Bien vérifier l’état des pneus sur une voiture ancienne

Qu’on roule beaucoup ou qu’on roule peu, on roule sur des pneus. Si on fait bien attention à l’état des pneus de sa voiture de tous les jours, c’est beaucoup moins le cas sur les pneus de voitures anciennes. Leur état peut présenter plusieurs problèmes dont certains sont propres aux voitures anciennes. On fait le point sur ce qu’il faut impérativement surveiller.

Problème n°1 : les pneus craquelés

Vous n’en avez jamais vu ? C’est une bonne nouvelle ! Malheureusement tout le monde ne peut pas dire en autant mais il arrive fréquemment qu’on trouve des voitures anciennes avec des pneus craquelés. C’est un sujet à ne pas négliger puisque ça peut vous empêcher de rouler, administrativement… ou plus gravement !

On a posé quelques questions à ce propos à Bruno Coué de l’équipe de Michelin Classic :

« Il faut faire très attention aux pneus craquelés. Déjà, c’est un point de refus au Contrôle Technique et, même pour une voiture ancienne, il n’y aura pas de mansuétude sur ce point. Même pour une voiture ancienne, il faut le passer… sauf dans le cas où la voiture est d’avant 1960. Dans ce cas, il faut penser à contrôler ses pneus fréquemment ! Le danger est réel, de mise à plat notamment à l’arrêt, mais ce n’est pas grave comparé aux problèmes qui peuvent arriver en roulant, notamment l’éclatement du pneu ou de la chambre à air. »

« N’oublions pas qu’une voiture ancienne roule dix à douze fois moins qu’une voiture dite moderne. Chez Michelin Classic on introduit ainsi des composants dans nos formules pour retarder le vieillissement du pneu puisque c’est ce vieillissement qui est souvent à l’origine des pneus craquelés. Dans les faits, la structure du pneu des voitures anciennes est souvent fine sur les flancs, pour apporter de la souplesse et donc de l’adhérence et du confort. Quand le pneu se craquelle, on affaiblit cette structure et ça peut même atteindre la structure métallique du pneu et causer de gros soucis. »

« Attention, les voitures anciennes y sont plus sujettes que les modernes sur certains points. Il faut aussi vérifier le flanc intérieur du pneu. C’est là qu’il peut recevoir des projections d’huile ou de carburant qui vont attaquer la gomme… et accélérer le craquellement. »

En tout cas, on ne prend pas de risque avant de partir en balade en voiture ancienne : les pneus doivent être remplacés s’ils sont dans le même état que sur la photo… ou même avant. Sachez qu’en Allemagne, la moindre ride peut entraîner un refus au contrôle technique !

Problème n°2 : les pneus trop vieux

C’est l’éternel problème des voitures anciennes. Vu qu’elles roulent peu et usent moins leurs pneus, on pense moins à les changer. C’est une grave erreur comme nous l’explique Bruno Coué :

« Chez Michelin Classic, comme chez les autres manufacturiers, on s’accorde à dire que les pneus sont trop vieux s’ils ont dépassé les 10 ans. La date de fabrication du pneu est inscrite dessus, c’est le DOT. Il affiche la semaine et l’année de fabrication du pneu. »

Ce pneu de Citroën Ami 6 a été fabriqué la 35e semaine de l’année 2020 : il est bon pour le service.

« Si on ne retrouve que trois chiffres, c’est que le pneu a plus de 24 ans puisqu’on est passé à 4 chiffres au 1er Janvier 2000 ! C’est un vrai risque mais on retrouve souvent des pneus de plus de 30 ans sur des manifestations et cela concerne aussi bien les populaires que des Ferrari ! »

Au delà d’un certain âge on entre dans la Bakélisation du pneumatique. Même si ça ne se voit pas, et c’est là le piège, les risques sont réels.

« Un pneu trop vieux va surtout se ressentir sur le mouillé. On va perdre plusieurs mètres de distance de freinage. C’est dangereux ! Comme pour les amortisseurs, on s’habitue peu à peu à la médiocrité du pneu… jusqu’au jour où on change et, dans ce cas, on ressent la différence. »

Notez qu’un pneumatique trop ancien sera parfois noté au Contrôle Technique mais que rien ne vous oblige, dans la loi, à le changer ! Surveillez donc ce chiffre et faites le bon choix. C’est assurément un élément de sécurité qui est contenu dans ces 4 chiffres.

Problème n°3 : les pneus usés (tout simplement)

Vous roulez moins avec votre voiture ancienne qu’avec votre moderne (enfin dans la plupart des cas). Pourtant, vous y faites plus attention. Surveillez également l’état de vos pneus. Parce qu’année après année, ils s’usent quand même !

« Vu qu’on roule beaucoup moins en voiture ancienne, on use moins les pneus. On a tendance à moins brusquer ses pneus également. La longévité est à peu près la même entre un pneu pour une voiture moderne ou pour une voiture ancienne en termes de kilométrage. Évidemment, il y a des usages qui peuvent différer. »

Il n’est pourtant pas compliqué de vérifier, au moins visuellement, l’état des pneus.

« Chez Michelin Classic, pour nos pneus radiaux en tout cas, on a rajouté aux moules d’origine des témoins d’usure dont ils n’étaient pas équipés à l’époque. C’est un vrai plus. Comme sur les voitures modernes, ils sont placés à 1,6 mm du fond des sculptures. »

Attention d’ailleurs : on parle là aussi de problèmes possibles au contrôle technique. Si vos pneus sont trop usés, il faudra les changer. Notez que vous ne pouvez pas non plus rouler avec des pneus présentant une usure trop différenciée sur le même essieu (après avoir changé une roue par exemple). La tolérance est de 5 mm.

Là encore, c’est principalement sur le mouillé qu’on retrouvera la différence puisque le pneu avec une structure bien entamée évacuera moins bien l’eau qu’un pneu quasi neuf… mais normalement on ne vous apprend rien !

Conclusion : faites attention

Oui, prenez garde. Évidemment ce n’est pas le refus au contrôle technique qui sera problématique. S’il vous arrive, au moins vous saurez réagir et repartirez sur une base saine. Le vrai souci peut intervenir sur les voitures qui ne passent plus le contrôle technique (avec Certificat d’Immatriculation de Collection et datée d’avant 1960) et sur lesquelles on fait moins attention. L’accident serait bête et potentiellement grave.

Un petit coup d’œil, ça ne coûte rien !