La Ligier JS3 : voiture unique et carrière éclair

Publié le par Benjamin

La Ligier JS3 : voiture unique et carrière éclair

Dans la saga des Ligier, aux premières heures on se teste encore mais surtout, on en veut toujours plus. Alors que les plans sont remis en question, on ne veut pas stopper la progression. C’est ainsi qu’on va développer la Ligier JS3, une auto qui va avoir une carrière éclair : moins de deux mois !

Pour viser plus haut

La toute première voiture signée Ligier date de 1970. C’est la Ligier JS1, un coupé, fermé, léger et propulsé par un 4 cylindres puis par des V6 Ford. À chaque fois, c’est le moteur qui coupe l’espoir des autos, que ce soit aux 24h du Mans ou au Tour de France. Au moins, on valide le concept et on cherche à développer une auto plus performante, capable de viser la victoire dans ces deux courses phares de la compétition automobile en France.

En repartant de cette base, on crée la Ligier JS2 qui doit donc embarquer un V6 Ford. Sauf que l’ovale bleu ne voit plus le projet d’un si bon œil. On refuse à Ligier la fourniture du moteur alors que nous sommes à la fin de l’année 1970 et que la voiture est quasi-prête. On le sait, ce sera finalement un V6 Maserati qui fera débuter l’auto mais la finalisation de l’auto prendra une année de plus.

Et pendant ce temps, Ligier veut tout de même une nouvelle voiture pour la course.

La Ligier JS3 : rapide et encore rapide

Une conception… rapide !

C’est donc en fin d’année 1970 que Michel Têtu doit se remettre à ses études. Passé par les Automobiles CD, il est déjà le père des deux premières Ligier.

La seule différence notable, c’est qu’au lieu de construire un coupé, c’est une barquette qui va voir le jour. On ne cherche pas une voiture polyvalente capable de gagner sur tous les terrains mais une auto qui visera la victoire sur circuit, notamment au Mans. Les carrosseries ouvertes ont le vent en poupe et s’apprêtent à devenir les reines de l’endurance… même si la FISA aurait aimé les voir sur le devant de la scène plus tôt, mais Porsche et Ferrari ont contourné le problème en produisant des « Sport » en grand nombre, capables malgré tout de viser la victoire.

Côté châssis, la Ligier JS3 va reposer sur un sandwich d’aluminium. Les freins sont évidemment à disques et les trains font appel à une double triangulation. La carrosserie doit aussi être légère et on fait appel au duo PVC et fibre de verre. Deux carrosseries sont développées et testées dans la soufflerie Eiffel à la fin du mois de Janvier 1971. Une portière est obligatoire mais démontre la légèreté de l’ensemble : elle ne pèse qu’un seul kilo !

Structure Ligier JS3- Ligier JS3

Cette barquette doit être propulsé par un moteur qui fasse maximum 3 litres. Les V6 Ford de série ne sont plus au programme, Ligier n’est pas encore lié avec Matra qui commence seulement à montrer son V12, pas plus qu’avec Alfa Romeo dont le V8 commence à être rôdé.

Le moteur 3 litres de course le plus répandu alors, c’est le Ford Cosworth DFV. Ce « Double Four Valve » de 2993 cm³ développe 460ch créé chez Cosworth avec les fonds de Ford et pour Lotus a l’avantage de pouvoir recevoir les ancrages de suspension. S’il vient de remporter ses trois premiers titres constructeurs et devient la « base » de nombreuses F1, en Endurance il souffre de sa mauvaise fiabilité. La Ligier JS3 lui fera tout de même confiance, en l’accolant à une boîte 5 rapports Hewland avec deux versions au choix selon la course à disputer.

La Ligier JS3 est prête très vite. Le 15 Mars 1971 elle est présentée à la presse, dans les ateliers de Ligier à Vichy. Elle porte déjà les couleurs de son principal sponsor : BP.

Ligier JS3 devoilee- Ligier JS3

La Ligier JS3 est aussi rapide sur la piste !

À peine plus d’un mois après sa présentation, la Ligier JS3 fait ses débuts sur la piste aux essais préliminaires des 24h du Mans les 17 et 18 Avril. Avec un meilleur temps de 3:36.4 elle dépasse toutes les attentes en se classant à la 7e place et premières de la catégorie des prototypes 3L.

