Visite du Conservatoire Citroën : le Chevron en Avant

Publié le par bertrand

Visite du Conservatoire Citroën : le Chevron en Avant

Le Musée de l’Aventure Peugeot est ouvert tous les jours ou presque, le Musée de la CAAPY à Poissy, majoritairement dédié à Simca est accessible les Lundi et Samedi. Par contre le Conservatoire Citroën est accessible aux groupes sur rendez-vous. On a pu profiter d’une petite visite. Du coup, on vous emmène.

Les origines du Conservatoire Citroën

Ce Conservatoire Citroën est situé à Aulnay, terre historique de Citroën, même si l’activité sur place a quelque peu diminuer. Le bâtiment est tout récent, construit en 2001, année de l’ouverture du conservatoire, regroupant près de 280 véhicules. En fait, presque la totalité des modèles de route et des prototypes y sont rassemblés. Plus que les modèles, c’est toute l’histoire de la marque qui y est retracée.

En 1900, André Citroën ramène de Pologne le fameux procédé de l’engrenage à doubles chevrons en V, son futur logo. De conception technique innovante qui permet de transmettre des puissances importantes, tellement que ces engrenages seront employés à bord du Titanic… En 1908, il rachète la marque de voiture Mors et une première expérience automobile commence pour lui.

Mais rapidement la première Guerre Mondiale survient, et après la mort de son frère au front et sa propre mobilisation, il propose au ministère de la guerre d’installer quai de javel une usine d’armement. André y applique le ‘’Fordisme’’ en rationalisant la fabrication. On y produit donc plus d’armes et surtout de munitions. Ce procédé, il avait pu l’apprendre lors d’un voyage, en 1912, aux USA où il avait visité une usine Ford. C’est donc par la fabrication de munitions, jusqu’à 50 000 par jour, que l’aventure commence pour le site du quai de javel…

La visite du Conservatoire Citroën

Après ce rappel historique, revenons au musée. Je suis accueilli par Guillaume Keller le guide du Conservatoire Citroën. Guillaume commence par l’historique du fondateur, avant que la porte ne s’ouvre sur l’antre aux autos, une bonne odeur d’huile, de caoutchouc et de vieux cuir me flattent agréablement les narines tandis que les travées de voitures s’étalent devant mes yeux.

Les voitures sont ‘’classées’’ chronologiquement, donc nous commençons par les années 20 et par la type A, voiture sortie très tôt après la guerre, fin 1919, et qui fut la première du 143 quai de Javel. En plus des explications de Guillaume, toutes les voitures sont détaillées par une plaquette qui donne les leurs principales caractéristiques. Cette travée comporte la type C2 Torpédo, un très joli caddy avec sa carrosserie en forme de coque de bateau retourné, ainsi qu’une Normande, superbe camionnette ‘’woody’’ sur châssis et mécanique de B2.

Avant de commencer les années 30, guillaume m’explique que la mise en scène ce trouvant à coté est le vrai bureau de Monsieur Citroën avec, à côté, une reproduction de la tour Eiffel avec la fameuse publicité des années 30, nous rappelant ainsi la vision de cet homme pour la réclame !

Les années 30 virent le début de la série des C6, 6 pour six cylindres, voitures haut de gamme et déclinées ici en de nombreuses versions souvent de très grand luxe. On poursuit avec la Rosalie qui fut la grande sœur de la célèbre Traction, présentée elle aussi en de nombreuses versions comme des coupés, des cabriolets et en 6 cylindres. Elle fut vendue a plus de 750 000 unités en 23 ans de carrière et surtout elle apporta de multiples avances technologiques.

L’après-guerre commence avec la plus que mythique 2 Chevaux. On trouve au Conservatoire Citroën trois prototypes du modèle qui s’appelait alors TPV. Pour ne pas être récupérées par les allemands, les ingénieurs de La Ferté Vidame, le centre d’essai Citroën, les avaient tout simplement emmurées. Ensuite, totalement oubliées, ces voitures ne furent retrouvées qu’en 1993, à la faveur de travaux, toutes trois bien rangées au chaud.

