3500 Bornes en e30, quatrième partie, Crochet Allemand Délicat

Publié le par Mark

3500 Bornes en e30, quatrième partie, Crochet Allemand Délicat

Notre trip est désormais bien entamé, la barre des 2000km a été allègrement dépassée et notre e30 s’en sort avec les honneurs, même si je sens que le système de freinage commence à flancher. Après les Dolomites dans la troisième partie, à lire ici, notre prochaine étape va nous emmener jusqu’en Bavière. Mais avant cela il faudra (re)franchir le merveilleux Stelvio et l’Autriche. Et la météo s’annonce humide.

De Laion au Stelvio : En route vers le bonheur.

6 heures du matin, le réveil sonne. Se lever est de moins en moins délicat, les organismes s’habituent enfin au rythme de la ballade. 7 heures, en voiture. Aujourd’hui le 320 va pouvoir chauffer convenablement et sa tombe bien car ce matin-là le 6 en lignes est bien froid et éprouve bien du mal à baisser son ralenti. Aux premiers kilomètres, le soleil surgit à l’horizon. C’est un véritable cadeau d’adieu des Dolomites, et je ne résiste pas à l’envie de prendre en photo ce magnifique instant que j’aurais tant voulu avoir hier matin. C’est chose faite, en route vers Bolzano.


Passer du coté de Bolzano à 7h30 du matin, c’est la mauvaise idée du voyage. Pour la première fois depuis le départ ça bouchonne. Comme tout le monde j’ai horreur de ça, mais il va falloir prendre mon mal en patience pour rallier le Stelvio. Les embouteillages derrière moi, je file à l’italienne pour rattraper le temps perdu. Le 320 se charge d’avaler la distance aussi rapidement que les 130ch le permettent. La météo qui était sublime au départ de Laion commence à devenir menaçante à l’approche du Stelvio. Pour l’instant je ne suis pas franchement inquiète car les sommets et le fond de la vallée sont encore bien visibles. Cela dit dans cette course avant la pluie il ne va pas falloir traîner.

Le Stelvio magnifique

Il est 9h du matin lorsque j’arrive au pied du Stelvio. Cette année je l’attaque par la face sud, celle avec toutes les épingles. Pour rappel l’an dernier, c’était comme ça. Et il y en a un paquet, 48 au total ! J’ai beau avoir emprunté ce col l’an dernier, l’alchimie est la même. C’est le genre de route ou le cerveau passe en mode off. 2eme, pied dans la tôle, l’ascension commence par une longue portion ultra rapide. Les courbes s’enchaînent, étonnamment les rapports aussi, 3eme, 6500trs, 4eme. Je ne sais pas trop si l’auto va apprécier la blague bien longtemps. Mais je m’en fous, quitte à casser quelque chose autant le faire dans les règles de l’art. Et le tracé qui se dévoile sous mes yeux avec la bande son du 6 en lignes au bord de la zone rouge me collent une bonne décharge d’adrénaline. La transe du Stelvio s’installe !

Première épingle, talon pointe, troisième, seconde, première. J’ai bien retenu ma leçon de l’an dernier, les rapports sont trop longs pour que le 320 puisse relancer comme il se doit en seconde. Alors les épingles se passeront en première. À chaque coup de gaz, c’est un frisson accompagné par cette sensation de vivre dans un autre monde, enfin une autre époque. Sur ce début d’ascension, le Stelvio tient ses promesses ! En fait non il me rappelle par une bonne baffe que c’est lui le roi des cols. La montée est assez intense ! Comme l’an dernier, je la vis à fond, il n’y a personne et je n’aurais peut-être pas de troisième chance ! Autant dire que même si le 320 n’est pas une fusée, la conduite est physique. Gérer les freinages, les rétrogradages en talon pointe, le volant, ça fait beaucoup à la fois. Mais vin dieu que c’est bon ! Finalement je ne me « repose » qu’à chaque sortie d’épingle, ou je n’ai plus qu’à écraser l’accélérateur comme un âne. Dans ces moments je me demande quelle tête ferait mon moniteur d’auto-école s’il était assis à côté de moi. J’ai bien ma petite idée…

