Petite parenthèse dans nos chères anciennes. Après une Mégane 4 RS Trophy R il y a plus d’un an, on rouvre cette rubrique d’essai un peu spéciale. Une rubrique destinée aux voitures pas encore anciennes mais qui sont déjà collector. Surtout, ces voitures sont les « anciennes de demain ». On entend par là que contrairement aux multiples SUV qui roulent actuellement et pourraient disparaître, ces voitures là seront certainement encore sur les routes dans de nombreuses années (si les lois le permettent). Cette fois, pas de compacte sportive mais une sportive tout court : une Aston Martin DB11.
Notre Aston Martin DB11 du jour
Alors, non, ça ne ressemble pas à une ancienne. Mais l’Aston Martin DB11 ressemble vraiment à une sportive et, heureusement, à une Aston Martin. Sur ce point, ce n’est pas gagné au départ puisque pour certaines marques la filiation stylistique est difficile à discerner. Et puis il faut bien dire que les normes ont participé à une certaine uniformisation des formes. Alors réussir à évoquer sa marque, c’est pas gagné.
Après, il faut dire que l’auto est sortie en 2016, époque où c’était « moins pire » à ce niveau. En tout cas, la sportive propose une ligne épurée, sans ailerons et sans abuser des lignes cassantes et autres surcharges de carbone. Elle conserve une certaine pureté des lignes, et ça c’est vraiment en voie de disparition.

Il y a bien un argument qui joue pour elle : c’est toujours plus facile de réaliser un style pur et fin sur une voiture à moteur avant qu’un moteur central. Certains se ratent évidemment et, dans une même gamme (avec un cheval cabré par exemple) on est capable de sortir quelque chose de fin et élégant et quelque chose d’exagéré en même temps. Mais chez Aston Martin, on est anglais et ça change quelque chose.
D’ailleurs, en 2017, l’Aston Martin DB11 a remporté le Volant d’Or de la plus belle voiture de l’année. Oui, ça veut encore dire quelque chose quand on sait qu’on sort désormais des sportives à tout va… mais ça permet au moins de les mettre en avant et d’oublier les SUV pour un temps.
Si on doit détailler ce style, on mélange un côté tradi et un côté moderne. Suffit de regarder l’avant. La calandre ? Si vous ne reconnaissez pas les formes typiques de la marque de Gaydon, je ne sais pas ce qu’il vous faut. Certes, les formes ont évolué, la taille aussi. Sans être aussi caricaturale que les haricots bavarois, cette calandre est bien plus large et haute qu’auparavant, suffit de vous replonger dans notre essai d’une DB7 pour vous en rendre compte.
Là où l’Aston Martin DB11 est bien plus moderne, c’est côté phares. La DB9 qui venait avant avait, au départ, gardé des phares rappelant les DB7 et Vanquish. Ensuite elle les a affiné et on retrouve ici des phares modernes qui n’ont rien à voir avec la passé d’Aston mais qui définissent assurément son présent.
Si on veut rentrer dans le détail du style, on remarque que l’avant est donc sobre. Le capot n’est percé que par quelques ouïes et, sous la plaque, la large entrée d’air est soulignée de noir, ça aide à la discrétion.



Le profil est élégant, élancé. Dans la mode actuelle, ça revient à avoir une ligne de caisse haute et un pavillon bas. Au milieu, les vitrages de l’Aston Martin DB11 sont fins et ça fait un peu peur pour la visibilité à bord. Le pavillon peint en noir renvoie aux roues, énormes forcément, peintes de la même couleur.
Les portes sont larges avec une ouverture originale, les rétros bien intégrés et on remarque finalement assez peu le bas de caisse très travaillé. On remarque bien plus les hanches bien prononcées.

À l’arrière on s’est aussi éloigné de la DB9 du côté des feux. Cette dernière reprenait là aussi une forme aperçue sur la DB7. Néanmoins, il faut bien dire qu’Aston n’a jamais brillé par sa « signature lumineuse » arrière et que les feux apportés sur l’Aston Martin DB11 ont permis d’en créer une. La malle est imposante et promet un bel accès au coffre. Elle forme un becquet discret certainement très utile pour l’aéro sans qu’il n’altère la ligne.
Le bas est noir, comme l’avant, simplement percé par les deux grosses sorties d’échappement. Dernier élément de pureté dans la ligne de l’Aston Martin DB11 : pas de diffuseur. À la mode sur les sportives récentes même moins puissantes que notre auto du jour, on n’en retrouve pas ici même si on voit bien qu’il y a eu du travail pour rediriger le flux d’air vers le haut, créer de l’appui et améliorer les perfs.
En tout cas, l’Aston Martin DB11 est belle, c’est certain. Une auto qui n’en fait pas trop et se démarque donc des autres.


