1000 Alpine pour les 100 ans de Jean Rédélé : record atteint !

Le weekend dernier, la ville de Dieppe acceuillait plus de 1000 Alpine pour les 100 ans de Jean Rédélé. Contrairement aux 60 ans d’Alpine il y a sept ans, le soleil était de la partie, mettant en valeur une quantité de voitures jamais atteinte sur le front de mer.

Célébrer le fondateur

Est-il encore nécessaire de présenter Jean Rédélé, qui aurait fêté cette année ses 100 printemps ? Même si nous sommes revenus assez longuement sur son histoire, et surtout celle de la marque au A fléché lors de ses 60 ans, prenons un peu de temps pour nous rafraichir la mémoire.

Jean Rédélé, concessionnaire Renault à Dieppe, est également coureur automobile le week-end sur sa Renault 4CV préparée par ses soins. Avec cette voiture, il s’imposera dans sa catégorie aux Mille Miles de 1952 à 1954.

Cependant, il se voit confronté à un problème, sa voiture souffre d’une vitesse de pointe relativement faible, du fait de l’aérodynamique de la 4CV, ce, malgré l’augmentation de puissance du moteur, ainsi que le développement d’une boite 5 vitesses. Fort de ses succès en compétition et d’une chiffre d’affaires raisonnables, il décide de se faire construire un coupé profilé sur base 4CV, la Rédélé Spécial, fabriquée par Allemano, suivant un dessin de Michelotti.

Mais il ne s’arrête pas là, fort des succès rencontrés en compétition avec ce coupé, il envisage la production en petite série. Suite à la découverte par son beau-frèred’un projet en cours de développement chez Chappe et Gessalin, Jean Rédélé s’associe avec ces derniers afin de produire un coach, toujours basé sur la 4CV.

C’est ainsi qu’apparait en 1955 au salon de Paris l’Alpine Mille Miles, dont la production démarrera en 1956 sous le nom d’A106. Elle sera secondée par une version cabriolet dès 1957, qui amènera une version coupé 2 places en 1959.

En parallèle à l’A106, Rédélé développe le coach A108, propulsé par des mécaniques non plus de 4CV, mais de Dauphine, qui sera présenté en 1957. En 1960, les versions coupé 2+2 et cabriolet adoptent un châssis poutre (une « poutre » centrale qui sert à assembler les éléments moteurs et de direction, indépendamment de la coque) qui restera la marque de fabrique des Alpine jusqu’à la fin de leur production. Cette même année apparaitra la carrosserie Berlinette, qui sera alignée au Tour de France Automobile, qui supplantera la carrosserie coach et ouvrira la voie à la mythique A110.

Fort de son succès, et du fait des coûts relativement faibles de production, Jean Rédélé décide de vendre des droits d’assemblage sous licence à l’étranger, donnant ainsi naissance à des milliers de berlinettes à travers le monde, permettant de développer Alpine plus avant. En 1962, il présente l’A110, basée sur des mécaniques de Renault 8, et entre dans la légende.

Rédélé étend la notoriété de son bébé en s’engageant dans plusieurs disciplines en compétition, on en retrace l’épopée ici. Il cherche également à s’étendre. Cependant, à cause de la fébrilité des pouvoirs publics, il ne peut continuer à investir et se voit contraint de céder la majorité du capital à Renault. La Régie profitera de l’officine dieppoise pour développer une version sportive de la Renault 5, la Renault 5 Alpine. Malheureusement, tout n’est pas rose en arrière-plan et Jean Rédélé cède ses dernières parts en 1978, en s’assurant que ses employés soient conservés par la marque au losange.

Alpine intègre Renault-Sport et participe au développement des voitures sportives de Renault, tout en continuant de développer une GT à la française. Malheureusement, les ventes ne suivront jamais réellement, menant la disparition d’Alpine en 1995.

C’était sans compter sur Calros Tavarès, alors chez Renault, qui a décidé de faire revivre la marque dieppoise. Malgré quelques atermoiements (notamment un partenariat avec Caterham avorté), une nouvelle A110 fait son apparition en 2015. La machine était relancée.

Les 1000 Alpine pour les 100 ans de Jean Rédélé se chargeaient de regrouper toutes les voitures illustrant cette épopée. Elles étaient accompagnées d’une exposition statique reprenant quelques modèles iconiques de l’histoire de la marque, passée et présente. Organisée par l’Association des Anciens d’Alpine, elle préfigure la collection qui vindra s’installer dans l’ancien atelier Rédélé, rue Thiers à Dieppe. Elle a été inagurée par le président d’Alpine, Laurent Rossi, en compagnie de Michelle Rédélé, qui a coupé le ruban. Etaient également présents Jacques Cheinisse, ancien directeur de la compétion chez Alpine et Bernard Darniche, qu’on ne présente plus.

Des voitures de toutes les époques, venant de toute l’Europe

L’objectif était de rassembler un millier de voitures pour marquer cette date. Les 1000 Alpine pour les 100 ans de Jean Rédélé étaient en réalité plus proches des 1100, sur le front de mer, sans compter celles disséminées à travers le port et la ville de Dieppe.

Même si, bien évidemment, la majorité des voitures venaient de l’hexagone, de nombreux propriétaires européens ont fait le voyage pour être présents à l’occasion de cet événement unique. Britanniques, belges, suisses, allemands, autrichiens, portugais, et même un roumain (sacré voyage !) ont rallié le petit port de Normandie.

L’éventail des 1000 Alpine pour les 100 ans de Jean Rédélé était on ne peut plus vaste. En dehors de la nouvelle A110, venue en masse, au point d’être le modèle le plus présent, il y avait un échantillon de tous les modèles sortis de l’usine de Dieppe, arborant le A fléché ou le logo Renault. On pourra noter quelques modèles peu courants, comme une Dinalpin, une GTA aux normes US ou une A610 Magny-Cours.

Il y avait également une parade présentant une nouveauté (que nous aborderons dans un instant) dont le point culminant était la démonstration d’une « Alpine A522 » le long de la plage. Pour des raisons évidentes, la voiture de course actuelle ne pouvait être présente sur place, cependant, le choix d’une F1 à moteur V8 (en l’occurrence une Lotus E20) semble un peu maladroit, tant l’expérience visuelle et sonore est éloignée.

Une nouveauté parmi les 1000 Alpine pour les 100 ans de Jean Rédélé

La marque au A fléché en a profité pour présenter une nouvelle mouture de son A110. C’est une série spéciale, la Jean Rédélé, limitée à 100 exemplaires (je vous laisse deviner pourquoi). Elle dérive de la version GT de l’A110 (offrant 300 chevaux au lieu des 250 de la version de base), et se pare d’une livrée spécifique. La première de la série, présentée aux 1000 Alpine pour les 100 ans de Jean Rédélé a été offerte à sa veuve.

Crédits photo : News d’Anciennes, Alpine