10eme, 15eme, 20eme épingle, à chaque fois le même rituel et le même sourire stupide. Je suis comme un gamin avec son jouet sur la route de ses rêves. Soudain, je suis coupé dans mon élan. Le sommet est à 5km, et me voilà scotché derrière un automobiliste. Le plaisir se transforme en clavaire, impossible de doubler, il a plus de watts que moi en sortie de virage et les lignes droites sont trop courtes et étroites. Pour 2017, le Stelvio s’arrêtera là, remarque les pauvres freins du 320 ont le temps de refroidir. Enfin le sommet,  avec lui la neige et surtout une petite pause-café dans un décor fabuleux. Car le Stelvio ce n’est pas qu’une route de fou furieux, c’est aussi un décor de malade et la possibilité de prendre un café à 2800m d’altitude tout en admirant fièrement sa monture.


L’Umbrailpass, course poursuite et premier souci mécanique

Je reprends le volant un peu échaudé par mon ascension tronquée du stelvio. Direction l’Umbrail Pass. C’est le plus haut col Suisse avec 2503m, mais dans les faits il ne se résume qu’à une troisième option d’ascension du Stelvio.

Pour ma part l’Umbrail c’est en descente que cela se passera et au moment où j’écris ces mots une Mx5 vient à mon cul. La go-pro fixée sur le pare-brise et l’allure à laquelle il m’a recollé en disent long : il n’est pas là pour enfiler les perles. Le temps de claquer la seconde et nous voici lancés dans une descente effrénée. Aidé par la gravité le 320 n’a pas de mal à décrocher la petite japonaise. Je suis aussi, peut-être plus généreux dans ma conduite. À chaque accélération et dans chaque courbe je gagne un peu de terrain. En revanche il a l’avantage des freins ! Chaque mètre gagné est perdu au freinage. Au final le duel est équilibré et on s’amuse bien dans cette descente.

Et puis vient le drame ! A force d’enchaîner les freinages, la pédale est devenue spongieuse. L’attaque est de plus en plus faiblarde, le volant me renvoie de vilaines vibrations et un odieux couinement se fait entendre. Il est temps d’arrêter de faire le con ! En fait, c’est trop tard, j’ai pratiquement plus de freins, il me faut désormais 100m bien tassés pour passer de 100km/h à 30km/h, et en plus ça sent le cramé. Pas le choix il faut que je m’arrête. Clignotant, la mx5 me déboîte, on se fait le signe du pouce levé. La partie est terminée, il ne me reste plus qu’à attendre au pied de cette cascade que les freins refroidissent.


Umbrail pass au Neuschwantsein : Rencard avec la pluie

Les freins à peu près refroidis, le reste de la descente se fait le plus délicatement possible. Ce qui est bien dommage car si les premiers kilomètres de l’Umbrail étaient fort agréables, les derniers sont magiques, avec de superbes enchaînements traversant une toute aussi belle forêt de conifères. Mais dans la voiture je suis plutôt d’humeur : « quand est-ce qu’on va arrêter de descendre !? ». Privé de freins l’attente est interminable et ne dépassant pas les 50km/h je me fais dépasser à tout va. Frustrant ! Enfin la vallée et le retour du plat ! Le temps de marquer une pause devant le clocher noyé de l’église de Curon Venosta, nous repartons en direction de l’Autriche.

