Series, Tour Auto, Le Mans Classic, 16 Questions à Patrick Peter [Peter Auto]

Publié le par Benjamin

Series, Tour Auto, Le Mans Classic, 16 Questions à Patrick Peter [Peter Auto]

Si vous suivez de près le milieu de l’automobile ancienne, vous connaissez Peter Auto. Le Mans Classic, le Tour Auto Optic 2000, les Series pour le côté sportif, tout ça c’est Peter Auto. Et on oublie pas Chantilly Arts et Elegance dans un autre registre. Derrière Peter Auto, on retrouve Patrick Peter, et on est venu lui poser quelques questions avant Rétromobile.

Rendez-vous est donné dans les locaux de Peter Auto. Si vous souhaitez décorer des locaux sur le thème de l’automobile, c’est une belle source d’inspiration ! Avant-même d’entrer dans les bureaux, on est dans l’ambiance. C’est l’heure, direction le bureau de Patrick Peter pour lui poser nos questions.

News d’Anciennes : Bonjour Patrick Peter, merci de nous recevoir. Première question, parlons de Peter Auto. On vous connaît comme organisateur, mais peu de gens savent comment vous en êtes arrivé et quel est l’histoire qui est derrière ?

Patrick Peter : C’est une longue histoire ! Au départ, nous étions une agence de communication et de relations presse, née en 1978. En 1983 nous avons été contactés pour donner un coup de main en relations presse et en sponsoring à l’ASAVE qui organisait les Coupes de l’Age d’Or à l’époque. Nous avons accepté à condition de leur donner également un peu d’aide sur l’organisation. Par la suite, cette partie de l’activité s’est développée. Au début ça a été long car nous ne travaillions qu’avec eux et puis en 1992 nous avons relancé le Tour Auto et créé en 1994 le BPR.

NA : On parlera plus tard des gros événements que sont le Tour Auto et Le Mans Classic, on va maintenant parler des Series by Peter. Est-ce que vous êtes arrivés à une sorte d’objectif que vous vous seriez donné ou bien est-ce que vous voulez encore développer ces series ?

PP : On a lancé le CER il y a longtemps, en 2005, quand on faisait du moderne. C’était une course de support, moi ça m’amusait d’organiser ce type de course. Elles n’étaient à l’époque pas très développées, voir pas développées du tout.

Et puis pour différentes raisons on savait qu’on allait arrêter le moderne et, en 2010, on a commencé à créer des meetings purement historiques et là on l’a fait avec le CER. Ensuite on a dédoublé le CER, puis créé le 60s, et d’autres plateaux ont suivi, mais on ne peut pas non plus créer un plateau toutes les 5 minutes. Cela dit nous avons, au final, presque créé un plateau par an sur les dix dernières années. Aujourd’hui en terme d’occupation du temps sur un meeting, nous sommes full. Maintenant, vous dire ce que l’on fera demain, je ne saurais le dire. Cette année c’est une année chargée pour nous avec Le Mans Classic, après on réfléchit toujours à se diversifier mais pour le moment ce n’est pas une priorité.

NA : Augmenter le nombre de courses au calendrier n’est pas une priorité ?

PP : Ce n’est pas une priorité non. Je préfère que les courses existantes aient un remplissage maximum. Les circuits sont un investissement, il est donc nécessaire d’avoir une utilisation optimale du temps de piste, cela nous permet de trouver un équilibre financier.

NA : Dans les series, on remarque une belle diversité de pilotes et d’autos, dont de nombreux anglais. Est-ce que vous redoutez ce qui peut se passer avec les négociations douanières consécutives au Brexit ?

PP : Ecoutez, je suis d’un naturel optimiste. On trouvera des solutions, mais je ne suis pas sûr qu’il y ait beaucoup de problèmes. Je pense que les anglais ont pris l’habitude de rouler sur des circuits continentaux. Parce que l’Angleterre a de très beaux circuits mais elle a aussi des circuits « clubs ». Tout le monde connaît Silverstone, Brands Hatch et Donnington mais en dehors de ça il y a quand même des circuits peu adaptés à certaines voitures. Chez Peter Auto on fait des courses sur des grands circuits, Monza, Spa, etc, pour des personnes qui aiment piloter, qui sont habitués à rouler. Cela serait un peu difficile pour eux de revenir à Oulton Park par exemple. Donc, non, je ne suis pas inquiet.

