Renault et les expériences américaines

Publié le par Paul Guy

Renault et les expériences américaines

Après notre retour sur les productions EBS, nous vous proposons aujourd’hui d’autres « bizzareries » frappées du Losange. C’est un vieux complexe des constructeurs français sur de vouloir conquérir l’immense marché américain. Malheureusement tous s’y sont cassés les dents. Citroën avec ses DS et SM, Peugeot avec ses 504 et 505, mais le constructeur qui y a sans doute mis le plus d’opiniâtreté, c’est Renault.

Les premiers essais dans les années 50

En 1951 Renault tente de s’attaquer au marché américain. C’est avec son seul modèle récent, la 4CV. 170.000 y sont importées. La petite Renault y rencontre un relatif succès.

En 1956 dès la présentation de la Dauphine on la lance aux USA. Les voitures sont adaptées aux habitudes locales et aux normes américaines. Mais l’aventure ne sera pas la même. Renault néglige tout l’après-vente. Le réseau est famélique et les pièces détachées sont presque impossibles à dénicher… Une vraie version américanisée est bien proposée en 1960 mais c’est trop tard. Les dernières Dauphine sont même rapatriées en Europe, reconditionnées, et vendues dans le réseau classique.

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Une Renault Dauphine US

On notera tout de même que la populaire française fut la base de la Henney Kilowatt, une version électrifiée dont on reparlera dans un autre article.

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Chemin inverse dans les années 60

Mais ces échanges ont aussi eu lieu dans l’autre sens. Renault tente alors de compléter sa gamme avec une voiture haut de gamme dans la mouvance de l’American way of life. Eh oui dans les années 50-60, la référence automobile n’était pas outre Rhin comme aujourd’hui mais bien du coté du pays de l’oncle Sam, réminiscences sans doute de la libération de la France par les G.I.s.

Renault va tenter de faire oublier l’échec de sa Frégate en proposant une berline plus américaine, plus grosse, et bien motorisée. Pour cela le constructeur noue un partenariat avec American Motors Company. La Rambler Classic Six est envoyée en CKD en Europe et assemblée à Haren en Belgique.

Si l’auto avais incontestablement de la « gueule », elle ne saura jamais s’imposer réellement et ne sera produite que pendant 5 petites années de 1962 à 1967.

L’aventure de la LeCar

Renault va retenter sa chance aux USA à partir de 1976. Là encore, c’est avec AMC que se joue cette nouvelle partie. La Renault LeCar est une Renault 5 3 portes adaptée au marché américain. En fait on l’a seulement redessinée. Et on a pas forcément visé à d’adapter. Une version 5 portes aurait été bienvenue dès le lancement (elle n’arrive qu’en 1980) tandis que la rouille lui joue de mauvais tours. Elle joue malgré tout sur son prix très bas, plus bas que la Golf Rabbit et sa consommation faible.

L’offensive est complétée par les Fuego, R17 et R18 mais tourne court. Au total ce sont 180.000 autos qui sont vendues aux USA en 7 ans.

Et Renault s’allie avec AMC

En 1979 déjà, Renault avait renforcé son partenariat avec AMC. 5% du Capital appartenait alors au constructeur français qui octroyait un prêt au constructeur de la Pacer (ci-dessous) pour moderniser l’outil de production du constructeur américain dont la taille critique ne permettait plus de tenir face aux Big Three mais aussi à la concurrence des japonais. Un cadre de Renault arrive comme directeur général.

De cette union apparaît la Renault Alliance, basée sur la Renault 9 mais aussi la R11 qui devient la Encore. Des noms bien frenchies qui permet à AMC de proposer des nouveaux modèles sans en avoir à assumer les coûts de développement.

Dans sa quête de la conquête de l’ouest, Alpine alors propriété de Renault ira jusqu’à développer une version américaine de sa GTA qui avait déjà bien du mal à se vendre en France.

Dernier avatar de cette aventure américaine, les Eagle Medallion sur base R21, et Premier sur base R25. Si la Medallion est une version américanisée de notre brave 21 nationale (en berline et station wagon s’il vous plait), la Premier elle justifie le développement d’une inédite version tricorps de la R25 afin de mieux répondre aux habitudes des consommateurs américains.

En France : l’Alliance Cabriolet… et les Jeep distribuées par Renault

Cette alliance AMC/Renault aura au moins eu le mérite de créer un modèle que nous n’aurons pas eu le privilège de voir commercialisé en France, l’Alliance convertible, un joli cabriolet 4 places sur base de R9, un modèle que la gamme française ne comprenait tout simplement pas.

Ce sympathique petit cabriolet à l’esthétique « particulière » fermé, mais tellement charmant ouvert fait d’ailleurs l’objet d’un véritable culte en France par le biais d’un club de collectionneurs qui lui est dévoué, le Renault Alliance Club Passion. Ces fondus orchestrent la réimportation à titre isolé de ces petites autos fort sympathiques véritable collector sur le sol français. Toute la complexité consistant à passer aux mines une voiture de conception française mais fabriquée aux normes américaines de l’époque, vous me suivez ?

Mais AMC a un portefeuille qui comprend également Jeep. Ces SUVs de la première heure ont un certain succès. En France c’est Renault qui les distribue. Vous pouvez toujours en trouver quelques modèles sur nos routes portant fièrement la mention « Distribuée par Renault ».

Le chant du Cygne

L’Alliance va finir par tourner court. Déjà l’administration américaine force AMC à céder sa branche militaire AM General. En effet on voit d’un très mauvais œil le fait que du matériel militaire soit produit par un constructeur dont une partie des capitaux est étrangère.

AMC ne gagne toujours pas d’argent et l’assassinat de Georges Besse, dernier rempart français à la fin de l’alliance va tout changer. Finalement Chrysler rachète les actions de Renault… et toutes les autres. La marque Eagle prend le relais mais les modèles français rentrent en concurrence avec d’autres modèles proposés par le constructeur au Pentastar. Les Renault rebadgées sont arrêtées et il n’y a plus de Renault vendues aux Etats Unis à partir de 1989.

Pour finir si vous êtes fan de séries TV us des années 80, amusez vous à débusquer dans quelques épisodes de l’Agence tout risque ou de K2000, la présence discrète de R5 « le car » ou d’Alliance berline.

Paul Guy

Paul aime passer son temps à courir après les véhicules anciens. Au sens large puisque les autos côtoient les trains et les avions ! Il a rejoint l'équipe à l'été 2018.

Commentaires

  1. Aurouze jacques

    il est dommage qu’à aucun moment le nom de FLORIDE ne soit mentionné dans cet article fort interessant par ailleurs

    Répondre · · 7 août 2021 à 10 h 21 min

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