Technique : 12 cylindres pour le meilleur
Si l’Aston Martin DB11 embarque un V12 comme la DB9, ce n’est pas le même. Ce qui ne change pas, c’est qu’il est toujours fabriqué chez Ford à Cologne. Par contre, le reste a changé et, côté chiffres, ça décoiffe (même si Aston est loin de remporter la mise niveau surenchère de puissance).

On a donc un V12 de 5204cm³. Belle bête qui est gavée par deux turbos. La puissance ? 608ch ! C’est un beau chiffre mais on va plutôt s’incliner devant celui du couple et ses 700Nm disponibles dès 1500 tours et jusque 5000 tours ! Le tout est associé à une boîte ZF automatique à 8 rapports et offre des performances hallucinantes quand on est plus habitué à parler de voitures anciennes (4,1s pour le 0 à 100 et 322km/h en pointe).
Notez d’ailleurs que cette Aston Martin DB11 V12 n’est qu’ne première génération. Dès 2018 elle devient AMR (pour Aston Martin Racing) avec 630ch et un 0 à 100 amélioré. Notez aussi que l’Aston Martin DB11 a existé en V8. Issu de chez Mercedes-AMG après un accord entre les constructeurs, il permet d’alléger l’auto mais il est moins puissant avec 503ch. Ce sera le seul moteur disponible sur la version cabriolet, la Volante.
Sinon, pour le reste de la technique, l’Aston Martin DB11 possède un châssis alu plus léger que celui de la DB9. On trouve des barres anti-roulis et des suspensions qui font appel à une double triangulation. Les freins ? Pas de carbone mais de la fonte pour les quatre disques ventilés et rainurés. Il faut bien ça pour arrêter la bête puisqu’elle pèse quand même près de 2 tonnes !
Le tout ? Bah ça fait forcément envie !


Intérieur : une vraie GT
L’élégance de sa ligne nous avait laissé un aperçu. Si la technique affiche des chiffres de supersportive, c’est que le curseur a bien bougé avec les années. L’Aston Martin DB11 est plutôt une GT et ça se confirme quand on regarde l’intérieur.

Premier point : c’est moderne. Que ce soit le dessin ou le nombre de boutons permettant de bidouiller les options ou l’équipement, ça laisse peu de doute. Concernant les matériaux aussi d’ailleurs. Oubliez les boisieries, à peine visibles et laissez vous enivrer par le cuir. Il est partout et il faut bien dire que cette couleur chocolat lui va très bien.
On remarque le volant haut et à la forme moderne (pas ronde donc). Dommage pour les amateurs de beaux compteurs, ici c’est tout digital et on ne voit rien à l’arrêt. Les sièges sont vraiment séparés par la console centrale (sans levier de vitesse évidemment). Notez que l’Aston Martin DB11 n’a été proposée qu’en version 2+2 mais l’habitabilité arrière est vraiment limitée.
Dernier point, pour ceux que ça intéresse, le système d’infotainment est vraiment à la traîne et pas au niveau du reste de la voiture. Est-ce que ça va nous empêcher de nous faire plaisir au volant de l’Aston Martin DB11 ? On va voir ça (mais il y a peu de chances).




