Casting d’Anciennes : les Mini Cooper MkII dans l’Or se Barre

Publié le par Gilles Chaput

Casting d’Anciennes : les Mini Cooper MkII dans l’Or se Barre

On continue avec les voitures stars de cinéma. Au casting cette fois-ci, une voiture anglaise… dans un film qui se déroule majoritairement en Italie. C’est le mythique l’Or se Barre dans lequel la puce britannique met son gabarit à contribution pour ses méfaits.

L’Or se Barre en bref

Titre original : The Italian Job
Année : 1969
Réalisateur : Peter Collinson
Production : britannique
Durée : 90mn
Couleur
Acteurs principaux : Michael Caine, Noel Coward, Benny Hill, Margaret Blye.

Synopsis :

Dès sa sortie de prison à Londres, Charlie Croker apprend la disparition d’un caïd anglais. Persuadé d’avoir été la cible de la mafia italienne alors qu’il organisait le casse du siècle, l’ancien complice de Charlie lègue la totalité des plans d’un holdup déjà construit. Rien n’est laissé au hasard, sur bande magnétique avec un film à l’appui, les détails de l’opération sont consignés. Charlie n’a plus qu’à suivre les directives mais à la condition de recruter une équipe de braqueurs. Le cahier des charges stipule de stopper un convoi de fonds en pleine ville de Turin : mais comment faire pour extraire d’un véhicule blindé des lingots d’or d’une valeur de 4 millions de dollars ?

La voiture vedette :

C’est elle, l’Austin Mini qui endosse le premier rôle ! Mais avant de découvrir son palmarès de comédienne, observons sa genèse.

La conception de l’auto débute en 1955. Le constructeur opte pour un véhicule très compact tout en préservant une bonne habitabilité. La surface vitrée doit être optimale pour un usage urbain. Afin de répondre à ces exigences, il est impératif de se doter d’innovations techniques : audacieux, les ingénieurs de la firme vont soumettre d’implanter le moteur en position transversale. Les essieux sont poussés aux extrémités de la coque pour limiter le porte à faux avant et arrière.

Des roues de 10 pouces achèvent de réduire l’encombrement dans l’habitacle… et à la grande surprise des techniciens, les contraintes liées à la structure de caisse vont générer des qualités dynamiques : centre de gravité bas, roues aux quatre angles, voici qu’une voiture de taille réduite offre une tenue de route surprenante !

Présentée à la presse en 1959, la mini fait son entrée dans la légende : Longueur : 3,054m Largeur : 1,397m Hauteur : 1,346m, Poids : 636kg

En 1961, soit deux ans après le lancement commercial, John Cooper, le même qui a son équipe de F1, revoit la voiture. La cylindrée est portée à 997cm³, un arbre à came spécifique et un vilebrequin renforcé aidé de deux carburateurs SU pour un gain de 19ch (soit 55 au total) en version MK1. Modestes, les commerciaux visent quelques milliers d’exemplaires. A la fin de l’année 1963 on atteint le chiffre de 24.860 unités.

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Une citadine, même sportive, ne se réduit pas à un moteur. L’Austin Mini, pour assurer son succès se doit d’être pratique. Et c’est bien un concentré d’ingéniosité qui va faire toute la différence. D’abord à l’intérieur, l’originalité saute aux yeux : il existe bien un tableau de bord, mais en plaçant le bloc d’instruments au centre, celui-ci dégage de grands espaces de rangements. Avec curiosité, le client potentiel découvre une zone libérée sous la banquette arrière, capable d’accueillir une bagagerie souple ou faite sur mesure.

Autre détail astucieux : lorsque les ingénieurs adoptent des glaces coulissantes aux deux portières, la partie inférieure évidée est suffisamment disponible pour positionner un vide poche sur toute la largeur. La malle arrière, quant à elle, sous un regard sarcastique passe pour un grand vide poche ! Dotez la d’une forte inclinaison retenue par deux câbles métalliques, laissez la plaque minéralogique visible avec une cale chromée et vous parvenez ainsi à loger un colis dépassant la profondeur du coffre…

La place de l’auto dans le film

Cependant les producteurs du film ont besoin d’une mini particulière : l’hésitation porte sur la Cooper 1000 MK2 de 1968 ou la Cooper S millésime 1967 poussée à 1071cm³… peu importe, les deux séries supportent les modifications nécessaires au scénario, elles doivent être crédibles en véritable voitures de rallye. La mécanique est encore travaillée avec cette fois le remplacement des collecteurs d’échappement distanciés de l’admission. Le double carburateur gonfle ses cuves pour favoriser le mélange air/essence, enfin la culasse est modifiée pour faciliter le rôle des soupapes qui sont davantage sollicitées.

