Roadbook d’Anciennes #66 : Jordanie, la Route du Roi

Publié le par Alexandre Pierquet

Roadbook d’Anciennes #66 : Jordanie, la Route du Roi

Alexandre Pierquet est l’auteur de plusieurs guides qui permettent aux collectionneurs de voitures anciennes de vivre de beaux voyages en voiture de collection. Dans Roadbook d’Anciennes il nous fait découvrir des routes remarquables à découvrir à son rythme et en ancienne. Les autres épisodes sont par ici.

Notre itinéraire traverse le cœur de la Jordanie antique et biblique, pour un roadtrip panoramique époustouflant et culturel, quasi mystique.

Cette ancienne voie commerciale qui relie l’Égypte à la Syrie a marqué l’Histoire de la Jordanie : ancienne piste caravanière, elle a vu passer des marchands d’Orient et d’Occident chargés de myrrhe, d’or et d’encens. Elle a été empruntée par des pèlerins chrétiens puis musulmans, comme par un des mages venus d’Orient apporter des offrandes à l’enfant Jésus. C’est sur cet axe que Moïse aurait marché après sa longue traversée du Sinaï. Transitée quotidiennement par les Jordaniens et les voyageurs, la Route du Roi recèle un précieux secret : l’origine de son nom.

Certains affirment qu’il a pour origine l’autorisation de passage que Moïse aurait demandée au roi Edomite. D’autres estiment que la route s’appelle ainsi en souvenir de la visite de la reine de Saba au roi Salomon. Enfin, certaines sources s’accordent à dire que cet axe majeur ne fait référence à aucun roi et qu’il s’agirait simplement de son aspect royal qui lui a donné son nom de « Route du Roi ». Pour ma part, elle tient son nom du roi Hussein de Jordanie qui l’empruntait pour se rendre dans sa résidence d’Aqaba avec ses bolides.

En route dans le désert

Au départ d’Amman

Au départ de la capitale Amman, en allant du nord vers le sud, nous empruntons la route qui traverse les plaines désertiques et les falaises de grès avant d’arriver dans les paysages de décors de cinéma et partons pour un itinéraire en boucle qui vous mène au paradis automobile… la visite de la capitale se fera donc à notre retour.

Quelques conseils utiles avant le départ. Le choix du véhicule est primordial, privilégiez une voiture confortable en très bon état, si possible un SUV ou un tout terrain. Prévoyez une réserve d’eau, des fruits secs et des biscuits, la route va être longue. Sachez que la population est très accueillante, que les Français sont très appréciés, vous êtes partout en sécurité, sauf sur la route.

Ici tout est permis en matière de circulation routière, il faut tout anticiper : les piétons qui traversent les voies rapides, les véhicules qui roulent à contre sens, qui font demi-tour ou qui s’arrêtent en plein milieu. Voilà pour ce qui est le plus courant, pour le reste vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Sinon que les contrôles de police sont aléatoires, mais pas de panique car le touriste est roi.

Madaba, la ville des mosaïques

Après avoir quitté la capitale direction Madaba par la route 35 qui se faufile parmi des collines hérissées de forêts de pins et des vallées émaillées de vignes, vergers et cultures maraîchères. Pour arriver dans la ville des mosaïques byzantines, parmi lesquelles la fresque de la Terre sainte.

Wadi al-Mujib, un canyon impressionnant

Sur dix-huit kilomètres, cette route en lacet et aux points de vue vertigineux longe la vallée (wadi) du fleuve al-Mujib, un canyon qui va jusqu’à 600m de profondeur, façonné par l’érosion. Les amateurs de canyoning peuvent s’aventurer sur les eaux en contrebas qui filent jusqu’à la mer Morte… si le fleuve n’est pas à sec. Un barrage inauguré en 2004 par le roi Abdallah II retient ses eaux en amont. Le site est en partie classé réserve naturelle à l’intérieur de laquelle se cache le caracal, un félin aussi méconnu qu’insaisissable.

Les forteresses de Croisés

Plus loin, c’est le château de Kerak (ou Al-Karak) qui vous attend. Dans cette ancienne forteresse croisée, vous pourrez déambuler dans des souterrains préservés ou vous promener librement le long de ses remparts et admirer les vallées qui l’entourent.

Plus loin, la citadelle de Shobak veille sur la route 35, aussi appelée krak de Montréal. Elle fut bâtie par Baudouin Ier, premier roi de Jérusalem, en 1115, pour contrôler les routes caravanières entre la Syrie et la mer Rouge, mais aussi le chemin de pèlerinage vers les villes saintes de Médine et de La Mecque, en Arabie.

De la vallée aux gorges spectaculaires à la cité rose

La Route du Roi traverse ensuite la vallée du Wadi Mujib pour atteindre Pétra au sud du pays. La réserve de biosphère de Mujib est la réserve naturelle la plus basse du monde avec un éventail spectaculaire de paysages près de la côte est de la mer Morte. Cette réserve est située dans la profonde gorge de Wadi Mujib, qui pénètre dans la mer Morte à 410 mètres au-dessous du niveau de la mer. La réserve s’étend jusqu’aux montagnes de Kérak et de Madaba au nord et au sud, atteignant 900 mètres au-dessus du niveau de la mer à certains endroits.