Au volant de l’Aston Martin DB11
Il faut savoir profiter des petits luxes de la modernité et ça commence au moment de l’installation. La chose n’est beaucoup pas plus aisée que dans une Alpine A110 (ancienne) par exemple et la raison est la même : c’est bas ! Heureusement la porte est grande et s’articule idéalement. Une fois à l’intérieur, il faut régler la position de conduite. Tout se fait électriquement dans l’Aston Martin DB11 mais j’avoue que je commence par être désarçonné. L’habitacle forme un cocon, c’est assez évident, mais la visibilité vers l’extérieur est faible.
C’est ce premier point qui va demander de l’acclimatation. Pourtant je ne commence pas cette prise en main de l’Aston Martin DB11 en ville mais en sortant de notre espace de photo… et après le sable, la difficulté est de passer entre les trous dans le sol. Autant dire que c’est au petit bonheur la chance puisque je ne vois pas le bout du capot et que la largeur est importante. Je ne m’en sors pas trop mal et c’est parti… pour un peu de ville.
Si la visibilité n’est pas meilleure, au moins je peux mettre mes roues là où je veux. Reste à gérer la largeur de l’anglaise mais j’ai essayé des américaines plus imposantes dernièrement donc ça va. En plus, l’Aston Martin DB11 provoque une certaine crainte chez les autres conducteurs qui ne voudraient pas payer les réparations (et ils ont raison). Du coup, ils se tiennent instinctivement à distance, bien plus qu’ils ne le feraient avec une voiture ancienne.
Hormis le gabarit et la visibilité réduite, je n’ai pas grand chose à dire de la conduite de cette supersportive dans cet environnement hostile par définition. Tout répond à merveille et si on pourrait avoir peur de racler sur les ralentisseurs, l’amortissement est suffisamment bon pour que ce soit le seul inconvénient de ces aménagements qui se multiplient plus vite que les Tesla.

Heureusement, je ne suis pas venu faire un essai urbain. Les mains sont hautes sur le volant (c’est une position classique sur une sportive moderne mais faut bien avouer que ça tranche vraiment avec une ancienne) et le pied droit se retient. Voilà qu’arrive une sortie de village. Pied dedans !
Sans trop de surprise, l’avalanche de couple fait son effet et l’Aston Martin DB11 détale. Sauf que niveau aménagement urbain, dans le coin, on a la main lourde. Hop, une petite chicane sauvage apparaît. Le pied droit a à peine le temps de lécher la pédale de frein que je me retrouve dedans. Je ne suis pas à 130 pour autant mais il faut gérer l’enchainement avec les 1,94m de large de la sportive. Comme dans un jeu vidéo, droite, gauche, droite, c’est passé, sans même mordre un peu (heureusement) et sans aucun mouvement de caisse. Ne demandez pas ça à une ancienne, encore moins à une bête de 2 tonnes sinon ça va mal se passer.
Derrière, la route s’ouvre. Re-pied dedans et le moteur se remet au turbin. Ça file vite. J’étais bien lové dans le siège et je pourrais m’y retrouver incrusté. L’Aston Martin DB11 accélère fort, très fort. Pas de louvoiement, ça file droit. Je me concentre sur la trajectoire et un virage qui approche et qui est avalé sans sourciller. Quand j’ai l’occasion, voilà que mes yeux se posent sur le compteur. Holà bichette, on relâche de suite. La vitesse n’avait rien de dangereux pour moi ou la voiture, pour mon permis, c’est autre chose.

La ligne droite suivante est une frustration extrême. C’est trop tard, l’Aston Martin DB11 m’a révélé ce qu’elle pourrait y faire et je dois absolument retenir le pied droit pour ne pas faire de bêtise (légale). Alors on découvre le côté GT qui sied désormais à la plupart des sportives et supersportives. Rares sont celles qui sont désormais sans compromis et notre anglaise n’en fait pas partie. La vie à bord est confortable. Les sièges et la position de conduite invitent à la détente, l’autoradio bluetooth, la clim et tous les équipements aussi. La bête est aussi une voyageuse malgré ses performances.
Plus loin, je quitte cette grosse déparmentale pour en rejoindre une autre, bien plus petite et bien plus intéressante par son tracé. Si j’ai pu tester le V12, je n’ai encore qu’un aperçu très partiel du châssis de l’Aston Martin DB11. Le V12 sert à me mettre à une bonne vitesse. Les courbes à grande vitesse portent bien leur nom et on se croirait dans un TGV si ce n’est qu’on agrippe vraiment le volant. Pas besoin de ralentir, les grosses gommes font office de rails et la courbe est vite oubliée. Coup d’accélérateur et on se propulse dans le virage suivant.
Là, il faut freiner. Je n’ai pas encore abordé ce point mais c’est très efficace. La boîte comprend vite la manœuvre et tombe un rapport. J’avoue que je n’ai pas touché aux palettes puisque sa gestion ne souffre d’aucun reproche. La direction me place idéalement et je peux réaccélérer très tôt. C’est efficace et ça montre bien les progrès faits par les sportives. Entre une Aston Martin DB11 et une DB7, il y 20 ans mais technologiquement on pourrait croire que des siècles les séparent.