Passo di Resia, frontière et me voilà happé par une longue descente à flanc de falaises en direction de la vallée de l’Inn. Vous l’aurez compris je suis enfin en Autriche ! C’est d’ailleurs à ce moment précis que la pluie décide de faire son grand retour. Malgré tout, je décide de faire un crochet du côté du lac de Gepatsch-Strausee. Au passage si vous souhaitez monter jusqu’à celui-ci, il vous en coûtera 24€ les 16km. Verdict, c’est un beau gâchis, car la pluie qui s’était calmée reprend de plus belle, le site est en travaux, et tous les sommets sont cachés par la masse nuageuse. Bon, il n’y a plus qu’à reprendre le volant et affronter le rideau de pluie qui surgit de la vallée. Le Tyrol autrichien semble de toute beauté tandis que je le traverse. Cela dit la pluie ne veut pas se calmer et je commence à m’inquiéter. Non pas à cause de l’auto, car après plus de 2500km, elle accomplit sa mission avec brio. Non ce qui m’inquiète c’est de me retrouver au pied du Neuschwanstein sous la pluie.

À cette inquiétude se mêle un sentiment de lassitude. Je viens de parcourir des milliers de kilomètres, et au milieu de l’Autriche je commence à avoir un coup de mou. L’isolement est plus que présent alors que je n’ai jamais été aussi loin de chez moi dans une auto qui a 30 ans. La pluie qui vient frapper le pare-brise et les paysages bouchés ne boostent pas non plus ma motivation. À cet instant je suis assez pressé d’être demain pour rallier la France, cela dit, cette journée qui s’annonce m’inquiète. C’est probablement la plus difficile du road trip et il va falloir l’encaisser sans sourciller. Premiers panneaux Fûssen, enfin, l’Allemagne et notre destination. Mais aussi un gros coup de bol, les nuages s’estompent laissant place à un joli ciel bleu sur la Bavière. Ouf !

Neuschwanstein en vue, il n’y a plus qu’à se garer et marcher. Le beau temps et le fait de me retrouver en territoire connu font s’évaporer mes doutes. Et puis purée c’est quand même chouette ! Construit entre 1869 et 1886 sous les ordres de Louis II de Bavière, le site s’apparente à un conte de fée. Une fois l’ascension faite (attention ça grimpe fort), je vous laisse imaginer la vue sur le château tout droit sorti de Disneyland, la plaine, et les alpes arrière-plan. Visiblement je suis chanceux sur ce trip, en plus de la météo favorable, à 18h il n’y a presque personne la haut. Et ce n’est pas rien, car en période d’affluence il y a de quoi être dégoutté, et il est pratiquement impossible d’accéder à certains points de vue comme le mythique Marienbrücke. Bref ce soir-là, la récompense était au rendez-vous, et le soleil couchant sur le Neuschwanstein valait bien ce petit crochet bavarois.


Conclusion

Sur le papier, cette journée semblait assez simple avec un peu plus de 350km, mais les Alpes en ont jugé autrement ! D’abord la circulation, puis la panne de frein et pour finir la météo capricieuse. Mais vu qu’on est des bons gamins et qu’on y a cru jusqu’au bout, une fois les valises posées en Bavière ce fut une véritable récompense. Et je suis en prime réconcilié avec le Neuschwanstein que j’ai longtemps fui à cause de l’affluence. Rendez-vous demain pour une journée vraiment trash.

Mark

Passionné de photo et de sa BMW E30, Mark a rejoint News d'Anciennes courant 2016. Essais, road-trip, reportages, tout l'intéresse du moment qu'il peut sortir son appareil photo.

Commentaires

  1. lannoo

    Que de belles photos ! Le stelvio, va falloir que j’y aille ! ca fait parti des périples à faire !

    Répondre · · 24 décembre 2017 à 15 h 28 min

    1. Mark

      Si tu dois le faire, fais le tôt le matin :P. Et surtout commence par la face nord, celle qui par de Bormio. C’est la meilleure des deux, enfin à mon gout.

      Répondre · · 27 décembre 2017 à 12 h 58 min

      1. Antoine Lannoo

        Ah yes merci pour le conseil
        Je garderai ça dans un coin de ma tête pour le jour où l occaz se présentera
        En même temps je garde dans mes mails tes compte rendus de voyages alpins donc ce sera facile à retrouver
        J ai vraiment hâte d y faire un périple 😉

        Répondre · · 27 décembre 2017 à 21 h 30 min

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