D’autres 2CV de la gamme son bien sur présentes comme la bête de somme : ma favorite, la célèbre camionnette AZU, mais aussi l’AZL et de belle série limitée comme la Charleston et même une authentique 007 jaune qui a jouée dans le film. Juste à côté ce trouve l’autochenille Scarabée d’Or bien connue avec son histoire raconté ici.

Après les stars Tractions et 2 CV, les années 50 arrivent et avec elles un ovni apparaît dans le paysage routier français. Je parle bien sûr de la DS avec ses merveilleux yeux de grenouille ! Elle aussi, à l’instar de sa grande sœur la Traction , apporte des avancées majeures. Plusieurs très beaux modèles nous sont présenté avec les 19, 21, en break, en Pallas, en cabriolet et même en coach !

Petit bémol dans ces présentations : les voitures sont vraiment un peu trop serrées, c’est dommage car il est parfois difficile de se faire une ID… sur les voitures ne les voyants pas dans leurs globalités.

Les années 60 et 70 sont des années fastes pour la marque, avec leurs très nombreux modèles comme les AMI 6 et 8, mais aussi les Dyane qui sont les petites cousines des 2CV. Elles devaient les remplacer, mais peut-on remplacer une légende ?

En Mai 68 est présentée la fantastique et tout en plastique Mehari aussi célèbre au cinéma que dans les cours de casernes. Une autre icone, tout en luxe et en sportivité à la fois, fruit de l’union de Citroën et de Maserati, la Citroën SM, fabuleuse voiture mais peut être trop en avance sur son temps. La GS arrive au bon moment et devient un des best-sellers des années 70 avec plus d’un million huit cent mille voitures vendues, et ce en une décennie de carrière. Suit la CX qui eut comme dur labeur de remplacer la DS, tâche qu’elle sut accomplir avec le grand succès qu’on lui connait.

Les travées suivantes qui vont des années 80 à nos jours exposent un panel des grands classiques de la marque avec BX, AX, VISA, XM et bien d’autres encore. Mais parler de Citroën sans parler d’utilitaires serai un grave oubli.

Je pense bien sûr au fameux Type H, successeur du très rare TUB, dont Benjamin nous avait parlé il y a quelques temps. Deux de leurs représentant sont présenté dans ce Conservatoire Citroën, a commencer par le TUB, véhicule au combien rare du fait de sa très faible production. 1750 environ sont sortis, et pratiquement tous ont été détruits pendant la guerre. Son petit frère le Type H présente ici la particularité d’être complètement neuf de stock et de ne posséder que 7 kilomètres au compteur.

Quel plaisir d’ouvrir la portière et sentir cette bonne odeur de neuf ! Les cars ‘’Citron‘’ célèbres dans les années 50 et 60 pour avoir transporté une bonne partie de la France, sont aussi de la partie avec un superbe exemplaire de U23 de 1947 à la restauration plus que parfaite. Derrière, on trouve un morceau de l’horloge du fronton de l’usine quai de Javel, jolie relique !

D’autres petits utilitaires voisinent avec un hélicoptère, prototype ayant volé une poignée d’heure. Un tracteur datant de l’après-guerre, superbe en jaune PTT et en calandre de Rosalie est lui aussi un prototype.
On trouve une étonnante camionnette G1 ou mini H de 1948, motorisé par un groupe de 2CV, mais abandonné car trop peu puissant. Quelques camions de pompiers avec un camion des années 30 sur base de B2 et un T46 dans un jus très sortie de grange. Citroën fut et demeure un grand constructeur de véhicule de pompiers.

On retrouvait aussi deux auto chenille, l’une a système Kegresse sur base de B2 issue des croisières jaune et noir et l’autre unique survivante d’un concours pour l’armée lancé avant la guerre et qui devait à la base être motorisé au Gazogène, funeste prédiction, exemplaire en superbe état.

