques des années 80
Comportement routier Temps de réponse du turbo
Sentiment de dominer la route Disponibilité des pièces
Confort Préjugés de mauvais augure
Image Note 2- Renault 21 2L Turbo
Entretien Note 3- Renault 21 2L Turbo
Plaisir de Conduite Note 4- Renault 21 2L Turbo
Ergonomie Note 3- Renault 21 2L Turbo
Facilité de conduite Note 2- Renault 21 2L Turbo
Note Totale Note 14 20- Renault 21 2L Turbo

Rouler en Renault 21 2L Turbo

Comme dit précédemment le prix est aujourd’hui encore abordable et non en désaccord avec la vrai valeur de cette auto. Comptez une fourchette comprise entre 5000 et 8000 euros pour un modèle en bon, voir très bon état. Plus devient déraisonnable. Moins on peut s’attendre à voir la rouille présente, beaucoup de kilométrage…

Concernant l’entretien courant c’est assez simple et peu onéreux. Pour l’entretien plus complexe cela deviens dur… très dur. Exemple avec l’accumulateur de pression pour le bloc ABS qui est commun à plusieurs modèles d’autos existant et qui se trouve à l’étranger. Malgré tout, une bonne communauté permet, grâce à des campagnes de refabrication, de pouvoir se procurer des pièces neuves telles que le corps chaud de turbo qui a tendance à se fissurer.

Pour le reste cela reste une voiture économe tant est si bien que vous ayez le pied léger. Dans le cas contraire il faudra acheter des actions chez Total.

Si un achat vous fait envie il est important de vérifier l’étendue des dégâts fait par la rouille au niveau des pied de cric. Également, sondez le propriétaire pour voir si les temps de chauffe et d’arrêt ont étés respectés. Si tel n’est pas le cas, difficile d’être en face d’un modèle pleins de promesses. Il faudra également prendre en compte le fait que beaucoup d’éléments de carrosserie voient leurs prix s’envoler comme ceux des clignotants (spécifiques) et des phares avant également spécifiques.

Merci à Anthony, jeune papa pressé et grand amateur de Renault sportives de toutes époques pour le prêt de son amour de jeunesse.

Fiche technique Renault 21 2L Turbo  
MECANIQUE   Performance  
Architecture 4 Cylindre en ligne Vmax 227 km/h
Cylindrée 1998 cm³0-100 km/h 7.4s
Soupapes 8 400m DA 15.4s
Puissance max 175ch à 5200tr/min 1000m DA 27.8s
Couple max 275Nm à 3000tr/min Poids/Puissance 88ch/L
Boîte de vitesse Manuelle 5 rapports    
Transmission Traction / 4 RM    
CHASSIS   Conso mixte 8.6L/100
Position moteur Longitudinal avant Conso sportive 24.5L/100
Freinage Disque ventilé AV / Disque plein AR Cote 1987 154 800 Fr
Dimensions Lxlxh 4498 x 1722 x 1385 Cote 2019 6000 Euros
Poids 1190 kg (DIN)    

Photos additionnelles : Renault Press.

Alexis Bonhomme

Alexis est un passionné de photo et d'automobiles bourguignon. Il a rejoint l'équipe de News d'Anciennes en Juin 2018.

Commentaires

  1. Patrick MICHEL

    Bonjour, je suis ingénieur chez PSA à Sochaux, cinquantenaire, j’ai adoré votre présentation, quel beau travail ! Bravo ! patrick

    Répondre · · 4 décembre 2019 à 13 h 40 min

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