Cette variation d’altitude de 1300 mètres, combinée à l’écoulement de l’eau de la vallée tout au long de l’année grâce à sept affluents, fait que le Wadi Mujib jouit d’une magnifique biodiversité qui continue à être explorée et documentée aujourd’hui. Plus de 300 espèces de plantes, 10 espèces de carnivores et de nombreuses espèces d’oiseaux permanents et migrateurs ont été recensées. Certaines des montagnes et des vallées isolées sont difficiles d’accès et offrent donc un refuge sûr à des espèces rares de chats, de chèvres et autres animaux de montagne. Les falaises de grès de Mujib constituent un habitat idéal pour l’une des plus belles espèces de chèvres de montagne du monde, le bouquetin.

Pétra : le trésor d’Indiana Jones

Plus qu’une cité, Pétra est un trésor architectural, sur la liste des 7 merveilles du monde. Sculptée à-même la roche rouge et vibrante des falaises, la cité jordanienne de Pétra a échappé au regard du monde occidental pendant des centaines d’années.

Située au milieu des montagnes du désert, dans l’actuel sud-ouest du Royaume hachémite de Jordanie, Pétra était autrefois une ville prospère, capitale de l’empire nabatéen entre 400 et 106 av. J.-C. La cité est restée à l’état de vestiges pendant des siècles. Ce n’est qu’au début du 19e siècle qu’au cours d’un voyage, un Européen s’est déguisé en bédouin pour se faufiler dans la mystérieuse ville antique.

Plusieurs scènes du film « Indiana Jones et la dernière croisade » joué par Harrison Ford et Sean Connery, ont été tournées sur place. Une urne géante surplombant l’entrée du Trésor est criblée d’impacts de balles suite à plusieurs échanges de tirs entre des pillards et des hommes voulant protéger la cité. La visite est à faire aussi le soir pour un spectacle de son et lumière [à la bougie].

Le désert de sable rouge

Après Pétra, tout droit sorti du décor d’un film d’aventures, direction le Wadi Rum, plus au Sud en passant de la 35 à la route 47, et autres lieu de tournages : Lawrence d’Arabie [film historique] mais aussi de nombreux films de science-fiction tant les décors naturels sont lunaires, Seul sur Mars en 2015, Aladdin en 2019, Star Wars : L’Ascension de Skywalker en 2019 ou Dune en 2020.

Une balade en 4×4 s’impose [avec un guide], pour une demi-journée avec tout le folklore qui va avec.

Retour par la « désert highway »

Après bientôt 7 heures de route cumulée [en 3 jours, pour laisser le temps aux visites] et seulement 400 km parcourus, il nous faut rentrer pour visiter un autre trésor. Direction la « désert highway » qui passe par la Route 15 et qui remonte vers le Nord. Un itinéraire de liaison de 320 km qui se fait en 4 heures à travers le désert qui, je vous le rappelle, n’est pas désertique puisque semé d’embûches routières, comme indiqué plus haut. Sur cet itinéraire on peut ajouter les camions souvent de « collection ».

Le trésor de sa Majesté

De retour à Amman, ne manquez sous aucun prétexte la collection automobile du Roi, le Royal Automobile Museum.

Situé dans un parc sur les hauteurs de la capitale, ce musée ouvert en 2003, a été voulu par le roi Abdallah II à la mémoire de son père, pilote de rallye [sur Gordini] et passionné auto/moto. La collection présente plus de 80 véhicules, allant de la voiture de rallye à la Bentley limousine blindée, en passant par des voitures de sport, des véhicules militaires, des berlines familiales, des motos équipées pour les pistes de sable du désert et même des vélos… la collection fait étalage d’un pan de l’histoire automobile de l’après-guerre à nos jours.

De petites installations vidéo ponctuent le parcours, montrant le roi Hussein en action. La passion a été transmise de père en fils, car désormais, ce sont les voitures du roi Abdallah II qui viennent enrichir la collection…. La voiture la plus ancienne remonte à 1916 et fut importée par Hussein bin Ali, le grand-père du roi Hussein, héros de la Grande révolte arabe. Les véhicules sont parfaitement entretenus et tous sont roulants.

Pour l’anecdote, de nombreux véhicules ont été offerts à la dynastie royale, vous savez maintenant comment faire plaisir à cette monarchie qui défend nos chères mécaniques. Une visite se passe de plus de commentaires à découvrir ici en images.

En bref

C’est un roadtrip des milles et une nuit, qui prend « la route du roi », elle vous fera remonter le temps et goûter à l’extraordinaire palette culturelle du royaume de Jordanie. Aujourd’hui, La Highway 35, est un parcours mythique qui déroule son tapis de bitume pour vous accueillir comme un roi.

Longueur

3/4
Un roadtrip à faire en plusieurs jours en prenant le temps des visites culturels avec un guide, beaucoup parlent le Français.
Qualité du revêtement

3/4
Bien asphalté, on a l’impression d’être sur un tapis volant.
Panorama

4/4

Des décors de peintures orientaliste, chargés d’histoires et d’une culture millénaire, sans oublier les religions… Mon Dieu que c’est beau !
Difficulté

3/4
La circulation et le respect du code de la route, sont anecdotiques, voir hilarants. Mais on pardonne tout à la gentillesse des Jordaniens.
Budget

4/4
Pour faire ce roadtrip dans sa totalité comptez un budget pas si cher que ça, car sur place la vie n’est pas chère, le prix de l’essence deux fois moins cher qu’en France et pour le reste, vos souvenirs n’ont pas de prix.
700 km au pays des 1000 et 1 paysages

Alexandre Pierquet

Alexandre est un passionné de véhicules anciens et des belles routes de notre chère France. Il est auteur de plusieurs livres qui vous aideront à les découvrir : le Guide de Voyages en Voiture de Collection et les Belles Routes de France.

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