NA : A quand le retour d’un plateau d’avant-guerre sur les series ?

PP : En fait il n’y en a jamais eu d’organisé par nous. C’était des opportunités et on en revient aux anglais. Ce sont eux qui font ça. En France il y a très peu de propriétaires d’avant-guerre qui soient vraiment actifs sur du rallye sportif ou de la course. Nous on adore ça, mais en même temps quand on réunit des plateaux qui rassemblent entre 10 et 20 voitures de façon irrégulière, c’est difficile de bâtir une belle série avec ça. En France on n’a pas la densité de matériel qu’ont les anglais.

NA : Patrick Peter, sur quel circuit, sur lequel les series n’ont jamais roulé, adoreriez-vous organiser des courses historiques ?

PP : Je ne sais pas… on tourne déjà sur de très beaux circuits. On fait justement attention à cela parce qu’il y a le circuit en tant que « circuit » et le circuit pour sa technique et le pilotage. On fait par ailleurs aussi attention à son environnement car nous avons beaucoup de concurrents qui se déplacent en famille. On ne peut pas laisser les accompagnants ni les spectateurs sans activités environnantes. Maintenant, très honnêtement lorsque l’on regarde nos activités modernes et historiques, nous avons couru sur la plupart des grands circuits mondiaux, au Brésil, au Japon, en Chine, etc. Après, il y a des circuits merveilleux comme Suzuka mais y organiser des courses historiques est très compliqué. Aux Etats-Unis il y a Laguna Seca qui me plairait… Sinon, honnêtement nous n’avons pas de manques à ce sujet.

NA : On a souvent des questions à propos des répliques où les spectateurs et les lecteurs demandent régulièrement, « c’est une vraie ou une réplique ». Est-ce que signaler les répliques apporte quelque chose à la lecture des résultats ?

PP : On a commencé à le faire l’an dernier. Nous signalons d’un petit « c », pour « continuation », une réplique ou une continuation pour indiquer que ce ne sont pas des voitures d’origine. On est l’un des derniers organisateur à faire tourner de vraies voitures, notamment sur le plateau The Greatest’ Trophy (NDLR : The Greatest’ Trophy, un des plateaux des series by Peter) où l’on y retrouve de vraies GTO, de vrais châssis courts, de vraies 300S. Et sur ce même plateau, on peut retrouver une vraie GTO et une réplique. Le concurrent à une la réplique mais il est également propriétaire de la vraie. Après, dans un souci d’équité, nous donnons toujours un handicap temps à la réplique. Tout d’abord parce qu’une réplique va toujours plus vite que la vraie parce qu’elle a été construite la semaine dernière avec des ajustements et des matériaux qui ont évolué. Et ensuite parce que l’on ne conduit pas de la même façon une voiture à 100.000 euros, qu’une voiture à un million ou une voiture à dix millions d’euros. Forcément, le pilote freinera plus tard avec la réplique qu’avec la vraie.

NA : Patrick Peter, passons maintenant à un des gros morceaux de la saison Peter Auto, le Tour Auto Optic 2000. Quels sont les mots d’ordres qui font que vous arrivez à ne pas vous répéter ?