Le défi est de taille : convoyer des lingots d’or à partir du centre ville de Turin avec trois citadines de petits gabarits ! L’exploit consiste à faire circuler les Mini qu’aucun autre modèle ne peut suivre, alors que la concurrence dispose de sportives nettement plus puissantes. Les Cooper peuvent abattre leurs cartes, car rouler à l’intérieur de galeries commerçantes, passer dans des canalisations d’eaux usées, dévaler des escaliers, passer par le Lingotto, à la fois usine et centre d’essai Fiat ou encore rouler sur le toit du Palavela, cela en fait des championnes, tour de maitre du réalisateur.

Le message devient limpide : pour toucher le graal des barres en or et réussir le casse du siècle, il est impératif de recourir aux Cooper. Est-ce que le film a contribué à la popularité du modèle ? Lorsqu’on tient compte des chiffres de production, le succès a été immédiat et cela dès l’année du lancement commercial des Austin Mini. Il est donc amusant d’observer que le film ne remplace pas un spot publicitaire, mais il illustre parfaitement la polyvalence d’une auto révolutionnaire dans sa conception technologique.

Faits historiques avérés, depuis Al Capone, Bonnie and Clyde et en passant par le gang des tractions, l’automobile a toujours rencontré un franc succès auprès de ceux qui se confrontent à la loi. Quoi de plus efficace qu’un engin motorisé pour tenter de semer les forces de l’ordre ? Le film l’or se barre ne se contente pas d’aborder un thème souvent porté à l’écran pour la fascination des courses poursuites. L’imagination des scénaristes fait mouche lorsqu’il s’agit d’exploiter une auto à contre-emploi, que rien ne prédestinait à la réussite d’un casse ambitieux.

Petites anecdote à propos des scènes tournées : les cascades sont réglées par Remy Julienne, il débute alors une carrière internationale due à la prouesse de faire monter les trois Minis à l’intérieur d’un camion en marche. Enfin, le détail en clin d’œil à l’adresse des spectatrices correspond aux couleurs des Cooper… bleue, blanche et rouge, elles déclinent la chromatique du célèbre drapeau de l’union Jack !

Au volant avec Michael Caine

Alias Charlie Croker, c’est lui le chef d’orchestre et l’architecte de l’entreprise. Il galvanise ses troupes au moment de passer à l’action, là où le doute peut s’installer et sidérer une bande de rêveurs qui se demandent jusqu’à la dernière minute pourquoi ils se sont lancés dans une telle aventure et puis quelle démonstration du flegme britannique ! Face à l’agitation fébrile de la mafia italienne, le bandit reste imperturbable et mène ses recrues vers l’objectif visé malgré un amateurisme à l’origine de scènes hilarantes !

Conduire une citadine, cela prête à sourire : mais piloter une Cooper dont la mécanique vient d’être encore gonflée, ce n’est plus de l’improvisation. A pleine vitesse dans les rues encombrées de Turin, le temps d’une séquence parmi les plus grandes cascades filmées, trois Mini terrorisent les piétons et la police locale. Il faut renforcer les trains roulants et les suspensions, exigence de Charlie pour supporter la masse des barres dorées.

L’originalité de cette course poursuite au cœur de la ville ne consiste pas à pulvériser un chronomètre : la voiture doit être rapide mais surtout capable de se faufiler dans des trous de souris, dévaler des pentes d’escaliers sans craindre la casse. Lorsque Charlie se met à transpirer derrière son volant, il mesure l’absence de véritable répétition ainsi que l’unique essai dont il dispose après avoir lâché les trois bolides dans les embouteillages.

Pour les amateurs du genre, il existe bien un remake réalisé en 2003 Braquage à l’italienne, avec la volonté d’une modernité qui ne peut faire oublier la patine vintage de la première mouture. Selon les goûts, les deux films sont à découvrir ou redécouvrir…

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Quant à la Mini, sa carrière se décline de nos jours avec des modèles électriques et sa longévité la situe parmi les rares voitures qui ont su traverser les époques en conservant la philosophie édictée par leurs concepteurs.

Photos complémentaires : Allociné

Le film est à voir sur Paramount +, c’est par ici.

Gilles Chaput

Passionné de véhicules anciens et de Cinéma, Gilles vous propose régulièrement ses chroniques "Casting d'Anciennes"

Commentaires

  1. nounours8529

    super reportage merci Gilles joyeuses fetes

    Répondre · · 30 décembre 2024 à 17 h 24 min

    1. Chaput

      Bonjour, c’est un réel plaisir de decouvrir vos retours ! News d’anciennes regroupe de joyeux passionnés et c’est motivant de contribuer à cette communauté. A bientôt avec des vœux pour la suite !

      Répondre · · 31 décembre 2024 à 19 h 05 min

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