Il y a quelques semaines, ce que tout le monde présentait s’est malheureusement produit. La mairie de Paris, en interdisant l’accès à Paris à certains véhicules polluants, venait d’exclure de la capitale les passionnés que nous sommes. Mais ces mesures mettent aussi en péril toute une petite économie.
Les mesures de restriction de circulation à Paris
Elles concernent tous types de véhicules, des motos aux camions, en passant par les autocars.
Selon le calendrier prévu, tous les cars et camions antérieur au 1er Octobre 2001 seront exclus de la capitale (hors perif’) entre 8 et 20h, tous les jours de l’année, dès le 1er Juillet 2015.
Ensuite, un an plus tard, tous les véhicules antérieurs à cette date, plus les motos antérieures au 31 Mai 2000 seront également interdites. La petite nuance, c’est que ces véhicules pourront circuler le Week-End.
L’impact des restrictions sur les pros de l’automobile ancienne
Les professionnels de la voiture ancienne vont être touchés à différents points. En premier lieu, les nombreuses sociétés touristiques se basant sur les voitures anciennes pour promener des touristes dans Paris. Que ce soit dans une voiture avec chauffeur ou en la mettant en location, ils vont être impactés… sauf le Week-End.
On fait le point avec Stoyan qui a créé Paris Balade :
Quelles sont les prestations proposées par Paris Balade ?
Nous organisons des visites touristiques de la capitale et de sa région à bord de voitures de collection des années 60 et 70. Toutes nos balades sont commentées et mettent en valeur le riche patrimoine historique et culturel de la région. Etant moi-même passionné et utilisateur au quotidien, y compris à titre personnel, de voitures anciennes, j’ai créé Paris Balade pour faire partager cette passion de l’automobile et de l’histoire. Il est important de souligner que nos voitures mettent en avant le patrimoine automobile européen et qu’elles génèrent aussi un très fort capital-sympathie auprès des Parisiens et des touristes…
Nous utilisons une Peugeot 404 (1963), une Mercedes 280 SE (1970), une Lada 1300S (1978) et nous projetons très prochainement l’achat d’une Citroën DS. Ces véhicules sont donc évidemment tous impactés par la nouvelle mesure. Paradoxalement, aucune de nos voitures n’est diesel, nous ne contribuons donc pas aux émissions de particules !
Aujourd’hui, nous réalisons 50% de notre activité, et donc de notre chiffre d’affaires, en dehors du week-end. Je vous laisse imaginer l’impact qu’aurait une telle mesure sur la pérennité de Paris Balade !
Nous sommes actuellement en train de lancer des balades vers les nombreux châteaux d’Ile de France. Cela pourrait être un embryon de solution, cependant nos clients, en particulier étrangers, sont très souvent logés à Paris. Comment leur expliquer que nous ne pouvons venir les chercher ? Il faudrait leur donner rendez-vous sur le périphérique ?
J’espère que la Mairie aura l’intelligence de comprendre que la voiture de collection valorise la capitale en créant une atmosphère de convivialité, et qu’au-delà de l’image sympathique qu’elle véhicule, il s’agit aussi d’un secteur en pleine croissance et créateur d’emplois. En ces temps de chômage de masse, je ne peux me résoudre à croire que des dérogations ne seront pas mises en place, au moins pour les cartes grises collection. J’invite aussi tous vos lecteurs passionnés d’anciennes à soutenir la FFVE qui reste notre meilleur représentant auprès des autorités.
Mais les sociétés de location ne seront pas les seules impactées. Tous les garages installés dans seront impactés. Plus moyen d’y emmener son ancienne en semaine, il faudra attendre le samedi matin. Idem pour les contrôles techniques.
Enfin, quid des événements liés aux voitures anciennes dans Paris ? Si la Traversée de Paris, ayant lieu un Dimanche, ne sera pas impactée, quid du départ du Tour Auto qui se fait traditionnellement du Grand Palais le Mardi matin ? Même question pour l’installation des clubs à Retromobile arrivant généralement le Mardi.
Il reste bien des questions concernant l’impact économique de ces mesures.
L’impact des restrictions de circulation sur les collectionneurs
Les pros ne seront pas les seuls impactés. Les collectionneurs de voitures anciennes sont de plus en plus nombreux en France, il n’y a pas de raison pour que les parisiens soient moins passionnés que les autres.
Forcément, au delà de l’entretien des voitures anciennes, d’autres paramètres rentrent en jeux et vont limiter les propriétaires de voitures anciennes (en dehors de ceux qui n’ont pas vraiment le choix).