PP : Personnellement, si je participe à un événement qui fait plusieurs fois exactement la même chose, cela m’ennuie. Alors ce n’est pas facile de toujours se renouveler, car il faut trouver des villes qui peuvent nous accueillir, avec plus de 700 chambres tous les soirs. On trouve ce genre de capacité dans les grandes villes mais ensuite on se heurte à des problématiques de trafic. Alors on vise des plus petites villes qui ont néanmoins de belles capacités. Ces villes on les connaît et on ne peut pas les multiplier.
Même chose avec les circuits. On en a moins, Reims a disparu, Rouen a disparu, donc il faut faire avec le matériel existant, « c’est de la cuisine ». Il me semble que l’on n’a jamais fait deux fois le même itinéraire. Nous avons une dizaine de circuits potentiels et on n’en utilise tous les ans quatre. Par contre des spéciales il y en a beaucoup plus. Pour les itinéraires, on pense également à nos concurrents étrangers à qui nous souhaitons faire découvrir la France qu’on aime bien. On prend des routes agréables, on essaye de déjeuner dans de belles propriétés… après le soir c’est plus compliqué parce qu’on est 1000 et qu’on ne peut pas faire plusieurs services contrairement aux déjeuners qui fonctionnent en roulement. Le Tour Auto, c’est un bon moyen de faire découvrir la France en peu de temps et avec des endroits très différents.

Tout le parcours du Tour Auto Optic 2000 2020 est détaillé ici.

NA : Histoire de dresser la feuille de route du Tour Auto Optic 2000 2020, qu’est-ce qu’un spectateur ne doit pas rater ?

PP : On va passer par Clermont-Ferrand, Limoges, Toulouse, Nîmes, ce sont des régions qui ont certaines des plus belles routes de France. Ce sont des routes peu fréquentées, ce qui est un avantage pour nous, les infrastructures hôtelières sont compliquées mais ce sont des endroits superbes. Et puis nous ferons Lédenon et le soir un dîner au pont du Gard. Pour un étranger qui découvre les lieux, ce sera un beau moment !

NA : Tant qu’on parle des beaux lieux, l’an prochain le Grand Palais sera en travaux, comment allez vous faire ? Vous avez la possibilité de rester à l’intérieur ?

PP : Non on ne va pouvoir pas rester à l’intérieur, mais l’administration de la Régie des Musées Nationaux, du Grand Palais, a fait un gros travail de recherche pour nous trouver une solution. Aux dernières nouvelles il devrait y avoir une structure qui s’installerait sur le Champs de Mars pendant trois ans. Ce n’est pas spécifique au Tour Auto, et cela concerne les clients du Grand Palais. C’est très bien parce que ce n’est pas si fréquent que les établissements publics se préoccupent de leurs clients.

NA : Patrick Peter, est-ce que ça ne vous n’avez jamais eu l’idée de partir de la province pour revenir à Paris ?

PP : Non, cela ne fonctionne pas et pour plusieurs raisons. Déjà, nous avons des partenaires qui ont besoin de faire des opérations de relation publiques à Paris. Le meilleur moment pour le faire est lorsque quand tout le monde est là, et vous conviendrez que cela est plus facile sur un départ que sur une arrivée, qui elle, est plus étalée. Et puis il faudrait changer beaucoup de choses. Actuellement nous arrivons le samedi soir. Imaginez-vous inviter du monde le samedi soir et le dimanche matin à Paris, ce serait très compliqué. Ensuite arriver sur Paris pendant le week-end, c’est la garantie d’avoir des soucis significatifs au niveau du trafic et on ne peut pas dire que l’ambiance qu’il peut y avoir dans Paris intra-muros le Samedi soir soit exactement celle que nous recherchons. D’une manière générale j’aime les arrivées qui marquent. Quand vous arrivez à Marseille, Deauville, Nice et que vous arrivez au bord de l’eau, c’est la fin d’un voyage, après cela il n’y a plus rien. Une vraie fin.

NA : Patrick Peter, qu’est ce que vous pouvez dire aux passionnés du Nord ou de Belgique qui attendent de revoir passer le Tour Auto ?