Mais n’est pas trop aseptisé ? Non, pas tant que ça. Certes, on peut tenter des choses qui auraient fait naître de sacrées suées dans une ancienne mais c’est au bénéfice de l’efficacité. Ce qu’on perd en âme, on le gagne en perf et en sérénité au volant. Il y a du bon dans l’histoire.
Bref, la route continue comme ça et aucune surprise ne se pointe. Les freins répondent toujours sans faiblir et quand la route impose qu’on calme le jeu on profite du confort tout en restant alerte pour réussir à caser la largeur de l’anglaise sur sa voie… qui paraît bien étroite ! Heureusement, il reste quelques occasions de faire parler le V12. Le seul souci, c’est que c’est bien trop court pour tester l’allonge et aller chercher les 608ch de l’Aston Martin DB11…
Conclusion
« La question elle est vite répondue », l’Aston Martin DB11 est un collector. Comme toute Aston en fait. C’est une voiture qui offre des sensations très sympathiques même si elles n’ont rien à voir avec celles distillées par une ancienne. De fait, notre bolide du jour ne remplacera pas une ancienne dans un garage.
Par contre, elle vous apportera un cocktail de facilité de conduite et de performances (trop grosses pour être réellement testées) qui sont tout à fait agréables. C’est une voyageuse très rapide avant d’être une sportive. Et puis sa ligne élégante colle bien à cette image.
L’Aston Martin DB11 sera un pari sur l’avenir, une voiture qu’on met déjà au garage et qu’on pourra utiliser régulièrement avec une certaine facilité. Enfin, le jour où elle sera ancienne (et croisons les doigts pour qu’elle puisse encore rouler), elle procurera des sensations que les véhicules du moment ne proposeront plus (là on peut parier).
Vu que Déjà Collector est une rubrique à part, pas de notes pour notre anglaise du jour.
Fiche technique | Aston Martin DB11 |
Années | 2016-2023 |
Mécanique | |
Architecture | 12 cylindres en V |
Cylindrée | 5204 cm³ |
Alimentation | Injection Multipoints et 2 Turbos |
Soupapes | 48 |
Puissance Max | 608ch à 6500 trs/min |
Couple Max | 700Nm de 1500 à 5000 trs/min |
Boîte de Vitesse | Automatique 8 rapports |
Transmission | Propulsion |
Châssis | |
Poisition Moteur | Longitudinale avant |
Freinage | Disques Ventilés rainurés AV et AR |
Voies | AV 1668 mm / AR 1620 mm |
Empattement | 2805 mm |
Dimensions L x l x h | 4739 x 1940 x 1279 mm |
Poids (relevé) | 1992 kg |
Performances | |
Vmax Mesurée | 322 km/h |
0 à 100 km/h | 4,1s |
400m d.a | 11,9s |
1000m d.a | 21,5s |
Poids/Puissance | 3,28 kg/ch |
Conso Mixte | ± 11 litres / 100km |
Conso Sportive | ± 24 litres / 100 km |
Prix | ± 150.000 € |



S’offrir une Aston Martin DB11
On parle d’une voiture récente dont la production n’a plus rien à voir avec la confidentialité des modèles précédents de la marque. Par conséquent, elle est relativement facile à trouver, la plupart du temps chez des pros spécialistes des voitures de prestige et de sport. De plus, l’Aston Martin DB11 est déjà entrée dans la catégorie des voitures qui se vendent lors des ventes aux enchères aux côtés des anciennes. C’était le cas de notre auto du jour qui était proposée par Osenat en Mars.
Côté prix, les Aston Martin DB11 V12 de première génération (pré AMR donc) comme notre auto du jour sont les plus rares mais aussi les plus abordables. On en trouve sous les 100.000€ (avec des kilomètres au compteur) mais les plus belles peuvent monter à 170.000€. Rappelons que le prix neuf était supérieur à 200.000€ sans options. Les Aston Martin DB11 V12 AMR sont globalement plus chères, les cabriolets Volante le sont encore plus. Ce qui est, par contre, étonnant c’est que les version V8 ne sont pas moins chères même si elles sont légèrement moins performantes.
Notez qu’il s’agit d’une voiture pour laquelle aucun gros souci de fiabilité n’a été noté (pour une Aston, c’est un bon point). Forcément, l’électronique omniprésente peut amener quelques surprises et voyants au tableau de bord. Contrairement à une ancienne, le kilométrage sera à surveiller mais ce sont des voitures qui roulent relativement peu.
Merci à l’équipe d’Osenat pour la mise à disposition de cette superbe auto.







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