Cedric vit à Paris et possède deux voitures, on lui pose quelques questions :
J’essaye de les faire rouler au moins une fois par mois pour qu’elles ne s’abîment pas. Il faut rouler pour entretenir une ancienne, pour que la lubrification de la mécanique se fasse. Je les sors souvent le week-end mais aussi en semaine quand mon emploi du temps le permet ou si j’ai une course à faire qui rend la voiture indispensable. Mais, habitant dans le 18ème à Paris, je n’ai pas de voiture pour mes usages quotidiens et j’utilise au maximum le métro quand il est ouvert ou les taxis.
J’utilise la 2cv une fois par mois pour me promener dans Paris. Je fais le tour de Montmartre, je vais sur les quais, près de la tour Eiffel, place de la Concorde, à Saint-Germain… C’est un plaisir de voir la ville au volant d’une ancienne aussi populaire. Les touristes photographient la voiture sur son passage, les passants me sourient ou lèvent un pouce en l’air.
Il m’est arrivé de m’arrêter près de la tour Eiffel, j’ai dû y rester 20mn, les touristes voulaient tous se faire photographier à côté d’elle.
Les autres automobilistes sont bienveillants, la présence d’une ancienne semble les sortir de leur bulle, ils ralentissent et sourient. Les anciennes pacifient la circulation dans Paris, on n’est plus entre automobilistes pressés.Les touristes, en semaine, doivent pouvoir croiser dans Paris une 2cv, une DS, un vieux cabriolet anglais… Cela contribue au charme de Paris avec ses monuments. C’est du patrimoine.
J’ai acheté deux boxes près de mon domicile pour que sortir les anciennes n’implique pas la corvée d’un long trajet vers un parking. Surtout que si j’utilise les voitures, c’est aussi pour partir en week-end avec des bagages ou transporter des affaires.
Elles sont entretenues chez des garagistes dans Paris et en proche banlieue.
Ne pouvoir les utiliser que le week-end m’empêcherait de partir un vendredi, de les utiliser exceptionnellement lorsque les transports en communs ne fonctionnent pas ou lorsque j’ai besoin de transporter des choses volumineuses. Avoir une voiture de collection me permet de me passer de voiture au quotidien pour pouvoir me dépanner.
Cela remettrait en cause la possession de voitures de collection à Paris. Il me faudrait sûrement n’en garder qu’une et lui trouver un stationnement dans de la famille en région.
Et j’achèterais une voiture d’occasion à petit budget pour rester mobile et faire la liaison pour aller rejoindre l’ancienne et aller voir ma famille.Il n’y a pas de transports en commun pour aller voir ma famille en région.
Pour conclure, on voit bien que les problématiques liées aux anciennes sont nombreuses. Comment les professionnels qui ont basé leurs activités sur les voitures anciennes vont-ils pouvoir continuer ? Peut-on parler pour autant d’activité polluante ?
Comment les collectionneurs Parisiens vont-ils faire pour adapter leur passion à ces contraintes ?
La FFVE et les clubs parisiens font bloc et demandent des réponses. Souhaitons qu’ils arrivent à laisser les anciennes sur les pavés parisiens.
Paul
Un regret: quelle est la deuxième bagnole de Cédric ?
· · 5 avril 2015 à 0 h 35 min
Benjamin
Je te laisse lui demander directement.
· · 5 avril 2015 à 9 h 00 min
Type996
Ca en est où ce sujet ? Au sujet de paris Ballade, la CG Collec n’est pas une alternative puisqu’il n’est pas permis d’utiliser un véhicule en CGC dans un cadre professionnel….
· · 13 janvier 2016 à 14 h 07 min
Benjamin
Tout à fait vrai pour les pros.
Et la FFVE , n’a pas communiqué d’avancées significatives depuis un bout de temps. A priori le dossier est encore au ministère.
· · 13 janvier 2016 à 14 h 28 min
thierry
le but est de faire acheter des véhicules neufs c’est tout , on les fabrique faut bien les vendre avant c’était volontaire maintenant on va vous y obliger sous un prétexte quelconque sécurité ou écologie
· · 29 février 2016 à 15 h 03 min
Benjamin
Même pas sûr, les véhicules devant sortir de la ville selon leurs idées.
Pour moi, c’est plus une idéologie écologique totalement déconnectée des réalités. En effet le bilan carbone d’une auto de 1968 est bien meilleur qu’une auto fabriquée aujourd’hui.
· · 29 février 2016 à 15 h 05 min