PP : On peut dire en effet que l’on n’est pas souvent venu les voir. Nous y sommes passés en 1999 ainsi qu’en 2009 et nous avons fait une vague tentative l’an dernier, pour finalement s’arrêter à Deauville. En 1999 on était passé par le Nürburgring et Spa pour faire une arrivée bien plus au sud, à Cannes, mais on avait l’époque couvert 2800 km. C’était il y a vingt ans, aujourd’hui ce n’est plus possible. La vitesse moyenne sur les routes a drastiquement chuté, les limitations de vitesse aussi tout comme le nombre de stations essence.
Aujourd’hui, avant de faire le plein il faut attendre que les 5 voitures devant vous soient parties et cela fait perdre du temps. Nous avons un pivot autour des 2000 km. Et puis dans le nord il n’y a malheureusement pas de circuits adaptés, en France du moins. Pour rappel, nous faisons 4 circuits en 5 jours. Donc on peut tirer un bord sur une étape mais on ne peut pas vraiment faire plus. Et enfin quand vous vous adressez à un allemand, un belge ou un hollandais, tous nous disent que le brouillard et le froid, ils connaissent et qu’ils aimeraient bien découvrir une région un peu plus ensoleillée. Même si, il faut le préciser, en 2009 nous avions eu un très beau temps. Donc nous essayons, mais ce n’est pas évident.

NA : Parlons maintenant de Le Mans Classic. Quelle est l’importance de cet événement pour Peter Auto ?

PP : Et bien c’est notre plus grand événement, au niveau de tous les chiffres c’est le plus important. Ce n’est pas forcément le plus compliqué d’un point de vue logistique car nous avons une unité de lieu qu’on ne retrouve pas sur le Tour Auto par exemple.

NA : Est-ce que vous pouvez nous rappeler ces quelques chiffres ?

PP : Cela représente 800 voitures en course, 8000 voitures de club et 195.000 spectateurs !

NA : Dans l’équipe de News d’Anciennes on adore l’idée du dress code et il faut avouer que ça a du mal à percer. Qu’est ce que vous pouvez nous en dire ?

PP : Je ne sais pas si vous êtes un grand adepte du concept mais de manière générale les deux tiers de la presse a du mal lorsque nous parlons de cela. Ce qui ne nous aide pas forcément à mettre en place le concept. Alors on y arrive à Chantilly, mais sur des chiffres plus petits. Après ce n’est pas en tapant sur les gens qu’on arrivera à leur faire jouer le jeu mais plus en les incitant. Nous réfléchissons à des systèmes pour cela. Je trouve cela un peu triste que ce ne soit pas plus naturel. Quand on va à une fête de famille on essaye de se mettre dans le ton. Mais là ce n’est pas un réflexe naturel. Les anglais jouent le jeu, les allemands le font avec plus ou moins d’enthousiasme mais ils essayent. En France nous n’essayons même pas.

NA : Patrick Peter, dernière question, il se murmure que vous allez laisser Peter Auto entre d’autres mains, est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus ?

PP : Non (il rit)
On a fait rentrer d’autres actionnaires, tout le monde le sait. C’est important lorsqu’un groupe comme Amaury rentre chez nous, c’est significatif d’un marché qui existe. Ils ne seraient pas rentrés dans la voiture ancienne il y a quinze ans. Ce marché on l’a créé, pas seulement nous Peter Auto, mais tous ensemble avec Rétromobile, Artcurial, et tous les autres acteurs. C’est ce qui a mené une société qui a des ambitions importantes de s’intéresser à un petit marché, qui existe. Pour nous c’est une assise significative, même si cela ne change pas grand-chose dans notre façon de fonctionner. Je ne suis pas encore en EHPAD donc on va attendre un peu.

Un grand merci à Patrick Peter pour nous avoir reçu et à Doriane qui a arrangé l’ITW. La première manche des Series by Peter aura lieu début Avril avec les 10000 Tours du Castellet, toutes les infos sont là.

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Jean-Christophe

    Merci pour cet entretien

    Répondre · · 31 janvier 2020 à 18 h 38 min

  2. Paul Aroïd

    Très intéressant avec des questions très pertinentes (les réponses également). Merci.

    Répondre · · 5 février 2020 à 10 h 43 min

  3. Derbré Michel

    Ah oui…..très très intéressant cet entretien,et plutôt rassurant,le Patron Mr Peter reste bien aux manettes.
    Le dress code et bien le rendre tout simplement obligatoire, sinon c’est la dérive assurée dans le temps et donc la fête à neuneu à LMC etc.

    Répondre · · 10 février 2020 à 18 h 46 min

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