La visite se termine par la zone sport de la marque, secteur ou le chevron a été très présent depuis le début de son histoire. Dans cette zone, on retrouve une belle brochette de véhicules, avec les ZX reines des rallyes des années 90, mais aussi Saxo et Xsara, dont plusieurs ex Sébastien Loeb. Les DS, SM et CX nous rappellent que la marque fut aussi bien présente dans les rallyes des années 70.

Au milieu de ces géantes se trouve une petite monoplace : MEP X 27, fabriquée au début des années 70, pesant a peine 400kg et mue par un moteur de GS, propulsant le tout a plus de 210kmh tout de même… jolie petite machine !

Qui dit Conservatoire Citroën, dit conservation et mon guide Guillaume, me fait découvrir un lieu peu connu, qui ne fait pas partie de la visite « normale ». Ce lieu est l’immense salle des archives de Citroën, ou tous les documents ayant attrait a la marque sont conservés.

Vous cherchez la date de la vente de votre 11 légère de 1937, vous voulez établir une carte grise de votre Rosalie sortie de grange ? Pas de soucis, prenez contact avec le service et ils vous trouvent ça a coup sûr, si l’auto a été produite entre 1919 et 1990 ! D’autres documents se trouvent aussi archivés, les photos de travail des nouveaux modèles, des prospectus de ventes, des journaux internes destinés aux employés, c’est tout le patrimoine ADN de Citroën qui se trouve stocké sur ces étagères. Une sacrée découverte pour moi, teintée d’émotion à l’ouverture de registre remplit plus de 80 ans avants… Pour obtenir des documents : [email protected].

Ce qu’on en pense

André Citroën n’est resté que 16 ans à la tête de sa marque, mais ce petit nombre d’année à suffi pour porter ses double Chevrons à la postérité. Certes il ne fut pas proprement parlé un inventeur, mais juste un formidable chef d’orchestre mettant à l’unisson de multiple découvertes pour donner naissance à un véhicule révolutionnaire avec la Traction, dernière œuvre avant sa disparition, mais aussi la perte de son entreprise.

Le Conservatoire Citroën lui rend un vibrant hommage, les véhicules sont tous dans un état proche du neuf, et presque 90% du parc est en état de rouler.

Je l’ai dit un peu plus haut, il est vraiment dommage que les voitures soient beaucoup trop serrées.
J’aurais aussi aimé plus de mise en scène, mais je parle d’un musée et non d’un conservatoire. La visite guidé est une bonne idée et l’ami Guillaume est un puits de science.

Je rappelle qu’il faut impérativement réserver avant de vos déplacer, le conservatoire est ouvert toute la semaine, mais fermé le samedi et dimanche. Mais si vous aimez la voiture ancienne et plus particulièrement les Citrons, c’est un incontournable à faire, c’est bientôt les journées du patrimoine et il sera ouvert !

La galerie photo du conservatoire est ici.

Note globale :

4 etoiles

Les plus :

Les moins :

– des autos dans un état concoursvoitures très serrées –
– tous les modèles de la marque réunispas de mise en scène  –
– jolis vitrines de petits objets et petits détails 

Le Conservatoire Citroën se visite, avec ou sans guide, sur réservation uniquement et du lundi au vendredi. Pour ça, appelez le 0156508739 ou envoyez un mail à martine.darblade @ citroen.com pour organiser une visite.

Temps de visite au moins 2h
Tarifs10 € par personne
Attention, sur réservation uniquement.
AdresseConservatoire Citroën
Case Courrier AN 081
Bd André CitroëOnOnn
BP 13
93601 Aulnay-sous-Bois CEDEX
Site weben cliquant ici

Un grand merci a Fédoua ZEGGAR et Guillaume KELLER pour leur accueil et leur sympathie.

bertrand

rédacteur et photographe à news d'anciennes. Passionné d'histoire et de véhicules anciens, il rejoint la rédaction de news d'anciennes en 2015. Armé de son fidèle Nikon, il écume les rasso et salons pour vous les faire découvrir.

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