À l’issue de cette première sortie, une course de 3h est organisée sur le circuit. Ligier s’y engage et termine second à un tour de la Porsche 908 de Ballot-Léna.

Ligier JS3 Test des 24h du Mans 1971 Luc Joly- Ligier JS3

On veut parfaire la mise au point et cela passe par des courses tout simplement. On retrouve ainsi la Ligier JS3 au départ des Coupes de Printemps, le 25 Avril sur l’Autodrome de Linas-Montlhéry et Guy Ligier devance cette fois Ballot-Léna en s’adjugeant, au passage, le meilleur tour.

On teste une queue course au Critérium du Nivernais le 9 Mai à Magny-Cours mais la JS3 ne voit pas le drapeau à damiers. Au Coupes de Vitesse à Montlhéry, Guy Ligier abandonne une nouvelle fois.

Arrivent enfin les 24h du Mans. La Ligier JS3 est présente au départ avec le n°24 et c’est Depailler qui pilotera avec Guy Ligier. Pour la première fois, on a monté des phares sur l’auto. Si les promesses affichées en Avril étaient belles, on a régressé et les 3:39.800 ne permettent que la 17e place des qualifications.

La course montre pourtant la Ligier JS3 sous son meilleur jour. La voiture se montre rapide et rentre dans le Top 10 à la 6e heure. Un premier souci la renvoie à la 27e place, puis, elle remonte ses concurrents. À la 18e heure de course, elle pointe en 5e position quand un roulement de boîte décide de lâcher. Guy Ligier ne veut pas abandonner et on se lance dans des réparations, avec l’assistance de mécanos de John Wyer qui engage les fameuses Porsche 917 Gulf. Néanmoins, les réparations vont prendre un temps énorme et la Ligier JS3 ne reprend la piste que quatre heures plus tard.

Elle passera tout de même la ligne d’arrivée mais avec 270 tours couverts, on est loin des 397 de la Porsche gagnante. Si la Ligier est effectivement à l’arrivée, elle n’a pas couru les 70% de la distance lui permettant d’être classée. Par contre, c’est la seule des prototypes 3 litres à voir le drapeau à damiers, 8 tours près, elle remportait sa classe !

Déjà à la retraite !

Alors qu’elle a couru pour la première fois moins de deux mois auparavant, la Ligier JS3 va devoir prendre sa retraite. Guy Ligier a trouvé un accord avec Citroën qui lui permet de recevoir le V6 Maserati pour sa JS2. Et comme il est hors de question que les autos ne soient comparées, la Ligier JS3 va prendre sa retraite… Ce qui n’empêchera pas de donner des idées et de revoir un V8 DFV dans la JS2 quelques années plus tard !

Laissée dans un coin de l’usine de Vichy, la voiture sera ensuite laissée à Jacques Laffitte en guise de paiement ! Passée par plusieurs collection et restaurée, elle reprend la piste au début des années 2000 avant de faire un bref passage par le Mas du Clos. C’est là que Mr John of B. l’achètera. C’est lui qui en est le propriétaire depuis et qui la fait courir dans les courses Peter Auto, notamment au Mans Classic.

Images complémentaires : Ligier

Benjamin

http://newsdanciennes.com

Passionné d'automobile ancienne, il a créé News d'Anciennes en 2013 à force de se balader sur les salons sans savoir quoi faire de ses photos. Conducteur occasionnel de Simca 1100 il adore conduire les voitures des autres, dès qu'elles sont un peu plus rapides !

Commentaires

  1. Gougnard

    interessant l’histoire des differentes Ligier merci Benjamin

    Répondre · · 26 juillet 2023 à 19 h 12 min

  2. tourneux

    Passionnant ton article condensé sur les Ligier JS . Merci ….Super B…

    Répondre · · 27 juillet 2023 à 9 h 50 min

  3. Yves Caron

    Voiture de course à la carrière éphémère, la Ligier JS3 est surtout connue grâce à la miniature Norev.

    Répondre · · 13 août 2023 à 22 h 00 min

  4. Faust

    a signaler il y a eu deux chassis JS3

    Répondre · · 3 novembre 2023 à 10 h 48 min

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.